XIV

Je rajoute un chapitre pour lancer officiellement les hostilités... :) Bonne lecture !

22 septembre 2022

  — Elysia, debout ! Vite, dépêche !

  Elysia ouvrit péniblement les yeux. Qu'est-ce qu'il se passait, encore ?

  — Y'a l'feu ? demanda-t-elle, la voix encore ensommeillée. Bon sang, pourquoi on a toujours des élèves pyromanes ? 

  — Mais non, roh. Un article est sorti sur toi ce matin dans La Gazette de la Meuse. Ils t'accusent de choses horribles, il faut à tout prix que tu le lises.

  Elysia se redressa vivement. C'était Aurélien, la mine inquiète, qui l'avait réveillée. Il lui tendit un journal papier, et alluma sa lampe de chevet. Le titre, en grand, lui apparut. Un scandale ? Vraiment ? Une photo d'elle avait été jointe, prise lors d'une cérémonie l'année précédente, où elle portait sa tenue habituelle et où son sourire semblait sincère. Une flèche, discrètement indiquée, menait à une légende : Voyez son hypocrisie, sur son visage. Elle détruit la vie d'élèves et se porte à merveille. INJUSTICE.

  — Ils plaisantent ? murmura Elysia.

  Elle entama la lecture de l'article, en hâte.

  « Elle ne rend pas honneur à son sang. A la place de ses ancêtres, j'aurais honte. »

  « On l'a dit égocentrique, froide et colérique. On la pense bipolaire. »

  « On l'estime mal, à l'école, et les élèves la subissent plus qu'autre chose. »

  « Elle les entraîne dans la débauche. »

  « Les parents devraient être prudents. »

  Elysia prit une bouffée d'air. Elle étouffait. Elle se mit debout, et sans se soucier d'apparaître en mini-short face à son meilleur ami, elle souffla :

  — Je t'en prie, dis-moi que c'est une plaisanterie.

  — J'aurais aimé.

  Aurélien semblait terriblement inquiet. Elysia finit la lecture de l'article, et murmura, la voix tremblante :

  — Ce journaliste a vraiment sous-entendu que j'avais des relations avec mes élèves durant les soirées ?

  — Je... Oui. Je suis désolé, Elysia, qu'un article comme celui-là ait été publié.

  — Il faut à tout prix que je réponde, immédiatement. Le Président doit venir, en personne, le 14 octobre, et avec un tel article, il refusera de poser les pieds à l'Académie.

  Elysia jeta le journal sur le lit, avant de se ruer à la salle de bains. Elle prenait sa douche le soir : c'était déjà du temps de gagné, ce matin-là. Aurélien lui jeta ses vêtements habituels par la porte, puis patienta dans la pièce, en faisant les cent pas, qu'elle sorte. Tout en boutonnant sa chemise, elle se dirigea vers son lit, pour observer de nouveau une des pages du journal, qui était essentiellement dédié à l'Académie.

  — Je reviens de la salle à manger, et les élèves le lisaient. Je leur ai pris, et j'ai couru te voir, expliqua Aurélien, qui se tenait quelques pas derrière elle.

  — Merci, Aurél'. Tu vas bien, toi ?

  Aurélien haussa les épaules. Il marmonna :

  — Je me suis levé du mauvais pied.

  — Demain tu te lèveras de l'autre, alors, répliqua malicieusement Elysia, en lui jetant un regard brillant. Ne t'en fais pas, la journée passera vite. Je vais tout faire pour régler cet incident, et j'espère vraiment que le Président ne tombera pas dessus.

  Le téléphone d'Elysia vibrait sans arrêt, depuis bien trop longtemps ; cela ne l'avait pas réveillé, car elle laissait l'appareil sur son bureau. La jeune femme partit le chercher, et remarqua qu'on la mentionnait en masse sur Internet ; elle devenait même une « tendance » sur un des réseaux sociaux en vogue.

  — Il est huit heures à peine, grommela Elysia. Les élèves sont déjà partis en cours, là, non ?

  — On est jeudi, la majorité commence à neuf heures. Sans compter que Philomène et Paul sont malades, alors beaucoup d'élèves prennent leur temps dans la salle à manger.

  — Allons manger, proposa Elysia. J'ai une idée.

  Aurélien fronça les sourcils, surpris. Il partit à la suite de sa meilleure amie, qui prit au passage le journal et son téléphone, avant de se glisser dans les couloirs. Le pas assuré, la jeune femme conservait la tête haute, et souriait aux élèves croisés de temps à autres. Aurélien marchait à ses côtés, et alors qu'elle s'apprêtait à pénétrer dans le couloir principal, il la retint par la main. Elle s'arrêta net, et leva le regard vers lui.

  — Cet homme t'insulte dans cet article, et aujourd'hui, d'autres risquent de t'insulter aussi, car la haine appelle à la haine, sur Internet, et même dans le journalisme. Avant que tu les affrontes, je veux être sûr que tu y sois prête.

  — J'y suis prête, souffla Elysia. Je dois défendre l'honneur de ma famille, et... Et je ne peux pas perdre l'école. Rien que pour honorer leur mémoire.

  Aurélien hocha la tête. Il serra un peu plus sa main, tandis qu'elle ajoutait :

  — Merci d'être là. Dans l'article, ils nous accusaient d'avoir une liaison, et qu'ainsi, ton poste en tant que professeur n'était dû qu'à notre relation. Je ne veux pas que ton nom soit entraîné avec le mien, s'ils recommencent, et...

  — Je m'en fiche. Ely', souviens-toi de ce qu'on s'est dit, il y a dix ans, quand tu as commencé à prendre en charge le château et l'école. On commence ensemble, on travaille ensemble, et on tombera ensemble.

  Elysia sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle s'assura d'un regard qu'ils soient seuls dans le couloir, puis elle le serra dans ses bras, en murmurant des remerciements émus. Aurélien sourit, rassuré par sa présence : lui aussi craignait les conséquences de cet article, car la réputation de l'école en était sacrément entachée.

  Ils finirent par rejoindre la salle à manger. Tous les regards se tournèrent vers eux, tandis qu'Elysia passait en souriant, comme d'habitude, jusqu'à la table des professeurs. Elle s'attarda cependant à la table des S3, et leur souffla :

  — Je dois vous parler, en urgence, dans dix minutes. Rendez-vous au parloir.

  Elysia fit mine de s'attarder à quelques autres tables, pour saluer tout le monde, puis s'assit. Aurélien s'installa à sa droite.

  — Du lait chaud ? lui proposa-t-elle, à peine assise.

  — Avec plaisir.

  La jeune femme lui servit donc son lait, et s'en servit elle-même. Elle ajouta du chocolat au sien, tandis qu'Aurélien le buvait sans rien en plus ; elle connaissait ses goûts par cœur, et c'est pour cela qu'elle lui tendit aussi, sans un mot, un petit pain au chocolat. (Et pas une chocolatine, ni un pain au chocolat tout seul, bisous. Vive le Nord.).

  — Merci, souffla-t-il.

  Elysia lui sourit simplement. Elle était terriblement angoissée, mais sa mère lui avait appris à simuler la bonne humeur. Si tout va bien pour la directrice, alors tout va bien pour les élèves. Tu es leur modèle, leur figure de proue : dans les périodes compliquées, c'est vers toi qu'ils se tourneront.

  Dix minutes plus tard, à peine, Elysia quittait la pièce, suivie quelques instants plus tard des S3. Ils se retrouvèrent au parloir, un endroit normalement interdit aux élèves, mais qui servait aux clubs interdits : notamment le club des lectures interdites. Des élèves se retrouvaient dans cette pièce, cachés par les grands escaliers, et discutaient en chuchotant pour ne pas se faire prendre. Elysia, durant son enfance, avait rapidement découvert ces clubs secrets ; elle s'était jurée de ne jamais les empêcher, et après une discussion avec sa mère, elle avait appris qu'elle aussi, ne l'avait pas interdit. Officiellement, si, mais officieusement... Non.

  — Comment vous connaissez le parloir, alors ? demanda Lola, à peine la directrice fut-elle entrée. On s'en doutait, mais... On pensait quand même que les profs ne savaient pas que cet endroit existait.

  — J'étais élève avant vous, répliqua Elysia en souriant. Bon, désolée de vous avoir demandé, je sais que vous n'avez pas cours maintenant, mais...

  Ils étaient censés avoir deux heures avec Philomène. Seuls présents dans le parloir, Louana, Anaïs, Victoria, Lucie, Romane, Théia, Lola, Gabriel, Mary et Brianna, ils semblaient tous attendre les explications d'Elysia. La porte s'ouvrit quelques secondes plus tard à peine, laissant entrer Aurélien.

  — J'ai trouvé Louis, Luke et Adrien sur la route.

  — Merci, Aurélien. Salut, vous trois.

  Les trois garçons sourirent à Elysia et se jetèrent sur les oreillers apportés au fur et à mesure des années par les élèves. Trois ans auparavant, des fauteuils étaient aussi apparus, sans que personne ne sache d'où cela venait : évidemment, un coup d'Elysia, qui s'était rappelé de ce lieu de rassemblement. Aurélien vient se placer aux côtés de la directrice, qui lâcha :

  — Vous avez vu, je pense, l'article qui a été publié lors de la dernière édition de La Gazette de la Meuse.

  — Ils vous ont défoncé, lança Luke, en s'installant confortablement.

  Elysia grimaça. La pièce n'était éclairée que par quelques ouvertures dans les murs, et ils étaient presque plongés dans le noir. Théia se chargea d'allumer une bougie, pendant qu'Elysia reprenait :

  — Exactement. La grande partie de l'article était fausse, mais il faut à tout prix que je trouve un moyen de réfuter les informations discrètement. De telle sorte à ce que le Président Français accepte toujours de venir, le 14 octobre, et que la réputation de l'école ne soit pas entichée à cause d'un connard.

  Les élèves se sentirent sourire. Elysia était déterminée, et l'emploi de cette insulte prouvait bien qu'elle ne se laisserait pas faire. Ils appréciaient cela.

  — Alors, j'ai besoin de vous. Gabriel, tu es un influenceur, non ?

  Gabriel déglutit. Il n'aurait pas voulu que les professeurs soient au courant, vu ce qu'il postait parfois...

  — Hum. Comment vous savez ?

  — Je le sais, c'est tout. Ne t'en fais pas, seuls M. Courpere, Philomène et moi sommes au courant. Est-ce que tu serais prêt à aller à l'encontre des règles de l'école pour m'aider ?

  Lola se mit à rire, moqueuse, accompagnée par Romane. Elle dit :

  — Pas besoin que vous ne demandiez, Elysia, pour qu'il le fasse.

  — C'est exactement ce dont j'ai besoin.

  Aurélien jeta un simple regard brillant à sa meilleure amie. Elysia balaya l'assemblée du regard, souriante : elle allait rapidement faire oublier cet incident, c'était évident... 

:)

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