IV
Parce qu'on m'a dit qu'on voulait découvrir les élèves de l'Académie... Un 2e chapitre pour aujourd'hui ! Bonne lecture :)
Ondine quitta la pièce, le pas toujours tranquille. Elle avait été acceptée ! Quel bonheur ! Cela fut immédiatement au tour d'Océane, qui passa aux côtés de son amie. Celle-ci lui souffla :
— Courage. Ce n'est pas compliqué.
Océane hocha vivement la tête. Plus angoissée que son amie, son pas semblait bien plus lourd. Ondine la suivit du regard, avant de se diriger vers le buffet, pour reprendre un verre de jus de pomme pétillant. Normalement, Océane serait prise également, et elles pourraient ensuite commencer l'année sereinement. Elle priait pour, en tout cas.
— Eh, salut ! s'exclama quelqu'un, derrière elle. Tu entres en S3 ?
Ondine se retourna, surprise. Elle répondit :
— Oui. Toi aussi, je suppose ?
Les allures froides et hautaines d'Ondine refroidirent immédiatement la jeune femme qui lui avait parlé. Brune, aux cheveux attachés en un chignon bas et aux lunettes posées sur le nez, elle semblait bienveillante. Elle déglutit, et dit :
— Oui. Tu viens d'Okeanos, à ce que j'ai entendu, et... J'ai toujours rêvé d'y aller.
— C'est un beau pays. Tu viens de France aussi ?
— Du sud, oui. On est déjà un groupe assez soudé, en S3, on se suit depuis des années, mais... Si tu veux, je peux te les présenter, comme ça, ce sera plus simple pour toi en classe.
— Je n'ai pas besoin d'aide pour me faire des amis.
Cela refroidit de nouveau la jeune femme. Mais, Ondine reprit :
— Cependant... C'est aimable de ta part. J'accepte que tu me présentes tes amis.
— Oh, eh bien... Super.
— Comment tu t'appelles ? demanda la princesse d'Okeanos, dont le visage ne trahissait toujours aucune émotion.
— Je suis Victoria. Enchantée.
— Enchantée aussi.
Victoria entraîna donc Ondine jusqu'à un groupe de jeunes, situé à l'opposé de la pièce. Ils étaient cinq : quatre filles, et un garçon, uniquement. Victoria s'exclama :
— Hey ! Voici Ondine, princesse d'Okeanos. Ondine, je te présente Anaïs, Lucie, Sarah, Louana et Gabriel.
Victoria avait désigné chacune des personnes de la main. Anaïs était plutôt petite, avec des cheveux bruns bouclés qui encadraient son visage assez doux. Elle souriait, un verre à la main, et un cookie qui dépassait de sa poche. A ses côtés, Lucie avait les poches pleines de cookies, qu'elle tentait discrètement de camoufler. Sa chevelure blonde était coupée en carrée, et s'accordait avec son regard ambré. Sarah, plus timide d'apparence, restait un peu en retrait, et se contentait de sourire à la princesse. Blonde aussi, elle portait un jeans et une chemise, qui lui allaient à merveille. Pour finir, Louana et Gabriel semblaient se remettre à grand peine d'un fou rire. Louana, la plus jeune du groupe (d'apparence, du moins), était également la plus petite. Avec ses cheveux châtains et son regard vert, elle rayonnait par le sourire qui se dessinait sur ses lèvres. Gabriel, un grand jeune homme aux cheveux noirs mi-longs, avait les yeux maquillés d'eye-liner et d'un fard à paupière coloré. Il s'exclama :
— Louana vient justement de raconter une histoire très drôle, vous tombez à pic.
— Non, Gab' ! répliqua vivement l'intéressée. Elle était trop nulle, et je ne veux pas que Mademoiselle la princesse soit choquée.
Ondine esquissa un discret sourire. Elle voulait conserver la distance avec eux, et ne reprit donc pas la jeune femme sur son « Mademoiselle la princesse ». Ils l'appelleraient comme ils le voulaient, mais de préférence, « Votre Altesse ».
— Mademoiselle Ondine, lança soudainement quelqu'un derrière la princesse. Pourriez-vous venir quelques instants ?
Ondine acquiesça. C'était une professeure ; peut-être qu'ils avaient un message à lui faire passer, en tant que princesse. Elle salua tout le monde, puis partit sur les pas de la dame, assez petite aux cheveux grisonnants.
— Je suis Madame Delaunay, professeure de latin et de littérature. Je dois vous emmener en salle de départ.
— En salle de départ ? Où est Océane ?
Madame Delauney garda le silence. Ondine secoua légèrement la tête, et accéléra le pas. Sans Océane avec elle à l'Académie, elle ne tiendrait pas longtemps ! La professeure ouvrit une porte dans le couloir. Seule la pièce de validation était constituée de murs en pierre : dans tous les autres couloirs et visiblement les autres pièces, les murs et le sol étaient en parquet en bois, recouverts respectivement de tapis et de papier peint. La moitié du mur demeurait cependant en bois pur, et laissait ensuite du papier bleu se dévoiler. Ondine eut à peine le temps de s'attarder sur ce détail : elle entra en hâte dans la pièce, après que Madame Delauney l'y eut invitée d'un geste.
— Ondine ! s'exclama immédiatement Océane.
La jeune femme traversa la salle d'un pas rapide. A la plus grande surprise d'Elysia, venue accompagner Océane, Ondine accueillit son amie dans ses bras, et la serra contre elle.
— Tu n'as pas été acceptée ? demanda la princesse.
— Non. Je ne sais pas pourquoi, mais le blason s'était allumé uniquement d'un seul cercle. D'après la directrice, c'est parce que l'école n'est pas faite pour moi, mais... J'étais sûre que si.
Ondine releva la tête. La pièce était emplie de quelques élèves qui discutaient tristement, parfois avec des professeurs. Au fond, Elysia s'apprêtait à ressortir, pour continuer les validations, mais la princesse s'exclama :
— Pourquoi ?
Elysia se retourna. Tout le monde se tut dans la pièce, tandis que la directrice répliquait :
— L'école a choisi de ne pas garder tous les élèves. Pas parce que vous n'êtes pas talentueux, ni parce que vous n'êtes pas destinés à écrire, mais parce que la place de certains n'est pas ici.
— Où est la place d'Océane, alors ? Elle rêvait de cette école depuis dix ans ! Il est injuste que notre destin soit entre les mains de simples murs !
Le regard d'Elysia se voila. Elle prit une profonde inspiration, et répliqua, calmement :
— Votre destin n'est pas entre les mains de « simples murs », comme vous le dites si bien, Mademoiselle. Votre destin est guidé par lui-même ; et le mur ne fait que refléter ce fameux destin. Votre amie aurait certainement passé une terrible année, à réaliser que ce n'est pas ce qu'elle voulait faire, ou aurait même pu avoir de grands problèmes à l'Académie qui ne dépendaient pas de moi. Le fait que le blason s'allume ou non représente cela : est-ce que la personne face à lui a des chances pour être heureux à l'Académie, ou non.
— Et sur quels critères se base ce blason ? La magie n'existe pas, Madame.
— Sur la pureté de votre cœur, mais aussi sur votre caractère, et vos expériences passées. Je suis convaincue que le blason sait voir si oui ou non l'école est faite pour vous, au niveau des thèmes étudiés.
— Et comment peut-il lire en nous ? demanda Océane, qui s'était défaite de l'étreinte de son amie. Je suis faite pour les licences de Lettres, j'en suis sûre.
— Je n'en suis pas convaincue.
Elysia tourna les talons. Elle s'apprêta à ressortir ; mais, avant de quitter la pièce, elle lâcha :
— Je pense que vous devriez partir dans une autre filière. Ne pas faire ce que vos parents attendent de vous, ou ce qui est le plus bien vu. Mais faire ce que vous aimez vraiment. Simplement.
Océane resta bouche bée. Ondine fronça les sourcils : comment avait-elle pu deviner cela ? Son amie lui avait parlé du fait que ses parents en attendaient beaucoup de cette licence de Lettres qu'elle se destinait à faire depuis l'enfance, et même qu'elle doutait de ce choix, car elle n'aimait pas tant que ça la littérature.
— Comment a-t-elle fait ? C'est une sorcière, ce n'est pas possible autrement.
— Je n'en sais rien, répondit Ondine. Je suis tellement désolée que tu doives partir, je... Je ne voulais pas passer cette année sans toi.
— Je veux que tu profites. Que tu t'amuses.
Ondine hocha la tête. Plus facile à dire qu'à faire. Océane désigna sa poche, où son téléphone était glissé, et dit :
— Tu m'envoies des messages, tu me tiens au courant ! On n'a pas trop le droit au téléphone ici, je crois, mais... Tu trouveras bien des moments où me parler !
— Evidemment. Merci, Océ'.
Les deux jeunes femmes se serrèrent une dernière fois dans les bras l'une de l'autre. Puis, un professeur s'exclama :
— Allez, les jeunes, je vous raccompagne ! Je suis désolé que l'école ne soit pas faite pour vous, mais malheureusement, c'est déjà l'heure d'y aller.
Ondine ne tarda pas à rejoindre la salle de réception, le cœur battant. Elysia eut bientôt fini les validations, et seuls trois élèves avaient été refusés en plus. Ensuite, elle présenta l'équipe professorale, et invita les étudiants à rejoindre leurs dortoirs. Ondine avait rejoint le groupe de S3 qu'elle venait de rejoindre, et restait aux côtés d'Anaïs, qui s'était proposée pour lui montrer les endroits où ils dormiraient.
— On dort par chambre de trois ou quatre, expliqua Anaïs en sortant de la salle de réception. Comme tu es nouvelle, à mon avis, tu pourras rejoindre le dortoir des Plumes.
— Qu'est-ce ? demanda Ondine, intriguée.
Elles passèrent par le couloir central, qui desservait toutes les branches de la demeure. En effet, en partant vers le sud, on pouvait accéder aux salles de bal, aux salles de réception et salles à manger, ainsi qu'aux cuisines. Vers l'est, les bureaux, l'infirmerie et autres importantes salles pour l'administration et la vie des élèves étaient installés. Face à la porte d'entrée de l'école, un imposant escalier permettait d'accéder au deuxième étage, puis au troisième. D'après ce qu'Anaïs avait brièvement expliqué à Ondine sur la route pour les dortoirs, les deux tours qu'avait vu Ondine en entrant possédaient trois étages, avec chacun des salles de classe. La tour est était réservée aux cours de la filière édition, et la tour ouest aux cours de littérature en études supérieures. Aussi, un couloir au rez-de-chaussée partait vers l'ouest, et menait à la bibliothèque et aux appartements des professeurs.
Ondine, accompagnée par l'ensemble du groupe, accéda donc à l'étage supérieur. Là, elle crut faire face à un véritable labyrinthe. Chacun de ses regards l'informait de la présence d'un énième couloir, avec de nouvelles salles de classe. Elle compta quatre couloirs à sa droite ; à sa gauche, il n'y en avait qu'un seul, qui venait couper en deux une ligne de quatre salles de classe. Ainsi, il devait y avoir une vingtaine de salles rien qu'à cette étage-là.
— Ils ont dû créer une dépendance au château, expliqua Anaïs, pour les cours d'arts plastiques et cours digitaux. Il y a des salles informatiques derrière les bureaux, je te montrerai.
Ensuite, elles accédèrent au dernier étage, mais pas des moindres. Alors que les murs paraissaient parfois un peu défraîchis d'après les brèves analyses d'Ondine, les pièces semblaient neuves, et resplendissaient. Des portraits, certainement des anciens élèves, avaient été installés sur les murs bleus et blancs ; de plus, là où les salles paraissaient collées les unes sur les autres à l'étage inférieur, l'organisation des dortoirs était plus claire. Le couloir principal de l'étage divisait les salles en deux ; à gauche, les garçons, et à droite, les filles. Le plafond était composé de verre, afin d'apporter de la luminosité aux couloirs, et des tables avec des chaises hautes étaient placées de temps à autres afin de laisser la possibilité aux élèves de discuter là lorsqu'ils n'avaient pas cours.
Au-dessus de chaque porte, des dessins étaient représentés. La jeune femme remarqua, du côté des filles, qu'il y avait notamment un cygne, une colombe, une sirène, une licorne, un thon, un chat noir, un coquillage, et pour finir, une plume. Sur chaque porte blanche qui menait aux chambres, une feuille était accrochée, avec le nom des élèves qui s'y installeraient. Louana, Anaïs et Lucie furent enchantées de se trouver dans la même chambre, symbolisée par la colombe. Sarah, quant à elle, se trouvait avec Ariana et Alex, ses deux meilleures amies ; elles en étaient enchantées.
Ondine passait devant chaque porte, lisant au passage les noms. Elle ne connaissait personne, ce qui était logique, mais... C'était tout de même assez troublant. La jeune femme finit par tomber sur son nom, dans une des chambres au bout d'un des couloirs. Le dortoir était à côté d'un balcon, avec une magnifique vue sur le parc. Cela rassura Ondine : elle avait grandi avec vue sur la mer, et avec la possibilité d'aller respirer sur la plage à n'importe quel instant. Là, au moins, elle pourrait prendre un peu l'air à n'importe quelle heure, comme avant. En plus, le symbole de la chambre était un coquillage... Peut-être qu'Elysia avait fait exprès de lui attribuer celle-là.
— Oh, tu es Ondine, c'est ça ? s'exclama une fille en arrivant. Je suis Théia, enchantée.
Théia tendit la main à la princesse, qui la serra en retour. Pas très royal, mais elle ferait abstraction, pour une fois.
— On est dans le même dortoir que Lola et Romane, normalement. La fille qui devait être avec nous, Océane, n'a pas été acceptée, et Lola veut que sa meilleure amie vienne avec nous. Tu verras, elles sont géniales.
Ondine hocha simplement la tête. Cette fille semblait assurée, et pleine de confiance en elle ; la princesse releva le menton et répliqua :
— Parfait, alors.
Ondine ouvrit la porte. Elle s'attarda à l'entrée pour observer la pièce : une grande fenêtre venait inonder toute la chambre de lumière. Quatre lits s'y trouvaient, tous collés au mur, à gauche et à droite ; sur les murs du fond, des bureaux, ainsi qu'une armoire assez imposante pour chaque lit, complétée par d'autres placards sur les pans de murs. Aussi, une petite porte située entre les deux lits à droite menait à une salle de bain, assez petite, mais qui convenait amplement.
— Ah, ils ont monté les bagages ! déclara Théia, qui avait penché la tête par la porte d'entrée. Tu veux venir avec moi pour les chercher ?
Ondine acquiesça. Elle partit à ses côtés, discutant avec elle de l'école, mais surtout, d'où elle venait. Théia venait du Nord, et s'amusait à dire qu'elle avait transporté dans son sac un peu de fromage typique de la région. Evidemment, elle plaisantait ; vu l'odeur, ce serait atroce. Ondine récupéra sa valise, tout comme Théia. Elle fit également la connaissance de Romane, une jeune femme de dix-huit ans aussi, qui semblait très vive. Elle se mit immédiatement à sautiller, enchantée de rencontrer une princesse.
— Venez, allons dans la chambre ! Lola ne va pas tarder à arriver, vous verrez, elle est amusante. Moins que moi, mais tout de même !
Romane se mit à rire, accompagnée par Théia. Elles partirent donc installer leurs affaires. L'heure était à l'effervescence dans le château, sans compter que la majorité des élèves était surexcitée à l'idée de revenir à l'Académie.
— Donc, tu veux dire que ce mec était le facteur ?
Romane hocha vivement la tête. Elle expliqua, tout en rangeant ses vêtements dans son armoire :
— On s'est vus en boîte de nuit, on a dansé ensemble, je lui ai donné mes réseaux sociaux, et trois jours plus tard, que vois-je ? C'est mon facteur ! Génial !
— Pour une fois que le facteur est un jeune et beau jeune homme, tu pourrais être contente, rétorqua Théia, souriante.
— Pas faux. Et toi, Ondine ? Tu vis sur une île, c'est cela ?
— Exactement.
— Et, tu as croisé de beaux jeunes hommes ? demanda Romane, un sourire malicieux aux lèvres. Tu peux tout nous dire, ça reste entre nous !
Romane se hâta pour venir s'asseoir nonchalamment sur le bureau d'Ondine, et ainsi, lui faire face. Ondine haussa les épaules, et dit :
— Je n'ai rencontré personne.
— Jeunes hommes ou jeunes femmes, ce n'est pas important, ajouta Romane. Le plus important, c'est...
Romane sauta de nouveau au sol, et tourna sur elle-même de manière dramatique. Elle plaça les mains sur sa taille, et regarda vers la fenêtre en s'écriant :
— L'argent !
La porte s'ouvrit presque en même temps. Une fille, petite aux cheveux blonds aux reflets roux et au regard noisette, s'exclama :
— L'argent ? Où ça ? Ça m'intéresse !
Toutes rirent, même Ondine qui s'en laissa le luxe. La nouvelle arrivée entra, et posa sa valise dès l'entrée, pour venir « tchecker » amicalement Romane. Elles se tapèrent dans les mains, puis firent un saut en tapant leurs pieds, avant de faire une petite danse, qui fit exploser de rire Romane. Ensuite, Lola lança :
— Théia, je suis trop contente d'être dans la même chambre que toi, cette année ! Et toi, tu es la princesse d'Okeanos, je crois ? Trop contente de te rencontrer, en tout cas ! Tu vas voir, on est trop drôles, et on va bien s'amuser.
— Trop drôles, trop drôles, marmonna Théia. C'est vite dit.
Lola fit une grimace en sa direction, avant de se diriger vers le dernier lit disponible, au plus près de la porte. Ondine, quant à elle, avait opté pour le lit au fond à droite, qui lui apparaissait comme étant le plus à l'écart. Elle n'avait jamais partagé sa chambre avec personne, et Elysia avait refusé d'accorder le privilège de la chambre unique à la princesse. Seuls les professeurs avaient ce droit, et vivaient tous dans l'aile privée du château. Pour faire simple, la partie centrale du château était réservée aux élèves, tandis qu'une aile située du côté gauche de la demeure avait été spécialement construite pour les descendants du fondateur et la famille celui-ci, mais aussi pour les professeurs.
En tout cas, les trois jeunes femmes semblaient aimables. Ondine appréhendait le reste de l'année, surtout sans Océane. Mais cela irait. Non ?
Non. Mouahaha.
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