Chapitre 6: part 2

Roxane 

Le temps passait, encore et encore, pourtant, je ne me rendais compte de rien. J'étais immobile, les yeux fermés, je voulais les rouvrir mais je ne le pouvais plus. Mon corps me lâchait une fois de plus, j'avais peur de me reconnecter à la vie.

Mes amis étaient en vie, mais dans quel état ? Cette maison, ils étaient morts, tous sauf Martin. Cet enculé m'avait eu, il avait joué avec moi et il avait gagné. Je devais me lever, et partir l'étriper, mais cette option me rendait bien trop joyeuse.

Je ne devais pas ressenti cela, je devais commencer à culpabiliser pour ce que j'allais lui faire, mais j'étais bien loin de ça. Tant qu'il n'y avait pas mes amis autour de nous, je me foutais de tout, il pouvait me blesser plus ou moins, mais je savais que j'aurai le dernier mot. Je voulais me battre, sentir une douleur me ramenant les pieds sur Terre.

Cette même Terre qui me faisait si peur, mais que cela soit ici ou là-bas, j'étais incapable de me battre contre moi-même et c'était bien la pire des choses.


J'étais dans un lit, l'odeur était saturée par les antiseptiques et le bruit réguliers des machines nous gardant en vie. L'infirmerie de l'Académie m'avait tant de fois accueillie que je connaissais chacune des machines s'y trouvant.

Je ne savais pas qui était dans le lit à côté du mien, mais il était évident que cette personne était dans un état encore plus préoccupant que le mien. Je sentais la perfusion dans mon bras, mais je n'étais reliée qu'à cela. Je respirais seule, alors que la personne à côté non. Voulais-je ouvrir les yeux pour voir cela ?

Voulais-je retourner dans la tourmente ? Etre sédatée n'était-elle pas la meilleure manière pour tout oublier ? Malheureusement, je ne pouvais pas passer une vie endormie, j'étais loin de la belle au bois dormant. Je n'avais pas le droit de tous les abandonner de nouveau. Je devais me réveiller, je n'avais d'autres choix que de me battre pour moi, pour les autres, sinon qui le ferait ?

Mes yeux me brulaient, la lumière m'éblouit et me brula la cornée. Mes yeux voyaient flous, ma respiration s'accéléra, j'étais perdue, mes oreilles entendaient de nombreux sons quand mes yeux ne me transmettaient aucune image. J'étais déstabilisée, les larmes coulèrent toutes seules, la douleur n'en fut que plus affreuse.

- Roxane ! Cria une voix avant qu'une masse ne se jette sur moi

Je ne bougeais pas, le poids contre ma poitrine se calla contre moi. J'étais muette, incapable de prendre la mesure de tout ça.

- J'ai cru que je t'avais perdue...

La voix trahissait l'inquiétude, mais moi, j'étais trop loin. Il fallut un certain temps pour que mes yeux s'adaptent et arrêtent de me faire mal, je baissais les yeux et aperçue Ilan.

Ma bouche était pâteuse, ma gorge sèche et mon cœur amer. Je ne voulais pas lui hurler mes maux, mais je ne voulais pas de lui ici. J'avais trop mal à la tête pour avoir une vraie discussion, mais mon cœur me criait que sa place n'était pas ici.

Je lui en voulais c'était un fait, et même si c'était tout à fait égoïste de ma part, je n'arrivais pas à passer outre. J'avais appris trop de choses d'un coup et d'une manière assez détestable pour que j'en veuille à ma mère et mon frère d'avoir tenté de me protéger.

Ils avaient fait de leur mieux, me protéger était pour eux une priorité, mais maintenant je me sentais sale. Je détestais mon patrimoine génétique, les gamètes qui avaient permis ma naissance.

Détestant cette partie qui venait de mon paternel.

- Pars... Le son de me voix me parut étrange, comme si ce n'était pas moi

- Roxie....

- Pars ! Dis-je un peu plus assurée

- On doit parler...

Il se relevait et ses yeux si similaires aux miens me fixaient. A travers lui, je voyais Asmodée au moins autant que quand je me regardais. Mon corps fut parcouru d'un frisson, il ne me laisserait pas... Cet enfoiré me surveillait.

- Ilan, je t'en prie...

Mon frère posa ses lèvres sur mon front, la pression me fit horriblement mal mais la pulpe de ses lèvres était familières, agréables. Je suivis des yeux son corps qui s'éloigna avant de s'engouffrer à travers la porte. Je soufflais, le poids de ses yeux me quitta, enfin. Je tournais la tête dans tous les sens, prenant enfin la mesure de la situation.

J'étais bien dans une des chambres de l'infirmerie, une infirmerie qui ressemblait drôlement à un service hospitalier. Je me tournais et posais la plante de mon pied sur le sol, le carrelage était froid. Je passais mon autre pied, et me mise debout. Une douleur aiguë s'éveilla dans mes pieds, mon poids était encore trop élevé pour mes pieds.

Pourtant, je n'en pouvais plus de ce lit qui sentait la maladie. En essayant de bouger, je fus arrêté par la douleur du cathéter dans mon bras. Je fixais mon bras, il était tout ecchymosé, c'était dégueulasse. Les teintes de violets se mêlaient avec du bleu et même du marron. La blessure la plus récente était celle autour de l'aiguille.

Je tirais sur le sparadrap, et fis sortir l'aiguille de ma peau. Quelques gouttes de sang s'échappèrent de mon bras, je restais interdite devant ce sang rouge, écarlate. C'était à chaque fois une libération de ne plus voir ce liquide noir répugnant sortir de mes veines, même s'il était là, il n'était plus entièrement en moi.

Je portais une longue chemise, ce genre de truc horrible que l'on porte toujours à l'hôpital. J'avais mal partout, ma tête tournait, mes jambes étaient lacérées et recouvertes de compresses. Je ne me souvenais de m'être autant fait mal.

Je ne me souvenais que de légers picotements, heureusement que je n'avais pas pris l'ampleur de tout ça sur le moment, sinon, je ne serais peut-être pas ici.


Je me refusais à regarder le lit à côté de moi, j'avais tout simplement trop peur. Peur de voir qui s'y trouvait, de voir l'état dans lequel il se trouve. Je n'étais pas prête à ce poids sur mon cœur, à cette culpabilité qui allait me ronger.

J'étais responsable d'eux. Je restais debout au milieu de la pièce un bon moment, je ne parlais pas, je restais immobile, les yeux ouvert à fixer la porte. Je cherchais le courage de tourner la tête, la force de revenir à la réalité. Je remerciais les cieux car personne n'entra dans cette pièce, je n'étais pas prête à voir qui que ce soit.

Ilan était partie et je ne voulais personne. Mes cris restaient bloqués au fond de ma gorge, l'envie de hurler était présente, mais les larmes avaient le dessus. J'étais devenue instable émotionnellement en plus du reste. Un bruit étrange retentit et je pris alors conscience de tout ce qui m'entourait.

Le tintement désagréable de la machine s'emballa, je ne savais pas si c'était la machine pour le rythme cardiaque ou pour la respiration, mais quelque chose n'allait pas. Lorsque le bruit pénétra tous mes tissus, je me précipitais vers le lit, à chacun de mes pas je menaçais de m'effondrer sur le sol.

La douleur était présente, mais la plus élevée fut quand je l'aperçut. C'était bien lui, il était intubé de tous les côtés, reliés à tant de machine, mais à travers tout ça je pouvais le reconnaître. Je m'effondrais sur son lit, il était immobile, sa cage thoracique ne bougeait que grâce à la machine.

Ses yeux étaient clos, son visage était paisible alors qu'il était aisé d'imaginer le combat se déroulant dans son corps. Mes hurlements retentirent, je voulais qu'il se réveille. J'avais tellement peur de sa mort, je criais à m'en déchirer les cordes vocales. Lukas, il ne bougeait pas, ne m'entendait pas.

J'étais incapable de le toucher, il paressait si fragile, instable. J'avais peur de le casser, alors j'hurlais avec l'espoir que ses yeux s'ouvriraient, qu'il me sourira. Mais rien ne se passa, il restait là, et j'étais impuissante, le bruit de la machine me rendait folle. J'allais perdre pied, incapable de gérer la douleur qui émanait de mon corps.

Je ressemblais à une folle, mes larmes coulaient et mes cris n'en étaient que plus sincères. Je sentis des bras m'entourer la taille, des infirmières et des médecins se jetaient sur Lukas. Je voyais tout ça comme au ralentit, ils n'allaient pas assez vite pourtant ils n'avaient d'autres choix que de le sauver.

La pression autour de ma taille se fit plus forte, quelqu'un essayait de me serrer contre soi, mais moi, je voulais rester près de Lukas. J'hurlais toujours plus violemment.

- Roxane... S'il te plaît...

Je ne reconnaissais pas la voix, je n'étais même pas sûre de comprendre que Roxane était mon prénom. A ce moment, j'oubliais tout, je ne voyais que Lukas. Je ne me souvenais même pas de qui il était et pourtant, ma seule obsession était d'être avec lui. On me traîna de force, j'essayais de me débattre, mais j'étais si faible. Chaque mouvement me causait de terribles douleurs.

Ma vision se troublait plus on m'éloignait, je ne faisais plus la différence entre toutes leurs blouses blanches. Lukas, on m'éloignait de lui c'était bien la seule chose dont j'étais consciente. Il était là, et moi j'étais déjà loin.

On m'amenait dans un autre endroit, mes cris se calmèrent petit à petit, mais je ne retrouvais pas mes esprits, j'étais prisonnière de son destin. On m'allongea sur un lit, les larmes coulaient toujours.

- Roxane...

Mes yeux s'ouvraient, d'un coup je voyais, je revenais à moi, Roxane Forman. J'aspirais ma vie, me souvenant de chaque choix m'ayant amené à ce jour. Je savais tout. Cette voix je la connaissais, elle était mon alliée, pourtant je me sentais terriblement honteuse.

J'avais honte de qui j'étais, j'en avais tué devant lui. Et même si sur le moment je n'avais pas pensé à tout ça, ne voulant que sauver Lukas, je leur devais des réponses. J'étais obligée de leur parler, je finirais par les perdre si je restais muette.

- Tu veux parler j'imagine ? Ma voix était froide

Je ne voulais pas être désagréable avec lui, mais je voulais l'être avec moi.

- Tu n'es plus la même...

- Je les aie tués...

- Tu n'as pas hésité un instant... Comme si c'était un jeu

Sa voix était tremblante, il s'inquiétait d'abord pour moi, alors qu'il aurait dû avoir peur.

- Malheureusement... Je sais... ,dis-je en réprimant un sanglot

Je ne savais pas ce que ça faisait de moi. Etais-je réellement humaine ? Mon destin m'appartenait-il ou tout cela faisait-il partit d'un dessin plus grand ?

- J'ai besoin de savoir Rox...

- Je sais, avouais-je

Bien évidemment qu'il méritait de savoir, ils le méritaient tous. Ils devaient connaître les risques, je ne pouvais pas me cacher constamment. Même si c'était ce que j'avais fait pendant deux ans, l'époque où le secret se mélangeait aux mensonges allait se finir.

Je regardais le visage de Bastien, je fixais ses yeux bleus, ses cheveux blonds et son air espiègle. J'avais peur de voir son regard changer, combien de choses pouvait-il encore accepter de ma part avant de me détester ?

Maëlys, elle, n'avait déjà pas pu supporter tout ça, j'avais peur de le perdre à son tour. Qui pouvait encore vouloir rester avec moi avec tout ça... J'étais dangereuse, autant pour les autres, que pour notre monde que pour moi.

- Roxane... Tu sais que cela ne changera rien à ce que je pense de toi... fais-moi confiance

Je rigolais

Le mouvement de ma cage thoracique me fit atrocement souffrir, je guérissais plus rapidement que la moyenne, il fallait donc imaginer dans quel état j'étais arrivée ici.

- Ne me fait pas des promesses que tu ne pourras pas tenir Bastien. Je ne sais pas comment j'aurai réagi si ces mots étaient sortis de ta bouche, alors n'essaye pas de me promettre ta réaction je t'en supplie

Il puait la nervosité, la peur et la curiosité. Il resta muet quelques minutes et je ne parlais pas non plus, je respirais calmement

- Roxane, comment as-tu su où était Martin ? Demanda-t-il simplement

Je me devais de répondre simplement

- On me l'a dit...

- Qui ? S'empressa-t-il de me demander

- Asmodée...

Son nom sortait enfin de ma bouche, je n'étais pas prête à l'appeler grand-père, mais c'était une des innombrables choses que je devais leur expliquer.

Je tournais la tête pour ne pas voir la mine effarée de Bastien.

- Comment se fait-il que tu es en contact avec un démon supérieur ? Dit-il avec un ton plus dur

Je cherchais mes mots, il avait été facile de le dire à Chloé. Je ne l'estimais pas assez pour avoir peur qu'elle me juge, elle était loin d'être parfaite, mais Bastien, lui, je n'avais rien à lui reprocher.

Lorsque la sonnerie de son portable ressentie, je vis un moyen de m'échapper de tout ça pour encore quelques minutes.

- Allô ? Dit-il

Je n'entendais pas son correspondant, mais la mine de Bastien restait fermée

- Très bien, merci, nous arrivons dès qu'elle aura repris ses esprits.

Il raccrocha aussi vite qu'il avait décroché. Je le fixais en attendant qu'il m'explique, mais il semblait attendre ma réponse, une réponse que je n'allais pas lui donner maintenant.

- Qui était-ce ? Finis-je par demander

Il souffla, il savait ce que je faisais. Il ne désirait qu'une réponse, sauf que je désirais tout le contraire, je n'arrivais pas à faire sortir les mots qu'il désirait tant

- Roxane, je t'en prie, parle-moi...

- Cela fait plus de deux ans que tu attends... Ce n'est pas quelques minutes qui vont te tuer...

Mon ami ronchonna, à sa place je me serais détestée, mais Bastien était quelqu'un de trop aimable pour cela. Il ne s'imaginait pas à quel point mes mots pourraient tous nous changer.

- Ils ont réanimé Lukas... Il est stable... On peut y aller

Ses mots me firent pleurer, je ne savais pas pourquoi, mais je me sentais tellement fautive de tout ça. Comme si toute la misère dans nos vies m'était due. Je me levais en trombe, criant lorsque mon pied toucha le sol.

- Tu t'es bien amochée... souffla Bastien

- Je l'ai bien cherché... répondis-je

Cette douleur avait beau être atroce, elle était nécessaire, je ne devais pas oublier que j'étais fait de chair et de sang. Je n'étais pas invincible, chacune de mes crises de violence me mènerait à un état similaire, à des douleurs saillantes.

- Tu m'inquiètes Roxane...

- Tu devrais t'inquiéter pour vous, je risque de vous faire plus de mal que vous ne m'en ferez

Il ne perçut pas mes mots de la bonne manière, je voulais lui laisser la fenêtre qui lui permettrait de fuir, celle qui pourrait lui empêcher bien des tourments. Mais Bastien me prit dans ses bras et me serra dans ses bras.

- Quel homme serais-je si j'abandonnais ma meilleure amie ? Me demanda-t-il sincèrement

- Un homme qui tient à la vie, et qui ne sait pas choisir ses amis... avouais-je en souriant


Il m'avait emmené sans avoir pris de moyen de locomotion et je ne pouvais pas marcher sur mes deux jambes. Je passais un bras autour de son cou et essayais de marcher grâce à la jambe qui me faisait le moins mal.

Les gens s'écartaient dans les couloirs, les regards se fixaient sur nous mais j'y étais désormais totalement immunisé. On descendit jusqu'à l'infirmerie, j'étais toujours dans cette horrible chemise de nuit. L'odeur d'antiseptique me coupa la respiration.

- Je te laisse avec lui quelques minutes, j'ai des choses à signer et je reviens, me sourit Bastien

Lorsque tu reviendras je te dirais tout, lui promis-je.

Il me laissa sur le pas de la porte, je sentais la démence revenir vers moi. Lukas était là, si près et à la fois si loin de moi. Je voulais le toucher, j'en avais besoin. Je détestais le vide dans mon cœur. Je m'approchais lentement de lui. Posant mes mains sur son torse, juste pour sentir son cœur battre. Il avait fait un arrêt cardiaque, et à en croire Bastien, il les enchainait.

- Roxane...

D'abord, je crus que mon esprit inventait des sons, puis il répéta et je compris que c'était Lukas. Il était intubé et branché de tous les côtés, il ne devait pas parler. Je grimpais sur le lui à côté de lui, il posa sa tête contre la mienne. Ce contact suffit à me détendre, j'étais à ma place sans le savoir. Il allait si mal, j'avais si peur de devoir de nouveau lui faire mes adieux.

- Je ne comprends pas... je n'ai jamais compris... dit-il

Je posais un doigt sur sa bouche et lui dit de ne pas essayer de parler, mais il ne m'écouta pas

- Qu'est-ce que j'ai fait pour te perdre...

Sa voix trahissait sa détresse et mon cœur se serra

- Je t'aime tellement Roxane... Et je t'ai perdue...

- Lukas...

- Pourquoi ? Ce mot s'écrasa en une complainte

Il me suppliait de lui répondre, mais je n'avais aucune réponse à lui offrir, rien de tout ça

- Je ne te méritais pas... je suis maudit, après Tifaine, c'est toi que je perds

Des larmes coulaient le long de son visage, ses sanglots étaient muets mais je les ressentais dans mon cœur

- Pourquoi ne veux-tu plus m'aimer...

- Je ne le peux plus....

Je pleurais, je désirais plus que tout au monde l'aimer, mais ce n'était plus possible.

- Personne ne m'aime... je suis si seule...

Je détestais entendre cela, mais je n'en pouvais pas lui promettre un amour que je ne pouvais plus donner

- Je suis revenu pour une vie trop dure... Je devrais peut-être repartir ? J'ai tellement mal...

Je pleurais à grosses gouttes

- Tu ne peux pas me quitter... J'ai trop besoin de toi Lukas, dis-je en enfouissant mon visage contre sa nuque

- Dis-moi que tu m'aimes, laisse-moi ce pilier dans ma vie...

- Je ne peux pas, sanglotais-je. Je le veux, je te le jure, mais les choses ont changé et je ne peux plus...

- Si je meurs Roxane, c'est toi qui m'auras tué... me retirant la seule qui avait une valeur pour moi...

Il ne dit plus rien et je me sentais tellement mal. Je n'osais imaginer tout ce que Martin lui avait fait et il ne demandait qu'une chose, moi. Une chose que je voulais lui donner, je voulais rester sur ce lit, près de lui à sentir son corps contre le mien.

Mais je ne pouvais pas, je ne le pouvais tout simplement plus. Il bougeait à peine les bras, chaque geste lui demandait de mettre sa douleur de côté, mais il plaça ses bras autour de mon corps. Ce que je ressentais au contact de son corps était si froid, si désintéressé, c'était cette distance qui me prouvait à quel point j'avais été amoureuse de lui.

Je me détestais, j'avais laissé tomber l'idée de trouver un moyen d'annuler la malédiction. Je n'étais pas prête à une nouvelle déception, je ne pourrais pas m'en remettre et il m'était tout bonnement impossible de battre Asmodée, je devais me rendre à l'évidence.

Je plaquais mon nez froid dans le cou de Lukas. Il était le seul à me faire ressentir quelque chose, même si c'était une douleur.

Je préférais cette douleur à celle de mes blessures.

- Ma chère Roxane...

Il ne s'adressait plus à moi, il était déjà loin, pourtant, je ne quittais pas ses lèvres. J'étais si frustrée, incapable d'assouvir un désir dont je ne ressentais même plus le besoin. Je devais faire honte à Calliclès, j'étais une faible.

Epicure n'avait pas de solution pour moi, même Socrate ne pouvait rien faire. Mon bonheur était devenue une denrée impossible, je sentais le corps de Lukas contre moi, mais je n'étais toujours pas heureuse et cela me tuait.

Je ne savais pas combien de temps je restais là, à le contempler à rêver à notre retour. Les seuls bruits dans la pièce étaient dus aux machines, je détestais savoir que sa santé était aussi vacillante.

Ne rien pouvoir faire était horrible, je voulais l'aider, le sauver, mais je n'en avais pas les moyens. Lukas s'agitait dans son sommeil, je me demandais bien quels étaient ses démons. Rêvait-il de sa sœur, de sa cousine ?

Je me levais du lit, il avait besoin d'espace, d'intimité. Je n'avais pas à voir tout ça, il m'en voudrait à son réveil.

- Roxane ! Hurla-t-il du mieux qu'il pouvait avec les machines. Tu ne peux pas.... Me quitter, j'ai tellement besoin de toi... je n'y arriverais pas tout seul...

Mes larmes coulaient, sa voix tressaillait, il était détruit. Je devais rester avec lui, ce que Martin lui avait fait était pire que ce que je n'avais pu imaginer. Ses traits se crispaient, il avait si mal et je voulais tellement lui rendre les choses plus faciles.

Je me détestais de lui infliger tout ça, mais je ne pouvais l'embrasser rester dans ses bras sans lui dire la vérité. Lukas devait savoir qu'il n'avait pas à culpabiliser, qu'il était quelqu'un de bien, de parfait pour ma personne, mais que je n'étais seulement plus cette personne. Je m'approchais de lui et posais mes lèvres sur sa joue.

- Roxane t'aimera pour toujours, le jour où on la retrouvera les choses redeviendront normales. Pourtant, j'ai peur que Roxane soit morte....

Je sanglotais, même s'il n'était pas conscient, c'était la première fois que je lui disais toutes ces choses. Asmodée m'avait enlevé Lukas pensant qu'il était la chose à laquelle je tenais le plus et malheureusement, il avait eu raison.

Je passais ma main dans ses cheveux bouclés et courts et m'éloignais le cœur lourd.

Je voulais Lukas, je le voulais plus que tout, mais il fallait faire la différence entre la volonté et le désir. 

Heyyy, désolé pour le retard. Enfaite, j'ai beaucoup de mal à gérer la terminale, ma prépa et l'écriture. Si j'écris, je culpabilise de ne pas travailler et quand je travaille je me dis que je n'ai plus de temps libre. Enfin bon... un bordel. Alors ne vous inquiétez pas, j'ai toujours des nombreuses idées, j'ai juste un gros manque de temps... J'espère que de votre côté tout va bien

Elise <3

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