Chapitre 3: part 1

Roxane:

J'en avais de nouveau la preuve, c'était trop dur, je n'aurais jamais dû revenir. J'étais affalée contre ma porte et je pleurais sans pouvoir m'arrêter. Les voir me détester était plus difficile que les imaginer, je n'y arriverais pas, je ne pouvais pas sentir le poids de leur reproche. J'étais partie et maintenant j'en payais le prix, c'était tout à fait normal mais mes actes semblaient tellement insignifiants.

Chloé m'avait prévenu, je devrais tout au tard tout leur dire, aucun de nous n'était plus en sécurité si Chloé avait raison. Si j'étais vraiment devenu l'héritière des enfers, j'étais en danger et eux aussi. Je n'étais pas revenue ici de bon cœur, Chloé m'avait eu, mais je ne lui permettrais pas de le refaire. Je n'arrivais déjà pas à croire qu'elle ait vraiment refusé le mariage de Bastien et Maëlys, elle s'était bien caché de m'en parler lors de nos entrevues.

J'étais seule dans un appartement que je n'avais pas désiré, je me sentais happer par tout ce que j'avais voulu oublier. Deux ans c'était normalement suffisant pour recommencer tout depuis le début, mais en étant entre ces murs c'étaient comme si je n'étais jamais vraiment partie. Je me souvenais de la Roxane de quinze ans qui pensait bêtement qu'elle n'avait pas le droit de se plaire à l'Académie, par respect pour sa famille.

Ma famille... Eux aussi je les avais abandonnés, j'avais refusé tout contact avec ma mère ou avec Ilan, Chloé lui avait dit que je savais tout, mais je n'étais pas prête à en parler. J'étais loin d'avoir la solidité de l'entendre envoyer en l'air tout ce que je croyais vrai, je préférais ne rien entendre plutôt que de voir la vérité sortir de sa bouche.

La solitude était devenue ma meilleure amie, je ne pouvais me confier à personne, les choses deviendraient bien trop vraies. Chloé m'avait écouté, mais elle n'avait pas agi en amie, non, ce n'était pas ce que je lui demandais elle ne le savait que fort bien, elle avait agi entant que Reine. Elle connaissait mes origines et les mots que mon grand-père avait jugé bon de me dire pour me hanter.

Je ne voulais pas croire qu'il avait vu en moi ce qu'il manquait chez Ilan, je ne voulais tout simplement pas être l'objet de ses penchants. Je ressentais au fond de mon cœur une froideur incapable de disparaître depuis le jour maudit où je l'avais rencontré. Tout avait pris un sens, j'avais compris bien trop de choses, mais cette vérité n'était pas celle que je voulais me raconter.

Je me levais et frappais à ma porte, je n'en avais rien à foutre du bruit que je pouvais faire. Je criais, j'extériorisais mes démons, mes poings frappaient la pierre jusqu'à ce que mon sang commence à couler le long de mes doigts. Mon sang était redevenu rouge, je n'étais plus possédé, il l'avait promis et il avait tenu sa parole.

J'étais redevenue seulement moi, et en même temps je le sentais, il était là, indéniablement il veillait sur moi comme un protecteur. Il devait bien s'amuser, ma vie était un fiasco sentimental total. Je voulais aimer Lukas, mais je n'en étais tout bonnement plus capable, je me détestais. Je devais être plus forte que cela, la magie n'était pas définitive, je voulais retomber amoureuse de Lukas, je devais trouver des choses différentes à aimer.

J'essayais, je ne faisais que ça, mais rien ne se passait lorsque je le voyais. Que pouvais-je bien lui dire ? Personne ne pouvait faire son deuil d'une relation si l'autre n'avait pas choisi de ne plus l'aimer, il n'avait rien fait, il était mort et j'avais voulu le ramener. Je ne pouvais regretter mon choix, c'était surement l'un des seuls que j'avais faits et pour lequel je ne m'en voulais pas.

Lukas était celui que j'aimais, c'était quelque chose d'indéniable, j'en étais aussi consciente que de savoir que j'avais besoin de manger pour vivre. Je l'aimais d'un amour vrai, sincère, j'avais ressenti tellement de souffrance lorsque sa respiration s'était coupée, lorsque son corps avait arrêté de bouger.

Je pouvais donner n'importe quoi pour ne plus jamais revivre cela, je n'avais pas la force de le perdre de nouveau. Mais je voulais son bonheur, c'était la seule chose qui avait encore une vraie signification dans mon cœur, pourtant je savais en même temps que je ne pouvais pas lui offrir le bonheur alors je devais le laisser partir.

Je devais arrêter de poursuivre des chimères, il fallait aller de l'avant, mais je n'y arrivais pas. J'avais eu besoin de ce baiser pour me rappeler le vide qu'Asmodée avait laissé en moi. Lorsqu'il avait posé ses lèvres sur les miennes je n'avais ressenti qu'une énorme plaie dans ma poitrine.

J'étais là sans vraiment l'être, j'avais le souvenir des désirs de Roxane mais je n'avais plus aucun ressentit, rien. Je ne pouvais rien exigé de lui, il était libre de faire ce qu'il voulait, de profiter de la vie, de l'amour.

J'avais émis tant de souhaits, je ne m'étais jamais posé de questions sur mes sentiments pour lui, pour le vrai lui. J'étais toujours sur d'eux, mais c'était complètement autre chose de ne pas les ressentir, c'était comme croquer dans une tablette de chocolat et de tout recracher parce que le goût n'avait rien à voir avec ses souvenirs.

J'avais envie qu'il pose ses lèvres sur moi, je voulais l'entendre me promettre un amour éternel, mais ce n'était plus ce dont j'avais besoin. Ses marques d'attention me rebutaient presque, j'avais perdu la seule chose que j'aimais sincèrement, lui.

Je m'effondrais de fatigue sur le sol de mon appartement, toutes mes affaires y avaient été entreposées mais je ne touchais à rien. Je me laissais choir dans la tristesse et le sommeil, je voulais que l'on m'oublie, que je vienne à m'oublier moi-même.

Ma nuit fut exactement comme celles de ces deux dernières années, j'avais des nuits ternes et sans folies. Je ne faisais que me reposer, je n'étais plus capable de rêver. Tout ce qui pouvait me rendre heureuse avait disparu, j'étais devenue hermétique aux plaisirs simples. Je ne savais pas ce que Chloé voulait faire et je n'étais pas sûre de vouloir le savoir.

Elle pensait qu'il était facile de tromper les cieux, que si elle avait réussi à prendre le trône il ne devait pas être si compliqué de tromper les astres. Chloé surestimait son impact, si elle avait réussi à prendre ce maudit trône, c'était seulement parce qu'ils l'avaient permis. Elle ne m'avait pas vraiment écouté quand je lui avais parlé d'Asmodée, elle ne prenait pas la mesure de tout ça.

Il était le pire cauchemar de n'importe qui, rien que son souvenir me faisait trembler, l'apogée de ma souffrance résidait dans le fait qu'il existait six autres démons supérieurs comme lui. Un seul suffisait à détruire ma vie, que se passerait-il si je devais me dédouaner auprès des six autres. Il me l'avait dit, j'étais son héritière, celle qui portait ses gènes, cette idée me tuait à petit feu.

Je ne voulais pas de cet avenir-là, je n'avais jamais voulu représenter les enfers. Il y a encore un peu plus de trois ans, je ne faisais même pas la différence entre les Dieux, pourtant, désormais il était essentiel de séparer les démons et les anges.

J'avais été choisi par les démons, par mon grand-père, s'en était surréaliste. J'avais vu mes dons comme un cadeau, une bénédiction, mais en sachant que cela venait d'un démon désirant quitter son royaume pour l'agrandir au dédain des hommes, je ne prenais pas très bien le fait d'avoir été vu comme la plus qualifiée pour l'aider.

Je restais longtemps sans bouger, je n'avais juste pas envie d'affronter les regards, j'étais vu comme un monstre et c'était exactement ce que j'avais cherché. Je me sentais terriblement seule, je n'avais pas d'espoir ou d'aspirations particulières.

Je ne pouvais me rapprocher de quelqu'un, déjà parce que j'aurais l'impression de tromper Lukas, même si nous n'étions plus ensemble, et surtout, parce qu'Asmodée ne me laisserait pas de détourner. J'étais même surprise qu'il n'est pas encore agi sur ma vie, comme s'il estimait que sans Lukas j'étais forcément en voie pour devenir comme lui.

Cela faisait plus de vingt-quatre heures que j'étais rentrée à l'Académie, et bien douze heures que je n'étais pas sortie de ma chambre. Je n'en avais tout simplement pas l'envie, les choses étaient étranges, presque irréelles. J'avais peur de voir mon image dans leurs yeux, peur de me voir pour de vrai et non comme je voudrais me voir.

Je me convainquais de l'importance de mon entreprise, mais ce que mes amis ressentaient n'en était pas moins de ma faute. Je ne savais même plus si je pouvais les appeler mes amis, peut-on vraiment traiter me comme un ami ? J'étais tout simplement partie, la lâcheté coulait dans mes veines comme elle avait toujours abreuvé l'arbre sur lequel s'était développer ma famille. Je détestais avoir à admettre que je leur ressemblais plus que ce que je désirais.

J'étais tellement influençable, j'avais tellement moins d'emprise sur ma vie que ce que je voulais bien admettre. Moi qui me voyais comme quelqu'un de droit, de déterminer, je faisais face à ma vraie nature, et il était clair que je m'en serais bien passé. J'étais adossée à ma porte, je n'avais même pas bougé, cet appartement, tout ça, ce n'était pas moi.

Je n'avais jamais désiré mon appartement, je me sentais prisonnière de tout ça. D'un coup, les responsabilités me semblaient vraiment trop lourdes à porter, je ne voulais qu'une vie simple.

J'avais besoin d'amour, d'attention et si j'avais longtemps cru que mon bonheur reposait sur la quantité de pouvoir que je possèderais, je n'avais plus cet avis. J'avais déjà un certain pouvoir, mes dons étaient à la fois des avantages et des inconvénients, je n'en voulais pas en plus.

Je ne pouvais pas être comme Chloé, il m'était impossible de faire des choix désagréables mêmes s'ils étaient nécessaires. Je ne voulais tout simplement plus faire souffrir personne. Je m'étais trompée sur le rôle de l'Académie, je n'étais pas là pour devenir Reine, j'étais là pour comprendre ce que je voulais.

Et s'il y avait bien une chose, un regret qui ne m'avait jamais quitté, pas un instant, c'était bien le fait d'avoir perdu Lukas. J'avais tué Eden, j'avais envoyé Bastien en prison, j'avais joué avec le feu en me rapprochant de Thibault et Thomas avait pour moi été un exutoire à mon malaise. Mais Lukas, il n'était ni une diversion, ni un regret, ça c'était une de mes seules certitudes. Je me souvenais de ce que je ressentais en le regardant, en le sentant s'approcher.

Je ne pensais pas ne jamais devoir ressentir cela, cette sensation de vide, tout en connaissant pertinemment son origine, pourtant penser à la peau de Lukas contre la mienne me dégoutait presque. Je détestais ressentir cela, je détestais ce que mon corps me criait parce que je savais que ce n'était qu'une illusion.

Il était impossible qu'Asmodée ait changé quelque chose chez moi au point de ne plus être amoureuse de lui. J'avais essayé au début de mon exil, je pensais à lui constamment, je revivais tous les instants qui avaient composé notre relation. Je voyais son regard se poser sur moi, son expression effrayée lorsqu'on avait quitté l'Académie après la mort d'Eden, et surtout, je le voyais me sourire alors que le miroir d'Aliénor n'offrait pas une très belle image de moi-même.

Personne ne pouvait m'accepter comme lui, je n'étais pas même capable de m'aimer autant que lui m'avait aimé. C'était insupportable de le faire souffrir alors qu'il avait été le pilier de mon cœur. Comment lui expliquer qu'il n'y avait pas d'espoir, qu'il devait vivre sa vie alors que moi-même je priais le ciel de me laisser l'aimer encore un peu. Je n'étais pas prête à le laisser partir, pourtant, je savais que je ne ressentirais aucune jalousie physique s'il devait embrasser quelqu'un d'autre.

Je m'en voulais de ne pas être à sa hauteur, de ne pas avoir su nous protéger. Si les choses avaient puent être différentes, si je l'avais rencontré avant. La vie était une vraie garce, j'aurais pu rencontrer Lukas à son premier passage ici, j'aurais pu l'empêcher de faire du mal à Tiphaine. Je pouvais refaire le monde dans ma tête, je n'avais jamais eu de problème au niveau de mon imagination, j'étais prête à tout refaire, mais cela n'impacterait jamais nos vies.

Je le savais, tout le monde le savait, l'utopie de mon cœur n'avait de réel que les images qui défilaient dans ma tête.

Quelques coups retentirent à ma porte, je sursautais, j'avais presque oublié la vie, le sol de cet appartement, de mon appartement me suffisait empalement. Sur un malentendu, on pouvait bien m'oublier, je ne demandais pas grand-chose, juste une pause éternelle.

- Oui ? Demandais-je sans me bouger

- Je suis désolé de vous déranger, mais la Reine vous fait demander....

Je ne reconnaissais pas la voix, en même temps, cela faisait trop longtemps pour me souvenir de quoi que ce soit. Je voulais, je me devais d'aller voir certaines personnes, j'avais laissé trop de temps passer.

Mon ancien cercle d'amis proches serait dur à reconquérir, mais je m'étais toujours demandé ce qu'était devenu Austin, Camélia ou Thomas. J'étais à la fois une touriste et une étudiante ici, j'espérais ne pas avoir à trop travailler, je connaissais la Reine et aussi injuste que cela puisse paraître, j'avais le droit à certains avantages.

- J'arrive, un instant...

Je me levais péniblement, l'envie n'était pas là. Je me cognais la tête contre la porte et je lâchais un juron, le destin n'était pas de mon côté. J'étais debout mais je portais la même robe que la veille. Je n'allais pas me trimbaler toute la journée dans une robe de cocktail, même pour moi cela aurait été bizarre.

Je me dépêchais de m'avancer vers ma chambre, j'avais un grand lit double et je ne ressentis qu'un peu plus ma douleur. Je me changeais sans me doucher, peut-être que si je puais assez, les gens allaient me laisser tranquille. C'était une théorie assez intéressante pour que je la teste, alors, j'enfilais rapidement un jean noir et un pull assez long. Plus les vêtements étaient larges et grands, plus l'on pouvait se cacher dedans, et c'était de plus en plus mon but.

Je tirais succinctement sur mes cheveux pour donner un genre, ou juste pour me convaincre que j'avais fait un effort. Je m'avançais vers ma porte, je trainais des pieds mais j'allais le faire, j'allais revenir à la société. J'ouvrais ma porte et une jeune femme aux cheveux blonds m'attendait, elle ne montrait aucun signe d'impatience alors qu'elle devait être devant ma porte depuis un bon quart d'heure.

Elle se décala pour me laisser passer, je n'étais pas tellement habitué à ce qu'on fasse attention à son comportement avec moi.

- Repos soldat, dis-je en rigolant

Un sourire esquissa les lèvres de la jolie blonde. Je n'étais pas sûre de l'avoir déjà vu mais j'étais convaincue d'avoir entendu Chloé parler d'elle. Je ne me souvenais pas de son prénom, mais il n'y avait pas beaucoup de filles aussi grandes et belles.

Elle avait de longs cheveux blonds, des yeux très marron et un port de tête naturellement gracieux. Elle pouvait faire tourner les têtes c'était évident, son sourire était assez Bright et elle m'avait l'air plutôt sympathiques.

- Je suis sérieuse, ne faites pas de chichi pour moi, et surtout tutoie-moi. Je ne supporte déjà pas d'être ici alors si on me fait ressentir que je suis une étrangère cela ne va pas m'aider

Elle acquiesça la tête et même si elle semblait avoir compris, je connaissais trop bien ces gens. Alors je m'arrêtais devant elle et je tendis ma main

- Roxane Forman, 19 ans et toutes mes dents, souris-je aussi sincèrement que possible

- Daphnée Sarrieli, 21 ans et bon... Il me manque des dents, je suis une guerrière moi et bon les combats... Ça blesse

Je me souvenais alors du pourquoi du comment Chloé avait parlé d'elle. Daphnée était la baby-sitter de Lukas, Chloé ne le jugeait pas apte à sortir de l'établissement ou à mener sa vie de manière adulte alors Daphnée devait le suivre, l'empêcher de faire quoi que ce soit de trop dangereux.

- C'est toi qui à ramener Lukas ? Demandais-je

C'était peut-être un peu direct comme question, peut-être même que cela ne me regardait plus, mais je ressentais le besoin de connaître sa vie.

- C'est exact, il a fait exactement ce que pensait la Reine, il ne m'a fallu que le cueillir et le ramener ici...

Je soufflais

- Il est allé au couvent pour m'affronter n'est-ce pas ?

Elle semblait hésitée mais elle finit par hocher la tête, j'avais beau le savoir, je me sentais encore un peu plus coupable. Pour Lukas, je me défilais toujours, je le fuyais, le repoussais et lui n'avait aucune raison de ce soudain revirement et je ne savais pas si j'étais capable de lui en parler.

- Je me souviens de tout le bien que disait Chloé à ton sujet, elle t'a tout raconté n'est-ce pas ?

Ma question la mit mal à l'aise, mais moi, je voulais savoir. Je n'avais pas une confiance aveugle en Chloé, je me souvenais de la jeune fille qui était venue me voir avec les garçons en prison, cette même jeune fille exécrable qui avait promis de faire de ma vie un enfer.

L'eau avait coulé sous les ponts et elle était presque devenue mon amie, mais je n'avais plus la crédulité de penser que ce que je lui confiais resterait entre nous. J'avais seulement émis mes conditions, je ne voulais pas que Lukas ou Thibault soient au courant, si quelqu'un devait leur dire c'était bien moi.

- Effectivement... Je sais tout

Ses mots furent à la fois douloureux et en même temps, un poids s'enlevait enfin de mes épaules. Je la regardais et je savais, elle ne me laisserait pas devenir comme Asmodée, je n'avais pas besoin de lui demander, pas besoin de m'inquiéter. Elle était une guerrière, elle était donc capable de me tuer et aussi terrifiant que cela soit, c'était tout ce dont j'avais besoin

- Tu sais que s'il apprend que tu sais, il va te détester... Avouais-je sans la regarder

- Qui ça ? S'intéressa-t-elle

- Lukas... je comprenais que vous vous rapprochiez, vu que tu vas rester près de lui. Je veux juste que tu saches, tu ne pourras jamais être totalement honnête avec lui si tu ne lui parles pas de tout ça... Et puisque tu ne le feras pas, il existera toujours un espace entre vous, saches que le jour où il saura, il ne te le pardonnera pas...

Elle me regardait ébahie

- Ne t'en fais pas pour ça, c'est vraiment un enfoiré de première. Je ne le fréquente que parce que telle est ma mission, ce n'est rien d'une partie de plaisir

Elle disait ça avec trop de virulence, je me demandais bien ce que pouvait avoir fait Lukas, mais il avait réussi. Elle s'en rendrait compte bientôt, il avait planté en elle la flèche, ce n'était plus qu'une question de temps. Je me revoyais à sa place, le début de notre relation, ce moment où la tension est tangible.

Il existe un instant, où l'on doit décider, transformer la haine en amour ou laisser tomber. Daphné n'en était pas encore à ça, et je ne savais pas si Lukas était intéressé par elle, je voulais leur bonheur et en même temps je ne voulais rien de tout ça. Pouvais-je être considérée comme quelqu'un d'égoïste ? Il était clair que la réponse était oui, étais-je fière de cela ? Je n'avais malheureusement pas de réponse.

- Daphnée, dis-je sérieusement. Je ne t'en voudrais pas, sache-le. Si rien ne se passe entre vous autant que s'il se passe quelque chose. Les choses sont telles qu'elles sont, en ce qui le concerne, tu ne sais rien sur les raisons de notre rupture. Ne laisse pas mes démons t'impacter.

Je ne savais pas pourquoi je disais tout cela, elle me regardait plus surprise que touchée. Elle n'était pas amoureuse de lui, pour l'instant. Elle ne s'était jamais posé ses questions, mais je ressentais le besoin de lui dire, prononcer ses mots devant un public avertit était une sorte de thérapie.

- Justement, dit-elle. Il faut qu'on passe le chercher aussi, la Reine veut vous voir tous les deux

- Evidemment, pourquoi faire simple quand il est plus drôle de nous réunir

Daphnée rigola alors que j'étais plutôt défaitiste

- Comment es-tu tombée amoureuse de lui ? Me demanda-t-elle

Je m'étais attendue à beaucoup de choses mais certainement pas à cela. Je ne savais pas vraiment le pourquoi, mais je savais le quand.

- Je crois que je suis tombée amoureuse de lui parce qu'il était étrange. Je m'explique, il était tactile proche de moi et en même temps il assurait ne pas m'aimer ni même m'apprécier. Lorsqu'il n'a pas choisi l'élite j'ai compris que je ne pouvais pas passer lui. Je n'étais pas encore consciente de l'aimer, je le voyais seulement comme cette petite piqure désagréable qui malgré tout est nécessaire. Mais le jour où il a tout quitté, dans le seul but de m'accompagner, de m'aider... Je suis tombée amoureuse et j'ai eu tellement peur... Tu n'imagines même pas, rigolais-je

Daphnée m'écoutait dans un silence religieux, c'était étrange de parler de tout ça. A l'intérieur tout était mort et pourtant, je me souvenais de tout, de l'effet que j'avais ressenti, de mes peurs et de cette chaleur qui se créait en moi dès que je l'apercevais. Ça me faisait du bien d'en parler, cela rendait notre histoire un peu plus réelle, comme immortelle, scellée dans le marbre.

- J'ai été infecte avec lui lorsque j'ai compris, je passais mon temps à le repousser, je ne pouvais pas, c'était plus fort que moi. J'étais possédée, j'avais tué un garçon, je faisais des rêves macabres, j'étais terrifiée à l'idée de lui faire du mal ou qu'il comprenne ce que j'étais. Mais il n'est pas parti, et s'il l'avait fait, personne n'aurait pu l'en blâmer

- Je suis désolé, me coupa Daphnée

Je la regardais surprise

- Tu en parles avec des étoiles dans les yeux, Roxane, tu l'aimes ! Aussi horrible que cela soit, tu es éperdument amoureuse de lui et pourtant...

- Je ne ressens qu'un vide grandissant... Avouais-je

Ma voix n'était pas sûre, cela me faisait encore trop de mal d'en parler. Je respirais plus lentement, le temps de reprendre le dessus, le surplus émotionnel faisait désormais partit de mon quotidien. Je devais apprendre à vivre avec des souvenirs vides de sensation

- Et c'est vraiment permanent ? Demanda Daphnée

Je haussais simplement les épaules

- Franchement, je n'en sais rien, j'aimerais me dire que non, mais bon... On parle d'Asmodée, je ne l'imagine pas ne pas avoir prévu le coup...

On arriva devant une porte et Daphnée frappa quelques coups. Je ne sais pas pourquoi mais je m'attendais presque à le retrouver dans l'appartement de Camélia. Je n'avais pas trop réfléchi à leur mariage, j'avais été trop occupé à penser à notre relation que je les avais oubliés. Il était clair qu'ils n'étaient plus ensemble, pas besoin d'un génie pour avoir compris cela.

Lukas était plutôt bien logé, il était dans une zone où les appartements s'étaient plutôt luxueux, il n'était pas très loin de celui de Camélia. Je n'imaginais pas Lukas comme un papa et pourtant, cela faisait plus de deux ans que Tristan était né. J'avais loupé tant de choses, bizarrement je pensais que le temps s'était tout simplement arrêté, mais c'était faux, ils avaient continué de vivre.

Mon absence n'avait pas empêché au monde de tourner, je ne savais pas ce que j'avais imaginé ou alors j'en étais consciente et j'avais juste essayé de ne pas y penser.

Daphnée sortie un trousseau de clefs de sa poche et enfonça une clef dans la serrure, je la regardais plutôt surprise.

- J'ai pris le trousseau magique, je savais pertinemment qu'il n'allait pas ouvrir. Il passe tellement de temps bourré que je n'ai pas de temps à perdre, avant son retour je devais rester dans l'ombre, maintenant, je peux lui botter le cul devant tout le monde

Je rigolais et la laissais agir. Elle ne se pria pas pour ouvrir en grand la porte, l'appartement n'était pas extrêmement bien rangé mais ça allait encore.

- Lukas ! Cria Daphnée

Elle me fit signe de la suivre et on arriva rapidement devant une porte qu'elle ouvrit sans même frapper. Malheureusement pour nous, elle aurait sûrement dû toquer, Lukas était bien là, mais il n'était pas seul.

On apercevait particulièrement bien le corps et les atouts de Lukas quant à ceux de la jeune fille, ils n'étaient pas non plus particulièrement cachés.

La gêne ce lu instantanément sur le visage de Daphnée et Lukas se réveilla en sursaut. Il fallait vraiment que rien ne se passe normalement...

Salut, salut. Je sais je n'ai pas posté depuis un peu de temps mais avec les cours c'est actuellement la folie x) J'espère que ça vous plaira et je vous invite à m'ajouter sur snap: elise_wttpd pour savoir quand je poste etc... Voilà, bon beh à la prochaine

Elise <3

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