Chapitre 12

Lukas:

Umarth n'avait pas changé, rien, comme si notre dernière rencontre remontait à la veille. Il n'était pas le moins étonné de me voir, peut-être un peu déçu de ne pas voir Roxane. A croire que tout le monde préférait la voir elle à moi, pourtant j'étais moins dangereux. 

Un garde avec son masque ramena Daphnée à mes côtés, elle lui cracha dessus dès que son étreinte autour d'elle se desserra. La classe incarnée cette fille, ses cheveux blonds tombaient autour de son visage mais quelques mèches restaient collées à sa peau. 

Elle avait beau faire semblant, j'arrivais à voir qu'elle avait peur, elle transpirait plus que nécessaire, l'ambiance n'était pas vraiment chaude ni même froide. Seule la peur de Daphnée avait un impact sur son homéostasie, si j'arrivais à le voir, Nienor et Umarth le pouvaient aussi.

- Umarth, ça fait un bail, dis-je en lui offrant le sourire le plus brillant de mon répertoire

- J'espérais bien ne pas avoir à te revoir, mais comme on dit, la mauvaise herbe ne meurt jamais

- Aïe, venant de toi ces mots me blessent

- Qu'as-tu à demander Lukas ? On sait tous les deux que lorsque tes pieds foulent notre sol, tu veux toujours quelque chose

- Tu as raison, je suis venu demander des informations

- Où est Roxane ? Demanda-t-il

- Après ce que vous lui avez fait la dernière fois, elle devrait être morte. Je suis donc surpris de ta question Umarth, tu n'as pas l'air de sortir beaucoup d'ici à l'inverse de Nienor

Le jeune homme rigola, la blancheur de ses dents faisait d'autant plus ressortir la noirceur de sa peau. Il portait un costume bleu marine, il fallait avouer que cet homme avec une certaine prestance.

 Autant, je connaissais les noirs secrets de Nienor, ce qui m'avait rapidement permit de ne pas la considérer comme vivante. Mais Umarth restait pour moi un mystère. Un saint parmi les déchets, alors que j'étais conscient que tout ça n'était qu'un masque.

 Pour appartenir aux déclinés il fallait être une pourriture, renoncer à son humanité pour quelques pouvoirs.

- Tu es encore jeune Lukas, mais sache que si Roxane était morte, on t'aurait revu bien avant aujourd'hui et tu aurais été nettement moins agréable. De plus, je savais qu'elle ne mourrait pas, comme je lui avais dit, il y avait quelque chose d'étrange chez elle sans que je ne puisse dire quoi.

Nienor s'approcha de son acolyte et lui chuchota quelques mots. Umarth ne loupait rien des révélations concernant Roxane. Ses yeux montraient sa surprise sans pour autant l'apeurer, il en avait vu d'autres.

- Qu'est-ce qu'on attend ? Me demanda Daphnée

Je lui fis signe de se taire, nous étions là pour un accord, il fallait donc que Nienor et Umarth soient conscients des pouvoirs de Roxane. Peut-être qu'elle ne serait pas si inutile que cela au fond.

Umarth s'approcha de moi, jusqu'à ce que je sois capable de le toucher si je tendais le bras.

- Qu'est-ce que vous voulez ? Me demanda-t-il

- On aimerait des informations sur les meurtres récents, huit jeunes filles ressemblant à s'y méprendre à Roxane ont été assassinées et sept d'entre elles ont été vidées de leur sang. J'aimerais savoir si ce sang peut servir à un rituel pouvant faire du mal à Roxane

Le sourire de Nienor s'intensifia

- Tu tiens encore à elle, c'est tout à fait charmant

- Nienor, je crois vraiment que tu perds bon nombre d'occasions de te taire. Je vous demande ce que vous savez, le reste ne vous concerne pas.

- Est-ce un ordre officiel ? Votre Reine nous demande-t-elle de l'aide ? Demanda Umarth

- La Reine ne vous doit rien, nous n'accepterons aucun prix qui la concerne c'est clair ? S'exclama Daphnée

Cette fille était bien trop directe, spontanée. Dans ce genre de situations, il ne fallait rien dire de catégorique, cela pouvait brusquer nos interlocuteurs.

- Est-ce que tu veux bien me laisser gérer Daphnée s'il te plaît, dis-je avec un ton un peu cassant

Elle était mignonne et tout, mais bon, elle ne connaissait pas cet univers. Nous avions besoin de réponse, ou tout du moins d'indications, je n'allais pas la laisser tout faire foirer.

- Quel est votre prix ? Demandais-je

- J'aimerais un entretien avec Roxane, réplica honnêtement Umarth

Daphnée ouvrit la bouche mais je plaquais ma main avant qu'un son puisse en sortir

- Pourquoi ? Demandais-je

- Tu as dû remarquer que je l'appréciais plus que toi, n'est-ce pas ?

- Vous n'êtes pas son genre, répondis-je trop directement

Il esquissa une moue amusée

- Comparé à toi jeune homme, je ne rêve pas de la mettre dans mon lit. J'aimerais comprendre des choses sur elle, savoir si...

- Si ? Demandais-je

- Savoir si elle peut voir les habitants des enfers, si elle peut leur parler, j'aimerais contacter des individus s'y trouvant

- C'est tout ? Dis-je suspicieux ?

- C'est mon prix, à toi de savoir si vous êtes d'accord pour le payer

- Vous voulez voir avec Roxane si elle peut communiquer avec les habitants des enfers ?

- Oui, j'ai de la famille en enfer et je voudrais de leurs nouvelles

- D'accord, nous acceptons.

Daphnée me regarda avec ses grands yeux marron

- Tu ne demandes pas à Roxane si elle est d'accord ? S'interrogea-t-il

- Elle doit être en enfer à l'heure actuelle, je ne suis pas sûr que le téléphone passe très bien là-bas

- Es-tu sûre qu'elle reviendra ? S'empressa de demander Umarth

- Evidemment !

Je m'améliorais en mensonge il fallait l'avouer, peut-être parce que je croyais en ce mensonge. Je ne voulais pas imaginer que Roxane préfère se terrer là-bas qu'avec nous. Thibaut était avec elle, j'avais confiance en lui pour nous la ramener en vie et dans le même état d'esprit. 

Je préférais une Roxane avec qui je pouvais m'embrouiller, qu'une Roxane qui avait l'impression d'avoir trouvé sa place dans le seul endroit où je m'étais senti mal. Les enfers n'étaient bons pour aucun d'entre nous, je voulais qu'elle s'en rende compte, sa place était à l'Académie avec nous tous.

- Nous vous ferons signe lorsque nous aurons vérifié tous les usages du sang de sosies

J'attrapais la main de Daphnée et nous fis sortir de cet endroit. Il leur faudrait sans doute plusieurs heures, et je me voyais mal rester dans cette maison. Je préférais attendre loin de leurs oreilles perfides, je m'étais déjà senti pris au piège aussi, je ne voulais pas que cela recommence. On restait plusieurs heures assied dans les champs alentour.

- Comment va-t-on savoir quand ils auront fini ? Demanda-t-elle

Daphnée était peut-être une redoutable guerrière, mais à ce moment-là elle me regardait avec de grands yeux qui ne demandaient qu'à apprendre. Elle me regardait comme si j'avais ma science infuse, je n'aimais pas cette sensation. 

J'aurais sans doute dû aimer cela, elle dépendait de moi, elle me voyait sûrement bien plus intéressant que je ne l'étais vraiment, mais justement, cela me mettait mal à l'aise. Je n'avais aucune leçon à donner à quiconque.

- Tu le sauras ne t'en fais pas, ils ont des manières un peu singulières

Son regard ne se détachait pas de moi, je me sentais rétrécir. Se rapprochait-elle de moi ou étais-ce une illusion d'optique ? Lorsque ses mains se posèrent sur mon torse, je pus affirmer que c'était loin d'être une illusion. Mon cerveau avait trop chaud, qu'est-ce que je devais faire au juste, Daphnée était sympa mais... 

Il ne devait pas y avoir de mais et pourtant, je ne pouvais pas l'utiliser comme les autres, et c'était peut-être ce qui m'effrayait au fond. Daphnée connaissait Roxane, mes problèmes s'apparentaient toujours à Roxane Forman. Je me fichais d'elle, elle avait fait ses choix et moi les miens, nous avions convenus de cette séparation enfin... après deux ans de pause.

 Mais en réalité, la question était de savoir si je voulais une relation et je n'étais pas sur de cette réponse. Je n'arrivais plus trop à réfléchir depuis ma rencontre avec Martin, comme si je sentais son souffle sur ma peau, sa présence dans mon dos. Je préférais faire comme si tout ça n'avait jamais eu lieu, c'était mon objectif, mais mes proches savaient tout ça. 

Coucher n'était pas un problème, enfin, tant que la personne en face de moi ne me regardait pas avec pitié et tristesse j'arrivais à bander sans problème. Le regard de Daphnée avait changé, elle était affamée, elle allait me manger tout cru. Je devais avouer que j'étais aussi terrifié qu'excité, la dernière nana avec qui j'avais passé un peu de bon temps avait été assassinée dès le lendemain.

 L'aspect enfantin de Daphnée disparut, elle était de nouveau cette femme aux cheveux de blé et aux yeux capables d'aspirer ton âme. Elle ressemblait bien plus au prédateur qu'à la proie, lorsque ses lèvres s'écrasèrent sur les miennes, j'étais sûr d'être son repas. 

Ses lèvres entrouvraient les miennes pour chercher ma langue, elle ne me laissait pas le temps de penser, tout était trop violent, rapide, mordant. J'étais convaincu que les déclinés n'y étaient pas pour rien dans ce revirement de Daphnée. Ils pouvaient détruire les inhibitions, j'en avais déjà fait les frais avec Roxane.

 Etais-je vraiment en train de me taper une autre fille à proximité de cette maison, Nienor, Roxane et maintenant Daphnée. Je devais vraiment être un crevard. Mes doutes furent rapidement mis de côté par la langue de Daphnée. 

Je ressentais d'abord une appréhension, comme si la langue n'était pas celle de Daphnée, je détestais l'amertume que Martin avait apposée sur mon âme, comme si j'avais besoin de ça. Ses mains tiraient sur mon torse, comme pour me rapprocher encore plus d'elle, cette promiscuité me permettait de voir quelque tache de rousseur sur son visage. 

Je ne savais pas si j'aimais ce qui était en train de se passer, mais je ne ferais rien pour y mettre un terme. Je voulais me prouver des choses à moi-même, enfin sûrement. Comme pour montrer que Martin avait loupé, qu'il n'était pas aussi fort que ce qu'il voulait bien faire croire. Alors, je ne fis rien pour empêcher Daphnée de me toucher. 

Ses baisers se voulaient insistants, pénétrants, elle prenait les rênes et je devais avouer que c'était plutôt agréable. Elle m'empêchait de penser, de réfléchir et de fuir, tout allait trop vite pour mon cerveau et se fut une des seules fois où j'étais heureux d'être perdu. Ses lèvres se détournèrent des miennes pour s'immiscer dans mon cou, le bruit de succion résonna dans mes oreilles avant de sentir ma peau se réchauffer.

 Il fallait avouer qu'elle savait quoi et comment le faire. J'attrapais sa mâchoire et pressais nos bouches l'une contre l'autre, je saisis ses mains pour lever ses bras et mes lèvres couraient le long de sa mâchoire, de son cou, jusqu'à ce que je déchire son tee-shirt. Elle poussa un petit gémissement en même temps que le tissu craquait sous la pression de mes doigts. 

Ses seins n'étaient pas très gros, mais le soutien-gorge qui les retenait me donnait l'envie de les dévorer. Ses yeux brillaient d'une lueur lubrique. Mes lèvres se posaient sur sa clavicule, puis descendaient petit à petit, ma langue laissait des sillons. Je pouvais sentir sa respiration devenir haletante et son cœur avait augmenté sa fréquence, j'aimais ce moment.

 Lire dans ses yeux toutes les choses qu'elle envisageait de faire, elle se mordait les lèvres, cette fille était vraiment chaude. D'une certaine manière, je me retrouvais, je n'avais pas peur, je n'étais pas sur mes gardes, j'aurais sans doute dû l'être, cette fille avait l'air d'une vraie tigresse, mais cette fois-ci, je pensais au plaisir que j'allais prendre et non à la déchirure qui se ferait encore plus présente dans mon âme après l'acte.

 Daphnée n'avait aucune idée de ce qu'elle faisait, dans le sens où elle en était incapable, elle aidait à penser une plaie que je refusais de m'occuper. Je plongeais mes yeux vers son corps, me délectant de ses formes. Martin était un enfoiré, un fils de pute de première, il méritait les pires sévices, mais surtout, je refusais de n'être plus qu'une loque à cause de lui.

 Ces jours où j'avais cru que ma vie se termineraient dans cette cage, m'avaient suffisamment impacté pour que je refuse que ma vie ce soit arrêter là-bas. Alors, après avoir senti l'excitation monter le long de mon échine, je décidais qu'il était enfin l'heure pour moi de redevenir celui d'avant. 

Si Daphnée voulait de moi, j'allais lui donner le maximum, sans me soucier de la pitié que je pourrais lui causer, et même elle, après avoir gouté à mes charmes, la pitié disparaitrait d'elle-même.

Mes mains attrapaient ses seins, tout en entendant sa cage thoracique s'abaisser. Elle était si réactive que s'en était bandant. Ses tétons durcirent à l'approche de ma bouche qui ne se fit pas prier. Ses petits gémissements résonnaient dans les champs et bizarrement j'aimais l'idée que tout le monde sache que ces cris étaient dus à mon action. 


Ses mains tiraient sur mon pantalon, lorsque la braguette céda, il n'y avait plus moyen de s'arrêter, la machine était lancée. Daphné se léchait les lèvres, ces dernières étaient rosies et gonflées par nos baisers, mon Dieu, j'en voulais plus, bien plus. 

Je tirais en même temps sur son pantalon, il était moins facile de l'enlever que son haut. Heureusement que les hautes herbes nous cachaient des regards indiscrets. Je tirais sur l'élastique de sa culotte avec un sourire qui en disait bien trop sur mes intentions envers elle.

 Elle passa ses mains autour de mon cou jusqu'à ce que je m'écoule sur elle, mes doigts étaient sous sa culotte et sa bouche avait attrapé le lobe de mon oreille. Elle me mordillait gentiment, laissant la tension monter de plus en plus. Il était impossible qu'elle n'ait pas senti mon érection contre sa jambe. 

Je tirais sur sa culotte jusqu'à ce que cette dernière touche le sol, la bouche de Daphnée entreprit de découvert de nouveaux lieux. Elle embrassa chaque zone de mon torse, puis sa main attrapa le bord de mon caleçon le faisant tomber sur mes chevilles. Son regard ne parut pas surpris, mais toujours plus affamé.

 Ses mains entrepris les va et vient, j'allais perdre la tête. Puis sa bouche humide et chaude entoura toute ma longueur, les râles qui sortaient de ma bouche ne pouvaient plus être ravalés. Au bout d'un moment elle s'allongea sur le dos, ses jambes se placèrent de part et d'autre de ma taille, j'avais une vue renversante sur son corps nue.


- N'ait pas peur, susurra-t-elle comme une invitation à la débauche

Je m'installais au creux de ses cuisses pour me placer correctement, nos respirations étaient saccadées. Lorsque je la pénétrais enfin, je sentis mon corps se relâcher, comme si la pression disparaissait. 

Elle me regardait avec ses yeux qui m'en demandaient plus, Daphnée ne voulait pas de la douceur ou de l'amour, ce qu'elle vouait c'était que je l'emmène loin. Heureusement pour elle, c'était tout à fait ce que j'avais envie de lui donner. Je me défoulais, accélérant la cadence, donnant de grands mouvements de bassin.

 Ses cris m'encourageaient à faire encore plus, je respirais entre deux mouvements. Je sentais tout son corps se tendre, les parois de son vagin me retenaient, cette compression était la plus douce. Je sentais la tension monter dans mon corps, j'allais exploser et elle l'avait compris, elle se contractait pour moi.

 Les bruits rauques qui sortaient de ma bouche ne pouvaient pas être plus honnêtes. Lorsque je sentis que c'était le bon moment, ma vision se brouilla un instant, avant de revenir, avec néanmoins une différence. Le visage de Daphnée avait été remplacé par celui de Nienor, génial en une demi-seconde, j'étais retombé, tout mou, comme un mort.

 Un cri de frustration s'échappa de mon corps.

- Tu aurais pu finir, sourit-elle. Nous avons trouvé, nous vous attendons

Puis son visage se figea pour disparaître de nouveau. Bon Dieu que je détestais cette faculté. Lorsque j'aperçus de nouveau le visage de Daphnée, celle-ci était interdite, comme si c'était sa faute que je n'ai pas pu aller jusqu'au bout des choses.

 Elle avait pris son pied, mais pas moi, cela avait l'air de peser sur sa conscience.

- Nienor nous attend, lui dis-je me retirant et me rhabillant tout en essayant de gérer ma frustration

Je ne pouvais même pas finir à la main, j'étais tout mou à cause de l'autre connasse.

- Lukas ? M'appelait Daphnée

Je ne voulais pas répondre, je n'étais pas d'humeur à parler et si elle voulait savoir ce qui se passait entre nous je n'avais aucune envie de l'entendre.

- Lukas ? Répéta-t-elle

Mon prénom était séduisant certes, mais le répéter en boucle n'allait rien changer, j'étais grognon. J'allais finir avec des couilles bleues avec tout ça.

- Bon Lukas, j'en ai rien à foutre de ce à quoi tu penses, détend toi je ne suis pas une amante reloue, juste tu as déchiré mon tee-shirt aurais-tu un autre tee-shirt dans la voiture ?

Elle m'avait parlé directement, elle n'attendait pas de compassion ou de mots doux, je la regardais surpris

- C'est bon, je suis grande. Je ne vais pas te demander de m'épouser, même si on a baisé sans capote détends-toi

Mon visage se fracassa, merde les préservatifs c'est vrai. J'avais été happé par la situation, oubliant la plus basique des règles.

- Ne fais pas cette tête, je suis clean moi, mais toi, c'est à moi de m'inquiéter de tout ce que tu as pu me refiler et non l'inverse !

Je marmonnais dans ma barbe que j'étais clean aussi, c'était vrai mais bon, putain j'avais foiré. On se releva et rejoignit la voiture où j'avais un tee-shirt trop grand pour elle mais qui allait au moins cacher sa poitrine.

 Elle l'enfila et on se dirigea de nouveau vers le manoir. Nienor était sur le perron avec son regard coquin qui prouvait qu'elle n'avait rien loupé de notre activité sportive.

- Dis-moi c'est une manie chez toi le voyeurisme ? Lui demandais-je

Les joues de Daphnée virèrent au rouge

- Si tu arrêtais de t'envoyer en l'air autour de ma propriété aussi, souriait-elle

- Je suis sûr que Roxane sera ravie de savoir que tu nous surveillais déjà la dernière fois

Son sourire disparut de ses lèvres.

Depuis qu'elle savait les origines de Roxane, c'était comme si elle en avait peur. Elle avait effectivement raison d'avoir d'elle, mais cela avait été une erreur de ne commencer à la craindre que maintenant. 

Roxane pouvait devenir le cauchemar de n'importe qui. Nienor n'avait pas su déceler cela chez elle avant et cela lui serait sans doute fatal un jour. Je devais avouer que pour notre propre sécurité, il serait bien que chacun d'entre nous ait peur de Roxane, je ne pensais pas que nous devions l'éviter ou quoi, non elle faisait partie du groupe que cela me plaise ou non.

 Mais ses pouvoirs n'avaient rien à voir avec les autres, alors il était plus raisonnable de rester sur nos gardes. Elle s'en voudrait terriblement de nous faire du mal, mais parfois elle était juste incapable de se contrôler.

- Dites-nous ce que vous avez trouvé, lui lançais-je

- Suivez-moi, répondit-elle à notre intention

On la suivit dans la demeure, je reconnus certains couloirs, on passait devant la porte où Roxane avait attendu avant la manipulation. Je me renommerais la peur qui avait rongé mon corps, je n'aurais sans doute par survécut à sa mort. 

Je ne pouvais alors pas lui en vouloir d'avoir passé cet accord avec son grand-père pour me ramener, j'aurais sans doute fait la même chose. 


Je sentais mon corps se tendre, ce n'était pas des souvenirs heureux dont j'avais envie de me souvenir, Daphnée voyait bien mon état mais elle ne dit rien, ni fit rien et pour cela, sa présence était presque réconfortante. Elle n'essayait pas de faire comme si elle comprenait, mais elle ne tentait pas non plus de détourner mon attention. 

Marchant à travers ces couloirs, je revenais plusieurs années en arrière, visualisant des adolescents qui n'avaient pas encore compris grand-chose. Je n'avais pas imaginé revenir ici, enfin bon, aucune de mes visites n'avaient été de bonté de cœur.

 Il fallait toujours être désespéré pour venir ici, et ils le savaient, exigeants des prix bien trop élevé pour la pauvre magie qu'ils utilisaient. Je remerciais Daphnée qui se comportait exactement comme avant notre rapprochement, je devais avouer que c'était un bon point pour elle. 

Je n'avais pas du tout envie qu'une gêne s'installe ou pire qu'elle nous pense exclusif. Je n'étais pas dans cette optique, avant de m'occuper de quelqu'un je devais m'occuper de moi. Heureusement que Camélia était là pour Tristan, j'étais un père assez inconstant, présent mais toujours sur la réserve. 

J'avais tellement peur de faire du mal à cet enfant que je m'empêchais de l'approcher. J'avais donc bien d'autres problèmes à gérer qu'une relation avec Daphnée qui plus ait. J'étais intimement convaincu que Chloé ne serait pas satisfaite que mon garde du corps et moi forniquions gentiment. 

Bon, il était clair que le désaccord de Chloé ne m'empêcherait pas à faire ce que je voulais.

Nienor s'arrêta devant une porte que je n'avais pas remarquée lors de mes deux visites précédentes. Elle toqua, puis entrepris l'ouverture de la porte en bois cendré, je ne pouvais pas affirmer si la couleur était celle naturelle du bois ou si un incendie avait bel et bien eu le lieu.

La pièce était une grande bibliothèque, la pièce était suffisamment grande pour accueillir une bonne soixantaine de personnes tout en ayant la place de se mouvoir. Chaque pan de la pièce était recouvert de grandes armoires où bon nombre d'ouvrages trônaient comme des souvenirs des siècles précédents. 

Il y avait bon nombre de petits bureaux avec une lampe et du papier pour écrire. Cette pièce ressemblait étrangement une salle d'étude. Umarth était à un de ces bureaux, sur sa droite on pouvait apercevoir une dizaine de livres superposés les uns sur les autres. Umarth avait une petite loupe, en le fixant je remarquais quelques cheveux gris.

 Ce qui était assez surprenant sachant que les déclinés arrivaient à se maintenir en vie grâce à leurs sortilèges païens. Umarth n'aurait pas dû montrer de signe de vieillesse. J'aurais pu me renseigner, mais je n'avais aucunement envie que son problème devienne le mien, alors je préférais rester dans l'ignorance.

 J'avais déjà accordé à Umarth un entretien avec Roxane, je la laisserais donc s'occuper de cela si-t'elle était la peur d'Umarth. Je n'étais pas sûre de tout ce que pouvais faire Roxane, mais elle était assez maligne pour s'en tirer.

 Nienor attrapa une chaise et s'assit à côté de son acolyte, Daphnée tira elle aussi une chaise alors je me décidais à en faire de même. On s'assit de l'autre côté du bureau, nous étions en face d'eux, attendant enfin quelques réponses.

- Chaque livre que vous pouvez voir, dit Umarth en nous montrant la pile. Chaque livre contient au moins un sortilège avec du sang et des meurtres de sosies

Un sourire se créa sur mes lèvres

- Néanmoins, chacun d'entre eux demande énormément d'énergie. Je ne suis pas sûr qu'un membre de l'élite puisse s'en sortir tout seul, cela lui en demanderait bien trop

- Est-ce qu'un démon le pourrait ? Demanda Daphnée

Cela ne ressemblait pas à de la curiosité, c'était une question que Daphnée avait prévue de poser depuis longtemps.

- Si c'était un démon de sang royal ? Réfléchit Umarth à voix haute. Oui, j'imagine qu'il pourrait canaliser les énergies sans mourir d'épuisement

Daphnée acquiesçait de la tête comme si ce n'était qu'une confirmation de sa théorie. Je la regardais avec insistance, on faisait équipe et elle ne m'avait absolument pas parlé de cette théorie.

- Ne me regarde pas comme ça, je travaille pour la Reine, j'ai quelques informations de plus que toi c'est normal

Je restais estomaqué, c'était la première fois qu'on me prenait délibérément comme un con

- Cela n'a rien de personnel, mais je suis un soldat, la Reine peut avoir confiance en moi, se justifia-t-elle

Je n'étais pas triste que Chloé n'ait pas confiance en moi, c'était une fille ma foi sympathique, mais je n'allais pas me damner pour obéir à notre Reine. J'avais depuis longtemps renoncé à ma loyauté aveugle envers la monarchie. 

J'étais malgré tout déçu par Daphnée, ou alors juste surpris, elle avait réussi à ne pas mélanger sa vie professionnelle et celle personnelle. Et même si d'un côté ça m'arrangeait, j'aurais préféré qu'elle me confie les informations que Chloé lui avait transmises.

 Je ne me pensais pas misogyne et pourtant ma réflexion l'était. Je savais parfaitement que même si je couchais avec Daphnée je ne lui confierais jamais les secrets de mes amis et pourtant je lui reprochais de ne pas trahir sa reine pour moi.

Nienor se racla la gorge pour me faire sortir de mes pensées

- Les sortilèges les plus faisables sont ceux-là, dit-elle en me tendant une feuille. Malheureusement, si Daphnée a raison et que votre agresseur est un démon de sang royal, les sortilèges à faire en enfer lui seront aussi faciles d'accès

Elle tira une feuille sur le bureau et inscrit d'autres sortilèges dessus

- Certains sorts n'ont pour but que d'angoisser le corps originel c'est-à-dire Roxane. Je ne peux pas vous dire pourquoi quelqu'un voudrait faire ça, mais en tuant toutes ces filles, il est possible d'entrer dans les rêves de Roxane, ce qu'elle peut y voir n'y a alors aucune limite. D'autres ont pour but de la lier physiquement avec un sosie, si le sosie souffre Roxane aussi. Un autre permet au sosie de partager les mêmes souvenirs que Roxane, vous comprenez donc que son adversaire aura accès à tout ce que Roxane sait ou pense.

- Merde !

Ce n'était pas vraiment de bonnes nouvelles. Il y avait déjà sept mortes, combien en fallait-il avant que l'agresseur décide d'en garder une suffisamment en vie pour qu'il puisse la relier à Roxane.

- Roxane est liée avec un jeune homme, lorsqu'elle sera en périphérie avec le sosie, y a-t-il un risque que le sosie ait aussi accès aux pensées de l'homme ?

Les questions de Daphnée commençaient à me faire flipper, son manque de surprise aussi. Je me demandais bien combien de choses dont Chloé était au courant sans pour autant avoir jugé qu'il était nécessaire de nous en informer. 

J'avais l'air d'un con, c'était moi qui avais accepté le prix d'Umarth à la place de Roxane, cela serait donc moi qui subirais sa colère si elle n'était pas d'accord. Et j'apprenais, que bizarrement mon acolyte savait déjà tout ça. Si Daphnée voulait seulement des confirmations, elle aurait pu se porter garante et payer.

 J'étais énervé, je n'aimais pas la tournure des choses, pourquoi Chloé avait envoyé Roxane en enfer, si elle savait déjà que son agresseur venait de là-bas.


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