Chapitre 11
Roxane:
La chute était longue, trop longue pour que je sois toujours aussi sure. Evidemment j'avais confiance en cette sensation, cette ébullition qui s'intensifiait dans tout mon corps. Malgré cela, notre énergie cinétique était-elle, que notre atterrissage serait douloureux, forcément.
Thibault ne criait plus, je ne savais pas s'il c'était calmé ou s'il était tombé dans les pommes et à cet instant, je n'avais pas envie de savoir. Lorsque la chaleur fut telle dans mes veines, un hurlement guttural se fit entendre, j'étais prête à parier qu'il venait de moi.
Tout était sombre autour de nous et j'avais vraiment mal, ce n'était pas la même sensation qu'un coup, c'était bien plus vicieux. Néanmoins, un rugissement dégueulasse s'éleva jusqu'à mes oreilles et quelque chose s'envola jusqu'à Thibault et moi.
Une épaisse chose violette nous entoura tout en nous laissant suffisamment de place, la sensation de chute disparut, on était retenu, je dirais même protégé.
- Thibault, hélais-je en me retournant vers lui
Ces yeux étaient clos, il avait dû avoir la peur de sa vie. Mais endormit, il était trop vulnérable, alors je fis ce dont j'avais de nombreuses fois rêvé, je le giflais jusqu'à ce qu'il se réveille en sursaut et apeuré.
- Calme-toi, tout va bien
- Où sommes-nous ? Demanda-t-il
- Je ne sais pas
- C'est quoi ça ? Dit-il en montrant la carapace autour de nous
- Je ne sais pas
- Merde Roxane ! Comment veux-tu que je me calme alors que tu ne sais rien
Je plongeais mon regard dans le sien
- On est toujours en vie n'est-ce pas ? S'ils avaient voulu nous tuer ne t'en fait pas qu'on s'en serait rendu compte il y a longtemps
Son expression faciale montrait clairement que je ne l'avais pas convaincu, mais au moins il respirait normalement. En un instant mon sang se refroidit jusqu'à ses 37°C de croisière.
- Je crois qu'on est arrivé
- Bien, on sort de ce truc comment ?
A peine les mots de Thibault eurent quitté sa bouche que l'enveloppe s'ouvrit comme une fleur. Lorsque j'aperçut ce qu'était cet ascenseur, je plaquais mes doigts sur les yeux de Thibault, il n'était pas prêt à voir ça.
Je dois dire que moi non plus je n'avais pas envie de voir ça, j'en avais déjà eu des cauchemars. Je préférais largement l'apparence humaine des démons à celle naturelle, même si pour cela les démons devaient parfois voler des corps.
Les lambeaux de chairs putrides, les yeux sans paupières, cette couleur sang séché, ses cornes à vifs tout ça passaient encore, mais ces ailes démesurément grandes, recouverte de je ne sais quoi c'était trop.
Le démon face à moi était bien moins effrayant qu'Asmodée ou Vincent, mais cela le serait toujours trop pour Thibault et les humains. J'étais bien heureuse d'avoir une putain d'apparence humaine, parce que ça, c'était tout bonnement abominable.
Alors oui, le démon nous avait ouvert grands ses bras, ses ailes pour nous éviter une mort certaine, mais pour me sentir tout à fait bien je voulais prendre une douche à la javel.
- S'il vous plaît, dis-je au démon en montrant Thibault du regard
Il hocha la tête et ferma les yeux, son corps se transforma. C'était à la fois super-rapide et tellement lent, Thibault aurait été incapable de voir sa chair putride se recouvrir de peau laiteuse, mais bizarrement, j'étais intriguée par ce phénomène.
Ses cornes disparurent pour laisser apparaître des cheveux noirs bouclés à l'extrémité. Ses yeux globuleux et noirs comme la mort se teintèrent d'un vert plus qu'agréable à regarder et sa bouche remplit de crocs acérés se rétrécit jusqu'à une moue boudeuse.
Je clignais des yeux comme pour m'assurer que je ne rêvais pas. Le jeune homme face à moi était beau, vraiment très beau, encore une putain d'arnaque de la part des enfers, génial...
Je retirais ma main des yeux de Thibault, son regard se posa sur notre sauveur puis sur moi. Il comprit aisément à mon regard qu'il n'était pas nécessaire de poser de questions, pas maintenant.
- Veuillez me suivre, nous souri notre sauveur
Même sa voix était sensuelle, les enfers n'étaient pas pourris pour rien. Thibault me regarda et je lui fis signe de suivre le mouvement, il nous amenait dans la gueule du loup et c'était justement la raison de notre présence.
Au fond de la falaise, on pouvait remarquer qu'une porte était encrée dans la roche. Notre guide tira sur la poignée et la porte s'ouvrit avec fracas.
Ce qu'il y avait derrière cette porte, ce n'était pas la falaise, je ne savais pas quel stratagème utilisait Asmodée, mais il était clair que cette porte était un portail vers je ne sais quoi.
- Après vous, nous sourit le jeune homme
Tout chez lui était fait pour me plaire, me séduire, je commençais à suffisamment connaître mon grand-père pour savoir que ce n'était pas une coïncidence. J'avançais et avant que mon pied ne traverse Thibaut m'attrapa.
- Tu es sûre que c'est sans danger ?
Je prenais un regard hautain, c'était totalement du bluff mais vu que mon cœur ne battait pas, personne ne pouvait le savoir, pas même ce beau démon.
- Je suis sûre que notre ami ici présent n'est pas assez bête pour contrarier mon grand-père, n'est-ce pas ?
- Je tiens effectivement à la vie mademoiselle Roxane
Je devais me méfier, tout chez cet homme me faisait bien trop d'effet pour que cela soit sans danger. Face à sa réponse je traversais le portail et arrivais dans un château tout ce qu'il y a de plus respectable.
L'odeur perfide de l'extérieur avait disparu, la température était aussi beaucoup plus agréable. Il était impossible de savoir que c'était le château d'un démon.
- Par ici, nous dit notre nouvel ami
Le bâtiment semblait encore plus grand que l'Académie ou le Palais-royal, peut-être était-ce vrai ou était-ce encore une entourloupe. On traversa de nombreux couloirs, trop d'intersections pour que je puisse me souvenir d'où était la sortie.
Je n'étais même pas sure que toute cette marche soit nécessaire, c'était sans aucun doute un moyen de nous embrouiller.
- Je ne suis pas venue ici pour du tourisme, dis-je à l'attention du guide
Je remarquais facilement son sourire narquois s'inscrivant sur le côté de ses lèvres. S'il voulait la jouer comme ça, je pouvais aussi.
On s'arrêta devant une porte plus importante que les autres, des dorures étaient tout autour de cette porte faites de fer blanc.
- Salle du trône j'imagine ? Demandais-je
Deux gardes étaient postés autour de la porte, ils avaient une apparence humaine, je ne savais pas si c'était toujours le cas ou seulement parce que nous étions là, mais je préférais évidemment les voir comme ça.
Le beau gosse s'approcha d'eux et leur chuchota quelque chose, alors seulement ils ouvrirent la porte.
Notre guide s'avança
- Mademoiselle Roxane Forman héritière des Enfers et Sa Majesté le roi de l'ici-bas Thibaut Amayo
Evidemment il y avait plein de monde dans cette putain de salle. Asmodée avait le cul posé sur son trône et me regardait satisfait de mon entrée.
Il était conscient de notre arrivée dès que nous avions posé nos pieds en Enfer, ou même avant. Il nous avait fait patienter jusqu'à ce qu'il puisse faire venir de grands dignitaires ou juste des gens importants et j'étais arrivée.
Tout cela ressemblait à une présentation à la cour, tous les yeux étaient tournés vers nous. On m'épiait, comme si on vérifiait les dires sur ma personne. Que cela soit ici ou là-haut je me faisais dévisager, génial.
Thibaut était tout sauf à l'aise, en même temps, c'était loin de son royaume de ses prérogatives.
- Ma chérie, me sourit Asmodée
Il avait changé d'apparence, ce n'était plus celle de monsieur Fraudi, celle-là, ressemblait bien plus à mon frère et moi.
- Ilan n'a pas pu se joindre à nous ?
- Ceci est loin d'être une visite de courtoisie papi, dis-je en appuyant bien sur ce dernier mot
Il souriait, il n'avait pas l'air vieux, la petite quarantaine alors que bon... son âge devait se compter en siècles si ce n'est plus.
- Tu es ici chez toi Roxane, évidemment que c'est une visite de courtoisie
Il paressait si gentil comme ça, ses yeux bleus, ses cheveux châtains, s'il ne s'était pas servi de mon corps, de celui de Lukas et s'il n'avait pas détruit l'une des meilleures choses chez moi, j'aurais pu tomber dans le piège du grand-père affectif ne voulant que le meilleur pour nous.
Malheureusement, on partageait un héritage génétique ce qui m'empêchait d'avoir confiance en lui. Je ne savais que trop bien de quoi j'étais capable.
- J'aimerais m'entretenir avec toi, lui dis-je. Pour affaires officielles
- N'est-elle pas parfaite ? S'émerveilla mon grand-père face à tous ceux présents dans la salle
Je lui lançais un regard courroucé, j'avais accepté d'être sur la liste des héritiers, que tout ce cinéma était nécessaire mais là, j'étais avec Thibault, j'avais donc autre chose à faire.
- Bien, Raphaël emmène les dans mon bureau, sourit-il
Notre guide s'appelait donc Raphaël, c'était un prénom bien humain pour un démon.
- A bientôt Ashia, me dit l'assemblée
Ils étaient tous trop bizarre, ils avaient entendu mon nom et s'ils étaient là ils devaient être importants, ils ne venaient donc pas de découvrir mon existence.
Raphaël m'offrit un sourire au vu de mon air apeuré. Thibault et moi quittâmes cette salle pour s'aventurer de nouveau dans les méandres de ce château.
Il n'était pas rassuré, mais d'un côté c'était tout à fait normal, il était loin de chez lui. Je n'étais au fond pas plus rassurée que lui, comme si tout ça aurait dû me paraître familier alors que c'était loin d'être le cas.
Le château était grand, opulent, tout était à l'image d'Asmodée. Les grands portraits ne laissaient pas de doute quant à l'occupant de ces murs, Asmodée n'était pas du genre à la discrétion.
Il était un prince, il voulait qu'on le sache. Chaque objet de décoration était recouvert d'or, d'ivoire ou de diamant, pourtant, personne ne semblait y prêter de l'attention comme si ici, tout ça était tout à fait normal.
Raphaël ne regardait pas derrière lui pour savoir si nous étions là, se pouvait-il qu'il ressente notre présence ou une connerie du genre ? Thibault se mordait les lèvres, épiant chacun des démons que l'on croisait dans les couloirs.
Ils ressemblaient tous à des humains et je les remerciais pour ça, je n'étais pas encore assez habituée à leur autre apparence pour ne pas réagir en les voyant et Thibault essayait de caler son attitude sur la mienne.
Je me devais donc de réagir de la bonne façon, néanmoins, je ne savais pas ce qu'était justement la bonne façon. Je n'avais pas lu de livre à ce sujet.
Je m'approchais suffisamment de Raphaël pour qu'il tourne la tête vers moi.
- Raphaël, ça ne fait pas très diabolique comme prénom...
Il esquissa un sourire, enfin c'est comme cela que j'interprétais son mouvement buccal
- Qu'est-ce qu'un nom diabolique selon vous ?
- Quelque chose comme Asmodée, Satan, Lucifer, Léviathan,
- Ils sont uniques, on ne peut porter le même nom que les princes des enfers...
- N'empêche que Raphaël, ça fait bien trop humain...
Son visage ne se crispa pas, rien, il me répondait mécaniquement comme si c'était ce que l'on attendait de lui
- Roxane vous semble être un prénom plus diabolique ? Demanda-t-il sans aucun ressentiment dans la voix
- Evidemment que non,
- Pourtant, me coupa-t-il, vous êtes un démon, doit-on alors vous retirer votre prénom
- Je suis autant humaine que démon, de plus c'est ma mère qui m'a donné ce nom
- Se pourrait-il, que vous ne soyez pas la seule avec un ADN hybride ?
Sa remarque s'accompagna cette fois d'un sourire, un vrai, je ne pouvais pas me tromper d'interprétation
- Vous êtes comme moi ? Lui demandais-je l'instant d'après
Il s'arrêta devant une porte qui m'indiquait clairement ce qui se cachait derrière. Ma conversation avec Raphaël était fini, les inscriptions sur la porte et le sceau d'Asmodée ne me laissaient pas le temps de poser d'autres questions.
Les choses sérieuses allaient commencer, loin des autres mon grand-père allait montrer son vrai visage. Je ne savais pas lequel, mais je devais avouer que je redoutais ce qui allait se passer derrière cette porte, il était dans son royaume, chez lui.
Je n'avais déjà pas facilement le dessus sur lui chez moi, loin de tout ça alors ici, on savait tous les deux qu'il avait l'avantage. Il n'allait pas me faire de mal, sûrement qu'il n'en ferait pas non plus à Thibault, mais je devais faire attention, rester sur mes gardes.
Raphaël attrapa un petit poignard et m'entailla la paume, le temps que je réagisse j'étais déjà en train de l'insulter.
Quelques gouttes de sang tombèrent sur le sceau, un craquement ressemblant à une moelle épinière retentit, les portes s'ouvrirent alors. Raphaël attrapa ma main blessée, il essuya le sang et lécha la petite trace du couteau sur ma peau.
Dès qu'il lâcha ma main, je la regardais et remarquais qu'il n'y avait déjà plus rien, rien du tout. Je lui envoyais alors ma main dans le visage, le bruit de la claque résonnait dans ce couloir vide et sinistre.
- A quel moment vous coupez les gens sans permission ! Putain, encore un connard
La rougeur sur sa joue s'atténua à vue d'œil jusqu'à disparaître. Ses yeux pétillaient d'une nouvelle lueur que cette fois je ne m'osais pas à interpréter, j'avais réellement trop peur d'y voir une lueur assassine.
Pourtant un sourire s'immisça de nouveau sur ses lèvres.
- Entrez, mon maître ne va pas tarder, nous dit-il en montrant l'ouverture créée par les portes
Je me retournais sans lui jeter un regard et pénétrais dans le bureau, Thibault était derrière moi. La pièce était grande, mais elle ressemblait à un bureau bien trop normal.
Un grand bureau en bois massif trônait au milieu, plusieurs armoires en bois cendré étaient apposées le long des murs.
On remarquait un buffet en chêne avec des verres et des bouteilles d'alcool. Un grand tableau d'Asmodée était derrière le bureau, à côté, plus petit, on remarquait un portrait de mon père.
- Roxane, m'appela Thibault
Il tenait dans ses mains une photo que je ne connaissais que trop bien
- Cet enfoiré a fait sa décoration pour me toucher, tout est une mise en scène
- Tu en doutais encore ? On en parle du Raphaël qui est le sosie de Lukas avec seulement des cheveux plus foncés ?
- Putain, personne ne peut jouer à la loyale
- On est en enfer Rox, on n'a pas les mêmes façons de voir les choses
J'attrapais le cadre avec la photo de ma mère, mon frère et moi, je la fracassais au sol. Récupérant la photo, je la déchirais, Asmodée n'avait pas le droit de l'avoir.
Il était bien mon grand-père biologiquement mais je refusais qu'il se pense de ma famille.
- Ma chérie... C'est mal de dégrader les affaires des autres
Il apparut comme par magie, j'avais encore du mal avec tout ça, mais il fallait avouer qu'il avait une certaine classe. Le pouvoir lui allait bien au teint, ici, on jouait selon ses envies, il contrôlait tout.
- Je ne suis pas venue ici pour que l'on puisse rattraper le temps perdu, ni même pour accepter de rester à tes côtés, je suis venue pour des informations
- Fort bien, dit-il en s'asseyant à son bureau. Un verre peut-être Roxane ? Thibault ?
- Arrête ! Si on te respecte antan que prince des enfers, je voudrais que tu t'adresses à Thibault comme à un roi !
- C'est ce que tu veux ma chérie ? Son regard était sincère, trop pour quelqu'un comme lui
- Oui
- Bien. Majesté, un verre ?
- Dit nous ce que tu sais, coupais-je alors Asmodée
- A quel sujet ma puce ?
Je détestais ce qu'il essayait de faire. Faire croire que nous avions une relation privilégiée n'était pas le cas, mais ce vieux fou savait ce que je voulais entendre.
Il savait que j'avais souffert de ce manque paternel, il essayait de me donner cette famille qui m'avait manqué, mais je ne voulais d'une famille comme lui.
- Pourquoi huit jeunes filles ont été assassinées ?
Mon grand-père sourit tout en se frottant les mains
- Soit plus précise dans ta question ma puce
Il savait tout à fait de quoi je parlais, mais il désirait voir la peur dans mes yeux, celle lui annonçant que j'avais peur d'être la prochaine.
Huit filles me ressemblant, la neuvième pourrait être la bonne.
- Il y a eu des assassinats depuis quelque temps, huit jeunes filles me ressemblant ont été sauvagement assassinées, je veux savoir ce que tu sais de cette histoire
- Pourquoi t'aiderais-je ? Demanda-t-il honnêtement
- Pour éviter que ta petite fille soit assassinée ? N'est-ce pas une raison suffisante
Il claque sa langue contre son palais, pour signifier sa désapprobation.
- On sait tous les deux qu'on ne peut pas te tuer facilement, tu risques d'assassiner cette personne avant. Ce que tu veux, c'est que je t'aide à éviter la mort de plusieurs autres humaines, je te demande donc, pourquoi aiderais-je pour des humaines ?
Thibault se tendit, mon grand-père lui jetait son incapacité à sauver ses sujets, c'était une bête guerre d'ego.
Je ne pouvais pas laisser Thibault lui sauter au cou, mon grand-père savait ce qu'il voulait m'entendre dire et j'étais désormais prête à lui dire.
- Je suis ton héritière, je te demande donc cette faveur d'égal à égal. A la fin de cette affaire, je serais disposée à connaître, à apprendre ce que tu veux m'enseigner
Mon grand-père ne cacha pas sa satisfaction, ni ce sourire qui scellait mes mots
- As-tu des ennemis Roxi chérie ? Demanda-t-il
- Cela serait comme demander à un boulanger s'il a de la farine ! J'ai tellement d'ennemi que je ne peux pas tous les connaitre
- L'un d'eux fait ça... dit-il
- L'un que je connais ?
- C'est flou, avoua-t-il. Tu connais cette personne, enfin c'est ce que tu crois
- Oh arrête ! Je ne suis pas là pour des suppositions ! M'énervais-je
- Tu sais ce qu'on t'a dit, quand ayant accepté d'être héritière tu deviens la cible de tous les autres ?
- Oui, je me souviens de cela
- Je crois qu'un de tes cousins fait tout ça... Dit-il comme si c'était la seule chose logique
- Tu crois ou tu es sure ?
- Ma chérie, sourit-il. Je sens les meurtres, la haine de partout, mais je n'ai pas ce pouvoir sur mes congénères. Les seuls démons qui pourraient s'attaquer à toi sont ceux qui n'auraient pas peur d'être tué pour cela, tes concurrents. Tes cousins, tes oncles et tantes étant déjà tous morts, je ne vois pas d'autres possibilités.
- Combien ? Demandais-je seulement
- Je ne sais pas... Tu es la seule à pouvoir les sentir. Aucun de nous ne veut communiquer combien d'héritiers nous avons
- Mais vous êtes éternels, pourquoi avoir des héritiers ?
Il rigola
- Tu as bien des choses à apprendre mon cœur...
- Donc, un de mes cousins essayerait de me tuer ? Mais je n'ai accepté d'être héritière que très récemment, les morts sont plus anciennes
- C'est de l'intimidation, répondit-il comme si j'étais débile. Cet individu voulait te faire peur, te convaincre que les enfers n'étaient pas un lieu pour toi, malheureusement, tu n'y connais tellement rien que tu n'as pas fait le lien. Ne t'en fait pas qu'il savait que ces jeunes filles n'étaient pas toi, tu as une odeur que les autres n'ont pas.
- Comment est-ce que je fais pour savoir qui il est ?
Asmodée rigola une fois de plus, je détestais cette façon qu'il avait de se moquer de moi.
Je n'étais plus une enfant, mais pour lui, je n'étais qu'un fœtus. Je ne connaissais rien aux us et coutumes de ce monde et je détestais cette façon hautaine que mon grand-père avait de me le rappeler.
- Chérie, je t'ai déjà appris qui était le meurtrier, je ne vais pas tout faire le travail pour toi
- Tu ne m'as rien appris appart qu'un autre membre de ma famille essaye de me faire du mal !
- Vincent ne voulait pas te faire de mal voyons !
- Je parlais de toi !
- Ah, heu.., oui, fin j'ai rapidement changé d'avis tu me le concèderas
- Dit m'en plus, comment puis-je tuer un démon de sang royal ? Demandais-je
- Roxane, je ne vais pas te dire comment nous éradiquer, tu vas devoir trouver cela toute seule
Bon, il fallait avouer que j'avais posé cette question sans but précis. Il n'était pas assez bête pour me dire ce genre de choses et on le savait tous les deux, pourtant j'avais essayé, il fallait toujours, juste au cas où.
- Tu ne peux rien me dire d'autre ? Lui demandais-je
- Non, mais j'ai un petit cadeau pour ma petite-fille préférée, dit-il avec un air de papi gaga. Entre !
La grande porte derrière nous s'ouvrit sur les ordres d'Asmodée, encore un truc assez cool que je voulais apprendre à faire.
Ce pouvait-il que le château soit vivant, qu'il lui obéisse ? Ça paressait dingue, mais ça serait quand même super-cool.
Raphaël entra dans le bureau
- Vous m'avez fait demander mon maître, dit-il avec une voix posée
- Je veux que tu ailles dans l'ici-bas avec ma petite fille. Tu as pour mission de l'aider et de tuer le concurrent si l'occasion se propose
- Oh, stop ! M'exclamais-je. Je ne veux pas de son aide, de plus que l'ici-bas est fait pour les humains, pas pour les démons
- Heureusement que nous avons le roi de l'ici-bas avec nous alors, sourit Asmodée comme s'il avait eu des siècles pour se préparer à ce moment
C'était tout à fait impossible. Je n'avais décidé de venir en enfer que récemment et c'était une surprise que je sois accompagnée par Thibault, c'était habituellement Lukas à sa place.
Asmodée ne pouvait pas savoir que Thibault serait avec moi, enfin normalement. Thibault qui était resté muet depuis le début s'avança pour être à mes côtés.
- Raphaël peut venir à une seule condition, dit Thibault avec un ton bien plus assuré
Le sourire d'Asmodée s'intensifia encore un peu plus
- Es-tu si attachée à Roxane pour mettre cette condition sur le tapis ?
- Je veux que vous rendiez à Roxane ce que vous lui avez pris la dernière fois et alors Raphaël pourra partir avec nous
Je regardais Thibault avec de grands yeux écarquillés, mon grand-père pouvait tout lui offrir.
Ce n'était pas un problème pour quelqu'un comme lui, néanmoins, Thibault avait demandé quelque chose me concernant.
Mon grand-père se tourna vers moi
- Fait attention à lui Roxane, ça serait dommage qu'un jeune homme aussi prévenant à ton égard meure...
Ce n'était pas une menace, je crus même que pour la première fois il était réellement content que je sois entouré de quelqu'un comme Thibault.
- Je te remercie de t'occuper d'elle à ce point, mais je ne peux pas... Pas parce que je suis un connard, dit-il à mon intention. Mais parce que si Roxane se rapproche de ce jeune homme, il sera le prochain tué et que je ne suis pas sûre qu'elle respecte ses engagements envers moi s'il venait à mourir, pour de vrai cette fois.
Je devais avouer que j'étais plutôt d'accord avec Asmodée et ça me coutait réellement de l'avouer. Le visage de Thibault se décomposa.
- Si on réussit à mette l'autre enfoiré hors d'état de nuire, est-ce que vous rendrez à Roxane ce que vous lui avez pris ?
Asmodée réfléchit quelques instants, mon cœur me faisait mal tellement il battait avec virulence dans ma poitrine
- Si c'est ce que Roxane veut, je verrais ce que je peux faire en temps voulu... Avoua-t-il
Je ressentais pour Lukas les mêmes choses qu'avant mais seulement parce que j'étais en enfer.
Je me demandais comment seraient les choses si tout revenait comme avant. Je ne devais pas trop y penser, l'idée de retrouver Lukas ne devait pas m'empêcher d'agir, de faire ce que je devais faire.
Thibault le cachait mais il était vraiment de très bonne humeur, pour ma part, je ne savais pas comment me situer.
Evidemment que je voulais Lukas, c'était ce pour quoi je m'étais battue tant de fois, mais maintenant qu'on me l'offrait, j'avais peur que le chagrin qui m'attaquerait si nous ne devions pas réussir à détruire mon cousin cause ma perte.
Comme l'avait dit Asmodée, c'était dur mais les démons de sang royal n'étaient pas invincibles, or j'étais à moitié humaine.
J'étais donc loin de ne pas pouvoir mourir.
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