Chapitre 1: part 1
Lukas: 11 janvier 2020
Il fallait continuer de vivre, se lever, étudier et devenir enfin quelqu'un. Nos actions impactaient nos vies pour toujours, mon expérience avec la mort avait laissé quelque chose moi. Je n'étais sur Terre que grâce à Roxane, je détestais lui devoir quelque chose. Je n'étais pas du genre à avoir des dettes envers les autres, cela ne m'intéressait pas. Il m'était difficile de penser au futur, j'étais un adulte, un père et pourtant, j'avais déjà fait tant de choses mals dans ma vie que j'avais peur de poursuivre dans cette voix.
Un peu avant le 11 je me sentis obligé de partir loin de l'Académie. Je ne voulais pas être là le jour de son anniversaire, j'avais besoin d'aller voir plus loin que tout ça. Je n'avais plus de famille, j'avais délibérément abandonné mon nom de famille, et mon ex-femme fréquentait de nouveau quelqu'un, un quelqu'un que mon fils considérait plus comme son père que moi.
Personne ne se souciait de moi, je n'avais plus rien, il me restait mes dons, des dons qui avaient handicapé ma sœur à vie. Bastien se forçait à trainer avec moi, on avait beau savoir tous les deux qu'il ne m'aimait pas plus que ça, il le faisait, comme par respect pour Roxane. Thibault, lui ne faisait pas semblant de m'aimer, j'appréciais presque sa compagnie depuis son accident. Il était le seul à ne pas me regarder comme une pauvre petite chose, il restait le même mec imbu de sa personne et avec une bouche bien trop souvent ouverte.
Je ne voulais de personne lors de ma petite retraire spirituelle, j'attrapais une moto et je disparaissais pour une durée indéterminée. Ma formation au sein de l'élite était assez étrange, je n'allais plus dans tous les cours, mais je passais les examens. Il ne me restait plus beaucoup de trimestres à effectuer avant de devenir un membre éminent d'une société en laquelle je ne croyais pas.
Je ne voulais pas penser à tout ça, mon cerveau était devenu insupportable, j'étais obligé de me bourrer la gueule pour ne plus réfléchir. J'étais devenu une épave, un tas d'ordures, j'enchainais les coups d'un soir mais elle ne quittait jamais mes pensées. J'étais prisonnier d'un souvenir, d'une odeur et d'un toucher, j'avais beau tout essayé, lorsqu'une femme se déshabillait devant moi, je ne voyais que le corps de Roxane.
Je n'avais en tête que l'image de la jeune fille qu'elle avait été, désormais, j'avais peur de ne plus la reconnaître. Durant ces deux dernières années, j'avais changé et j'étais angoissé à l'idée qu'elle aussi. Elle allait sur ses 19 ans, le temps passait trop vite, j'en avais le tournis, elle ne méritait pas toute mon attention et je le savais mais pourtant... Je passais la plupart de mon temps à penser à elle.
Je n'avais plus eu de contact avec ma famille depuis mon retour du royaume d'Asmodée, ils savaient que j'étais en vie mais j'avais refusé tout contact avec eux. Je ne pouvais tout bonnement pas tout oublier, je n'acceptais plus que quiconque me prenne pour un pigeon. Je voulais tourner la page d'une histoire que finalement, je ne pensais qu'entamer. Roxane m'avait fait sauter tout le développement pour arriver directement à la conclusion de l'idylle que nous avions vécue.
Je préférais me retrouver seul, le silence m'aidait à réfléchir, à méditer. Je ne supportais pas le vide qu'elle avait laissé, je voulais pouvoir lui parler, lui crier dessus, lui dire toutes les choses horribles que j'avais pensées d'elle ces deux dernières années, mais même ça ne m'était pas permis. Elle ne voulait plus de moi ? Soit, je ne pouvais tout bonnement pas la forcer à m'aimer, mais j'espérais au moins pouvoir lui dire droit dans les yeux tout le mal que je lui avais souhaité.
Je devais aller de l'avant, me remettre dans une relation sérieuse, quelque chose de concret et de réel. L'Angleterre m'offrait la possibilité de me sentir plus près de mes racines, j'évitais ma famille mais pas ma naissance. Aussi bizarre que cela soit, j'étais allé me recueillir devant ma tombe. J'avais beau savoir que sous la pierre il n'y avait rien, je me voyais me parler, un Lukas plus jeune et plus inexpérimenté. C'était une sensation étrange que de savoir ce que représentait ce lieu, si les choses s'étaient passées normalement, mon corps devrait reposer ici.
Je m'assaillais en tailleur devant le caveau familial, la maison n'était pas très loin mais j'espérais que personne ne m'ait vu. Je fermais seulement les yeux quelques secondes, je me remémorais Aliénor et Tiphaine, elles, elles n'étaient pas revenus d'entre les morts. Je n'arrivais pas à en vouloir à ma cousine et ma sœur, l'une était désespérément amoureuse et l'autre avait vu sa vie gâchée par ma faute.
Aliénor avait toujours été amoureuse de Tiphaine, il fallait être aveugle pour ne pas le voir, nos parents appelaient cela de l'admiration, mais moi, je savais que c'était bien plus. Tiphaine devait être reine, c'était un rôle important quelque chose qui signifiait beaucoup. Pour l'enfant que j'étais, cela ne signifiait que l'abandon, j'allais perdre ma sœur, je ne voulais pas la partager avec les autres. Mes dons avaient quelques choses d'incontrôlable, je m'étais reconnu en Roxane, elle qui galérait à faire quoi que ce soit avec me rappelait celui que j'étais à ma première arrivée à l'Académie. Je n'étais pas plus qu'un petit garçon qui se voyait déjà régler tous les problèmes de notre monde, au lieu de ça, je ne savais rien faire.
Il avait fallu que ma sœur m'avoue son départ prochain pour qu'enfin, mes dons s'expriment tous seuls. C'était bien la seule fois où j'aurais préféré qu'ils restent gentiment dans leur coin, j'avais vu la fumée s'échapper de mes mains pour s'infiltrer dans les poumons de Tiphaine. Les cris qui s'échappaient de sa bouche me hanteraient pour toujours, elle hurlait, sa peau devenait incandescente. Moi, j'avais bien trop peur, j'étais immobile, incapable d'arrêter tout ça et incapable d'agir. J'avais été ce jour-là, le garçon le plus inutile de l'histoire, je revoyais Tiphaine sur le sol, elle était inconsciente et moi, je la secouais dans tous les sens pour lui dire que le jeu était terminé.
Je n'avais jamais pris l'ampleur de la dangerosité du feu avant d'avoir failli la tuer. J'essayais au maximum de ne pas utiliser mes dons, j'avais peur d'eux, peur de ce que je pouvais faire avec. Je ne les avais utilisé que quelquefois, pour aider Roxane ou lorsque l'on me le demandait explicitement, je n'étais pas du genre à les utiliser au quotidien. Tout le monde payait un prix lorsqu'ils les utilisaient, certains plus que d'autres, moi, je n'avais découvert qu'après l'accident quel était ce prix. Les cris de ma sœur résonnaient dans ma tête, je n'étais plus capable de les utiliser sans, je l'entendais hurler de douleur, elle agonisait lentement.
Que ce soit quelques jours, quelques mois ou quelques années plus tard, j'étais incapable d'oublier ce son, la douleur qui trahissait dans sa voix m'immobilisait, j'en perdais toujours le fil de mes pensées. Je me revoyais juste devant elle, ses larmes n'avaient pas le temps de couler, la chaleur de son corps les séchait instantanément. J'étais conscient d'avoir fait quelque chose de mal, j'avais détruit la personne qu'était Tiphaine, les séquelles avaient été trop élevées pour être soignées. Dès cet instant, elle m'avait haï, je n'avais pas perdu une sœur au profit d'avoir une Reine non, j'avais perdu une sœur au profit d'un monstre.
J'espérais seulement que désormais, elle reposait en paix, que ses douleurs physiques avaient disparu. Elle avait été obligée de garder un masque en permanence pour aplatir ses cicatrices, ses cheveux n'avaient plus jamais été pareils. La seule personne qui n'avait pas renié Tiphaine après tout ça était Aliénor, ma cousine était restée auprès d'elle autant que possible. J'avais détesté Aliénor, elle avait caché tout ce que j'avais fait, l'état de ma sœur était officiellement dû à un accident, mais j'avais besoin que l'on sache que c'était moi. Ma conscience en avait besoin, les gens devaient savoir ce que j'avais fait.
On avait voulu me protéger, mais au lieu de ça, on m'avait rendu bien plus coupable que ce que j'étais. Je n'avais pas payé ma dette envers la société et Tiphaine avait décidé de me la faire payer. J'étais mort sous les yeux de Roxane, j'avais senti son regard se poser sur mon dos pendant que je dégringolais sur le sol. La gravité m'attirait vers le bas, mais moi, j'étais attiré par Roxane. J'étais égoïste de penser que ma mort était moins dure si elle se passait en sa présence, parce que je savais pertinemment, qu'elle, elle ne s'en remettrait pas.
J'avais eu raison, tout du moins un temps, elle m'avait tellement pleuré, tout ça, je le ressentais au plus profond de moi. Il m'arrivait d'arriver à la voir sans savoir si tout cela était réel. J'étais inquiet à l'idée qu'elle apprenne la vérité sur les dons de Clarissa, me ramener à la vie ne valait pas le coup si ma cousine devait y laisser la vie. Clarissa était trop jeune pour ses dons, trop fragile et bien trop intègre. J'avais été bête de soupçonner Roxane, elle n'était pas capable de faire du mal à une si jeune enfant dans le seul but de me retrouver, mais ma famille, elle, n'avait pas du tout le même genre de pratique.
Face à aux tombes, je me sentais soudainement illégitime. Je n'aurais jamais dû revenir sur Terre, les choses n'auraient pas dû se passer comme ça, je n'y comprenais rien. Je ne savais même pas comment Roxane avait fait pour que je revienne. Une fois mort, j'aurais dû le rester, pourquoi moi j'avais le droit de revenir et pas un autre ? Qu'avais-je de plus ?
J'enfonçais mon poing dans la terre qui m'entourait, le sol était froid et dur mais il était accueillant. La solitude était pesante, je n'avais jamais été contre le fait d'être seul, loin de là, mais la solitude en étant conscient de tout ce que l'on venait de perdre, ça c'était violent. Je m'allongeais dans le caveau, j'étais si proches d'elles. Je pouvais presque entendre la respiration qu'elles auraient eue, je savais que ma sœur et ma cousine étaient toutes proches de moi.
Peut-être me détestaient-elles, mais je n'en avais rien à faire, j'étais passé au-dessus de tout ça et si elles non, eh bien, elles ne pouvaient plus le dire alors c'était tant pis pour elles. J'avais essayé d'oublier ce que j'avais fait à Tiphaine, je voulais incriminer ma famille, Aliénor, j'avais voulu prouver à Roxane que c'était leur faute tout ça. J'avais besoin que quelqu'un proche de moi, dans ce cas Roxane, ne connaisse pas cette histoire. Je voulais que sa compagnie me fasse oublier tout ça, si elle pensait qu'Aliénor était coupable, peut-être étais-je aussi capable d'y croire.
Je sentis rapidement un petit courant d'air, c'était vraiment étrange sachant que je me trouvais dans un cimetière.
- MERDE ! Cria quelqu'un
J'ouvrais instinctivement les yeux et me dirigeais en dehors du caveau.
- Putain, mais t'es qui toi ! M'énervais-je à l'encontre de la blonde face à moi
Elle m'assassina du regard, elle portait des bottes et évidemment, elle était bloquée dans de la boue
- Viens m'aider non ? Dit-elle avec un ton hautain
- Bah non, d'abord tu me dis pourquoi tu me surveillais et après j'aviserais...
- Pauvre con, cracha-t-elle
Elle sortit son pied de sa chaussure et posa son pied sur de l'herbe sèche. Elle tira ensuite sur sa chaussure pour la sortir de la boue
- Je ne te remercie pas hein...
Je haussais les épaules, elle pouvait bien rester dans la boue sans que cela ne m'émeuve en aucun point. Je regardais la jeune femme devant moi en attendant qu'elle parle. Je n'étais pas vraiment habitué à être suivi et encore moins dans un cimetière.
- Qui es-tu ? Répétais-je
- Daphnée, dit-elle en essayant de nettoyer sa botte
- Mais encore ?
Elle n'avait pas l'air très commode comme fille, elle devait faire ma taille et était blonde. Elle était assez fine, ses cheveux étaient longs, elle portait une veste en cuir et un legging noir. Son maquillage assombrissait son visage et elle fronçait les sourcils, je n'arrivais pas à voir ses yeux de là où j'étais mais ils devaient être bruns.
- Je suis ici pour te surveiller...
Je me mis à rire, mais elle, elle restait immobile, elle n'avait pas l'air de rigoler
- Et pourquoi suis-je sous surveillance ? Si tu me prends pour un con je te jure que tu vas le regretter jeune fille !
- On va se détendre directement, je ne suis pas ici pour te faire plaisir ou quoi. C'est mon travail de te suivre, la Reine m'a dit de vérifier que tu ne ferais rien de débile alors me voilà...
Chloé n'avait pas été emballée à l'idée de mon départ, mais je ne lui avais pas trop laissé le choix. Je n'étais pas vraiment surpris qu'elle ait envoyé quelqu'un pour me suivre, j'étais plus surpris de ne me rendre compte de ma surveillance qu'à ce moment. Daphnée, si elle s'appelait vraiment comme ça, n'était pas le stéréotype de la fille discrète. Je la détaillais de la tête aux pieds, je cherchais quoi que ce soit qui me servirait à la charrier, voir à la faire abandonner sa mission mais je ne trouvais rien. Elle n'avait rien de bien original, c'était juste une fille.
- Tu vas encore me regarder comme ça longtemps ? S'impatienta-t-elle
Je ne répondis pas à sa provocation, je retournais dans le caveau et y passais le reste de la journée. Je n'avais pas envie d'être surveillé, je voulais me sentir libre au moins un moment. Je savais mieux me battre qu'elle, j'avais des dons qu'elle n'avait pas, Daphnée n'avait d'intérêt que de rassurer les angoisses de notre Reine. Chloé était devenue de plus en plus paranoïaque, elle avait un mari estropié et elle avait peur.
Elle ne voulait pas dire de quoi, mais je soupçonnais les meurtres des dernières années d'en être responsables. Beaucoup de jeunes filles étaient tuées durant leurs permissions, et toutes, ressemblaient à Roxane. Chloé m'avait assuré que sa sécurité était assurée, mais il était difficile de croire une monarchie dans laquelle je n'étais pas sur de croire. Pour une fois, Bastien était aussi de mon avis, il n'était pas très content de tout ça, mais il avait été mis à l'écart comme moi.
Lorsque la nuit fut tombée, je fus obligé de sortir du caveau, je savais qu'un employé faisait une ronde dans le cimetière tous les soirs et je n'avais pas envie que les Higo soient au courant de ma présence. La famille était un problème que j'essayais de mettre sur le côté.
- Tu en as mis du temps... Qu'est-ce qu'il peut bien y avoir de si intéressant dans un caveau...
Malheureusement, la blonde était toujours là. Elle était adossée à une pierre tombale comme si c'était un mur, elle m'énervait déjà. J'attrapais le sac que j'avais laissé devant, et m'avançais vers elle
- Ma tombe, tu pourras aller vérifier par toi-même.
La jeune femme devint livide un instant. Ce n'était pas vraiment étonnant comme réaction, j'avais moi-même ressentit la même chose. J'avais cru au début, que j'étais une sorte de zombie, je n'arrivais pas à croire que la vie coulait de nouveau dans mes veines. Les médecins avaient passé de nombreux jours à me convaincre de mon état.
- Où va-t-on?? Demanda Daphnée pendant que je m'approchais de la sortie
- Toi, je n'en sais rien...
Elle fulmina dans sa barbe et c'était bien fait pour elle, je savais qu'elle allait me suivre, j'en étais sûr, mais je n'en avais rien à faire. Lorsque j'enfourchais ma moto, j'en remarquais une deuxième à côté. Je connaissais les routes d'Angleterre comme ma poche, j'avais grandi ici, j'avais toujours eu un bon sens de l'orientation mais à travers ses forêts, c'était comme si c'était moi qui créais les chemins.
Je m'arrêtais une bonne heure plus tard, j'avais essayé de semer Daphnée mais sans succès, elle était tenace celle-là. Je m'étais arrêté près d'une forêt que j'avais déjà traversée lorsque j'étais petit. Daphnée s'arrêta elle aussi, je la dédaignais du regard pour lui faire comprendre que sa présence ne me plaisait pas, mais elle me rendit le même regard.
- Tu crois que ça m'amuse d'être ici ? J'avais d'autres choses à faire...
- Tu n'étais pas obligée !
- C'est mon travail Einstein ! On me donne un ordre et je l'exécute
- Une bête de foire... Soufflais-je
- Répète un peu ! Dit-elle en se retroussant les manches
- Tu crois que tes coups me font peur ? Je rigolais. Tu peux te calmer, je n'ai pas envie de te blesser, ça serait dommage d'abimer un minois comme le tien...
- Connard !
C'était toujours les mêmes mots, il suffisait qu'une fille me traite de connard pour tomber folle amoureuse de moi. Ce n'était qu'une question de temps avec Daphnée comme cela avait été avec Roxane et les autres. Roxane était la seule pour laquelle j'avais aussi ressenti quelque chose.
- On va dormir ici, donc bon, fait comme tu veux
Je n'avais pas prévu de dormir ici, mais je savais les nuits bien fraîches et humides, j'espérais qu'une nuit suffirait à dégouter Daphnée. Je me préparais un matelas de feuille et utilisais mon gilet pour me faire une couverture, je n'avais pas besoin de plus. J'étais devenu moins compliqué depuis que mes pieds avaient pu de nouveau fouler le sol, le vrai.
- Putain, répétait-elle en boucle. Si seulement la Reine n'avait pas eu peur que tu ailles trainer du côté de l'autre folle, je n'aurais pas été obligé de venir ici...
Elle parlait à haute voix sans vraiment s'adresser à moi mais mes poils se raidirent. C'était donc pour ça, Chloé me croyait assez con pour courir après une fille qui m'avait fuie, mais au fond, elle avait tout à fait raison. Je voulais trouver Roxane et la forcer à me parler, je ne savais pas comment faire avant que Daphnée n'arrive, mais maintenant, j'avais un moyen. Daphnée devait connaitre l'adresse de Roxane ou au moins une indication qui lui permettait de savoir que nous n'étions pas dans la bonne direction. Il me suffisait juste de trouver l'information et de partir dans la nuit, lorsque Daphné ne s'en rendrait pas compte.
Chloé se doutait donc de mes réelles intentions, je ne voulais pas mentir, je voulais voir Roxane. Je me sentais prêt à l'affronter, je n'étais plus aveuglé par ce que je pouvais ressentir, la mort m'avait changé. J'avais faussement crus que mon retour me donnait le droit au bonheur, mais d'une certaine forme, je n'avais pas totalement tort. Peut-être que le départ de Roxane m'empêchait de faire une erreur, peut-être n'était-elle pas assez bien ou juste pas prête.
Désormais, je devais mettre des réponses sur mes questions, si je l'entendais me dire yeux dans les yeux qu'elle n'en avait rien à faire de moi, je partirais. Je n'allais pas passer ma vie dessus. Daphnée s'endormit rapidement, je devais avouer que la nuit m'effrayait plus qu'auparavant. Les ombres qui se reflétaient dans les arbres, les petits bruits crispants et la fraicheur me rappelaient les quelques instants avant que la mort ne me prenne dans ses bras. Je ne voulais pas en parler, personne n'avait besoin de savoir tout ça.
La mort n'avait pas été un moment agréable, je ne voulais plus jamais la connaître. J'étais prêt à donner ma place au paradis si on m'oubliait sur Terre, si seulement je pouvais négocier l'immortalité. J'avais peur de mourir, je savais que seul, je ne pouvais pas m'en sortir. Mon ego avait été soulagé et instantanément diminué, sans Roxane, je serais toujours en train d'errer en enfer. Sans elle, je ne savais pas comment me sauver, et elle, elle ne voulait plus le faire. J'avais peur pour moi, je détestais la voir comme un moyen et non comme une fin en soi, mais désormais que le côté romantique avait disparu, je voulais d'elle pour une tout autre raison.
Déjà deux ans, que je passais chaque jour dans la peur, je voulais me défaire de mes fantômes, vivre pour moi, par moi-même. Les choses avaient été comme suspendus dès son départ, comme si le temps avait décidé de l'attendre. Roxane avait cet impact sur nos vies, lorsqu'elle était là, elle ne paressait pas très importante à première vue, mais lorsqu'elle disparaissait, plus rien n'avait vraiment de sens.
Daphnée s'était allongée sur un lit de feuilles, son corps n'était pas très épais, elle paressait faible. Je ne prenais pas le temps d'apprendre à connaître les gens, je ne voyais pas cela comme quelque chose d'important, je n'avais que faire de ceux qui m'entouraient. Daphnée ne dérogeait pas à cette règle que je m'étais fixée il y a déjà longtemps, bien avant l'Académie.
Je ne portais pas d'intérêt au monde m'entourant, je n'avais porté d'intérêt à Roxane que parce qu'elle avait insisté pour me connaître. Je préférais me rapprocher d'une femme pour les plaisirs charnels, mais moins j'en savais, mieux je me portais. Je n'étais pas friand des conversations sur l'oreiller, connaître leur vie n'avait pas d'importance, en dehors de mon lit, je ne prêtais pas attention à ces jeunes filles.
Elles voulaient toutes de moi, s'en était presque aberrent, avant ma mort, je n'avais pas de mal à mettre quelqu'un dans mon lit, mais désormais, elles voulaient toutes voir si les choses étaient différentes avec quelqu'un comme moi.
Daphnée avait retiré sa veste en cuir, et elle l'avait posé sur sa moto. Je ne savais pas à quel point elle était entrainée, ni comment je devais l'amadouer. Chloé l'avait choisi elle, ce n'était pas pour rien. La jeune femme était immobile sur le sol, j'aurais presque pu la penser morte, seul le mouvement de sa cage thoracique me signifiait qu'elle était toujours en vie. Je m'approchais de sa moto, le plus lentement et discrètement possible, son téléphone était bien là.
S'en était presque trop facile, il était seulement posé au fond de sa poche, je n'allais pas me faire prier si cette fille n'était pas aussi futfut que ce que j'avais imaginé. Je faufilais son téléphone dans la poche arrière de mon jean et je m'éloignais. Elle devait visiblement bien dormir sur le sol, je me cognais l'orteil contre une buche de moi et je hurlais. Daphnée devait avoir grandi dans un endroit plutôt louche, mon cri ne la perturba pas le moins du monde.
Elle restait inerte sur le sol, personnellement, n'importe quel bruit me faisait me réveiller en sursaut. Je détestais entendre crier, cela me rappelait bien trop de choses horribles. J'attrapais ma moto et m'éloignais avec elle à pied, il était vraiment trop risqué de démarrer à proximité de Daphnée. Je savais que j'étais en Dieux vivant, mais en même temps, je ne voulais pas tenter le réveil de la jeune fille. Je n'avais pas de temps à perdre, je devais craquer le téléphone et partir. Il fallait aussi que je sois rapide, je devais être arrivé à ma destination avant Daphnée.
Il lui faudrait du temps pour se repérer sans son téléphone mais elle n'était pas bête. Lorsque je me trouvais à plusieurs kilomètres de Daphnée, j'enfourchais ma moto et m'éloignais encore d'elle. Je ne savais pas du tout comment m'y prendre avec son téléphone, je n'aimais pas ces choses. J'étais toujours trop brusque, ces petites machines se retrouvaient sur le sol en un rien de temps. Celui de Daphnée ne dérogea pas à la règle, il me demanda une empreinte digitale puis un code. Je ne savais pas comment entuber le téléphone, je savais me battre, mentir, tuer si cela était nécessaire mais là... J'étais démuni.
Je sentis la colère monter en moi, récemment, ma colère avait une drôle de manière de s'exprimer. Je foutais le feu à tout, je détestais utiliser mes dons, mais eux, avaient récemment eu un regain d'envie. Je me retrouvais à avoir des problèmes d'enfants, je devais réapprendre à me canaliser. Je n'avais plus de repère depuis qu'elle était partie, et rien que pour ça, il y a des choses que je ne pourrais lui pardonner. Il fallait me voir, moi Lukas, devenu légende depuis mon retour, en cours de dons avec des enfants, ils ont une dizaine d'années et certains, savent mieux se contrôler que moi.
Lorsque je sentis mes mains chauffées je lâchais instantanément le téléphone, il s'écrasa sur le sol et je lâchais un juron. Bizarrement, le téléphone n'était pas cassé, il avait été déréglé. Je ne savais pas précisément ce que j'avais fait, mais je n'allais pas me plaindre. Le téléphone n'était plus vraiment utilisable, certaines zones du tactile étaient cassées, les personnalisations avaient aussi été effacées. Il n'y avait plus de code, ni contact, ni fond d'écran, je ne savais donc pas qui lui avait envoyé, mais bizarrement, elle avait une adresse écrite noir sur blanc. Je ne connaissais pas bien cette régions de l'Angleterre et j'étais presque étonne que Roxane ce soit caché là-bas.
Il faisait si froid, que je la chaleur de mes mains disparus assez rapidement. J'attrapais ma moto et je me mis à rouler, je ne regardais même plus ma vitesse, j'avais arrêté depuis que je dépassais la limite de plus de cent kilomètres. Je mettais ma vie en danger, j'en étais conscient, mais l'adrénaline de tout ça me faisait du bien. D'un côté, je pensais pouvoir avouer que je faisais ça dans le but de forcer Roxane. S'il m'arrivait quelque chose, elle ne pouvait pas m'abandonner, ou alors, tout ça serait de sa faute.
SAAALLLUUUT à tous, on commence lentement pour ce début de tome 2. On retrouve un Lukas à la fois blessé et en même temps qui fait le bonhomme, j'espère que cela vous plaît. Je pense que les publications de ce tome seront plus espacées que pour le premier, effectivement, j'ai beaucoup moins de temps que l'année dernière. Je suis enfin en vacances, donc j'espère avoir du temps pour écrire cette semaine mais ça va être chaud...
ELISE <3
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