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2h00. Une angoisse me rongeait. Impossible de dormir.

~ - "Maman !! Maman !!"

Je criais encore et encore, ne voulant pas réaliser. Je fermais mes yeux pleins de larmes. En les ouvrant, ma mère était debout devant moi. Elle me tendait la main, m'incitant à la suivre.

- "Viens Amber, ne t'inquiète pas, je suis là." Déclara-t-elle d'une voix douce.

Je tendais ma main à mon tour. Mais je réalisais que ce n'était que du vide que je m'apprêtais à toucher.

- "Je serais toujours là..." Continua-t-elle, sa voix s'éloignant peu à peu.

- "Maman ? Non ! Non..."

Son apparence brumeuse disparut petit à petit dans un nuage clair. Je venais de perdre ma mère. ~

Encore un cauchemar déguisé en une réalité à laquelle je ne faisais que m'accrocher. Souvenir de cette nuit horrible...Je me levais ce matin en réalisant que c'était le jour de l'interview. Le stress de devoir parler en public de ce qui me concerne directement était bien présent. J'avais peur de ce que pouvait me demander les journalistes. Mily arriva en constatant avec étonnement que j'étais déjà debout.

- "Mademoiselle ? Tout va bien ?"

- "Ce n'est rien Mily."

- "Je vous ai apporté votre robe."

J'admirais vraiment le travail de Mily. Elle se donnait tellement de mal pour quelqu'un comme moi, qu'elle ne reverra peut-être jamais. Elle avait vraiment accordé tous les détails pour que la tenue soit parfaite.

- "Merci ! C'est super." Lui répondis-je, enjouée.

Après s'être occupée du maquillage et de ma coiffure, Mily me laissa partir afin que je ne sois pas en retard. Je descendis l'escalier et rejoignis, plus qu'hésitante, la salle. Les premières Sélectionnées furent appelées chacune leur tour.

Je restais à l'écart, comme à mon habitude, ce qui faisait l'attente encore plus insoutenable qu'elle ne l'était déjà. J'observais les filles qui parlaient entre elles. Mais je trouvais, parmi certaines, des concurrentes redoutables auxquelles je n'avais aucune envie de me rapprocher. De part leur caractère ou leur manière, il n'y avait que Julia et Iris qui ressemblaient le plus aux amies que j'avais eu auparavant.

Iris venait de partir à son tour et je voyais le moment de mon passage se rapprocher inévitablement. Je me dirigeais vers Julia et lui adressais quelques mots après un long moment de solitude insupportable. Elle avait un côté plein de vie qui me poussait inconsciemment vers elle. À sa hauteur, je lui lançais un sourire.

- "Pas trop stressée ?" Déclarais-je hésitante.

- "À l'exception que je passe juste après, un peu." Me répondit-elle avec un enthousiasme non dissimulé.

- " Ah, courage à toi alors ! J'espère que tout se passera bien."

- "Merci ! Pour toi aussi !" S'exclama Julia.

Au même moment, Iris avait terminé et revenait déjà dans notre direction. Je fis un signe d'encouragement à Julia avant qu'elle ne parte.

L'ambiance de la salle me replongeait dans mon enfance. Avec Ella... Elle avait raison, l'enfance était vraiment précieuse, emplie de bons souvenirs.

J'observais la présentation de Julia, avant qu'elle ne revienne. Dans les coulisses, on me signala que je pouvais y aller. Je rejoignis alors Aidan, en face d'Elizabeth et de Berthany, toujours aussi stressée.

- "Et voici Amber ! Bonjour Mademoiselle !" S'exclama avec euphorie Elizabeth.

- "Bonjour ! Ravie de vous revoir."

- "Merci, comment allez-vous ?"

- "Très bien, et vous ?"

- "Très bien également !" Répondit Berthany, d'une voix enjouée.

- "Commençons donc !" Dit Aidan.

- "Nous avons tous assisté à votre visite dans un orphelinat. Est-ce que la cause de ces enfants vous tient particulièrement à coeur ?" Demanda Elizabeth.

- "Oui, j'ai perdu ma mère très jeune. Lorsque je l'ai appris, j'ai senti le monde s'écrouler sous mes pieds. Je ne voulais pas y croire, c'était impossible. Je ne peux imaginer la tristesse éprouvée par ces enfants qui ont tout perdu. Leurs parents, leur maison, l'amour familial, leur vie. Même si ces enfants sont encore insouciants, l'orphelinat leur offre une chance de s'en sortir, une nouvelle opportunité de recommencer leur vie correctement."

- "Vous avez passé un bon moment avec eux, surtout une petite en particulier qui nous a profondément touchés."

- "Oui, en effet. Abby ! Elle avait l'air très seule et détachée. Je trouve qu'elle me ressemble beaucoup en un sens. D'ailleurs, j'ai reçu une lettre de la directrice de l'établissement. Elle avait écrit au nom des enfants, en remémorant tous les moments passés. Ils ont tous signé en bas de la page. Abby également."

- "C'est super mignon !" Déclara Berthany, le sourire aux lèvres.

- "Parlons un peu de vous et d'Aidan. Vous considérez-vous comme proches ?" Lança subitement Elizabeth.

J'échangeais un regard avec Aidan, toujours à mes côtés. Il me fit sourir, ce qui me trahissait, sans aucun doute. Ce fut cependant Aidan qui répondit en premier.

- "Proches ?! Je dirais oui, très proches." Dit-il, en me lançant des regards furtifs.

- "Vous confirmez Amber ?!" S'exclama Berthany, prenant un ton surpris.

- "Hum...Bien sûr, je confirme !" Répondis-je timidement.

- "Je vois que vous avez une bonne place !" Continua Elizabeth.

- "Parlons de la famille royale ! Que pensez-vous de nos souverains Amber ?" Questionna Berthany.

- "La Reine, malgré les faibles occasions où j'ai pu m'entretenir avec elle, me paraît être un exemple remarquable. Elle a su me donner un peu plus de confiance dans ce qui me tenait à coeur. Pour le Roi, il impose le respect. Mais les signes de bienveillance sont bien opposés à ceux de la Reine. Peut-être était-ce seulement dans le but de m'impressioner par son autorité quotidienne."

- "Il faut croire que votre rencontre avec le Roi ne fut pas très joyeuse, c'est bien cela ?"

- "En quelque sorte oui."

- "Pensez-vous que cela affectera votre place au Palais, si je puis me permettre ?"

- "Ce n'est pas au Roi que revient la décision finale et les départs de certaines Sélectionnées." Me devança Aidan, où de l'amertume perçait dans sa voix.

- "Amber, nous avons entendu dire que votre amie, Ella, vous manquait. Pourtant vous ne parlez pas beaucoup de votre famille. Comment avez-vous vécu les retrouvailles avec celle-ci ? "

- "Mon père et mon frère sont venus au Palais. Cela m'a permis de pouvoir renouer avec eux et éclaircir certaines choses du passé."

- "Votre passé, n'est-ce pas ? Il n'est pas très glorieux à ce que j'ai pu entendre." Rétorqua Berthany.

- "Non, c'est vrai. Il est blessant. Mais ce sont des choses qui devraient rester là où elles sont, dans le passé..."

- "Pas si nous voulons les détails." Relança Berthany, sur un ton provoquateur.

- "Ma mère était quelqu'un de bien, mais j'ai provoqué son accident. Elle n'y a pas survécu. C'est ce qu'il y a de plus simple avec des conséquences très lourdes."

- "Que vous supportez ?"

- "Oui, je l'accepte un peu plus depuis que la relation avec mon père s'est arrangée." Répliquais-je d'une voix assurée, repensant soudainement au cauchemar de ce matin.

- "La fin de la Sélection approche, pensez-vous gagner ?"

- "Rien n'est jamais gagné d'avance vous savez. Laissons le destin faire !"

- "Bien ! Il est tant de passer au talent qu'Amber nous propose. Je vous laisse l'annoncer." Expliqua Elizabeth.

- "Il me tenait à coeur de faire connaître ma passion aux habitants d'Illéa. Cela peut paraître anodin mais j'aimerai accueillir ma professeur de danse, Johanna, sans qui je n'aurais jamais appris tout ce que je peux faire. Elle m'a fait retenir une leçon de vie : "Persévère, souffre, pleure, mais surtout, relève-toi, sourit et danse !"."

https://youtu.be/GFwnsaXLrLs

La musique démarra et Johanna commença. Je lui avais demandé d'utiliser une musique qui me tenait à coeur. C'était un peu comme un hommage à ma mère, un adieu que je lui faisait. Johanna avait apprécié que je fasse appel à elle, encore plus au Palais, pour ce qu'elle savait faire de mieux, danser. Le public admirait ma professeur sur le plateau, inspirée par ce qu'elle faisait. Certaines personnes chantaient même sur le refrain de la chanson, pourtant moins connue que certaines. Les acclamations étaient bien méritées.

À la fin de la prestation, les personnes applaudirent, d'autres parlaient entre eux ou sifflaient. Les journalistes remercièrent Johanna, qui salua et rejoigna les coulisses.

- "Merci également à Amber pour nous avoir fait partager ce moment. Il est temps de se quitter. Au revoir." Dit Elizabeth.

- "Ce fut avec plaisir, au revoir Illéa !" Répondis-je d'un ton enthousiaste.

Lorsque je retournais aux coulisses, un soulagement immense me parcourait. Regardant le plateau où Harley se dirigeait déjà, je vis Aidan qui me souriait. Cela me réconfortait de sa part. Les interviews se terminèrent, nous laissant vaguer à nos occupations.