Phase 3.1☞Iris Courtney
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"Bien chère Jude,
J'ai, en effet, bien reçu ta lettre. Je suis tellement fière de toi! Co-capitaine de l'équipe de football? C'est super! Tu es douée dans ce domaine; je te regardai jouer au ballon dans les jardins.
Cela fait déjà plusieurs semaines que tu as quittée le Palais, et ça laisse un grand vide.
Depuis que tu es partie, je reste seule, à l'écart des autres. Je les observe, avec un sourire aux lèvres à chaque fois. Je leur parle, des fois. Je ris souvent avec elles. Les filles sont gentilles, mais on sent que nous sommes dans l'Elite: il y a une sorte de tension palpable.
Sinon, suite à ta question... Voici ma routine quotidienne!
Le matin, Amara me réveille avec ses chantonnements, tandis qu'elle ouvre mes rideaux. Je m'entends vraiment très bien avec elle."
Je souris et me souviens d'un matin avec elle.
"Il y a de ça deux semaines, peut-être, elle m'a réveillé en chantant, cette fois-ci, du rock n'roll. J'ai explosé de rire. Je me suis levée, encore un peu endormie, et j'ai mimé une guitare électrique sur ma jambe. J'ai ensuite chanté avec elle, du rock n'roll pur, et bon. On était comme deux folles. Elle avait détaché ses cheveux noirs de jais, les laissant pendre sur ses épaules. Tout aurait pu bien se passer, sauf qu'Aidan est rentré dans ma chambre. Il s'est contenté d'exploser de rire, et de dire 'Je repasserai plus tard, Iris'. Et nous avons ri.
Revenons à ma routine. Après m'être réveillée, je pars me laver, et enfile une robe que Amara m'a préparée et posée sur le lit. Mon déjeuner m'attend aussi, généralement, dans un plateau sur mon lit. Enfin, tout ce que je te raconte, tu l'as vécu aussi, n'est-ce pas?
Après avoir pris mon repas du matin, je parcours souvent le château, me pose dans les jardins et dessine ce que je vois, ou encore, je me rends au Boudoir, afin de sociabiliser un minimum.
Je n'ai aucune idée de ce que je vais devenir après La Sélection, ou bien, ce que je ferais si je suis élue. Je n'ai même pas"
Toc. Toc. Toc.
Quelqu'un vient de frapper à ma porte, visiblement.
- Entrez, dis-je après m'être éclaircie la gorge.
Je me retourne et découvre un garde avec qui j'ai sympathisé, Zacchariah Porter, la main encore sur la porte.
- Iris, tu es attendue dans le bureau du Roi.
- Pourquoi? Qu'est ce que j'ai f... je demande, légèrement paniquée.
Il rit, et met ses mains dans ses poches.
- Ne t'en fais pas, tu n'as rien fait. Juste... Pour parler? Tu es dans l'Elite, rappelle-toi. Il veut que son fils fasse les bons choix.
Je souris et prends une veste blanche pour mettre au dessus de ma robe rose pastel. Nous sortons de ma chambre et je ferme la porte. Zacchariah m'escorte jusqu'au bureau du Roi.
- Lorenzo Gilbert est encore garde ici? Je ne le vois plus...
Il sourit, d'un sourire mesquin.
- Ce connard? Il s'est fait viré. Du jour au lendemain. Il s'est crêpé le chignon avec le Prince, et le lendemain, il n'était plus là.
Je souris, satisfaite de ne plus l'avoir dans les pattes. Nous arrivons devant le bureau du Roi. Le garde frappe contre la lourde porte de bois, et quelques secondes plus tard, un "Oui", grave, se fait entendre. Le brun entre en premier et se pousse pour me laisser entrer.
- Votre Majesté, Iris Courtney est là.
- Bien, bien. Merci, monsieur Porter. Asseyez-vous, Iris.
Zacchariah me glisse un clin d'œil et part. Je m'assieds sur l'un des fauteuils devant le bureau, et pose mes mains sur mes genoux.
- Vous avez froid, Iris?
Je remarque que mes bras sont couverts de "chair de poule".
- Oui, un peu. J'ai froid facilement...
Le Roi s'assoit à son tour, croise les mains sur son bureau et me fixe.
- Savez-vous la raison pour laquelle vous êtes ici, Iris ?
- Je pense deviner que c'est à propos de La Sélection, dis-je avec un petit rire.
Le roi retrousse ses lèvres en un sourire.
- Vous marquez le point. Plus sérieusement, dit-il en se redressant un peu, il faut que je m'entretienne avec chaque candidates. Vous êtes dans l'Elite, Iris, comme toutes les autres candidates. Je dois savoir laquelle est la bonne pour mon fils, voyez vous. L'une d'entre vous sera la prochaine reine de ce pays, lorsque ma femme et moi déciderons de laisser le pouvoir à Aidan et sa compagne.
Je hoche la tête, compréhensive. Asher Schreave me détaille, une fois de plus.
- Parlez-moi de vous, Iris.
Je remets une mèche de cheveux derrière mon oreille.
- Hm. Alors, je viens du Michigan, j'ai dix-huit ans et je suis une Cinq. Je peins, dessine et sculpte pour gagner ma vie, en dehors des études. Je lis énormément, aussi. Je parle trois langues, l'anglais, le français et l'italien. Ma mère étant italienne, m'a appris à le parler.
- Italia... no ? È un bellisima ? Linguaggio. Dit le roi, hésitant.
Je souris et acquiesce.
- Sì.
- Je ne parle pas vraiment italien. C'est Arabella qui s'occupe de traduire pour moi, dit Asher.
Un silence s'ensuit.
- En parlant de ma femme. L'autre jour elle m'a racontée la terrible tragédie que vous avez vécu. Votre famille, les courriers de menace...
J'avale avec difficulté ma salive.
- Alors comme ça, vous êtes parenté avec l'Officier Leger, Iris ?
Je hoche lentement la tête, le visage blême. Pourvu que la vérité n'éclate pas au grand jour, me dit une voix dans la tête, si fort, que je crois l'entendre à mes côtés.
- Oui, oui. Il s'agit de mon arrière grand-père. Je ne l'ai, malheureusement, pas connu.
Il joint de nouveau les mains, et joue avec ses pouces.
- Iris Leger... Ça sonne bien à l'oreille, je trouve, dit-il.
- Si vous le dites, dis-je un peu trop froide.
Il se redresse, et me regarde avec comme de le peine.
- Qu'avez-vous, Iris ?
- Je... N'aime pas parler de mon passé. Je ne suis plus la Iris Leger d'avant, je suis, maintenant, Iris Courtney, dis-je en me levant de ma chaise.
Je fais une révérence.
- Majesté.
Je sors du bureau, et trouve Aidan, collé à la porte, en train d'écouter. Il a l'air un peu énervé.
- Iris, peut-on parler ?
- Je n'en ai pas envie, dis-je en marchant rapidement vers les escaliers.
Aidan me suit et m'attrape le poignet.
- Vous ne m'avez pas tout dit, dit le Prince d'un ton accusateur.
Je regarde sa main forte, sur mon poignet frêle, et remonte mon regard vers ses yeux bleus. Je lance d'une voix forte :
- Lâchez-moi.
- Pas tant que vous ne m'aurez pas dit toute cette histoire.
J'essaie de me débattre, mais voyant que je n'y arriverai pas, j'abandonne l'idée de le fuir et m'assieds à la place à terre. Je suis partagée entre l'hystérie et la tristesse. C'est exact, tout n'a pas était dit à Aidan. Je n'ai pas osé. Comment allait-il le prendre ?
Souffle un bon coup Iris. Dis lui tout. Tu seras tranquille.
Aidan se pose à mes côtés, tout d'un coup un peu plus calme, mais tout de même tendu.
- Je vous écoute, Iris.
Respire. Souffle. Parle.
- Comme vous le savez, mon père a su pour Camron, et moi. Il m'a emmené à l'hôpital, me faire avorter, et ensuite, m'a mis dehors. Mes deux parents m'ont ensuite harcelés pour que je change de nom de famille, étant une « honte » pour eux. Mon nom de famille était Leger.
- Comme Aspen ? L'Officier du Palais ?
Je ris légèrement.
- Comme Aspen. L'histoire que vous ignorez, c'est celle qui s'est déroulée dans la rue, peu avant la mort de mon petit-ami...
Mes mains se crispent. J'ai peur. Peur de sa réaction. Peur qu'il me rejette. Peur qu'il m'enlève de la Sélection. Peur... Qu'il ne m'aime plus. Il pose sa main sur la mienne, et la caresse du pouce.
- Iris, n'ayez pas peur. Je suis là. Dites-moi tout.
Cette conversation me rappelle celle où je lui ai dévoilée une grosse partie de ce secret. J'étais dévastée, et lui, était là pour moi, me remonter le moral.
- Deux mois après avoir été jetée de chez moi, j'étais de nouveau enceinte de Camron. Je n'avais pas les moyens de me faire avorter, alors je l'ai gardé. Camron était comme un fou de devenir papa. Il est mort une semaine avant la naissance du petit Cameron. Je lui est donné à peu près le même prénom que son père, étant donné que mon petit-ami l'attendait tellement, mais est mort avant... Je l'ai mis dans un orphelinat, où il est bien mieux, que dans la rue. A présent il a deux ans et demi, et ressemble fort à son père, mais a mes yeux et mes lèvres. Je me renseigne sur lui tous les mois. Je le surveille à distance.
Je pousse un long soupir et des larmes coulent sur mes joues. Je les efface, et renifle.
- Mais, Aidan... Sachez que Camron c'est du passé. Maintenant, je vous aime. Et j'en suis sûre.
J'ose relever la tête vers lui. Il a un visage ahuri, pensif. Il me serre la main et me rapproche de lui. Nous collons nos deux fronts, sans un mot.
Le cœur léger d'avoir tout annoncé, je pousse un petit soupir et souris, une dernière fois.
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