Phase 2.5☞Amber Clivertson
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A M B E R
Cela faisait déjà quelques jours qu'Ella nous avait quitté. J'ai été bouleversée par la nouvelle, et je n'imagine pas pour elle. Mais je ne devais pas me laisser dépasser, j'avais à réfléchir à une bonne action à effectuer au plus vite. On nous avait demandé cela afin de nous départager, d'une certaine manière.
J'étais dans le Boudoir à me creuser la tête, extrêmement agacée. Je ne trouvais aucune idée assez originale pour être réalisée. Je pensais aux sans-abris, mais je voulais quelque chose de plus profond. Sans cesse dans mes réflexions vaines, je repensais encore à Ella. J'aurai aimé la prendre dans mes bras et la rassurer comme à l'époque, avec Brad.
Puis, ma pensée dévia sur Amy, sur Will, qui ont grandi comme mes frères et soeurs, à la maladie de Amy, semblant incurrable. Mais je me suis aussi remémorée la restriction de tous les jours que j'ai subi étant enfant, la tristesse que j'ai ressenti lorsque ma mère est morte. J'ai alors tout de suite pensé à l'orphelinat, un endroit sombre et mélancolique qui devrait être rempli de joie et de sourires.
~~~
Je me levais tôt, ce matin, pour accomplir ma bonne action. Mily m'aida à enfiler une robe marron assez sobre et me maquilla légèrement.
Accompagnée de gardes, je sortis sur le parvis du Palais, où je me retrouvais au centre de l'attention, sous l'œil attentif des caméras. On m'escorta jusqu'à la limousine au bout de l'allée. Je fis le voyage sans problème jusqu'à l'un des plus pauvres orphelinats de Californie.
J'arrivais devant un bâtiment en bois, humide, usé et terne, dans lequel j'entrais sans hésitation. L'orphelinat était calme, silencieux, presque sans vie. Je passais la porte fragile et me retrouvais en face de deux femmes, l'une plus âgée que l'autre. Elles me regardèrent, surprises, puis firent une révérence maladroite vers moi.
- "Ne vous donnez pas cette peine, je n'ai pas encore gagné Mesdames !" Leur lançais-je, en riant.
- "Oh mais quand même, voyons ! Bonjour Mademoiselle et bienvenue dans cet humble orphelinat. Je suis Mme Peters, la directrice." Me dit la plus âgée.
- "Êtes-vous maîtresse de ces lieux depuis longtemps ?" Demandais-je plus calmement.
- "Si vous saviez, cela dure depuis ma plus lointaine jeunesse. Je devais avoir votre âge lorsque j'ai décidé de fonder cet établissement, étant orpheline moi-même."
- "Oh, je ne voulais pas être indiscrète. Mais cela me touche beaucoup que vous défendiez votre cause en même temps."
Je venais à peine de terminer ma phrase, lorsqu'une vingtaine d'enfants, tous plus grands les uns des autres, se précipitèrent dans l'entrée. Ils tournaient autour de la deuxième femme qui n'avait pas décrocher un mot depuis le début. Les enfants remplissaient la pièce de rires, de joie et de chaleur. Ils ignoraient pratiquement tout de leur vie orpheline, pensant sûrement que tout ce qu'ils vivaient était normal.
Je sentis quelque chose tirer ma robe vers le bas. Je baissais le regard, apercevant une petite fille. Elle me fixait de ses yeux marrons clairs, où l'insouciance ressortait encore.
- "Tu es qui ? J'ai déjà vu des photos de toi. Et pourquoi t'es habillée comme une princesse ? Je veux la même robe que toi." Me lança celle-ci, amusée, tirant de plus en plus fort sur la robe.
- "Je m'appelle Amber et je fais partie des Sélectionnées restantes du Prince. Si tu veux, j'ai emmené pleins de petites robes différentes pour chacune d'entre vous, ainsi que des costumes pour les garçons."
- "C'est vrai ?!" Elle criait presque en me répondant.
- "Comment t'appelles-tu ?"
- "Moi, c'est Abby."
- "Et quel âge as-tu ?"
- "Sept ans !" Me répondit-elle, enthousiaste.
Je demandais à ce qu'on amène les coffres remplis par Mily et ses collègues préalablement. Les coffres se trouvaient à présent alignés au sol, ouverts. Je leur distribuais les vêtements, et heureusement, il y en eu suffisamment. Je retournais voir Abby pour lui demander si sa robe lui plaisait.
- "Alors ?"
- "J'adore, merciii !!!"
On aurait dit qu'elle allait presque pleurer de joie. Tous les enfants riaient, souriaient et couraient dans tous les sens. Jouant entre eux pour attraper l'un ou encore pour embêter l'autre, ils formaient à eux seuls une grande famille unie. J'admirais ces enfants qui étaient ivres de joie en ce jour, comme détachés de leurs problèmes personnels et qui profitaient de l'instant, ensemble.
Après avoir essayé leurs costumes, ils courèrent tous autour de moi, formant un cercle parfait.
- "Maintenant !!" Cria Mme Peters.
Ce fut la dernière chose que je pus remarquer avant de tomber sur le sol, avec les enfants. Ils venaient de se jeter sur moi pour un câlin collectif. Les enfants étaient à présent allongés dans leur précieuse tenue, tandis que je me tenais au centre, désorientée. J'aperçus les caméras à l'envers, ma tête posée sur le parquet grinçant. Je les avais pourtant oublié dès que j'avais franchi la porte de ce lieu si chaleureux. Si Ella me voyait, elle serait encore en train de rire de ma chute. Elle me manquait de plus en plus.
Je me redressais sur mes avant-bras afin de me relever quand apparut Abby, souriante, devant moi.
- "Tu peux faire comme Mme Peters tous les soirs ?" Me demanda-t-elle, impatiente que je réponde.
- "Et que fait Mme Peters tous les soirs ?" Questionnais-je en portant mon regard sur celle-ci.
- "Expliquez-lui, les enfants !" Répondit Mme Peters, douce et souriante.
- "Eh ben, elle s'assoit et elle invente une histoire dans sa tête. Elle est pas très longue et elle nous la raconte."
- "Une histoire ?! Ça vous plairait une histoire sur les princesses et les châteaux justement ?" Suggérais-je.
- "Oui !" Répondirent-ils, ensembles.
- "Je crois que je n'ai pas bien entendu." Dis-je, en faisant semblant de penser à voix haute.
Il y eu un cri du coeur positif des enfants à l'unisson. Je commençais alors à conter la fameuse histoire tant attendue.
- "Il était une fois, une jeune fille pauvre de la ville qui avait une vie très compliquée. Elle adorait la danse et partageait cette passion avec sa plus grande amie, dont elle était inséparable. Elle vivait le jour présent, sans se soucier de l'avenir, malgré les remords du passé. Elle rêvait de changement dans sa vie, triste depuis que sa maman était au ciel...."
J'avais raconté, presque une bonne partie de l'après-midi, la seule histoire que j'avais trouvé, c'est-à-dire la mienne en passant les détails du passé. Les enfants ne disaient rien, ils restaient silencieux et ébahis.
- "Tu sais danser comme la dame de l'histoire ?" Me demanda une jeune fille rousse.
- "Peut-être pas aussi bien qu'elle, mais oui."
- "Tu peux nous montrer, s'il te plait ?" Me lança une autre fille blonde, plus âgée que la première.
- "Euh...Si vous voulez." Leur répondis-je, hésitante.
J'enlevais mes escarpins, puis, je fis quelques pas classiques de chorégraphie de danse. Je tournais dans la pièce et en oubliais même que j'étais filmée par les caméras. Je m'arrêtais quelques minutes après, devant des enfants à l'air toujours aussi surpris.
- "Ouah..." Fit un des petits garçons assis tout devant.
Puis, tous les enfants se mirent à m'applaudir, et je saluais avec une pointe d'exagération.
- "Cela vous a plu ?" Dis-je, souriante.
Le même cri enfantin que celui de toute à l'heure se fit entendre. Puis, j'eus une idée assez drôle mais divertissante pour les enfants.
- "À vous maintenant !!" Lançais-je, en haussant la voix.
Les petits se regardèrent entre eux, faisant comme s'ils ne comprenaient pas. Puis, les plus grands se levèrent, entraînant toute la petite troupe.
- "Suivez mes pas, d'accord ?"
Certains hochèrent de la tête, d'autres attendaient que j'aie commencé. J'allais doucement pour qu'ils puissent faire comme moi. Ils avaient tous un regard concentré, soit sur mes pieds, soit sur les leurs. C'était à la fois, amusant, et mignon à voir. Après plusieurs fois, une petite chorégraphie prenait forme. Ils la présentèrent fièrement à Mme Peters, enjouée devant ce minuscule spectacle. Tout le reste de l'après-midi, je parlais avec les enfants, faisant complètement abstraction des caméras autour de moi, encore une fois. Ils me parlaient de leur ancienne famille, pour ceux qui s'en souvenaient, de leurs jeux, de leur dernier Noël tous ensemble, de leur vie à l'orphelinat.
~~~
Il était maintenant l'heure pour moi de repartir et de quitter ce lieu de vie, plein de bonheur malgré les circonstances. Je me dirigeais vers Mme Peters pour la prévenir.
- "Je vais malheureusement devoir rentrer au Palais, sachez que je vais faire en sorte que tous les orphelinats soient réhabilités afin que ces lieux deviennent plus sécurisés et plus sains pour tous ces petits. Ces logements sont essentiels et nécessaires, un petit coup de pouce financier ne peut qu'aider à améliorer ceux-ci."
- "Merci beaucoup Mademoiselle, vous savez je ne vous en demandais pas tant, ce serait fou d'accepter !" Me répondit la directrice.
- "Ne vous en faîtes pas pour ça, un peu de folie est parfois utile dans la vie !" Lui lançais-je, accompagnant mes paroles à un clin d'œil.
- "Si vous le dites, je ne vous remercierais jamais assez dans ce cas, vous savez ! Et encore merci d'être passée dans notre orphelinat, cela fut un grand plaisir, pour nous comme pour les enfants, de vous accueillir aujourd'hui. Ils ont été ravis ! Vous pouvez revenir quand vous le souhaitez, la porte est grande ouverte !"
- "Merci à vous aussi. J'y penserai, comptez sur moi ! Vous savez aujourd'hui j'avais vraiment l'impression d'être moi-même, pas seulement une Sélectionnée. Et ça m'a vraiment fait plaisir."
- "Je ne devrais peut-être pas le dire, mais nous sommes avec vous. Nous vous soutenons !" Me répondit Mme Peters.
- "C'est votre droit, et je ne voudrais pas vous influencer, ce n'est pas mon but."
Elle hocha la tête et porta son regard sur les enfants derrière moi.
- "Les enfants !!!! Mademoiselle Amber va s'en aller !! Venez lui dire au revoir !" Cria cette dernière.
Tous les enfants se réunirent et me firent un câlin chacun leur tour. Abby était la dernière. Je la pris dans mes bras, puis, elle me chuchota quelque chose à l'oreille. J'en avais les larmes aux yeux, l'émotion était trop forte. Je la tenais de façon à pouvoir la regarder droit dans les yeux.
- "Je ne pourrais pas la remplacer. Tu sais, moi, je reviendrais Abby ! Je t'en fait la promesse, peu importe ce que je deviendrais." Lui répondis-je, la gorge nouée.
Après lui avoir déposé un baiser sur sa joue, je la fis descendre. Je me dirigeais vers le seuil de la porte, suivie de toute la petite troupe d'enfants. Je leur fis des signes de la main, arrivée devant la portière de la limousine, quand je vis Abby courir maladroitement vers moi. Je m'accroupis pour lui faire un dernier câlin avant de la quitter pendant une durée encore indéterminée.
- "Je t'attends..."
Ce fut ses derniers mots avant de s'échapper pour rejoindre les autres. Je montais finalement dans la voiture, les adieux étaient toujours ce qu'il y avait de plus dur. Inconsciemment, je m'étais attachée à cette petite, Abby. Je repensais à toute à l'heure, lorsqu'elle m'avait clairement dit : "Tu ressembles à ma grande sœur et je voudrais qu'elle s'occupe de moi comme tu l'as fait aujourd'hui. Mais maintenant, c'est une étoile, comme Maman et Papa !". Cela m'avait touché et je ne l'oublierai jamais.
Je venais de passer une excellente journée en compagnie de ces enfants, qui donnaient l'impression que rien ne pouvait les atteindre. Ils profitaient de la vie comme elle leurs a été donnée, peu importe les problèmes. Voir un enfant sourire, écouter un enfant chanter, regarder un enfant danser, entendre un enfant rire et non pleurer. Toutes ces parties de ma propre enfance, qui n'avaient jamais réellement duré, me rendirent nostalgique. Ces orphelins avaient l'air tellement heureux dans la maison de Mme Peters, peut-être car c'était la seule qu'ils avaient connu.
Je rentrais finalement au Palais, de bonne humeur mais épuisée. J'étais enfin lâchée par les caméras qui m'avaient scruté, dans les moindres détails, toute la journée. Il ne me restait plus qu'à attendre pour enfin retrouver Aidan et mon lit douillet.
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