Phase 1.4☞Rencontre d'hasard • Amber Clivertson

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A M B E R

~ Je la voyais encore une fois, dans ce lit blanc et froid, amorphe et triste. Son regard était rempli d'amour et de tendresse, évitant de faire transparaître son trouble. Je ne pouvais pas la laisser... Je me rappellerai toujours son dernier murmure...

"Je t'aimerai quoi qu'il arrive, tu auras toujours ta place dans mon coeur, sache le. Qu'importe tes choix, je serai toujours fière de toi..."

Je revois la peur, l'agitation autour de moi, les sanglots de mon frère,...et l'expression de mon père, changeante, que je n'oublierai jamais. Passant de la panique incontrôlable au désespoir infini, elle finit en haine froide, immense, à mon égard. Plus jamais il ne me regarda comme avant...Je n'étais plus sa fille...plus digne de sa famille...plus digne d'exister... ~

Je me réveillais en sursaut, paniquée, sous l'oeil étonné de Mily, qui accourut au bord de mon lit.

- Que se passe t'il Mademoiselle Amber ? Un cauchemar ?

- Ce n'est rien Mily, ne t'inquiète pas.

- Vous en êtes sûre, car vous imploriez un nom en particulier, il y a quelques instants.

Mon frère était l'unique personne au courant. Je commençais à faire confiance à Mily et finit par tout lui révéler. Elle avait ensuite juré de garder ceci pour elle.

- Maintenant, il faut que je vous prépare, que dites-vous de cette robe ?

- Magnifique !!

Je voyais que Mily essayait de me changer les idées. Elle me proposa une robe noire et blanche, longue et cintrée à la taille, avec des escarpins assortis. Une fois prête, je regardais dans le miroir le résultat.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas fait de cauchemars sur mon passé. Pourquoi étaient-ils revenus si subitement dans mon esprit ?

Je lui demandais, gentilment, de me laisser seule pour la journée. J'ouvris ma fenêtre pour sentir l'air frais du matin. Je n'avais pas remarqué que je m'étais levée si tôt, ce qui est très rare pour moi. En effet, l'horloge affichait 7h50. Je m'installais sur mon lit, face à la fenêtre, et mis mes écouteurs. La chanson qui démarrait, me faisait horriblement penser à ma mère... et à Bryan... Je restais, le regard fixé sur le paysage exceptionnel se tenant devant moi. À la moitié de la musique, je ne pouvais plus refouler ma tristesse au fond de moi. Les larmes commencèrent à glisser le long de mon visage. Je ne pouvais plus les retenir et une colère intense s'empara de moi. Je m'étais promis de ne plus pleurer pour ça car tout était de ma faute...et je ne faisais qu'en payer les conséquences...

D'un seul coup, je sentis le stress monter en moi quand j'entendis, par-dessus la musique, quelqu'un frapper à ma porte. Je me précipitais pour essuyer mes yeux et mes joues humides. À part mon frère, personne ne m'avait vu pleurer, et je ne voulais pas que cela change. Quand j'ouvris ma porte, je tombais face à face avec le Prince, une surprise à laquelle je ne m'attendais pas. Je réalisais que son arrivée me réconfortais vraiment. Le laissant entrer, j'essayais tant bien que mal d'esquisser un sourire joyeux.

- Bonjour Amber, je suis venu prendre de vos nouvelles. Il me semble que notre dernière rencontre ne fut pas que réjouissante.

Je me dirigeais vers mon lit. Il me suivit et s'asseya à mes côtés.

- Bonjour Aidan. Il est clair que je pourrais aller mieux, mais il y aura toujours des hauts et des bas.

- Vous n'avez pas tort, mais je vous trouve assez négative, ce matin. Avez-vous bien dormi, au moins ?

- Si vous saviez ! Ces lits sont d'un confort, que je n'ai jamais connu auparavant, même dans l'hôtel de mon père !

- J'espère pour vous que cela n'a pas été trop dur de le quitter au réveil !

- Non, pas ce matin...

Les mots, que j'avais prononcés comme un murmure, faisait ressortir mon mal-être. Je baissais la tête et marquais une pause, revoyant toutes les images de mon cauchemar que je voulais absolument oublier. Ce qui m'était, bien évidemment, complètement impossible.

Au coin de mes yeux, des larmes menaçaient, encore, de couler, que je retenais avec difficulté. Malheureusement, Aidan, me fixant intensément de ses yeux bleus, les remarqua. Il porta sa main à ma joue pour les effacer, prit la mienne et releva mon visage, m'obligeant à le regarder. Il continua finalement, de sa magnifique voix grave, notre discussion inachevée.

- Serait-ce trop personnel pour que vous me parliez de ce qui vous tourmente ? Amber, je vois bien que votre joie n'y est pas aujourd'hui, malgré vos efforts.

- Je le crains, c'est encore trop tôt pour en parler. Tout ce que je peux vous dire, est que j'ai fait une erreur dans mon passé, dont je ne suis pas fière. Et je ne pourrais jamais me faire pardonner. C'est trop tard... Mais je préfèrerai ne plus y penser. Quoi qu'il en soit, je vais profiter de mon présent, au palais, et passer outre.

- Cela a dû terriblement vous affecter et je n'insisterai guère plus. Je suis ravi de vous l'entendre dire, et je vous préfère souriante et optimiste.

Je me détendis petit à petit, et retrouvais ma joie de vivre.

- Plus que vous ne le pensez. Je n'en doute pas, il serait étrange de préférer le contraire.

- C'est certain. J'aimerai continuer à apprendre à vous connaître, car cinq minutes ne suffisent pas, si vous n'y voyez aucun inconvénient bien sûr !

- Je suis d'accord, Aidan, c'est une excellente idée. Par quoi voulez-vous commencer ?

- J'aimerai connaître vos passions, si vous en avez.

- J'aime la littérature, les livres de toutes sortes. Je trouve que certains dégagent un savoir unique. La nature est aussi quelque chose que j'affectionne particulièrement. Parfois, je pars dans la forêt, respirant l'air frais et boisé, admirant les rayons de lumière perçant à travers les feuilles vertes, apercevant quelques animaux, écoutant les chants des oiseaux. Ce tableau peut vous paraître idéalisé et cliché, mais je l'adore, car pour une fois, je me sens seule et libre. C'est comme mon jardin secret.

Et évidemment, ma plus grande est la danse. Elle me permet d'oublier et de me vider de toute charge négative. En effet, elle fait ressortir ce que je ressens. De plus, j'ai l'impression d'exister, au moins, pour quelque chose, de me sentir vivante et moi-même. Et Ella est toujours avec moi pour partager ces moments-là.

- Votre vision des choses est très particulière, vous savez. Par exemple, les livres ne sont pas ce que les gens préfèrent, au contraire.

- Il faut croire que oui. Cette passion me vient surtout de ma mère. Elle avait une façon de lire, unique, ce qui rendait l'histoire passionnante. Chaque jour, elle nous lisait, à Steven et moi, un passage de récit, de poème, de comédie, ou de tout autre style... Et puis, les livres n'étaient pas chers et c'était un cadeau facile à faire pour nos parents.

- Je vois, et votre mère a bien fait. La littérature est un grand art. Si je comprends bien, Steven est votre frère, n'est-ce pas ? Vous devez y tenir plus que quiconque, à mon avis.

- Vous n'auriez pas dit mieux. Effectivement oui, il a toujours été là pour moi et je lui dois beaucoup, ne serait-ce que pour sa présence et son soutien. Mais, à votre tour de me parler de vos passions !

- Comme vous voulez. Pour ma part, j'aime aussi me balader dans les jardins ou aux alentours, cela détend. Surtout lorsque je monte à cheval, j'ai l'impression d'aller vers l'inconnu, en me laissant guider, ne plus me sentir Prince. Je pratique l'équitation depuis que je suis enfant, et cela me permet également d'être plus près des chevaux.

- Je ne savais pas que cela vous passionnait.

- Eh bien, on peut s'attendre à tout, comme pour vous.

- Beaucoup plus que vous ne le croyez.

- Possible. S'il vous vient à l'esprit une demande quelconque, dites la moi. Peut-être pourrais-je vous aider.

- Cela demande réflexion. Merci pour votre proposition.

Il se leva, et je fis de même, puis se dirigea vers le centre de la pièce, tout en continuant de parler.

- Excusez-moi Amber. Ce n'est pas que je souhaite partir, au contraire, mais le temps passe plus vite que l'on ne peut le croire. Je vais malheureusement devoir achever cette entrevue.

- Je comprends. En tout cas, cette visite de courtoisie fut très agréable et je vous en remercie. Vous avez réussi à égayer ma journée.

- Je suis, moi-même, très heureux d'avoir discuté avec vous. Et si cela a également pu vous changer les idées, je le suis encore plus.

- Alors, n'hésitez pas à repasser me voir, si le coeur vous en dit.

- Mais très certainement, Amber. Peut être nous recroiserons nous dans la journée, à bientôt.

- C'est bien possible, Aidan, j'en serai ravie.

Il ouvrit la porte, me salua élégamment et s'engouffra dans le long couloir. Une fois seule, je repensais à notre assez longue discussion.

Pourrais-je arriver au bout de cette Sélection, et prouver que je ne suis pas "une incapable" ou encore "une erreur de la vie" ? Beaucoup trop de qualificatifs, tant de fois utilisés par mon père...

Je redescendis, dépourvue de motivation, dans la salle de Séjour.

Arrivée devant celle-ci, j'entrais. Une atmosphère réconfortante se dégageait de cette pièce. J'observais, silencieusement, et remarquais Ella. Quand je fus devant elle, j'engageais la discussion. À peine notre échange achevé, la reine Arabella fit son entrée, plus qu'inattendue.

- Bienvenue mesdemoiselles, je me suis permise de traverser le Palais, pour venir vous remettre mes plus sincères félicitations. Vous êtes toutes ravissantes. Vous ne rendez pas la tâche très facile à Aidan.

J'ai, comme vous, dû me battre pour obtenir le coeur de Asher qui était autrefois le Prince d'Illéa. Je sais que cette affaire peut paraître très difficile, mais soyez rassurées que d'ici quelques mois, l'une d'entre vous portera la couronne. Je vous comprends particulièrement, donc ne soyez pas embêtées de me demander conseil.

Sur ces mots, la reine repartit aussitôt, de la même manière qu'elle était venue. Je continuais de discuter un peu avec Ella. M'éloignant du bruit, je restais dans la salle et me posais sur un de ces fauteuils verts qui la remplissent, un livre à la main.

Absorbée par ma lecture, je ne vis pas le temps passer et je décidais finalement de retourner à ma chambre. Toute cette agitation, depuis que je suis au palais, m'étouffe légèrement. Je saluais quelques filles et sortis. Ma journée fut très éprouvante. Cependant, je n'allais pas me laisser abattre. J'avais la ferme intention d'aller jusqu'au bout de la Sélection.

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