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M I Y A

Je me réveillai en sueur. La nuit avait été difficile, je m'étais réveillée toutes les deux heures...

Milly, ma femme de chambre, m'avait demandé hier soir si elle pouvait dormir dans ma chambre car elle n'était pas très rassurée de me laisser seule après ma crise de pleurs...

Hier, quand j'avais découvert ma chambre, j'avais été très surprise, tellement surprise que sans le faire exprès j'avais cassé un vase... J'étais vraiment désolée alors après m'être excusée une bonne dizaine de fois je m'étais enfermée dans la salle de bain où j'avais pleuré pendant quelques temps... Milly m'entendant pleurer avait été très inquiète. Aujourd'hui, malgré cette nuit difficile, je me sentais apaisée, presque sereine, presque...

- Miya ?

Je sursaute.

- Oui Milly ? lui répondis-je en me levant du lit avec une grimace, ce dernier était décidément bien plus chaud que le sol...

Me voyant grimacer Milly rigole.

- Puis-je vous laisser seule quelques minutes le temps d'aller chercher votre petit déjeuner ? me demande Milly.

J'opine de la tête et pars m'habiller. J'attrappe un jean et un sweat-shirt dans ma valise et m'en vêtis. En attendant Milly, je m'assois sur le bord du lit et plonge dans mes pensées...

Mon père me manque, moi je ne pense pas lui manquer. Quand j'étais là il s'apercevait à peine de ma présence alors je suis sûre qu'il n'a même pas remarqué que j'étais partie. Pour lui, je n'ai jamais existé et n'existerai sans doute jamais.

Pour ma mère, j'existe, je suis celle qu'elle préfère et ça m'a très souvent apporté des problèmes mais je l'aime plus que tout...

Je me lève alors et commence à faire les cents pas dans la chambre.

Ma mère me manque, et j'espére que grâce à la sélection je pourrais passer à autre chose, faire le deuil... Un bruit sourd résonne soudain dans toute la pièce, je pousse un cri perçant. Oh non ! Qu'ai-je fait !

Je m'accroupis et commence à ramasser les débris du magnifique vase - encore un... - que je venais de réduire en pièces...

On toque à la porte.

- Entrez ! dis-je en essayant de ne pas me couper avec les morceaux de vase.

Milly rentre, et reste bouche bée. Je lui explique l'affaire avec un petit sourire gêné.

- Miya ! C'est le deuxième ! S'exaspère Milly.

- Pardon Milly, je suis vraiment désolée. Je ne l'ai pas vu et... voilà.

Je lui fis une moue désolée en continuant à ramasser. Mauvaise idée!

Note à moi-même : ne jamais ramasser des morceaux coupant sans regarder.

- Aïe ! criais- je.

Un morceau de porcelaine m'était rentré dans la paume...

***

Je courais dans les couloirs. Je traversais des pièces, montais des escaliers, descendais des escaliers...

Ça faisait à peu près un quart d'heure que je tournais en rond. Que ce palais est grand !

Heureusement grâce à l'aide d'un majordome je réussis à trouver la salle commune.

Je rentre en même temps que deux autres sélectionnées, et je me rends de suite au fond de la salle où je m'assois sur un petit fauteuil couleur vert d'eau.

Je ne veux surtout pas me faire remarquer. Je préfère largement être celle que personne ne connaît que celle que tout le monde fuit... Je suis tellement pas douée...

Une dame me sort de mes pensées, elle est grande et mince, cartable à la main, elle ne paraît pas très chaleureuse.

Elle nous prie de nous préparer car le prince ne va pas tarder à arriver.

Ma tête bourdonne, tout d'un coup je ne me sens pas très bien. Le stress sans doute.

La porte s'ouvre sur le Prince: plus un bruit dans la salle.

- Mesdemoiselles je vous souhaite la bienvenue au palais royal d'Illéa. Vous devez vous en doutez : je suis le Prince Aidan Schreave, nous dit- il d'une voie assurée.

Quelques filles gloussent, je me contente de baisser la tête.

- Je vais procéder de cette façon : je vous appelle une à une. Je souhaite discuter avec chacune d'entre vous.

La première est appelée...

Je me demande vraiment si j'ai pris la bonne solution en m'inscrivant à la sélection...

- Salut !

Je sursaute.

 Je lève la tête et je vois une jeune fille qui se tient devant moi. Elle est magnifique. Je suis tellement surprise qu'elle vienne me parler. Je n'arrive pas à y croire.

- Sa...salut.

Elle me regarde avec un sourire. Je rougis comme une folle...

- Ça va ? Tu n'as pas l'air très à l'aise...

Oh non ! Elle a remarqué combien j'étais gênée...

- Je... je... oui ça... va et toi ?

Je bégaye. C'est une catastrophe...

- Oui très bien ! Mais je ne vais pas te manger hein ! Ce n'est pas la peine de bégayer, je ne suis pas un monstre enfin je crois...

Elle lâche un petit rire. Un rire léger, joyeux. Un rire comme je n'en ai plus jamais...

- Oh pardon, je ne suis pas très à l'aise avec les gens...

Je lui souris, toute intimidée...

- J'avais cru le remarquer ! Au fait, moi c'est Camille Beauchamps et toi ? me demanda-t'elle.

- Miya Vacker.

- C'est un beau prénom !

Comme elle est gentille...

- Merci

Je ne réussis pas à dire plus... Quelle nulle...

Quelqu'un l'appelle..., je me retourne.

- Bon ben je te laisse à bientôt !

- À...à plus tard

Elle partit d'un pas déterminé vers le Prince. Comme je l'envie d'être aussi joyeuse, aussi assurée...

Je me demande comment va se passer ma rencontre avec le Prince... Et si je me ridiculise devant lui ? Je stresse à mort...

- Salut

Je lève la tête surprise.

- Oh..euh..salut

Mais pourquoi vient elle me parler ? Je me le demande bien...

- J'ai vu que tu discutais avec ma soeur, je me suis dit que tu avais l'air sympa donc je viens te voir!

- Mer...merci. Tu es Leila Beauchamps ?

Je suis terriblement mal à l'aise... Elle est tellement gentille alors que moi je suis si distante, si froide... Je n'arrive pas à faire autrement, je n'ai jamais appris à faire autrement...

- Oui et toi Miya Vacker ? Tu as l'air mal à l'aise, si tu veux je peux te laisser seule?

- Je... Oui c'est ça... Non ce n'est pas toi, tu peux rester.

Je lui fais un pâle sourire. Je rougis...Quel idiote je suis... Je fais fuir toutes les personnes qui m'approchent alors que je ne le veux pas...

- D'accord, sinon comment vas-tu ?

- Ça va... Et toi ? lui répondis-je.

- Ça va...enfin j'espère que tout va bien se passer pour ma soeur et que je vais pouvoir rester pour la soutenir, me dit-elle, je peux te poser une question ?

- J'espère pour toi aussi... Oui bien...sûr

Je n'arrive pas à parler normalement... Il faut toujours que je bégaye...

- Pourquoi as-tu voulu participer à la sélection ?

Je ne m'attendais vraiment pas à cette question... Qu'est ce que je vais pouvoir lui répondre...

- Euh...pour...pour...avoir une nouvelle vie, je crois... Et toi ?

- Moi aussi, et pour ma soeur. Tu le trouves comment le prince ?

- Euh...eh bien... Il est élégant, il a du charme... Mais ce... Je ne crois pas que je pourrais tomber amoureuse de lui... Et toi ?

En lui disant ça, je rougis comme une folle... C'est la première fois de ma vie que je me confie... Ça me fait bizarre.

- C'est vrai qu'il est mignon mais mon coeur est déjà pris.

Je ne peux pas m'empêcher de lui adresser un sourire bienveillant.

J'entends quelqu'un crier son nom, elle, ne l'entend pas apparemment.

- Je crois qu'on t'appelle... A bientôt !

- A bientôt, j'ai passé un moment très agréable avec toi, j'espère qu'on apprendra à se connaître et que tu parleras un peu plus !

Elle me fait un clin d'œil et se dirige vers le Prince après m'avoir souhaité bonne chance.

Elle est vraiment gentille, je suis contente de l'avoir rencontrée.

Je me ronge un ongle gênant, un tic nerveux et me rassois dans le somptueux fauteuil, je tremble de partout. Je me mets à penser à ma mère, elle me manque... Mais je me raisonne, c'ést pour elle que je me suis inscrite et je vais tout faire pour qu'elle soit fière de moi.

On m'appelle. Je me lève d'un bond, et je me mets à marcher tout en essuyant mes mains moites sur mon jeans.

Milly avait essayé de me persuader de mettre en robe mais je n'avais pas cédé, je ne me sens bien qu'en jeans.

Je rentre dans la pièce où m'attend le Prince. Il est assis sur un élégant sofa bordeaux, il me regarde un brin de curiosité dans le regard. Il doit sans doute se demander qui est cette jeune fille rouge pivoine, qui tremble comme une feuille et qui porte un jeans ! Il me fait un signe de la main accompagné d'un sourire chaleureux.

- Bonjour, viens t'asseoir n'aie pas peur !

Je m'avance en tremblant et me prends les pieds dans le tapis. Je m'écrase par terre, juste devant ses pieds. Je pousse un petit gémissement. Le Prince éclate de rire. Il me tend sa main tout en se tenant les côtes. Je me relève en ignorant sa main, très gênée. Je suis certaine d'avoir la couleur d'une tomate...

Le Prince se tord de rire, je ne l'avais jamais vu rire, quand il passe au bulletin il ne rigole quasiment jamais. Il me semble alors beaucoup plus sympathique et moins terrifiant.

- Mademoiselle Vacker, ce n'est pas le peine de se prosterner devant moi ! me dit-il entre deux rires.

Je rougis encore plus, mes mains tremblent. Je les cachent derrière mon dos pour qu'il ne les voit pas.

- Êtes vous toujours aussi maladroite Mademoiselle ?

Je rougis et hoche la tête.

- Mais n'ayez pas peur ! Parlez sinon je vais avoir la sensation de parler tout seul, et ce n'est pas très agréable... me dit-il en faisant une petite grimace de dégoût.

C'est à moi d'éclater de rire. Je suis tellement nerveuse, je n'arrive pas à m'arrêter de rire. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas ri. Depuis la mort de ma mère... Il y a de cela 5 mois...

Le Prince me regarde, un sourire en coin, il semble étonné. Il y a de quoi l'être c'est sûr ! Je finis enfin par me calmer, mais j'ai viré pivoine. Qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai piqué un fou rire devant le Prince... Catastrophe.

- Je... je... Pardon, baffouillai-je.

- Ne vous excusez point, je n'avais pas ri comme ça depuis longtemps ! Et d'ailleurs j'ai une petite question pour vous : est-ce vous qui avez cassé deux vases ?

J'ouvre des yeux ronds, comment le sait-il... Toute gênée, je baisse la tête.

- Quel dommage c'était mes vases préférés...

Je le regarde paniquée.

- Oh non, pardon ! Je vous les rachèterai ! Je suis vraiment désolée !

C'est sorti tout seul... La honte me monte aux joues.

- Haha ! Je vous ai bien eu, j'ai enfin réussi à vous faire aligner plus de trois mots ! Je vous taquinais, ce n'est pas grave du tout ! me dit-il en se retenant de pouffer de rire, notre rendez-vous est malheureusement fini, j'espère vous revoir bientôt !

Je le regarde, ma bouche s'ouvre puis se referme sans émettre de son.

Décidément il est vraiment étonnant ! Je pense finalement que je pourrais peut-être l'apprécier qui sait...