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I R I S

Le noir, la fraîcheur de la nuit, le vent qui fouette mes cheveux. Par terre, Camron adossé à un mur, se tenant le ventre d'un bras, et l'autre bras sur la tête. Une tâche rouge apparaît sur son maillot gris Moi, je reste devant lui, sans pouvoir bouger. Il me regarde, les yeux apeurés et tristes. Il prononce mon nom plusieurs fois, mais je ne bouge pas.

"Mademoiselle Iris, réveillez-vous" prononce-t-il. J'arque un sourcil puis soudain je suis aveuglée par une lumière blanche.

Je me réveille dans ma chambre, Amara penchée au-dessus de moi. Je frotte mes yeux et je m'assieds dans mon lit. Ce rêve. Je le fais tous les soirs. Le visage de Camron dans la pénombre. Lui qui me supplie de l'aider... Je n'arriverai jamais à me débarrasser de ce rêve.

Je me lève à contre cœur. J'aurais aimé rester plus longtemps au lit mais... Aujourd'hui, nous rencontrons le prince et, nous allons voir en chair et en os les autres candidates. J'espère me faire des amies, que je n'aurais pas de soucis avec d'autres.

Ma femme de chambre revient vers moi, quelques minutes plus tard, avec une longue robe bustier, noire. J'ouvre la bouche de stupeur.

-Elle est magnifique, Amara! Merci beaucoup d'avoir fait cette robe pour moi!

Elle me remercie d'un signe de tête et d'un sourire. Je l'enfile, avec l'aide de ma femme de chambre, puis elle me coiffe d'un chignon tressé. Je me trouve belle, pour une fois. Je me chausse d'escarpins noirs, et je quitte ma chambre, pour aller dans la salle commune. Elle se trouve au rez-de-chaussée, à côté de la salle de thé. Quand je tourne pour emprunter un autre escalier, je rentre dans une personne, ce qui me fait basculer en arrière. Je tombe sur les fesses.

-Hé! Fais attention où tu vas... se plaint une fille brune, avec des grands yeux marrons.

-Désolée, désolée...

Je me tiens la tête, tentant de me remémorer son prénom.

-Jude Davis, c'est ça?

Elle me tend sa main pour m'aider à me relever.

-Oui, et toi... Désolée je n'ai pas regardé la télé lors du Bulletin... me sourit-elle, gênée.

-Iris Courtney! Ne t'en fais pas, ce n'est pas grave!

Je lui renvoie son sourire et nous marchons ensemble, tout en discutant de nos vies respectives. Elle est très jolie! Elle se considère comme garçon manqué, et elle ne cache pas son mécontentement d'être en jupe.

-Non mais regarde moi! Je ne ressemble à rien dans ce... truc là! On dirait un sac poubelle! Je ne suis pas habituée à porter ce genre de chose horrible... Les jupes... Eurk!

J'explose de rire et une chose me revient au cerveau.

-Oups, j'ai oublié un truc dans ma chambre, je vais le chercher.

J'enlève mes escarpins afin de courir dans les escaliers puis je me retourne vers Jude, toujours en train de courir.

-Ne m'attends pas! Tu vas être encore plus être en retard!

J'arrive dans ma chambre après être passée devant une dizaine de portes. Je me dirige immédiatement vers ma commode, où j'ai posé quelques bijoux qui me tiennent à cœur. Je prends mon bracelet porte-bonheur, qui pourtant ne ressemble à rien, puis je l'accroche à mon poignet. Il est rouillé, à force de l'usure et à cause de l'eau. Je tiens énormément à ce bijou...

-Que faites-vous ici, mademoiselle? Vous ne devriez pas être avec le prince?

Je me retourne et découvre Amara, avec une pile de serviettes dans les mains.

-Si, je venais juste chercher mon bracelet, dis-je en le montrant attaché à mon poignet.

Elle hoche la tête en un sourire puis dépose une serviette sur mon lit. Quant à moi, je repars aussi vite que je suis arrivée. Je cours aussi dans les escaliers, escarpins à la main. Je remets mes chaussures devant la pièce. Lorsque j'ouvre la porte de la salle, une odeur de gâteau au citron m'enivre les narines. Une odeur à en tomber par terre. Tous les regards se braquent sur moi. Je suis la dernière arrivée, merde. Jude se tourne également vers moi et me fait un clin d'œil. Je m'excuse d'un signe de tête à tout le monde , en me glissant parmi eux, essayant d'atteindre le buffet où le gâteau se trouve. J'en prend une part et je me mets dans un coin, seule. Déjà pleins de petits groupes se sont formés. Moi, la seule que je connais, c'est Jude. Elle semble s'être trouvé des amies.

-Iris Courtney? me demande une petite voix.

Je me retourne vers celle-ci et découvre une des sœurs Beauchamps.

-Oui, c'est exact! Et toi? Enfin, tu es laquelle? je ris légèrement.

-Leila, Leila Beauchamps.

Je souris puis nous sommes interrompues par une femme, cheveux tirés en arrière, l'air strict, avec un cartable à la main.

-Bonjour mesdemoiselles. Tenez vous prêtes! Dos droit, tête haute, sourire, élégance. Quatre règles importantes durant cette compétition. Sa Majesté arrivera d'ici quelques instants pour procéder aux rencontres. Je vais vous placer sur ces chaises. Jude Davis, ici. Et Iris Courtney à ses côtés.

Je vais me placer à côtés de mon amie, et je lui souris.

-Comme on se retrouve, lui dis-je.

Je me concentre sur mes chaussures en attendant l'arrivée du Prince. Je ne sais pas pourquoi mais, je me sens anxieuse. Je n'ai pas la moindre idée de pourquoi je tremble un peu, ou encore pourquoi je me mets à me ronger les ongles. Après quelques minutes qui me paraissent comme une éternité, Aidan Schreave arrive enfin! Il se met devant nous et déclare d'une voix assuré et forte:

-Mesdemoiselles, je vous souhaite la Bienvenue au Palais Royal d'Illéa. Vous devez vous en doutez : Je suis le Prince Aidan Schreave.

Une vague de gloussements de filles se fait entendre.

-Jure, je pensai t'étais le concierge... je murmure à moi-même.

Il me lance un regarde interrogateur et amusé. Oh zut, j'avais oublié qu'il était assez près de nous pour nous entendre... J'espère qu'il a le sens de l'humour sinon, je suis cuite...

-Je vais procéder de cette façon: Je vous appellerai une à une. Je souhaite discuter avec chacune d'entre vous. Mademoiselle Davis, à vous l'honneur de commencer.

Il prend par le bras Jude, et celle-ci lève les yeux au ciel.

Jude revient cinq minutes plus tard, et me dit que c'est à mon tour. Je me lève, lisse les plis -invisibles- de ma robe et remets un mèche -également invisible- derrière mon oreille. Lorsque j'arrive devant lui, j'exécute maladroitement une révérence. Il se lève, me prend ma main et m'y dépose un baiser.

-Mademoiselle Iris, venez vous asseoir à mes côtés, je vous en prie.

Je me place sur le sofa d'un rouge foncé, très élégant. Les coussins sont doux. Je tuerai pour avoir des coussins aussi doux chez moi.

-Je me présente, le concierge, Aidan Schreave, dit-il d'un ton ironique.

J'explose de rire. Au diable l'élégance. Mon rire est similaire à une alarme d'une voiture volée. Le Prince se mêle à mon fou rire, je pense que mon rire est communicatif. J'essuie une larme au coin de mon œil et je toussote.

-Eh bien, cela fait une éternité que je n'ai guère ri autant! Votre rire est communicatif, ma chère.

-On me le dit souvent, Votre Majesté... Et, pardonnez-moi pour ce tout petit détail, mais évitez de m'appeler "ma chère", par pitié! Je n'aime pas, on dirait que j'ai beaucoup plus que dix-huit ans lorsque vous m'appelez ainsi...

-Hmm... Ma douce?

-Ah, peut mieux faire! dis-je en souriant.

-Mon Petit Canard en Sucre? plaisante-t-il.

-Je me contenterai de "ma douce", dis-je en faisant un clin d'œil.

Il rit légèrement puis me regarde de la tête au pieds.

-Cette robe vous va comme un gant, ma douce.

-Je vous remercie, Votre Majesté.

Je souris face à ce compliment. J'ignore s'il a agit de cette manière avec les autres candidates. Je le trouve très séduisant...

Durant les minutes restantes, nous parlons de tout, et un peu de moi.

-Et vos parents, Mademoiselle Iris? Ils étaient heureux de vous voir Sélectionnée?

La question fatidique. Je feins un regarde triste, et je me pince les lèvres.

-Mes parents sont morts quand j'avais seize ans, avec mes grands-parents... Je n'ai plus aucune famille...

-Oh, je suis sincèrement désolé... Venez par ici, Iris.

Il m'ouvre ses bras et je m'y blottis, pour jouer le jeu jusqu'au bout. Je simule même un sanglot étouffé. A l'école d'Arts, nous avons reçus des cours de Théâtre, j'adorai! J'étais la meilleure de ma classe.

Le Prince me relève le menton d'un doigt et plante son regard dans le mien.

-Ne pleurez pas, les larmes ne servent à rien. Elles ne les ramèneront pas... Je suis sûr qu'ils seraient fiers de vous.

Tu parles.

-Je n'en doute pas...

Un silence gênant s'impose. Aidan passe une main derrière sa tête.

-Je suis désolé, mademoiselle, la suivante doit s'impatienter, et je fait des entretiens avec chacune d'entre vous de part égales. Appelez-moi Ariane Thompson, s'il vous plaît.

Je sèche mes larmes puis je me dirige vers la sortie.

-Iris.

Je me retourne, un air interrogateur gravé sur le visage.

-Faites attention aux marches, elles glissent.