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- Je suis désolé, disait Emmerich en lui tendant le deuxième sandwich. La vieille veut rien savoir et on risque tous de bouffer de la merde pendant des mois si on lui désobéi, expliquait-il.

- Pas grave. Merci... je vais te rembourser, prenait-elle le sandwich, qui était beaucoup trop gros.

- Pas question, soufflait son oncle la bouche pleine. J'avais trop faim et toi aussi. De plus... c'est mon cadeau de bienvenue, souriait-il.

Amalia lui jetait un petit coup d'œil et croquait dans son sandwich avec plaisir, car il était vraiment délicieux.

- Ça fait du bien... alors... Munich et tante Maggie te manque? Tu ne te sens pas trop seule? enchainait-il les questions dans l'espoir d'apprendre un peu à la connaitre.

Il était encore un peu sous le choc du retour de sa sœur et de sa première rencontre avec sa nièce. Jamais il n'aurait pensé, vu leur situation familiale, qu'il aurait un jour la chance de la voir en personne.

- Ici c'est bien... oui tante Maggie me manque vraiment beaucoup, retenait-elle ses larmes.

Emmerich le remarquait et se confondait en excuse, il n'avait rencontré la sœur de son père que deux fois, lorsqu'il était gamin, alors il n'avait pas eu le temps de s'attacher à elle.

Ils finnisèrent de manger leur sandwich en silence, en regardant les voitures aller et venir. Ils s'étaient installés sur un banc un peu à l'ombre, au milieu de la place. L'air était un peu plus frais ce qui était une chance, car la chaleur devenait vraiment insupportable.

Amalia voulait poser des centaines de questions à son oncle, mais elle ne savait pas trop par quoi commencer et si elle en avait le droit. Elle lui jetait de petit coup d'œil et remarquait, qu'il avait les mêmes fossettes que tante Maggie et que son grand père. Il avait aussi le même sourire que sa mère, quoi que parfois, il était un peu étrange. Il était très souriant, malgré tout ce qui se passait chez eux et il semblait plutôt sympa une fois qu'on le connaissait.

La jeune fille essayait de se détendre un peu et de profiter de ce moment. Emmerich lui tendit leur part de gâteau et elle soupirait en se demandant comment elle allait réussir à la manger sans cuillère, mais son oncle trouvait la solution en prenant une grosse bouchée entre ses mains, sans se poser la moindre question.

Elle ne put s'empêcher de sourire et en fit de même. Le gâteau n'était pas aussi bon que celui de sa grande tante, mais il n'en restait pas moins délicieux.

Une fois fini, Emmerich prit le sachet et le jetait dans la poubelle avant d'aller se laver les mains et le visage dans la fontaine. Amalia hésitait à en faire de même et finissait par ce lever pour le rejoindre, elle se lavait les mains et en fit de même avec sa bouche en prenant soin de ne pas mouiller sa robe.

- Oh... attend, disait soudain son oncle en s'approchant.

Il posait son pouce sur les lèvres de sa nièce, qui se figeait sur place, les essuyaient doucement, avant de porter son doigt à sa bouche et de lui faire un petit sourire.

- Vaut mieux effacer toutes les preuves, rigolait-il. Ma voiture est juste là... on y va? lui demandait-il alors qu'elle baissait soudain son regard.

Elle tremblait de tout son être et n'osait plus bouger. Que venait-il de se passer? La boule, qui avait disparue, revenait et elle dut retenir ses larmes. Pourquoi se sentait-elle soudain aussi étrange et aussi mal. Elle avait cru que s'était à cause de la faim, mais maintenant qu'elle avait bien mangé, elle n'en était plus aussi sur.

- Amalia, ça va? lui demandait soudain Emmerich.

Elle retenait sa respiration et jetait des petits coups d'œil autour d'elle, car elle avait une envie furieuse de se jeter dans les bras de sa maman.

- Maman, pensait-elle soudain.

Elles avaient déjà bien assez de souci comme cela, sans qu'elle ne se comporte mal envers son oncle, qui faisait de son mieux pour être gentil. Elle se détendit un peu et se forçait à sourire.

- Oui... je... j'ai trop mangé, disait-elle en demi-mensonge.

- Oh... moi aussi... on va rouler tranquille, promit-il en lui montrant la direction de son véhicule.

La jeune fille courait chercher son sac et revenait vers lui, prête à le suivre. Il fallait vraiment qu'elle apprenne à bien se comporter, afin que sa maman et elle, n'aillent plus d'ennuis.

Les vitres étaient complètement baissées. Les cheveux d'Amalia allaient dans tout les sens, alors qu'Emmerich essayait de rouler avec prudence.

- Elle te plait? finissait-il par demander à sa nièce, en parlant de sa voiture.

Grâce à son travail et à ses heures supplémentaires, il avait pu se payer cette golf blanche presque neuve. Grâce à son véhicule, il gagnait plusieurs heures de sommeil et aussi la plus grande des libertés.

- Oui, répondit-elle.

- COOL... oh... euh... je me demandais... ta maman... t'as parler de moi? Je veux dire avant que tu viennes vivre avec nous, finissait-il par lui demander.

Sa sœur et lui ne s'entendaient pas vraiment, même s'il espérait que ça se passe bien maintenant et il ne voulait pas dire quelques choses d'embrassant devant sa nièce, qui lui lançait déjà un drôle de regard lorsqu'il disait la vieille, en parlant de sa mère.

- Juste un peu, disait-elle gênée.

A vrai dire sa maman n'avait jamais vraiment parler de lui et d'ailleurs, elle n'avait dit le prénom de son frère que deux ou trois fois et toujours d'une drôle de façon. Mais Amalia avait remarqué qu'il ne recevait pas de coup de la part de sa grand-mère. Qu'elle le servait toujours en premier et avec le plus gros morceau de viande. Il y avait peut-être un peu de jalousie et connaissant désormais celle qui lui servait de grand-mère, la jeune fille comprenait beaucoup mieux la situation de sa maman.

- Ok... cool... tu sais... elle et moi... on est un peu comme chien et chat... tu vois... on n'est jamais d'accord, expliquait-il avec un petit clin d'œil. Et euh ça t'embête quand je dis la vieille? préférait-il clarifier.

- Euh... un peu, osait-elle répondre.

- Tu préfères la sorcière d'Hansel et Gretel?

Elle se tournait vers lui et ne put s'empêcher de sourire. Emmerich lui refit un clin d'œil et rigolait de bon cœur.

- Ce sera désormais... Baba Yaga, plaisantait-il.

La jeune fille plaquait sa main sur sa bouche pour s'empêcher de rigoler. Elle tournait la tête et souriait de plus belle alors qu'Emmerich la regardait à travers le retro viseur. Il était content, qu'elle l'apprécie, car comme elle, il se sentait vraiment seul. Sa mère était un véritable tyran, son père un vrai connard et sa sœur l'avait abandonné du jour au lendemain. Il voulait vraiment créer des liens avec la jeune fille, car il avait le sentiment qu'elle seule pouvait le comprendre.

- Baba Yaga, pensait-elle un peu d'accord avec lui.

Amalia avait été élevée par deux femmes, il était normal qu'elle ne se sente pas à l'aise en présence d'un homme, mais Emmerich était son oncle et maintenant, il y avait aussi son grand père, alors elle devait apprendre à faire avec. C'était à elle de fournir des efforts, car elle voyait bien que son oncle en faisait et elle devait bien avouer, qu'il était drôle.

L'air était de plus en plus frais à mesure qu'ils montaient et la jeune fille se détendit un peu. Elle se disait même qu'il fallait vraiment qu'elle apprenne à le connaitre, afin de ne plus avoir ces réactions étranges.

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