2. Il faut se résigner

PDV Espagne

Je continuai à pleurer en marchant. Je regardai le sol. J'ouvre ma porte, j'entre chez moi. Je ferme la porte. Je sanglote un peu. Je me dirige vers le salon, m'assoit lourdement sur le canapé. C'est si silencieux... si vide... il n'y a que moi dans un grand rien.

- Je... je... j'en ai marre !

Je renifle. C'est pas très distingué, mais j'en ai rien à faire, je suis seule. J'aimerais l'imaginer auprès de moi dans ces moments-là, mais... je ne peux pas. Je ne peux pas me consoler sur de l'imaginaire. Mais... mais !

Je veux être avec lui...

Alors, à défaut de pouvoir le serrer dans mes bras, je prends un coussin et je le serre en pleurant à chaudes larmes.

- AAAAaahh... ! J'en ai marre ! J'en peux plus ! Je veux... je veux... guh... j... je... je l'aime, merde ! Je veux qu'il s'en rende compte...

J'entends toquer à ma porte. Merde. Merde, merde, merde. J'ouvre.

Non.

Turquie ? Et Grèce ?

Mais... pourquoi ?

- Salut Espagne ! Me dit Turquie en tenant le bras de Grèce.

J'eus un mouvement de recul.

- C'est à quel sujet ?

- Merci beaucoup, tu sais, tu m'avais dit à mon anniversaire qu'il s'intéressait à moi, et... Espagne ?

Je pleurais.

- Quoi encore ?

- Tu pleures... je t'ai fait de la peine ? Excuse-moi, je...

- Non. Ce n'est pas toi... c'est moi.

- Je-

Je fermais la porte violemment.

- Laissez-moi, mon dieu, laissez-moi !

Mais j'entendais toujours sa voix à travers la porte. Elle toquait comme une malade.

- Mais qu'est-ce qui ne va pas ? Grèce, je...

- Laisse tomber, je ne sais pas ce qu'elle a, mais il faut qu'elle se remette.

- Oui... ça vaut mieux.

Plus de bruit. Plus rien.

Rien.

Rien.

C'est là où je veux être, ce que je veux ressentir, et ce que je veux être.

Absolument rien.

Rien.

PDV Italie

Je suis si seul... vraiment ? Non. Non, me décourager comme ça, ce n'est pas moi, mais aujourd'hui, je ne peux rien faire. Mieux vaut attendre demain. Il faut que je sois comme d'habitude.

Mais...

Comment je suis d'habitude ?

Comment les autres me voient ?

...

Je ne sais pas.

Non, je ne sais pas. Mais il faut que j'aie confiance. Tout va bien se passer. Je regardait par la fenêtre. La nuit était tombée. Et puis, peu à peu, les étoiles s'allumaient. Je fixais le ciel. J'espérais. Mais qu'est-ce que j'espérais ? Je ne sais pas. Peut-être quelque chose de bien, peut-être quelque chose de mal, je n'en savais rien. Rien du tout. Et je m'en fichais. Je pensais à Espagne. Il faudra que je m'excuse. En fait, je ne sais même pas ce que j'ai fait, mais bon, ça me semble plus prudent.

Il faut que je reprenne courage.

Selon les autres, je suis joyeux et optimiste. Ce n'est pas faux, mais il faudrait y rajouter un peu de mélancolie. De tristesse. Mais seulement un peu. Je ne suis pas dépressif, non plus. Si je l'étais, on se serait cru dans une romance de mauvais goût, écrit par une gosse de classe moyenne qui ne connaît rien à la vie. Je n'étais pas dépressif, mais par contre, j'étais naïf. Très naïf. Elle... elle a la tête sur les épaules, au moins ! Elle est... elle est... elle était et elle sera... parfaite.

J'ai vraiment envie de me la faire.

Hein ? Non. Non, non, non. Enfin... si, mais non. C'est vrai que... mais j'essaye de rester un tant soit peu moral. Allez, un petit effort, moi-même. C'est pas si dur. Mais quand même... elle est vachement bien foutue. Mais je dois me retirer cette putain de pensée du crâne. C'est malsain.

Je baissais le regard. Oui, ma chambre était moins passionnante que le ciel, mais au moins, elle était habitée par un être plein de passion pour compenser.

Bon, je dois reprendre mon travail. Oui, un travail dans lequel je mettais beaucoup de cœur. Je tournais complètement le dos à la fenêtre pour plutôt me diriger vers mon armoire, au fond de la pièce, près de la porte. J'ouvris l'armoire. Bien, ça n'a pas bougé. Je pris la toile et mon matériel de peinture. J'installais le chevalet, posais la toile dessus, sortit mes pinceaux, ma peinture et un petit verre d'eau.

- C'est parti...

C'était plaisant. Les petites taches de couleur se succédaient pour former une forme concrète. Les ombres et les lumières se formaient, créant une profondeur et du contraste. Pour dire que je n'y ai pas retouché depuis longtemps, je ne me débrouille pas trop mal ! Oui, mon bouquet de cyclamens prend forme. Quel beau mauve... ça me fait oublier tout mes soucis. Même avec de l'acrylique, je trouve que ça rend bien, alors qu'on ne peut pas faire trop de dégradés ! J'aurais fini d'ici peu de temps. À moins que j'ajoute des marguerites avec... oui, je pense que ce serait encore mieux.

Maintenant que j'ai bien avancé sur ça, je vais me faire à manger, sinon je vais mourir de faim ! Je resterais bien sur quelque chose de simple, pour ne pas trop me fatiguer... je vais faire ça. Une petite polenta, pour me mettre bien.

J'essaye d'oublier.

Tout ce que je pense, tout ce que je vois, tout ce que je fais.

J'essaye d'oublier.

Ma vie bloquée entre quatre murs et une répétition insoutenable de toutes mes actions.

J'essaye d'oublier.

Un amour malheureux, une procrastination sentimentale.

J'essaye d'oublier.

Les sagesses qu'on me dévoile, les idioties que je crois.

J'essaye d'oublier.

La vérité. La vérité derrière. Derrière ce paysage. Ce paysage de couleur devant, qui cache tant d'ombres derrière. Ce paysage quelque part. Quelque part, un peu partout et un peu nulle part. Quand je le vois, ce paysage, je vois, devant mes yeux, l'Histoire du Monde se ternir, devant ce paysage, un peu de partout, beaucoup de nulle part.

Et là, j'essaye d'oublier que j'essaye d'oublier. Si seulement la fille des mers anciennes venait... elle réglerait mon problème. Mais moi je sais de quel empire on parle dans cette histoire.

De ce bel empire. Pour moi en tout cas. L'empire romain.

Et il s'est écroulé à la venue de cette nymphe poétique et prophétique... quelque part c'était mérité. C'était ça qu'on devait retenir de cette histoire. C'est un mythe, mais je ne peux m'empêcher d'y croire.

Bon, revenons à des choses plus terre à terre, même si on les déplore.

Et terminons. Terminons cette journée bien longue.


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