Chapitre 75
— Erakris et Brume m'ont dit que tu étais mort ! s'écria-t-elle, sans savoir si elle était furieuse ou heureuse.
— D'une certaine manière, c'est le cas, répondit Sinn en mettant pied à terre.
— Qu'est-ce que tu fais là ? l'interrogea-t-elle en serrant un peu plus son panier.
Sinn se tourna pour désigner la montagne derrière lui :
— De l''autre côté se trouve le territoire des Yoxans, expliqua-t-il. Il semble que nous soyons voisins, s'esclaffa-t-il.
Face à l'expression contrite de Charlotte, Sinn ajouta :
— Des Yoxans se sont inquiétés de la fumée qu'ils ont aperçue il y a quelques jours. Ils ont parlé d'une terrifiante créature à deux têtes, j'ai voulu voir ça moi-même.
— C'est probablement ma tête des mauvais jours, maugréa Charlotte.
Sinn sourit, amusé par la jeune femme. Ils restaient tous les deux figés à bonne distance l'un de l'autre, comme si ce mirage pouvait disparaître à tout moment.
— Tu attends de la visite ? reprit Sinn.
Massaï s'approcha de Charlotte par derrière, Sinn repéra l'Aronx et sortit son glaive. La jeune femme se retourna pour voir ce qui l'inquiétait.
— Non ! cria Charlotte à Sinn.
L'Aronx s'arrêta près de Charlotte et grogna méchamment en étudiant Sinn.
— Massaï, couché ! ordonna-t-elle.
L'animal obéit mais ne quitta pas Sinn des yeux, prêt à bondir sur lui en cas de menace.
Sinn dévisagea Charlotte :
— Es-tu vraiment venue vivre au milieu de nulle part, avec pour seule compagnie un animal sauvage ? déclara-t-il en contrôlant sa colère.
— Euh...oui ! affirma Charlotte. Brume m'envoie de la visite chaque semaine pour m'apporter ce dont j'ai besoin, en échange je lui confectionne des vêtements... et j'ai trois warex aussi.
— Toi qui me vantais tous les mérites de ton monde, tu y as renoncé pour cette vie, gronda Sinn.
Charlotte se tendit, furieuse d'être ainsi jugée :
— Il est temps que tu t'en ailles, décréta-t-elle, en prenant la direction de sa maison.
— J'aimerais avoir une explication, répliqua Sinn, rendu furieux par son attitude.
Charlotte s'écarta pour esquiver alors qu'il voulut lui saisir le bras et Massaï se leva brusquement en grognant, pour annoncer que l'humain allait trop loin.
Sinn leva les mains paumes ouvertes, pour affirmer à Charlotte qu'il ne tenterait plus rien.
— Stop, Massaï ! tonna Charlotte.
— Explique-moi ! l'implora-t-il.
Charlotte le dévisagea, hésitante :
— Y'a des chances pour que tu te mettes encore plus en colère, soupira-t-elle.
— Ça n'arrivera pas, affirma Sinn en croisant les bras sur le torse.
— Tu l'auras voulu, concéda-t-elle. Je suis revenue parce que... parce que... parce qu'il y avait en jeu une autre vie que la mienne !
Sinn fronça les sourcils et étudia le jeune Aronx, cherchant à comprendre l'importance de cet animal.
Charlotte posa son panier pour lui montrer le petit ventre qui poussait sous sa robe, puisqu'elle entamait son quatrième mois de grossesse.
— Quand on dit qu'une seule fois suffit pour tomber enceinte, ben c'est vrai ! ajouta-t-elle, en fixant le sol pour éviter son regard.
Sinn contracta les mâchoires pour ne pas piquer une crise de colère.
— Tu ne t'es jamais dit que ton animal de compagnie attendait seulement que tu sois bien ronde pour vous bouffer tous les deux ! déclara-t-il en foudroyant la jeune femme du regard.
— Massaï est très gentil, riposta Charlotte. Ça te dépasse peut-être mais il m'aime, ajouta-t-elle. Maintenant va-t'en !
Sinn furieux tourna les talons pour monter en selle, il s'éloigna sans un regard pour Charlotte.
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