Chapitre 67

Sinn et son groupe fracassaient des crânes à coups de hache, mais le flot était intarissable : les Ombres s'enfoncèrent dans le campement, comme si leur mot d'ordre avait été « premier arrivé, premier servi ».

Un mouvement attira l'attention de Sinn. Il réalisa qu'une autre vague d'Ombres arrivait depuis le nord. Cela voulait dire que l'ennemi avait traversé le couloir migratoire. Sinn reconnut très vite des guerriers Kross, qu'il avait vus le matin même au campement.

Est-ce que cela signifiait que son armée avait été détruite pendant qu'il prenait du bon temps avec Charlotte ? Restait-il des guerriers capables de se battre ? Si oui, traquaient-ils les Ombres ? Arriveraient-ils à temps pour aider les civils ?

Sinn n'était pas dupe, « alors, c'est à ça que ressemble la fin du monde ! » pensa-t-il, serein.

Le seigneur des Kross beugla des ordres à son groupe pour les haranguer. S'ils laissaient la peur prendre le dessus, ceux qui ne mouraient pas éventrés, seraient mordus pour rejoindre la horde.

Le son qu'émettaient les têtes fracassées, était couvert par les rugissements et les cris.


Draz reculait dans le campement, cherchant à mettre des civils entre les mains des Ombres pour sauver sa peau.

L'Albâtre qui se sentait traqué, attrapait des gens au hasard pour les jeter à ses poursuivants.

Kahléa fut mise à terre. Ses cris d'horreur quand les Ombres lui arrachèrent ses vêtements, se transformèrent en hurlement d'agonie, quand elles lui déchirèrent le ventre à mains nues. Comble de l'horreur, Kahléa resta pleinement consciente quand les Ombres fouillèrent ses entrailles.


Malé, Charlotte et le reste de leur groupe, n'avaient pas pu l'aider, parce que leur propre survie passait avant tout. Contrairement à ce qu'elle avait cru, Charlotte n'avait pas hésité à donner le premier coup. Si par miracle elle survivait à cette épreuve, elle n'oublierait jamais le bruit du fracassement de ce crâne et la sensation écœurante de cet acte.

Des gerbes de sang giclaient de partout. Charlotte était incapable de dire de qui, des Ombres ou des civils, tout ce fluide vital provenait.

Malé repéra l'Albâtre qui avait jeté Kahléa en pâture aux Ombres. La jeune femme quitta le groupe pour se lancer à sa poursuite, alors Charlotte la suivit tout en sachant que c'était la vengeance qui guidait Malé, mais Charlotte ne voulait pas quitter son amie.

Les combats étaient terribles et l'horreur était partout où pouvait se poser son regard. Dans toute cette cohue, Charlotte devait s'obliger à fixer Malé pour ne pas la perdre.

Sori déboula avec son groupe de commis, fendoirs en main, et ils massacrèrent des Ombres occupées à éventrer des malchanceux. Le groupe, bien rôdé, ne fit pas de quartier et repartit en chasse rapidement.

Draz réalisa que deux des favorites de Sinn le suivaient. Il fit brusquement demi-tour pour éviter les Ombres, qui allaient lui barrer le chemin.

L'Albâtre esquiva la barre de fer que la catin brandissait, d'un mouvement brusque il l'attrapa par les cheveux et la poussa violemment pour qu'elle s'étale devant les Ombres qui fonçaient sur eux.

L'autre catin aux cheveux courts tenta de lui fracasser le crâne avec sa pioche, mais enhardi par son instinct de survie, Draz saisit le manche d'une main et lui décocha un coup de poing en plein visage.


Charlotte s'effondra sous le choc. Dans sa chute, elle fracassa des coffres et leurs contenus se répandirent sur le sol. Sonnée, le nez en sang, elle lutta pour ne pas perdre connaissance... la vue brouillée, son regard se posa brièvement sur les vêtements qu'elle portait quand elle était arrivée dans ce monde de fous...

À travers les rugissements et les cris des civils, Charlotte distingua parfaitement les hurlements de Malé. La dernière vision de Charlotte fut de voir Malé être engloutie sous des Ombres.

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