Chapitre 56
Exténuée par ses efforts, mais encouragée par ses deux réussites successives, puisqu'elle avait réussi à charger le corps d'Orkan, Charlotte se dirigea vers le warex en haletant. Il lui restait à aider l'animal à remonter la butte enneigée et glacée avant de pouvoir rentrer au campement.
Les sons qu'elle entendit dans la forêt lui donnèrent la chair de poule et elle avait la sensation d'être observée, tout comme le warex qui s'agita et devint nerveux, ce qui lui confirma qu'elle ne flippait pas pour rien.
La peur, plus que le froid, fut une bonne motivation, alors Charlotte saisit le licol et entreprit une pénible remontée.
Ils dérapaient tous les deux et le poids de l'attelage tirait le warex vers le bas, mais Charlotte s'obstina. Ils étaient presque arrivés en haut de cette ridicule butte, mais la jeune femme glissa et lâcha le licol.
Charlotte crut sa dernière heure arrivée, parce qu'en redévalant la pente, elle glissa sous le chariot et frôla l'une des roues, alors que le warex continuait sa progression.
L'animal s'arrêta en haut sur le sentier. Quant à Charlotte, elle resta en bas, ventre à terre, se demandant pourquoi elle n'avait pas choisi la facilité en rentrant à pied.
Furieuse contre elle-même, Charlotte s'agenouilla en chassant la neige qui lui collait au corps, tout en marmonnant des jurons, mais le grognement qu'elle entendit la glaça jusqu'aux os. Elle se retourna pour voir trois hommes, aux lèvres retroussées, à la lisière de la forêt.
Deux des Ombres prirent la fuite en s'enfonçant dans les bois, mais le troisième avança vers elle. La jeune femme saisit la marmite qui était proche d'elle et dans son mouvement pour se relever, elle pivota sur elle-même. L'objet en fonte percuta violemment la tête de l'Ombre qui s'était trop approché.
Flanquée d'œillères à cause de la peur, Charlotte remonta la pente enneigée, sa marmite à la main, avec pour seule idée de fuir aussi vite que possible.
Quand elle voulut grimper dans le chariot, elle sentit une présence dans son dos, alors de la même manière, elle pivota sur elle-même, entraînant sa massue improvisée et percuta violemment le torse de Sinn.
Le Kross qui avait baissé sa garde, la croyant inoffensive, bascula en arrière, le souffle coupé.
Se rendant compte de son erreur, Charlotte lâcha la marmite pour se pourfendre en excuses.
L'après-midi était bien avancé quand Charlotte, honteuse, Sinn, allongé dans le chariot, et Riyès, qui conduisait l'attelage, rentrèrent au campement, les deux autres warex attachés au chariot par leur longe.
Erakris fut très vite appelé pour soigner son frère. Charlotte attendit à l'extérieur de la tente, parce qu'elle préférait que l'Alchimiste soigne Sinn en toute tranquillité.
La jeune femme croyait vraiment que sa bourde monumentale allait la renvoyer plusieurs semaines en arrière, et qu'elle allait à nouveau être méprisée pour avoir blessé le seigneur des Kross.
Quand Erakris quitta la tente de Sinn, il essayait de garder son air impassible, mais il n'avait qu'une envie : hurler de rire à s'en tenir les côtes.
En étudiant la mine honteuse de Charlotte, il se reprit pour la rassurer sur l'état de santé de Sinn, qui n'avait que quelques côtes fêlées. Erakris lui proposa de soigner sa blessure au visage, mais elle marmonna, gênée : « ce n'est pas grave, merci ».
Charlotte regarda l'Alchimiste s'éloigner, puis le froid la poussa à entrer. Elle trouva Sinn assis sur son lit. Son torse nu était bandé. Il avait l'air en colère, alors la jeune femme se fit discrète.
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