Chapitre 36
Après avoir atteint l'orée du bois, son sauveur la guida dans la forêt jusqu'à l'endroit où il avait laissé un warex.
— Nous nous prénommons Lyrad, déclara-t-il alors qu'il flattait sa monture en la tenant par le licol.
La jeune femme trouva bizarre qu'il parle de lui à la première personne du pluriel, mais elle n'insista pas sur cette curieuse façon de s'exprimer, trop contente d'avoir pu mettre de la distance entre elle et le seigneur des Kross.
— Charlotte, souffla-t-elle. Moi c'est Charlotte ! répondit-elle.
— Nous sommes ravi de vous avoir retrouvée saine et sauve, Charlotte, sourit Lyrad. Comprenez que nous ne devons pas traîner et que nous aurons tout le temps nécessaire de vous dire tout ce que nous savons, quand nous serons tous deux en sécurité.
— D'accord, approuva-t-elle. Et j'ai tellement de questions, ajouta-t-elle.
— Avançons en silence, lui conseilla Lyrad avant de l'inviter à se mettre en selle.
N'ayant qu'une monture, ils voyagèrent ensemble toute la nuit, dans un silence paisible qui ne fut que rarement brisé.
À la faveur de l'aube Charlotte questionna Lyrad sur le fameux Alchimiste et le but de sa présence en ce monde, il lui répondit :
« Nous ne pouvons parler en son nom. Notre ami saura répondre à vos questions, soyez patiente. Un long chemin nous attend avant de le rejoindre et nous devons nous assurer que nous ne serons pas suivis. Les Kross, ces sauvages, ne doivent pas connaître son existence. Leur chef chercherait à se servir de ses connaissances pour son profit, au détriment des autres peuples. »
Charlotte connaissait peu le seigneur des Kross, mais elle savait que Lyrad avait raison et en éprouva l'envie de lui faire confiance.
Ils firent une pause quand le soleil atteignit son zénith, alors Charlotte en profita pour étudier son nouvel ami : Lyrad était un homme très grand et svelte de carrure. Ses cheveux courts étaient châtain clair, ses yeux noisette avaient des paillettes vertes et une petite cicatrice barrait son sourcil gauche. Sa mâchoire carrée accentuait l'harmonie de ses traits. Charlotte ne pouvait pas nier que l'homme, peut-être la trentaine, avait du charme.
Ils échangèrent peu partageant un repas frugal, puis ils reprirent la route, soucieux d'être suivis.
Au crépuscule, ils étaient épuisés tous les deux. Lyrad proposa à Charlotte de se reposer. Il monta rapidement une toute petite tente. Il n'y avait de la place que pour deux personnes à peine et il n'était pas question de s'y tenir debout, accroupi au mieux.
Le froid de la nuit les força à partager cet endroit exigu, dos contre dos.
Quand les premiers rayons du soleil illuminèrent leur petit abri, Lyrad pensa devoir réveiller la jeune femme, mais l'angoisse de sa situation, sans oublier le fait qu'elle devait faire confiance à un homme qu'elle connaissait à peine, avait privé Charlotte d'un sommeil profond et réparateur.
Ils quittèrent vite la petite tente, puis Lyrad lui offrit de l'eau et un peu de nourriture.
Après ce repas léger, Lyrad démonta leur abri et se prépara pour le voyage. Charlotte demanda si elle pouvait aider, mais après avoir dévisagé ses traits tirés, il refusa.
Son compagnon de voyage l'invita à monter avec lui sur le warex. Durant la journée, ils durent mettre pied à terre pour soulager leur monture, car ils devaient gravir une butte boisée, dont la pente était raide. L'exercice demanda beaucoup d'efforts à Charlotte, mais elle ne se plaignit pas. Elle voulait absolument mettre de la distance entre elle et le peuple Kross et surtout Sinn.
Les jours passèrent, la rapprochant lentement de l'Alchimiste et ami de Lyrad. D'ailleurs, le trajet se révéla être long et difficile, heureusement chaque fois que le duo devait rencontrer des difficultés physiques dues à l'environnement hostile, Lyrad lui demandait si elle était capable de les surmonter. Il l'encourageait durant l'épreuve et se montrait patient quand elle se sentait devenir un boulet pour lui.
Son attitude avenante, permit à Charlotte de se sentir en confiance et au fil des jours, ils se parlèrent mutuellement de leur monde respectif. Apprenant de l'autre, les deux compagnons se lièrent d'amitié tout naturellement.
Cinq jours après leur évasion, ils croisèrent la route d'une caravane de commerçants itinérants, Lyrad en profita pour faire l'acquisition de vivres supplémentaires, d'un manteau chaud pour Charlotte et d'un deuxième warex, qui allait servir de bête de somme et transporter tente et nourriture.
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