Vacations

Tu t'étais installée sur Séoul pour le mois de juin, un cadeau de tes parents qui souhaitaient simplement te faire plaisir après la dure année de classe préparatoire que tu venais de faire. Cette perspective t'avait ravie mais tu savais pertinemment que tu ne pouvais te permettre de procrastiner pendant toutes les vacances qui t'étaient accordées, alors tu avais prévu un programme de travail, léger, pour consolider tes acquis et collecter de nouvelles références. Malgré ce travail forcé, tu restais motivée car ton but étant de devenir professeur de français.
Cette motivation te permettait donc en parallèle de ta découverte de la ville de te tenir à ton « programme de révisions ». Tu avais ainsi été à la bibliothèque, dans les parcs, testant toujours de nouveaux endroits pour travailler.

Aujourd'hui, tu t'étais décidée pour un petit café français, un peu plus excentré. En y rentrant tu étais ravie de retrouver un petit peu de chez toi. Si la Corée te plaisait beaucoup, la France avait et aurait toujours un place particulière dans ton cœur. C'est donc en attendant ta crêpe que tu sirotais ton thé glacé, un bouquin de Rousseau en main. Ce dernier n'étais certainement pas ton favori mais il restait un incontournable. Quand ta crêpe arriva, tu remercias le serveur sans voir apparaître son sourire quand il te vit lire le français.

Quand tu finis par te lever pour partir, le jeune qui t'avais servi avait terminé son service et te regarda sortir, d'un air songeur avant de se lancer à ta poursuite. Tu ne t'en étais pas rendue compte, aussi tu sursautas en le voyant à tes côtés et en lâcha même ton livre. Gêné de t'avoir ainsi surprise, il s'excusa sans que tu puisses réellement le comprendre. Parce que oui, tu ne parlais pas un traitre mot de coréen. Lisant l'incompréhension complète sur ton visage, il prit l'initiative de s'adresser à toi dans un français hésitant :

«_Je suis désolé,
_Ce n'est pas grave, tu répondis avec un sourire.
_Vous parlez bien le français ? dit-il en te rendant ton livre.
_Oui, plutôt, enfin je crois, tu ris sans trop savoir ce que tu racontes, intimidée par le jeune homme en face de toi.»

Tu te rends compte que c'est à son tour de ne pas comprendre ce que tu racontes.

«_Je suis française, tu t'adressas à lui en anglais, cette fois.
_Oh je vois...»

Tu lui adressas un dernier sourire avant te partir mais encore il te retint.

«_Tu peux apprendre à moi le français ? il réessaie en français cette fois.
_Je ne suis pas professeur, tu réfléchis à voix haute, mais je peux essayer.»

De cette façon tu te retrouvas à échanger ton contact avec celui du grand blond face à toi. Minhyuk, il s'était présenté. Dans les semaines qui suivirent, tu le revis souvent tant pour vos cours de français que pour le plaisir. Tu t'entendais particulièrement bien avec le jeune homme. Tu avais même eu l'occasion de rencontrer certains de ses amis, qui étaient tout aussi sympathique.

Ce midi même, tu avais rendez-vous avec Minhyuk. Si vous aviez l'habitude de vous voir dans des endroits calmes, il t'avait invité dans un restaurant branché de Séoul cette fois-ci, te disant que c'était un incontournable. Tu avais protesté, en disant que tu n'avait pas besoin de ça mais il avait insisté et au final tu n'avais pas réellement eu le choix. Quand tu arrivas devant lieu du rendez-vous, il t'accueillit, un grand sourire aux lèvres.

«_Tu es magnifique, il te fit la remarque en te dévisageant dans ta petite robe fleurie.
_Merci, tu lui répondis en sentant le rouge te monter aux joues. »

Il déposa un bisou sur ta joue et tu sentis tes oreilles chauffer. Tu avais la manie de rougir à tort et à travers mais sa manière d'être tactile avec toi n'arrangerait pas vraiment les choses. Cependant tu en avais pris l'habitude alors tu n'en tins pas rigueur.

Le déjeuner se passa sans encombre et tu compris pourquoi le jeune homme avait décrit le restaurant comme un incontournable : la nourriture en valait le coût. Vous aviez décidé de prolonger votre déjeuner en après-midi shopping. Entre toi qui dépensait sans réellement regarder le prix des vêtements qui te plaisaient et Minhyuk qui était une vraie fashionista, vous aviez bien rit. Vous aviez fini par vous arrêter dans un parc pour déguster une glace. Avec le vent à l'extérieur, tu avais renoncé à dompter tes cheveux qui tombaient ça et là au niveau de tes yeux et de tes joues, tant pis les remettre à leur place n'aurait pas servi à grand chose. Après quelques instants, tu n'y fis plus attention et ce jusqu'à ce que la main de Minhyuk échoue sur ton visage, prenant le temps de replacer délicatement chacune des mèches rebelles. Quand il eut fini, il n'enleva pas sa main de ta joue pour autant, se contentant de te contempler comme pour graver cette instant dans sa mémoire. À ce moment précis, tu étais quasiment sûre d'être couleur écrevisse mais tu n'en fis rien bien trop perturbée par la proximité avec le jeune homme et la vitesse à laquelle il faisait battre ton cœur.

«_Je n'avais pas l'intention de te le dire sachant que tu pars la semaine prochaine mais étant donné la situation, autant que je me lance , il lâcha sans prévenir. Tu me plais, tu me plais vraiment.»

Tu soupiras. Le jeune homme aussi te plaisait mais tu savais que la situation n'étais pas idéal et tu ne voulais pas te lancer dans une histoire qui allait potentiellement vous faire du mal à tous les deux. Cependant tu ne voulais pas t'éloigner de lui, tant maintenant que dans le sens figuré du terme. Tu voyais qu'il attendait une réponse de ta part mais avec la guerre qui se faisait entre ton cœur et ta tête, tu ne savais pas quoi faire. Vous restèrent ainsi encore un moment avant que le blond ne finissent par se décider à s'éloigner de toi. Mais comme par réflexe, tu l'en empêcha. Content d'obtenir une réaction de ta part, il te rapprocha un peu plus de lui, posant son front sur le tien.

«_Est-ce que je peux t'embrasser ? il murmura.»

Tu hochas positivement la tête et il ne se fit pas prier pour lier la parole au geste. Ce baiser était tendre, mais suffisamment intense pour vous laisser pantelant quand il se termina.

«_Minhyuk... Je ne veux pas d'une relation à distance, tu finis par lui avouer.
_Alors profitons de la semaine qui nous reste, il prononça gentiment avant de sceller une seconde fois ses lèvres aux tiennes qui affichait un grand sourire.»