Chapitre 33

La guerre éclata entre les deux androïdes, s'échangeant des coups de poing et des coups de pied sous les regards éberlués de Tobias et Valérie, toujours lovés contre la poitrine du blond, lui flattant mécaniquement ses cheveux crépus.

- Pour des robots ménagers, ils se débrouillent bien, dit Valérie dans un murmure.

- C'est tout ce que t'as à dire ? s'offusqua Tobias. Il a failli te tuer ! Et puis... (Tobias écarquilla les yeux, venant tout juste de se souvenir de l'existence de son ami.) Oh, bon sang, Levis...

Occupés à éloigner Valérie de l'automate, ils tournaient le dos à Levis quand celui-ci avait reçu la claque qui l'avait propulsé contre une voiture. Mais maintenant, ils le voyaient bien : il était sonné, appuyé contre une portière qui s'était pliée à la forme de son corps. Un filet de sang coulait doucement de sa lèvre inférieure et sa tête était penchée par en avant. Il porta lentement une main à son front, essayant de se soutenir, puis leva les yeux pour croiser ceux, écarquillé, de Tobias.

Sans réfléchir, Tobias se précipita vers lui. Il avait besoin d'aide, qu'importe le danger du moment. Valérie le suivit sans protester, n'osant pas s'éloigner. Ils passèrent à côté des robots, occupés à se battre, sans leur prêter la moindre attention.

- Levis, s'écria Tobias alors que Valérie montait la garde, debout derrière lui. Hé, ça va ?

- J'ai l'air d'aller bien ? marmonna Levis, les yeux papillonnants, essayant tant bien que mal de focaliser son regard dans celui de Tobias. (Il glissa un doigt sur son menton, puis l'éloigna pour voir le sang.) Purée, j'ai mal...

- Faut qu'il aille à l'hôpital, dit Valérie. Appelle une ambulance.

- Elle pourra jamais se rendre jusqu'ici, ces deux-là ont bloqué le trafique, dit Tobias en dirigeant la main en direction de Korie qui, au même instant, envoya un magnifique uppercut à la figure de Jonas. Je crois plutôt qu'on va devoir le trainer !

- Vous en faites pas pour moi, ça va aller...

Levis essaya de se lever pour leur prouver qu'il se portait bien, mais ne réussit qu'à grimacer de douleur. Tobias secoua la tête en soufflant, puis l'attrapa par un bras et, avec l'aide de Valérie, le hissa sur ses pieds. Levis hurla sa souffrance par des jurons colorés. Malgré la situation, Tobias ne put s'empêcher de rire nerveusement.

- Il t'aura fallu tout ce temps pour te défaire de cette mauvaise habitude, et revoilà que tu blasphèmes comme un camionneur...

Tout en marmonnant de plus en plus faiblement des méchants mots, Tobias et Valérie l'entrainèrent entre les voitures arrêtées dans la rue. Des gens coincés à l'intérieur essayèrent de les interpeler, leur demander ce qui se passait exactement, mais ils continuèrent leur route. Au loin, la police arrivait, les sirènes colorant de bleus et de rouges le décor sur leurs chemins. Enfin sortie de la longue file d'automobiles bloquées dans le trafic, une autopatrouille freina devant eux trois. Les jambes de Levis fléchirent, mais Tobias et Valérie le rattrapèrent à temps.

Un policier débarqua du véhicule pour aller droit sur eux, pendant que d'autres sortaient également de leurs voitures pour se précipiter vers l'action.

- Hé, les jeunes... Je suis l'agent Perry. Vous allez bien ?

- J'ai l'air d'aller bien, sale...

Valérie plaqua une main contre la bouche de Levis, étouffant les jurons qu'il continuait de marmonner contre sa paume. Le policier leva les sourcils, mais ne répliqua rien.

- Il s'est pris un grand coup, dit Tobias avec un petit sourire désolé. Il est plus poli que ça, d'habitude.

- Qui lui as fait ça ? demanda l'homme, fier dans son uniforme. Un robot ?

Tobias tiqua. Qui irait supposer au hasard que ce serait un robot ? Ils sont programmés pour ne faire aucun mal aux humains. Sauf si, bien sûr...

- C'est vous qui étiez chargé d'arrêter Korie, dit-il dans un souffle.

- Et c'est vous qui le cachiez, répliqua l'agent. Lequel d'entre vous est Tobias Conner ?

- Me... moi ? croassa Tobias, étonné.

Le policier eut un rictus amusé, puis donna une petite tape sur son épaule, celle qui ne soutenait pas Levis.

- Tu te souviens au moins quand il a sauté de ta fenêtre ? Oui, on est reparti aussitôt pour le prendre en chasse, mais on n'est pas stupide, figure-toi. On sait que c'était la fenêtre de ta chambre.

Tobias grogna, frustré de s'être fait avoir si facilement. Mes parents vont me tuer si je récolte un casier judiciaire, bon Dieu... Levis, pas le moins du monde impressionné par la gravité de la situation, grogna à son tour comme un pirate, parodiant Tobias.

- Vous ne voyez pas que je saigne ? Amenez-moi à l'hôpital, ou donnez-moi au moins un band-aid !

- Oui, bien sûr... soupira le policier avec regret. Allez là-bas, des ambulances vont bientôt arriver. Ils vous soigneront sur place, mais surtout, ajouta-t-il en regardant Tobias dans les yeux, vous restez là. Je n'en ai pas fini, avec vous.

L'agent Perry indiqua un croisement au bout de la rue, puis s'éloigna pour rejoindre l'action. Tobias, un peu malgré lui, se retourna pour observer le policier s'en aller.

- Hé, monsieur... Je ne crois pas que ces robots craignent les balles. Je veux dire... le méchant. Parce que Korie, il est gentil, je veux dire... (Tobias expira, ennuyé d'être à ce point incapable de faire une phrase complète. Toute cette situation lui mettait les nerfs en boule.) Ne faites pas de mal à Korie, OK ? Il est une victime, dans cette histoire. Nous sommes tous des victimes, à différente échelle.

- Et elle commence où, cette échelle ?

Owen.

- Je sais pas, dit Tobias dans un souffle.

Le policier lui lança un dernier regard intrigué, puis, malgré l'avertissement de Tobias, sortit son pistolet et s'éloigna en direction de l'action.

- Pourquoi tu lui as dit ça ? demanda Valérie quand l'agent fût assez loin. Toute cette histoire, c'est la faute de Korie.

- Peut-être bien, dit piteusement Tobias. Mais... comment lui en vouloir ? Il a la même tête que mon meilleur ami. L'un des deux, précisa-t-il après le toussotement de Levis. Tout ça, c'est tellement... ironique...

Remontant Levis contre son épaule, Tobias traça sa route en direction du croisement, tel que l'avait indiqué le policier.

*

Owen était penché à la fenêtre de l'édifice, regardant un combat digne de real steel dans la rue en contrebas. Les deux robots, incapable l'un comme l'autre de ressentir de douleur physique, se cognaient dessus sans s'arrêter. Ils n'étaient bons qu'à abimer et déchirer leurs peaux de plastique sans jamais laisser la moindre égratignure sur la ferraillerie.

Owen en était conscient : tout ça n'était qu'une perte de temps. L'un ou l'autre allait finir par se lasser, et Jonas se trouvera d'autres victimes moins résistantes que Korie. Il faut que je fasse quelque chose...

- Alors ? Korie a gagné ? dit Emma en s'approchant vers la fenêtre. Je suis sûr qu'il a gagné.

Owen l'attrapa par les épaules pour l'empêcher d'avancer. La vue n'était pas trop belle : à force de recevoir des coups de poing dans la figure, sa peau s'était fissurée et, il fallait bien le dire, il n'était pas agréable à regarder. Il n'était pas certain qu'Emma soit prête à voir ça.

- Ça va aller, Emma, dit-il d'un ton qu'il espérait optimiste.

Emma fit la moue, peu convaincue. Le rictus joyeux d'Owen était clairement simulé, et elle voulait seulement voir ce qui se passait par la fenêtre. Mais Owen resserra sa poigne, l'empêchant de s'échapper.

- Ça va aller, répéta-t-il doucement. En fait, il faut juste que je bricole un peu...

Owen s'éloigna enfin. Il s'avança, mine de rien, jusqu'à Joseph qui tenait toujours le taser, le lui arracha des mains et se mit à le bidouiller avec l'aide de son tournevis.

Emma se désintéressa rapidement du spectacle, reconnaissant là un inventeur qui ne savait plus où donner de la tête. Elle lança un regard vers la fenêtre, se demandant si elle allait avoir le cran d'aller voir ce qui s'y passait exactement. Elle entendait les sirènes de polices et une voix autoritaire projetée par un hautparleur. Derrière, comme en fond sonore, quelqu'un hurlait tout un tas de juron. Emma sourit tristement, pensant à Levis. J'espère qu'ils vont bien...

*

Quand Emma eut enfin le courage de regarder par la fenêtre, elle ne fut pas préparée à ça. Certes, ça ressemblait bien à ce qu'elle s'était imaginé, avec les policiers, les ambulances et les deux androïdes encore en train de se battre sans que les gendarmes ne puissent rien faire pour les séparer. Mais ce qu'elle ne put supporter fut de voir Korie, sa peau artificielle ravagée par les poings de Jonas. Il ne lui restait plus que quelques morceaux de beige sur le visage, mais le dessous était parfaitement visible : un crâne de métal, les muscles remplacés par des ressorts de chaque côté de sa mâchoire, des globes semblant exorbités en l'absence de paupière. Ses cheveux, au-dessus de sa tête, tombaient par endroit, lui laissant des plaques chauves.

L'autre robot était plus ou moins dans le même état, mais Emma n'avait d'yeux que pour Korie. C'était une vision écoeurante et insupportable : pourtant, elle était incapable de regarder ailleurs. Ça avait toujours été une blague pour Korie de se croire à moitié androïde, vu ses facilités à apprendre du travail de son père, mais jamais elle n'aurait imaginé que cette simple blague puisse devenir aussi réelle.

Si elle avait en partie pardonné à Owen pour ce qu'il avait fait, avec tout le chagrin que la mort de son fils lui avait occasionné, la colère refaisait son chemin. Elle était dégoutée. Oui, elle avait eu de la difficulté à surmonter l'évènement, si tant est qu'elle l'ait surmonté, mais elle avait accepté le fait qu'elle ne le reverrait plus jamais.

Maintenant, par la faute d'Owen, elle devait recommencer son deuil de zéro. Et pire encore : l'image de son crâne métallique risquait de prendre le dessus sur celui, toujours rieur et - il fallait bien l'admettre - séduisant, du véritable Korie.

- Terminé ! s'écria Owen derrière elle.

À regret, Emma se détourna de la fenêtre pour reporter son attention sur l'inventeur et son invention. Souriant de fierté, il brandissait son nouveau joujou à bout de bras, qui ne ressemblait à rien de plus qu'à une boite de chrome avec trois petits bouts qui dépassaient d'un côté.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Joseph.

- Un taser... en mieux !

- Contre Jonas ? s'énerva Jordan. Vous avez déjà vu qu'il était insensible aux décharges électriques.

- Oui, mais celui-ci, dit-il en brandissant son cube, est trois fois plus puissant que la charge maximale du taser... si ce n'est quatre fois plus. Il y a assez de jus pour tuer un homme, là-dedans.

- Ce ne sera pas suffisant.

Owen lança un regard noir à Jordan. Il semblait se retenir de toutes forces contre l'envie de tester l'objet sur son ancien employé. Il souffla, essayant de faire redescendre la pression.

- C'est notre seule chance. Il faut que ce soit suffisant.

- Je vais le faire, moi !

Tout le monde se tourna vers Emma pour la dévisager. Elle resta bien droite et les yeux plissés, démontrant qu'elle était sérieuse.

- Hors de question, Emma. C'est dangereux ! s'écria Owen.

- Je veux le faire, répéta-t-elle. Il faut bien que je serve à quelque chose : que je me sente utile.

- Il m'est très utile que tu sois en sécurité.

Emma souffla du nez, exaspérée. Il ne veut pas comprendre, ce vieux cinglé. Elle inspira à nouveau, essayant de trouver de meilleurs mots pour exprimer ce qu'elle ressentait. Mais il n'y en avait pas : comment avouer ce qu'elle comptait faire en réalité ?

- Je m'en fiche complètement, de ma sécurité ! (Elle s'avança vers Owen à grande enjambée pour s'arrêter juste sous son nez. Elle leva la tête pour le regarder droit dans les yeux.) Avec tout le respect que je vous dois, monsieur Buchanan, vous me faites pitié. Et ce n'est certainement pas vous qui allez me dire ce que je dois faire !

Owen était à court de mots, choqué et bouche bée. Emma, il l'avait apprécié dès la première fois que Korie l'avait ramené à leur appartement : elle avait été d'une grande gentillesse, elle était toujours polie. Il savait qu'elle avait du caractère, mais elle ne l'avait jamais démontré ainsi.

Emma, elle, s'efforçait de rester sérieuse malgré l'envie de lui foutre un coup de pied. Au lieu de quoi, après cinq secondes pleines de tension à se fixer dans le blanc des yeux, elle attrapa le cube dans la main d'Owen et couru à toutes jambes vers la sortie, ses cheveux courts flottant derrière elle.

- Emma ! s'étrangla Owen.

Emma ne l'écoutait plus : elle fuyait. Owen essaya de la suivre, mais abandonna rapidement l'idée. Emma avait l'agilité et la vitesse d'une gazelle, alors qu'Owen était plutôt... un petit chien d'intérieur. Il n'avait aucune chance. En rageant, les larmes au bord des cils tant il avait peur, Owen revint auprès de Joseph, Jordan et Megan.

- Il faut la rattraper ! s'écria-t-il, en pleine panique. Elle ne sait pas ce qu'elle fait ! Elle va se faire tuer !

Megan comprit le message aux yeux de chien battu que lui renvoyait l'inventeur. Elle hocha la tête et s'élança hors de la pièce sans écouter Jordan qui essaya de l'en dissuader. Voyant sa femme poursuivre l'adolescente, il se précipita à son tour, mais Owen et Joseph l'en empêchèrent, l'attrapant chacun par un bras.

- Oh, toi, il n'est pas question que tu te sauves, dit Owen en le menaçant de l'index. Peut-être que tu regrettes, c'est très bien, mais ce n'est pas assez. Tu vas croupir en taule, je te le dis.

- Et vous deux aussi, répliqua Jordan avec un sourire de travers. J'ai peut-être volé ton IA, mais justement, c'est toi qui l'as créé.

Owen en oublia son sens de la répartie. Il le savait ; Jordan avait raison. Ou s'il pouvait éviter la prison par sa fortune, il perdra tout le reste, à commencer par son entreprise.

- Ce n'est pas le moment de se soucier de ça, dit Joseph, le seul qui pensait au moment présent alors que les deux autres se projetaient déjà dans le futur. Emma est en danger, je vous rappelle...

À cause de vous deux. Joseph se retint de justesse à terminer sa phrase ; Owen semblait assez accablé comme ça. S'il fallait en plus qu'Emma... Il faut l'aider. Mais on ne peut pas laisser Jordan s'enfuir. Comment être à deux endroits en même temps ?

Un fin d'esprit tel que lui, copropriétaire d'une des plus grandes entreprises d'Amérique, ne pouvait pas se casser la tête pour si peu. En un coup de poing bien placé, Joseph régla le problème ; un Jordan sonné et à semi-inconscient ne risquerait pas d'aller bien loin.

Owen haussa les sourcils, étonné de ce revirement de situation. Sans en faire plus de cas, Joseph lui agrippa l'épaule et le poussa vers la sortie.

- Vient, on a à faire ailleurs.

*

Emma sortit de l'immeuble à bout de souffle, mais déterminé. Elle s'appuya sur ses genoux pour prendre le temps de respirer, puis se redressa pour regarder devant elle. À tout juste cinq mètres, les androïdes se battaient encore, sans jamais s'arrêter. Plus aucune peau n'était visible sur leurs poings et leurs visages. S'il y avait bien un avantage, c'est qu'il était maintenant beaucoup plus facile de faire la différence entre son Korie et ce Korie.

Tout autour d'eux, des policiers s'efforçaient de prendre la situation en main. Certains avec un pistolet, d'autres un taser, mais aucun n'osait faire quelque chose, de peur peut-être de tirer sur celui qui tentait d'empêcher l'autre de tuer des gens. Sans visage, il était presque impossible de déterminer lequel était le gentil et lequel était le méchant. Tout ce qui était visible, c'était deux robots qui se frappaient dessus.

Emma prit une grande inspiration pour se donner le courage dont elle avait besoin, puis s'avança vers la bataille. Mais elle n'avait pas fait trois pas qu'un policier l'avait remarqué, l'attrapant par le bras au passage.

- Hé, c'est dangereux, ici ! Il faut évaluer la zone.

- Non, je peux aider ! Je sais ce qu'il faut faire...

- Alors, dites-moi ce que vous savez, et je le ferais.

Emma secoua la tête, le cœur pompant à toute vitesse. Elle voulait le faire elle-même, mais est-ce que ça en valait vraiment la peine ? Oui, dit la voix du courage et de la stupidité dans son esprit. Il faut que ce soit moi.

Le policier referma sa poigne sur son bras, essayant de l'entrainer ailleurs. Emma était désespérée, il ne lui restait plus qu'une option possible. Elle raffermit sa prise sur le gadget et, de l'autre main, n'envoya pas de gifle comme à son habitude, mais un vrai coup de poing sur le nez de l'agent, avec une telle force que le sang gicla sur sa figure et l'homme s'écroula au sol, les yeux écarquillés. Sans prendre le temps d'observer son œuvre, même si c'était quand même fascinant de voir son pif se transformer en tomate bien juteuse, Emma tourna les talons et, échappant aux autres policiers qui essayèrent de l'intercepter, elle se précipita vers la guerre de robot. Malgré leurs têtes métallique et pratiquement identique, Emma savait parfaitement qui était qui, grâce à leurs vêtements.

Les androïdes l'avaient vu venir de loin, mais Korie faisait diversion, continuant de le frapper. Jonas n'eut pas la possibilité d'esquiver le coup : Emma lui enfonça la nouvelle version du taser dans l'œil droit, les trois bouts pointus en premier. Presque aussitôt, le robot arrêta tout mouvement, comme en état de choc, puis des éclairs bleu pâle et blanc le traversèrent de la tête aux pieds, puis des pieds à la tête. Il s'effondra ensuite au sol, complètement inerte.

Korie cessa également de bouger, les deux poings toujours en l'air devant lui. Il examina un instant l'automate à ses pieds, fronça les sourcils - deux barres de métal s'abusaient en faisant tourner des roues dentelées - puis leva enfin ses yeux sans paupières vers Emma.

- Merci, Emma, dit-il, comme si elle l'avait simplement aidé à traverser la rue. Je n'y serais pas arrivé seul, je crois.

Emma esquissa un petit sourire timide, se sachant observée par les policiers. Elle se pencha pour reprendre le gadget, lentement, de peur de recevoir à son tour une décharge électrique, puis se redressa pour faire face à Korie. Ou ce qu'il en restait.

- Ne me remercie pas, dit-elle en secouant doucement la tête. Pardonne-moi, plutôt.

- Pourquoi devrais-je te pardonner ? s'étonna Korie. Tu n'as rien fait de mal.

- Pas encore.

Puis elle enfonça le cube dans l'œil de Korie, qui se figea d'incompréhension. Il leva la main pour retirer l'objet, mais il s'immobilisa à nouveau quand les éclairs apparurent autour de lui. Son œil valide se révulsa et il s'effondra au sol. Mort.

Comme il aurait dû l'être depuis ce jour de février 2049.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top