Chapitre 31
Les mots dansent devant mes yeux.
Sophie...
Noyés...
Dex...
Grotte...
Enquête...
Je n'arrive tout simplement pas à en comprendre le sens ; à moins que je ne le veuille pas.
Je tente de relire les phrases vides de sens. Et soudain, je comprends.
Les bruits m'arrivent comme étouffés. Je suis à des années lumière de chez moi.
Je regarde à nouveau le parchemin que je tiens encore dans ma main.
C'est impossible.
Je ne pleure pas. Ce que j'éprouve est indescriptible. Ma première émotion n'est pas de la tristesse, mais de l'incompréhension.
Pourquoi ?
Ça n'a pas de sens.
De tous les scénarios que j'ai établi, celui là est le plus insolite. Mais aussi le plus réel.
Une larme s'échoue sur le sol. Suivit d'une autre. Des flots salés dévalent mes joues. Mes yeux bleus se teintent de rouge.
Je réalise que ce n'est pas impossible. Pire, je réalise que c'est vrai.
Réel.
Sophie et Dex sont morts.
⨑⨑⨑
Floues. Les silhouettes qui me retiennent sont floues. Je ne comprends rien à ce qu'elles me disent, mais quelle importance ? Mes doigts commencent à trembler. Tout devient noir. Puis blanc. Et encore noir. Trop de questions s'entrechoquent dans ma tête pour que je puisse ne serait-ce qu'en formuler une. À part les deux qui reviennent inlassablement, en boucle : Comment ? Pourquoi ?
Pourquoi ? Comment ?
Sans savoir comment, je me retrouve assise sur mon lit, le regard dans le vide.
- "Astrale va passer" fait la voix de ma mère, loin, terriblement loin.
- "Tu devrais dormir" ajoute la voix de mon père.
J'entends un claquement de porte. Ou bien n'était-ce que du vent. Je ne sais plus, je ne l'ai jamais su et ça n'a aucune importance, aucune importance face à ce qui s'est passé.
Sophie et Dex sont morts.
Je me rends alors compte que je tiens encore le parchemin serré dans ma main. Mes articulations ont blanchis tant je le tiens fort. J'hésite à déplier la feuille à présent froissée. Toute la véritée m'éclaterait au visage. Et mon seul désir, en ce moment, est de la fuir. Même si je sais que je ne pourrai pas le faire indéfiniment. Alors, lentement, j'ouvre la main, et je lis jusqu'au bout, malgré la boule de plus en plus grosse qui se forme dans mon ventre. J'ai une horrible envie de vomir. Très peu d'informations sont expliquées sur la feuille. Ils se seraient noyés, bloqués dans une grotte à Havenfield. Une mort stupide, fait une petite voix dans ma tête, que je refoule aussitôt. Je n'ai pas le temps d'approfondir plus ma lecture que de faibles coups sont tapés à ma porte.
- "Oui ?"
La poigné s'abaisse pour laisser entrer Astrale, le teint pâle, les yeux rouges. Après réflexion, je dois avoir à peu près la même tête.
- "Alors ?" me demande-t-elle, la voix enrouée. "Qu'est-ce que tu en penses ?"
- "J-je ne sais pas. Ce n'est pas logique."
J'ai exprimé à voix haute ce que me hurle ma raison depuis que j'ai relu le papier. Quelque chose cloche, j'en suis sûre désormais.
- "Comment ça ?"
- "Je ne sais pas."
Un silence pesant s'installe dans la pièce, si lourd qu'on pourrait le croire fait de plomb. Ma meilleure amie vient finalement le briser :
- "La plantation a lieu demain. J'y vais, toute ma famille aussi."
Je hoche la tête en silence.
- "Et toi ?"
- "Je viendrai", je décide.
- "À demain alors..."
Aucune de nous deux ne sait quoi ajouter.
⨑⨑⨑
Je fixe longuement mon reflet dans le miroir. Cheveux ondulés mi-longs, emmêlés, peau bien plus pâle que d'habitude, cernes. J'ai enfilé une robe plus chic que mes tenues de tous les jours : une robe verte émeraude, à fines bretelles, au dessus du genou, attachée avec un corset plus clair. Exceptionnellement, je décide de me maquiller. Je me plante devant le miroir de la salle de bain, des fars et des gloss étalés devant moi. Je choisis une ombre à paupière bronze, que j'applique comme un eyeliner, et mets du mascara. Puis je passe un rapide coup de gloss transparent sur mes lèvres. Satisfaite de mon apparence, je retourne m'asseoir sur mon lit. Je laisse errer mon regard sur la vaste pièce, jusqu'à mon bureau. Là se trouve une feuille noircie au crayon. Une lettre pour mon cousin que j'ai écrit hier soir. Je lui demande s'il a quelque chose à voir avec la mort de Sophie, même si ce n'est pas crédible : elle s'est noyée.
Lorsque j'arrive à l'entrée du bois des errants, avec mes parents, je tombe sur une foule compacte d'elfe, tous habillés plus extravagamment que les autres. Très vite, je me retrouve noyée dans cette marée elfique.
- "Bonjour Lady Ashanna", salue un grand elfe blond à l'adresse de ma mère. "Lord Torgen" ajoute-t-il avec un bref salut de la tête pour mon père.
Voyant qu'ils désirent parler seul, je pars à la recherche d'Astrale. Je gravis une petite colline pour avoir une vue d'ensemble. Et ma gorge se noue à la vue de tous ces elfes venus uniquement pour Dex et Sophie.
Je me glisse dans la file, entre ma mère et un aristo inconnu. J'ai finalement renoncé à chercher ma meilleure amie, il y a bien trop de monde. La queue avance lentement, et tout au bout, droites, les yeux plus que rouges, se trouvent les familles des défunts. Trois têtes rousses, le visage tourné vers le sol : les triplets Dizznee, à coup sûr. J'ignore leurs noms, et en voyant les larmes pleurées par la fillette, j'en suis vraiment navrée. Ensuite se trouvent les parents de Dex : Juline et Kesler Dizznee. Je connais assez bien Kesler, puisque nous allons régulièrement acheter des élixirs chez Slurp & Burp, la vieille boutique qu'il tient. Par contre, je ne connais Juline que de nom.
Grady et Edaline, main dans la main, semblent prêts à se briser. Ils acceptent le regard dans le vide les condoléances. Lorsque mon tour arrive, je ne sais pas vraiment quoi leur dire. Heureusement, je dois d'abord passer par les Dizznee.
Je m'avance vers les triplets, mal à l'aise.
- "Je suis sincèrement désolée pour ce qui est arrivé..."
- "Ce n'est pas ta faute. Dex est mort et c'est dur. Horriblement dur. Pourtant je me permets d'espérer, car même si il n'est plus là pour être heureux, alors peut-être est-t-il heureux ailleurs ?"
Je dévisage la rouquine qui vient de parler. Elle doit avoir dix ans, pourtant ses mots m'ont profondément touchés.
- "Et si c'était ma faute ?", je souffle.
Elle fixe son regard pervenche dans le mien.
- "Alors tu dois terriblement t'en vouloir. Tellement que tu dois être brisée. Hors tu ne l'es pas."
Pourtant...
- "Comment tu t'appelles ?"
- "Bex."
- "Sois forte, Bex. Sois courageuse."
Je marmonne une petite phrase aux parents, et me retrouve devant les tuteurs de Sophie.
- "je suis désolée pour ce qui n'aurait jamais dû se produire. Pour ce qui n'aurait jamais dû arriver à Sophie."
Puis je m'éloigne, hantée par les sanglots d'Edaline.
Coucou^^
Ouais, c'est pas le chapitre le plus joyeux de tous les temps, m'enfin bon...
On vient de passer le cap des 200 abos, c'est ouf ! Merci !
Et désolée d'avoir mis si longtemps pour poster, mais j'ai eu pas mal de p'tit trucs... bref, je parts une semaine chez une amie, donc prochain chapitre pas avant le weekend prochain...
Et aussi, je fais un camp de deux semaines début juillet, donc pas de chapitre non plus... SORRY !
swanXlll, je l'ai posté t'as vu ? J'ai pas arrêté l'histoire !
Rgauxe, merci pour la correction !
FollementMoi, merci, tout simplement (keur)
Sophienette05, Marie19, Rgauxe, estitouille : Merci (vous comprendrez...)
Candésia
Ps : Tous ceux qui errent ne sont pas perdu...
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