(2) Chapitre 6

Dans mon rêve, je me perds dans l'immense planque des Invisibles. Les couloirs changent de forment autours de moi, des silhouettes encapuchonnées essaient de s'accrocher à mes vêtements, de m'attirer vers les gouffres profonds et obscurs qui apparaissent désormais de chaque côtés du corridor métallique. Un cris rauque s'échappe de ma poitrine, me brûlant la gorge, reflétant une telle panique que mon corps endormi se met à trembler, secoué de violent spasmes.

Je me réveille en sursaut, perdue dans l'obscurité de la chambre. Pendant un instant, je n'arrive plus à me souvenir de là où je me trouve, mais bien vite l'odeur de la poussière me fait revenir en mémoire tout ce qu'il s'est passé hier. Ainsi que la phrase de Ruy : "Demain, nous verrons de quoi vous êtes vraiment capable". Je ne sais pas ce qu'il a voulu dire par là. Un test ? Cela me parait plausible, mais je ne peux m'empêcher de me rappeler d'un détail. Je n'ai pas encore de talent. Je me raccroche à ce mot "encore" comme à une barque au milieu d'un océan de désespoir. J'ai besoin d'y croire, si je ne veux pas me perdre totalement, si je ne veux pas devenir une de ses âmes perdues dans les rues de Mystérium. Rejetées par le Conseil, rejetées par la noblesse... Les Sans-Talents.

C'est pourquoi je suis ici. C'est pourquoi je veux me battre. Et malgré tous les secrets qui hante ce lieu, j'y resterai jusqu'à pouvoir changer les choses.

C'est remplis de cette assurance que je me lève, m'habille, et réveille Astrale, roulée en boule dans sa couette. Les Invisibles ne nous ont pas montré de lieu où se doucher, ce qui pourrait très clairement poser des problèmes à l'avenir ; mais j'essaie de ne pas y penser. Pour l'instant, tout mon esprit est concentré sur le test, l'épreuve, qui nous attend certainement.

Nous avons l'interdiction de sortir de la chambre seules, aussi restons-nous bien sagement discuter le temps que l'on vienne nous chercher. Je ne sais plus trop si l'on est dans une planque ou dans une prison...

- Bien dormi ? me demande mon amie, apparemment en manque d'inspiration.

- Oui... je réponds, décidant de ne pas lui raconter mon rêve : inutile de la mettre mal à l'aise.

Elle s'apprête à ajouter quelque chose, mais la porte s'ouvre à la volée. Un manie chez les Invisibles.

- Venez, nous ordonne sèchement Ruy.

Je me lève pour le suivre, tandis que ma main gauche remonte le long de ma main pour triturer mon nexus, une sorte de tique nerveux. Mon cœur manque un battement lorsque je ne rencontre que ma peau, avant de me rappeler qu'il a été enlevé. Avec ma phobie des sauts lumineux, ne pas avoir de nexus représente pour moi le summum du stress. Encore une fois, j'essaie de ne pas y penser. Cette phrase risque bien de devenir ma préférée...

Bientôt, nous arrivons sur une sorte de balcon, donnant sur l'océan déchainé. Une fine bruine salé nous parvient, mais nos voix sont masquées par le fracas des vagues sur les parois de pierres. Pourquoi nous avoir emmené là ?

- Bien. Aujourd'hui, nous allons voir quel est votre potentiel, afin de vous entraîner le plus efficacement possible.

J'ai du mal à entendre ce que dit mon cousin, mais je capte tout de même la plus importante partie de sa phrase.

- Nous entraîner ?

- Tu t'attendais peut-être à pouvoir paresser toute la journée, Kora ?

- Je... Non, bien sûr que non ! Mais pourquoi s'entraîner ?

Il pousse un profond soupir d'exaspération.

- Tu comprendras bien le moment venu.

J'échange un regard septique avec Astrale. Ni elle, ni moi, n'aimons ça.

Nous patientons de longues minutes sous la pluie qui s'est désormais mise à tomber. Je n'ai strictement aucune idée de ce que nous attendons. À moins que le test ai déjà commencé... Ils veulent voir combien de temps nous pouvons tenir sous la pluie ?

- Au fait, Ruy, lancé-je à mon cousin. Avec ton super talent de psyniopathe, tu voudrais pas nous faire un petit abris ?

Sans répondre, il me toise d'un long regard, avant de faire apparaître un champ de force. Mais seulement au-dessus de sa propre tête. C'est beau l'entraide.

Je donne de grand coup contre la bulle transparente, mais elle ne bouge pas d'un millimètre. Il s'est nettement amélioré.

- Ce n'est pas à coup de poing que tu réussiras à détruire ce champs de force, déclare-t-il calmement.

 - Mais à coup d'ombre, oui !

Je bondis sur mes pieds, avant de me retourner vivement. L'elfe qui vient de parler est elle aussi drapée dans un manteau noir, mais de longue mèche s'échappe de sa capuche, et viennent tomber dans son dos. Ses mains, incroyablement pâle, n'arrêtent pas de bouger, comme si elle essayait d'attraper l'air.

- Ombre, souffle Ruy, où est Gethen ?

Je me fixe un instant. Vient-il réellement de nommer un des membres des Invisibles ?

- Il arrive. Mais il m'a dit de commencer sans lui.

Une douleur aiguë me creuse le ventre, que je m'empresse de masser. Il faut que je respire... Mais impossible ; Ma gorge est nouée. Je fais comme si de rien n'était, n'ayant guère envie de montrer le niveau de mon stress à toutes les personnes présentes.

L'Invisible apparemment nommée Ombre louche sur nos vêtements. Je porte un leggings noir, sous une tunique courte bleu claire, ainsi que des bottines. ce n'est pas la plus appropriée des tenues.

- Il faudra leurs faire des uniformes. Je suis surprise qu'elles n'en ai pas déjà.

- Elle s'en occupe ; je te rappelle que Astrale et Kora sont arrivées hier presque à l'improviste, si je peux me permettre de dire ça comme ça.

Ah. C'est ma seule réaction. Je reconnais d'ailleurs dans le "Elle" la femme habillée de blanc.

- Passons.» dit alors Ruy. Elles se débrouilleront avec ces tenues pour l'instant.

- La première partie portera sur vos capacités » déclare donc "Ombre", captant toute notre attention. « Nous verrons d'abord où vous êtes le plus à l'aise, ainsi que vos lacunes. Ensuite, nous passerons aux talents.

De nouveau, je sens l'inquiétude me tirailler, mais je la refouler au plus profond de mon esprit. Ombre nous emmène au centre du balcon, Sous la pluie encore plus puissante chaque secondes, puis recule.

- Savez-vous réguler votre température corporelle ? nous demande-t-elle.

J'acquiesce, soulagée de savoir la première épreuve si simple. Je me concentre donc sur la chaleur de mon corps, et m'enrobe dans cette sorte de bulle de confort. Je jette ensuite un coup d'œil à Astrale, qui semble elle aussi y arriver.

- Bien ! nous félicite l'Invisible. Voyons maintenant la télékinésie...

Les heures s'écoulent lentement - car ce sont bien des heures que nous passons sous la pluie - à pratiquer chaque capacité possible et imaginables. J'en ressort courbaturée et épuisée. Mon corps tout entier réclamant le sommeil, j'espère que les Invisibles nous autoriseront à aller nous reposer. Peine perdu. Ruy ne veux rien entendre à nos plaintes sourdes, déclarant que nous devons enchaîner sur les Talents. Je n'ose pas lui dire que je n'en ai pas ; de toute manière il est certainement déjà au courant.

Je suis donc mon cousin, Ombre et Gethen - qui a fini par nous rejoindre - jusqu'à dans une salle aux murs métalliques, totalement vide, à l'exception d'une chaise placée au centre de la petite pièce.

- Astrale », appelle mon cousin. « Vas t'asseoir là-bas.

Elle se dirige vers la chaise, où elle s'assit lentement. Je remarque au fond de ses prunelles une certaine crainte ; elle a toujours été moins douée que moi pour tout ce qui est du domaine des capacitées, et cette différence de niveau s'est fait sentir, tout à l'heure. Mais je sais qu'elle contrôle parfaitement son invocation, même si elle avait d'abord été effrayé de débloquer son talent si tôt. Mieux vaut tôt que tard, selon moi. Je reporte alors mon attention sur ma meilleure amie, plutôt que de me perdre à nouveau dans mes pensées.

- Ton talent ? demande Ombre innocemment.

Elle ne trompe personne avec son air faussement interrogateur. Je suis sûre qu'elle le connaît déjà, mais ne veux pas dévoiler tout ce qu'ils savent sur nous. Le genre de choses qui m'exaspèrent...

- Invocatrice » répond-t-elle tout de même, la voix légèrement tremblante.

Je sens quelqu'un m'empoigner le bras et me tirer en arrière. Je pousse un petit cris aiguë, avant de me retrouver face à Ruy.

- Toi, tu vas dans l'autre salle avec moi pour te tester.

Je suis entraînée dans le couloir avant d'avoir pu protester. Nous entrons dans la pièce en face de celle dans laquelle nous nous trouvions un instant plus tôt, et je trouve enfin le courage de parler.

- Je n'ai pas de talent, Ruy.



(1435 mots)

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À vendredi pour la suite ^^ (ou entre vendredi, samedi et dimanche.)

Bizou <3

CandesiaLight

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