❅⊱ ······ 4 ······ ⊰❅

Hello, hello, quatrième chapitre en même pas une semaine, ça prouve bien à quel point je suis motivée. J'espère qu'il va vous plaire, bonne lecture.

............................

La tête encore un peu dans les étoiles, je l'observais continuer ses emplettes, dos à moi, bien que de son coté, il ne semblait pas avoir conscience de l'effet que cela avait produit sur moi.

- Poulet crudité. Finissais-je par formuler en me décalant afin de mieux l'admirer.

Ses orbes parcouraient le rayon, avant de le trouver et le placer avec les autres articles sélectionnés, alors que son attention se portait déjà sur les sucreries.

J'avais du mal à comprendre comment il pouvait agir comme si de rien n'était, comme si la nourriture était ce qui comptait le plus.

- Tu...Tu veux un dessert ? Questionna-t-il en trifouillant avec ses mains les étals.

- Ça ira merci.

Timidement, il hocha la tête en ajoutant son nouveau butin dans son panier, avant de filer en caisse, visiblement embarrassé de se montrer aussi gourmand devant moi, me laissant en plan avec mes réflexions.

Après quoi, son sac en main, nous avions fait le chemin retour, jusqu'à repérer la salle du carrousel à valise, ou on distinguait déjà quelques passagers. À l'inverse de tout à l'heure, ma démarche était détendue car je savais qu'on avait encore du temps devant nous, lui permettant de marcher à son rythme. Cependant, du coin de l'œil, je constatais que l'enthousiasme dont il avait fait preuve pendant notre virée shopping s'était envolé, alors que sa tête était baissée, suivant du regard la pointe de ses pieds.

J'imagine que maintenant qu'il n'était plus concentré sur la bouffe, il prenait réellement connaissance de la situation qui fallait l'avouer était peu commode, surtout à cause des nombreuses similitudes avec nos comportements d'autrefois, ou d'un point de vue extérieur, on aurait pu nous confondre avec un couple.

Ce fut finalement après une dizaine de minutes que nous avions réceptionnées tous les deux nos bagages, ou sur l'instant, j'avais hésité à l'aider afin de récupérer la sienne, mais m'était ravisé car après tout, nous n'étions que des ex et cela aurait rendu l'atmosphère encore plus bizarre. Enfin je crois.

À vrai dire, je ne savais plus exactement quoi faire, ni comment me comporter, lucide d'avoir déjà dépassé les limites depuis bien longtemps, notamment en lui proposant de partager une chambre ensemble.

Ce pourquoi, sans échanger un seul mot, nous avions démarré notre périple jusqu'aux arrêts de bus éphémères installées pour l'occasion à l'extérieur, tirant derrière nous nos valises qui pesaient chacune leur poids, avant d'enfin franchir la porte principale.

Instantanément, je fus frappé par le froid ambiant, m'obligeant à m'engouffrer correctement dans ma doudoune qui était heureusement la plus chaude de ma garde de robe, ne donnant pas cher de ma peau si j'en avais retenu une autre.

Toutefois, en zieutant autour de moi, j'oubliais bien vite la température car devant nous s'étendait un manteau blanc, habillant magnifiquement le paysage montagneux, ou seul une allée y était dessinée, celle dégagée par les secours afin de permettre le convoi des navettes.

Soudain, un bruit me sortit de ma contemplation, provoquant une rotation de ma tête jusqu'à tomber sur Taehyung, son téléphone en main en train d'immortaliser le spectacle de la nature.

Malgré la beauté hivernale qui nous encerclait, j'étais forcé de reconnaître que son air concentré et son petit sourire émerveillé me captivèrent d'autant plus, me venant à me demander s'il avait toujours été aussi splendide à l'époque, ou était-ce tout simplement mes souvenirs qui me faisaient défaut.

Ses traits transperçaient l'innocence, la pureté, alors que ses orbes brillants parcouraient à une vitesse déconcertante l'étendu de neige, jusqu'à rejoindre les miens pour s'y ancrer fermement, nous immobilisant sur place exactement comme ce matin, quand l'on s'était croisé pour la première fois à l'aéroport.

Et c'est là que je compris, tel une illumination.

À part lui, jamais personne ne me faisait perdre le contrôle sur mes pupilles, mes pensées...jamais personne ne m'avait autant hypnotisé, captivé... jamais personne n'avait eu cette emprise sur moi...jamais à part lui, car il était justement tout simplement lui, lui et son visage parfait.

Cependant, comme un peu plutôt, notre échange silencieux fut interrompu lorsque l'agent de sécurité appela la série de numéro à laquelle nous appartenions, nous obligeant à détourner notre regard pour charger rapidement nos valises dans le coffre et s'installer dans le bus, côte à côte.

Après quoi, la route se mit à défiler sous mes yeux, la tête encore pleine d'interrogations, de doutes, d'incertitude. Plus on s'éloignait, plus je commençais sérieusement à regretter ma proposition, réalisant que je m'étais moi-même tiré une balle dans le pied.

Non mais quelle idée de partager une chambre avec lui, déjà d'une, parce que c'était mon ex, et de deux, parce que j'étais sûr que demain lorsqu'on se quitterait, j'allais avoir mal, je le sentais déjà venir gros comme une maison. Alors certes, peut-être pas autant que lors de notre rupture, enfin si on pouvait appeler ça une rupture, mais en tout cas, je savais déjà pertinemment que ce moment allait laisser des traces et qu'il me faudrait sûrement plusieurs jours, voire des semaines pour refermer le tiroir qui c'était de nouveau ouvert.

- Euh...on est arrivé.

Sa tendre voix me tira de mes songes, constatant que le véhicule était déjà garé dedans un bâtiment et à moitié vide.

- Désolé. Répondis-je avant de me lever brusquement afin ne pas faire attendre plus longtemps le chauffeur.

Aussi dit, aussi fait, nous franchissions le hall d'entrée de l'hôtel nos bagages en mains, examinant les lieux qui n'étaient clairement pas ceux d'un haut standing, mais c'était toujours mieux qu'un lit de camps dans une salle remplie d'étrangers.

Patiemment, nous recevions chacun notre tour nos clefs magnétiques, avant que l'on ne nous indiquât la direction à suivre et que nous nous aventurions dans les couloirs.

À chaque pas sur le sol, je sentais ma poitrine cogner, alors que Taehyung resta à l'arrière, la tête inclinée parterre, faisant rouler avec difficulté sa valise sur la moquette escamotée.

On y était, on était devant la fameuse chambre, nous arrêtant devant la porte que j'analysais quelques secondes, éprouvant une montée de stress, avant de finalement la déverrouiller et l'ouvrir.

Immédiatement, mes prunelles se mirent à la sonder, à détailler chaque recoin, rassuré car elle me paraissait bien entretenue, ou pourtant un élément me fit déglutir, je vous le donne en mille, le lit, et pas n'importe lequel, un lit double en plein milieu de la pièce.

En même temps, pas étonnant vu qu'on était censé être en couple, il fallait si attendre, cependant cela rendait la chose encore plus périlleuse, encore plus solennelle.

Avec hésitation, la boule au ventre, je pénétrais à l'intérieur et déposa mon bagage sur le côté droit sans le consulter, comme si c'était évidant. Les habitudes étaient tenaces parce que ça avait toujours été ma place lorsque l'on dormait ensemble, prenant conscience une fois de plus du merdier dans lequel je m'étais embraqué, on ne sait pour quelle raison, si ce n'est sa bouille apeurée à l'aéroport.

Respire un coup ça va aller, vous allez juste dormir côte à côte, il n'y a pas à se mettre dans cet état.

J'inspirais fortement, avant de me retourner lentement, remarquant qu'il n'avait pas bougé en se tenant encore dans l'encadrement de la porte, triturant avec la pointe de ses pieds le sol, comme s'il attendait une autorisation pour rentrer, alors que je l'observais sans savoir quoi dire.

- T-tu es sûr que ça ne te dérange pas de partager une chambre avec moi...enfin je veux dire... tu ne vas pas avoir d'ennuis ? Murmura-t-il timidement.

Sur le coup, j'avais envie de rebrousser chemin et lui laisser la chambre pour finalement dormir dans la salle d'accueil à l'aéroport, ce qui n'était pas une si mauvaise option. Toutefois, je n'y arrivais pas, j'avais peur de le blesser en agissant ainsi, j'avais peur de lui faire de la peine de nouveau, surtout qu'à la base c'était mon idée.

- Non, je suis célibataire si tu veux tout savoir.

Son visage se releva dans un mouvement vif avant de me fixer avec un regard indéchiffrable.

- Et toi ? Enchaînais-je, cherchant à éviter cette situation.

- Moi aussi.

Mes cellules subirent l'équivalent d'une secousse sismique, ce qui en soit était ridicule car il pouvait bien faire ce qu'il voulait de sa vie. Il pouvait fréquenter qui bon lui semble, nous deux s'était de l'histoire ancienne, et non deux ex qui étaient en week-end de reconquête après un break.

Néanmoins, malgré ma lucidité, je ne pus m'empêcher d'être content de l'apprendre, de savoir qu'il ne m'avait pas remplacé, ou du moins qu'il ne fut pas en couple actuellement.

Fichu égo, enfin je l'espérais.

À tâtons, il s'avança prudemment entre les quatre murs, plaçant sa valise du côté gauche du lit, alors que je ne le quittais pas des yeux, accompagné d'un silence pesant, ou visiblement aucun de nous deux ne savait comment agir. La tournure des événements était assez inattendue et je me voyais mal taper la discute avec lui comme des amis qui se retrouvaient après de longues années.

D'ailleurs, je pense que si l'on m'avait prévenu à l'avance, j'aurais réagi de la même façon, car personne n'était suffisamment préparé pour ce genre de scénario.

Délicatement, il s'assit sur son bord du lit, toujours aussi troublé, dos à moi, comme s'il craignait de me déranger, puis disposa sur ses cuisses le petit sac contenant les aliments qu'on avait sélectionné un peu plus tôt, alors que son corps se recroquevilla sur lui-même et que ses doigts commencèrent à jouer nerveusement avec la manche en papier, tentant d'être le plus discret possible.

- Tu as faim ?

Je n'avais pas trouvé mieux afin de combler ce silence qui devenait beaucoup trop lourd à supporter, le faisant sursauter malgré moi au son de ma voix, alors qu'il se replia un peu plus sur lui sans me répondre, doutant de ma diversion.

- Un peu. Finit-il par murmurer.

Ok, ce n'était clairement pas une conversation de fou, bien qu'en réalité ce n'était même pas une vraie conversation, mais disons que c'était déjà un point de départ.

- Moi aussi. Ça te dit qu'on mange ?

- Oui.

Ni une, ni deux, il se releva pour s'installer sur l'une des chaises, avant de placer le sachet sur la table, alors que j'entrepris de le rejoindre afin de m'asseoir en face de lui.

- Tient. Me dit-il en me servant mon sandwich.

- Merci. Répliquais-je en essayant un sourire gauche.

À son tour, il me retourna un sourire lui aussi crispé, alors que ses orbes se mirent à fixer le mur.

- De rien.

Ses mains plongèrent dans la poche pour y récupérer les deux bouteilles d'eau, ainsi que son sandwich qu'il déballa méticuleusement.

Son enthousiasme face à la nourriture refit surface, même s'il n'avait pas un gros appétit, ce qui d'ailleurs n'était pas pour me déplaire car à l'inverse, j'étais un vrai estomac sur patte et je me faisais toujours un plaisir de manger ses restes. Nous avions même instauré un petit rituel lorsque nous étions à la fac, celui de découvrir un nouveau restaurant chaque samedi.

Ainsi, en distinguant les étoiles dans ses yeux que j'avais déjà distingué lors des courses, ainsi que ses phalanges maladroites qui transmettaient toute son impatience, j'eus la confirmation qu'il aimait toujours autant manger, tout comme moi.

- Tu veux de l'eau ? Me questionna-t-il.

- Oui, merci.

Je saisis le contenant qu'il me tendait, alors que le silence se réitéra, ou seuls les bruits de nos mastications étaient audibles, faisant naître chez moi le désir d'entendre encore le son de sa voix, au fur et à mesure que les minutes défilaient.

- On a bien fait d'acheter à manger.

- Oui.

En effet, l'hôtel n'avait pas eu le temps de prévoir la quantité nécessaire de provision à cause de la neige qui bloquait les livraisons, et tant mieux je vous dirais, je trouvais ça plus plaisant d'être tranquille ici avec lui, plutôt qu'au beau milieu d'un restaurant bondé de personne, alors que nous étions mués comme des carpes, j'imagine même pas l'angoisse.

- Quand je pense que ça faisait deux ans que je n'étais pas allé en vacances pour les fêtes, il a fallu qu'il neige. Râlais-je inconsciemment.

Ses pupilles délaissèrent enfin son morceau de pain pour s'immobiliser sur moi, une expression mi-blasé mi-souriante sur le visage.

- Et moi, je devais prendre l'avion la semaine dernière, mais j'avais finalement décalé pour le mariage d'une collègue que je n'apprécie même pas.

Je ne pus retenir un rire franc, rejoignit par un pouffement de sa part.

- On a tous les deux étaient victimes du karma. M'exclamais-je.

- J'aurais dû écouter mon instinct et pas y aller.

On continua sur notre lancée, rigolant de bon cœur du fait du comique de la situation, ce qui mine de rien me fit du bien et à lui aussi je pense. Au fond, on en avait bien besoin, relâchant ainsi la pression des derniers événements, car il ne fallait pas l'oublier, nous aurions pu y rester aujourd'hui dans cet avion.

Ce fut finalement après de longues minutes, perdant au passage quelques larmes d'hilarité, que nous nous calmions pour reprendre notre dégustation.

- Tu penses que demain ça sera dégagé ? Me demanda-t-il.

- Je ne sais pas, mais au vu de la météo ça n'a pas l'air de se calmer avant jeudi.

Il soupira et je ne pouvais pas lui en vouloir car c'était compréhensible, qui voudrait être coincé avec son ex dans de telles conditions. S'il portait le nom d'ex ce n'était pas anodin, c'était bien parce qu'il appartenait au passé, ne désirant pas le recroiser dans son présent. Bien évidement c'était évident, alors pourquoi mon sourire se fana à sa réaction.

- Du coup tu travailles dans quoi ?

J'avais parlé sans réfléchir, comme un besoin de me changer les idées, mais le regrettais immédiatement.

- Enfin...Tu n'es pas obligé de répondre, désolé. Me rattrapais-je en me grattant l'arrière de la nuque.

- Je suis professeur de maternelle.

Cette information avait été prononcé sans ciller, me redonnant le sourire car depuis notre rencontre, il n'avait jamais cessé de le revendiquer comme son vœu ultime, satisfait d'apprendre que malgré tout, il y était arrivé. D'ailleurs, en remarquant l'étincelle virevolter dans ses prunelles, j'en déduisis qu'il en était fier, fière d'être allé jusqu'au bout.

- Tu as réalisé ton rêve.

À mon intervention, ses paupières s'écarquillèrent, visiblement surpris que je m'en souvienne, souriant d'autant plus.

- Oui, ça fait maintenant quatre ans et je ne m'en lasse pas. C'est le plus beau métier du monde.

Il y avait tellement d'émotions dans son timbre qu'il me toucha en plein cœur et je ne pus qu'être encore plus heureux pour lui, sincèrement heureux, sans aucune mauvaise pensée.

- Et toi ? Reprit-il en se rendant compte qu'il s'était un peu trop laisser aller dans la confidence.

- Je suis professeur de danse contemporaine.

Lui avouer ma réussite n'eut pas l'effet escompté sur moi, car je sentis ma poitrine se contracter, gorgeant mon âme de déception. Même si j'y étais arrivé, au plus profond de moi je savais que mon rêvé rimé avec regret, les regrets de ne pas avoir pu le partager avec lui. En outre, que ce soit pour le jour de ma remise de diplôme ou la signature de mon contrat, j'avais inconsciemment pensé à lui, désirant secrètement sa présence à mes côtés, ce qui malheureusement n'avait pas été le cas, étouffant ainsi cette envie.

En apercevant un voile de tristesse traverser ses orbes, essayant tant bien que mal de me le cacher en descendant sa tête, j'en déduisis que je n'avais finalement peut-être pas été le seul à avoir une réussite incomplète.

- On a tous les deux atteints nos rêves individuels. Souffla-t-il.

Et de nouveau, une drôle d'atmosphère s'installa dans la pièce, cassant la bonne humeur qui venait de s'instaurer, pour quelque chose de beaucoup plus mélancolie, de beaucoup plus poignant.

En effet, le choix du terme ''individuel'' n'était pas inoffensif et était même lourd de sens.

Certes, nous avions chacun réussit nos rêves personnels, mais à contrario, il y en avait un autre que nous avions chéri ensemble pendant toute notre relation, un rêve commun qui avait pour sa part volée en éclat il y a de cela huit ans, celui de s'aimer et de vivre l'un avec l'autre jusqu'à la fin de votre vie...

............................................

On finit ce chapitre sur une mauvaise note, j'espère que vous ne m'en voulez pas trop et que cette ff vous plaît toujours.

De mon côté, ça fait un bien fou de vous retrouver, notamment de lire vos commentaires pour lesquels je vous remercie. Enfin voilà, la suite ne devrait pas trop tarder, d'ailleurs vous préférez des publication un jour particulier ou ça vous est égale ?

Je vous aime, bisous.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top