❅⊱ ······ 1 ······ ⊰❅

On y était enfin, c'était mon premier jour de vacances, et pas n'importent lesquels, mes premières longues vacances que j'avais attendu avec impatience depuis deux ans, et qui plus est, celles de fin d'année.

Pour vous resituer le contexte, moi Jeon Jungkook, j'avais intégré un poste de professeurs de danse après mon master en art appliqué, et bien entendu, comme j'étais le petit nouveau, les périodes de fêtes étaient réservées aux anciens, m'obligeant à prendre des jours de congés ici ou là aux dates dont personne ne voulait. Mais finalement aujourd'hui, après deux ans de bons et loyaux services, j'avais enfin décroché le graal, ces jours tant espérés.

On était donc le vingt-neuf décembre et j'avais mon avion de prévu à dix heures pour rejoindre ma petite ville natale, Midway proche de Portland, qui se situait à l'autre bout du pays, afin de profiter des fêtes avec ma famille que je n'avais pas vu depuis ce laps de temps.

Au début, la distance était difficile à gérer, mais c'était un sacrifice nécessaire auquel j'étais maintenant habitué, car j'avais quitté la maison de mes parents après mon bac afin de réaliser mon rêve, me permettant d'en être là où j'en suis actuellement, professeur dans la très grande et renommée université de Broadway.

Enfin bref, ma valise était bouclée depuis la veille, j'avais déjà mangé mon petit déjeuner et fais un petit tour de mon appart, histoire de vérifier que tout était ok, avant de descendre la poubelle, mon bagage en main, direction le métro, arrivant un bon quart d'heure plus tard devant la porte coulissante de l'aéroport.

J'avais passé ma soirée à suivre la météo car la neige avait commencé à tomber hier et je craignais que cela n'influe sur le vol, mais heureusement, cela c'était calmé et j'avais bon espoir en me dirigeant à l'enregistrement ou une longue file se dressait déjà.

Une fois ma carte d'embarquement en main, je me mis tranquillement en quête de la salle d'attente et ce même s'il me restait une bonne heure avant l'entrée des premiers passagers dans l'avion. Je préférais être en avance afin d'être sûr de ne pas le louper car je les avais trop espéré pour que quelque chose ne les perturbe.

Sur mon chemin, je m'étais quand même accordé une petite escale aux nombreuses boutiques afin de profiter des prix attractifs et ainsi acheter les cadeaux de dernières minutes, avant d'aller grignoter un petit snack car je ne savais pas à quelle heure le repas serait servi pendant le vol.

En regardant ma montre, je constatais qu'il me restait une demi-heure, ce pourquoi je m'approchais finalement de la porte d'embarquement pour m'installer sur l'une des places dans un coin.

Beaucoup de gens étaient déjà présents, notamment des familles et leurs enfants, et fort heureusement pour moi, j'avais eu la bonne idée de réserver un siège sur l'une des rangées du milieu de l'avion, car je n'aurais pas pu supporter un bébé qui pleurait, généralement situé en début de fil pour les berceaux.

Pressé, malgré mon téléphone avec lequel je tentais de me distraire, j'avais un peu de mal à rester en place, laissant mes orbes balayaient la salle ici ou là sans y porter réellement attention, avant que mon regard ne soit comme aimanté par quelqu'un assit quatre allées plus loin, fronçant mes sourcils.

Au premier abord, il me paraissait connu, sans pour autant en être certain, pensant que la fatigue me jouait sûrement des tours, m'obligeant à frotter vigoureusement mes paupières pour en avoir le cœur net. Néanmoins, une fois ma vue éclaircie, je regrettais instantanément mon geste car il n'y avait plus aucun doute, c'était bien lui, malheureusement...

De son côté, il ne semblait pas avoir connaissance de ma présence car ses prunelles étaient rivées sur son mobile, une petite expression anxieuse pendue aux lèvres, serrant fortement son sac bandoulière dans ses bras, alors que je l'observais totalement confus, comme si je venais de rencontrer un fantôme.

Soudainement, son visage se releva et mon seul réflexe fut de me décaler afin de retrouver ma position initiale, sortant de son champ de vision, alors que mon organe vital se mit à battre fort, plus vite, comme s'il cherchait à quitter ma poitrine, créant de désagréables picotements dans tous mes muscles.

J'avais encore du mal à saisir ce qui se déroulait, ce n'était tout bonnement pas possible, pas maintenant, pas après toutes ces années.

Tourmenté, légèrement calmé, je retentais un nouveau coup d'œil dans sa direction, forcé de constater que c'était lui, malgré mon souhait du contraire. Bien qu'il eût grandi, que ses cheveux furent plus longs et pas de la même couleur, c'était bel et bien lui, j'aurais pu le reconnaître les yeux fermés, car les traits de son visage eux n'avaient pas changés, toujours aussi doux, aussi fins, lui procurant le même air enfantin de l'époque.

J'avais l'impression d'être enfermé dans un état de transe, sans aucun pouvoir sur moi-même, éternisant ma contemplation, jusqu'au moment fatidique ou sa tête se redressa lentement, alors que ses cils papillonnés délicatement, comprenant que j'avais mis trop de temps, beaucoup trop à le détailler.

À l'instant où son regard intercepta le mien, ses orbes s'écarquillèrent et sa bouche s'entrouvrit, le surprenant à son tour comme moi un peu plus tôt, ne confirmant une fois pour toute que c'était bien lui qui se tenait devant moi, soit huit ans après notre rupture, mon ex Kim Taehyung.

C'était étrange comme ses pupilles si familières avant m'étaient maintenant étrangères. Elles me fixaient, se perdaient dans les miennes, mais leurs expressions ne transmettaient plus la même émotion qu'autrefois. Actuellement, c'était plus un mélange de colère, de haine, de tristesse, de mélancolie, et surtout de douleur.

J'avais toujours juré de prendre soin de lui, de ne jamais l'abandonner quoiqu'il arriverait, et pourtant, cela ne m'avait pas empêché de partir ce soir-là, lui tournant le dos à tout jamais, expliquant son ressenti que je trouvais légitime.

Certes, pour ma part, après toutes ces années, j'avais finalement réussi à passer outre, à mettre mes sentiments de côté, cependant, maintenant que je le croisais et qu'il me fixait de la sorte, j'étais incapable de définir clairement ce que je ressentais, ce qui se jouait au fond de moi. Peut-être bien un peu de honte, de culpabilité, mais aussi une certaine amertume envers lui, envers moi, envers la vie.

Taehyung et moi s'étions rencontré lors de la rentrée de première, il venait d'emménager dans le quartier et n'avait pas d'amis. Les relations humaines n'étaient pas son fort du fait de sa timidité et bizarrement, c'était ce qui me captivait chez lui, tel un bouton de rose fragile, délicat, mais tout autant intouchable à cause de ses épines qu'étaient son énorme carapace.

Au début, je l'admirais de loin, alors qu'il était toujours isolé, renfermé sur lui-même, comme s'il ne voulait pas être vu, l'angoisse au visage.

L'envie d'aller à lui ne manquait pas, mais ne faisant pas partie des populaires, ni les extravertis, je n'avais pas l'habitude d'aborder des gens en dehors de mon cercle d'ami, n'ayant aucune idée du comment il réagirait.

Et puis un jour, incité par ma petite bande qui avait remarqué ma limite obsession pour lui, je lui avais offert un petit sourire qui je vous l'admets fut un peu maladroit, et eut d'ailleurs l'effet de le faire paniquer, avant de fuir.

Ça pouvait paraître stupide, mais j'avais trouvé sa réaction adorable, notamment ses belles joues rougies, me poussant à continuer jusqu'à avoir le courage d'aller lui parler.

Au départ c'était juste des simples ''bonjour'', puis des ''ça va'', auxquels il répondait avec des petits murmures, les pommettes en feu, avant de détourner la tête en triturant ses doigts, alors que moi je l'admirais avec un sourire que mes amis qualifiaient de niais.

À vrai dire, je m'en foutais royalement de leurs moqueries car je ne pouvais pas m'empêcher d'aller vers lui, avant de réaliser progressivement que je craquais pour la première fois de ma vie sur quelqu'un, qui plus est un garçon, comprenant ainsi grâce à lui que j'étais finalement gay.

Après ça, j'avais commencé à m'asseoir à côté de lui et doucement, on apprit à faire connaissance, puis à traîner ensemble jusqu'à partager tous nos repas les midis, et le raccompagner à son arrêt de bus le soir, devenant inséparables, alors que je tombais un peu plus chaque jour pour lui.

Ce fut six mois plus tard que j'eus enfin le cran de me déclarer lors d'un voyage scolaire à la montagne.

Nos amis étaient à l'intérieur du chalet et les surveillants dans le leur, profitant de l'occasion pour le convier à un tête-à-tête en haut d'une colline pour observer les étoiles, même si mes prunelles ne contemplaient que lui.

On était blotti l'un contre l'autre dans nos grosses doudounes avec chacun un thermos de chocolat chaud à la main. Le ciel était dégagé, le lieu désert, enveloppés par le calme de la nuit, ne procurant les conditions propices à un rapprochement. Ainsi, malgré mes mains moites, la transpiration qui perlait sur mon front, les battements irréguliers de mon cœur, j'avais eu la force de poser ma main sur sa joue, attirant ses orbes brillants sur moi, avant de lui avouer mes sentiments, là, à l'abri des regards, rien que tous les deux.

Sur le coup, il n'avait pas répondu, ses pupilles s'étaient écarquillées et son faciès avait viré au rouge, alors que j'étais suspendu à ses lèvres, jusqu'à ce qu'il prononçât un ''moi aussi''.

Évidemment, je n'avais pas pu contenir mon immense sourire, avant de le serrer fort contre moi dans le but de calmer l'agitation de mon corps et ainsi redescendre la pression, alors qu'il m'enlaça avec la même intensité, me permettant de ressentir les martellements dans sa cage thoracique.

Puis finalement, après de longues minutes, on s'était éloigné pour se plonger dans les yeux de l'autre, débutant un rapprochement timide de nos demi-lunes rosées, nous offrant ainsi notre tout premier baiser.

Malgré toutes ces années, je me souvenais encore de la sensation de ses savoureux croissants de chairs contre les miens, et ce même si cet échange avait été gauche, ou ma langue s'était emmêlé dans son appareil dentaire, n'en restant pas pour autant mon tout premier bisou, le plus exquise de tous, marquant avec lui la naissance de notre couple.

Chaque jour qui avait suivi, fut unique, rempli de gestes tendres, d'attentions, de joie et d'amour, je dirais même d'énormément d'amour. Notre amour était tellement passionnel que j'en perdais souvent le nord et étais envahi par la peur quand il était loin de moi. D'ailleurs, je ne pensais pas qu'il était possible d'aimer autant, d'en être aussi dépendant, et pourtant, c'était bien le cas, il était devenu ma raison de vivre, ou plus rien d'autre ne comptait à part lui, à part nous.

La suite logique arriva lors des vacances d'été ou nous nous étions offerts notre première fois, soit cinq mois après notre officialisation, et de nouveau, ça avait été l'un des plus beaux jours de ma vie, convaincu que nous deux c'était pour la vie, alors que le pire arrivait.

Après notre merveilleuse année de terminale, ou nous étions dans la continuité de l'année précédente, flottant sur notre petit nuage, nous avions tout naturellement décidé d'aller étudier dans la même ville car il nous aurait été impossible d'être loin de l'autre.

Nos parents ne s'étaient pas opposés à notre choix car ils étaient au courant pour notre relation depuis un an, alors qu'en tout et pour tout, nous avions déjà passé le cap des un an et demi.

De ce fait, j'avais intégré la grande université de danse que je convoitais, et lui, une d'enseignement car il adorait les enfants et rêvait de devenir professeur de maternelle.

Quelquefois je culpabilisais sur ce point car j'étais conscient que je ne pourrai jamais lui en donner et qu'il serait sûrement plus heureux avec une femme. Cependant, il chassait mes doutes, m'affirmant que quoiqu'il en soit, il préférait adopter car selon lui, trop d'enfants méritaient d'avoir une famille. C'est pourquoi je lui avais promis que lorsque l'on aura chacun réussi, on adoptera une fille et un garçon car moi aussi j'en souhaitais.

Une promesse de plus que je n'avais jamais tenu...

Par chance, on avait trouvé un appartement dans un logement étudiant proche de nos deux écoles et on y avait emménagé deux semaines avant la rentrée pour commencer notre nouvelle vie. J'avais l'impression de rêver car j'avais tout ce que je désirais et que rien ne pouvait m'arriver.

Ce que j'ignorais encore, était que l'orage se rapprochait, changeant le rêve en cauchemar.

Lui comme moi n'avions jamais vraiment eu confiance en nous, en notre physique, mais quand la puberté avait choisi de nous frapper de plein fouet, son effet avait été radical.

Ça avait débuté avec le retrait de l'appareil dentaire de Taehyung, dévoilant des dents parfaitement alignées, mis en valeur par son magnifique sourire rectangle. Puis la disparition soudaine de son acné, comme par magie. Néanmoins, le plus flagrant fut son corps qui s'était allongé, pour laisser place à de longues jambes élancées, une fine taille qui était idéale pour ma poigne et surtout son fessier qui avait gagné en volume et en fermeté.

Certes, je l'avais toujours trouvé splendide, mais maintenant avec sa transformation, les autres aussi, attirant de plus en plus de regards, ne pouvant m'empêcher de devenir de plus en plus possessif avec lui. C'était ridicule car je savais qu'il m'aimait, mais ça m'énervait quand même, n'étant pas habitué à ce qu'il reçoive autant d'attention, sachant qu'avant c'était moi et seulement moi son centre du monde.

De mon côté, je n'étais pas en reste, mon visage juvénile avait été remplacé par des traits plus masculins, plus creusés, et mon corps avait gagné en volume. J'avais toujours complexé à cause de ma maigreur, ce pourquoi je m'étais mis à la musculation dès mon arrivée à la faculté, et les résultats furent déjà présents au bout de quelques mois, dévoilant le corps viril que j'avais toujours souhaité.

Et c'était bien ça le problème, on avait tous les deux changés et pour la première fois de notre vie, notre physique avait du succès auprès des autres, affectant de jour en jour notre relation.

Ça avait commencé par des petites réflexions du style : ''pourquoi tu t'habilles comme ça ?'', ''pourquoi tu parles avec elle ? ...avec lui ?'', ''tu vois bien qu'il ou elle veut te draguer'', ''c'est qui qui t'appelle ? '', ''ou tu vas ?'' et j'en passe.

Et au fur et à mesure que les jours défilaient, les remarques gagnaient en intensité, pour devenir blessantes, tranchantes...

Imaginez-vous que vous fassiez partit des ''moches'' de votre lycée, que vous aviez peu d'amis, que votre monde tournait autour de votre copain, que vous étiez tout le temps ensemble, dans la même classe, fréquentant le même groupe d'amis, aucun doute ne pouvait s'infiltrer.

Mais maintenant, imaginez-vous que vous étiez devenu des ''populaires'' du fait de votre nouveau physique plus attrayant et que votre petit-ami avait maintenant ses propres amis, dans une école différente de la vôtre et que vous ne le voyez plus que le soir. Il est évident qu'une part d'incertitude s'établit, même si au fond ce n'était pas en lui que je n'avais pas confiance, mais envers les autres, car je voyais comment on l'observait, comment certains le bouffaient du regard.

Cependant, ce qui me rendait le plus fou, était d'imaginer qu'on le draguait quand je n'étais pas là, car c'était maintenant le cas pour moi. D'ailleurs, son ressenti fut le même que le mien car ses crises de jalousies étaient elles aussi présentes et virulentes.

Notre relation était devenue toxique, dévastatrice, dans un dialogue de sourds, et à aucun moment quelqu'un n'avait tiré la sonnette d'alerte, au contraire, la tension était à son maximum, mentalement nous étions à bout, nos notes avaient chuté, les rires, la joie, avaient été emporté par ce raz-de-marée depuis des mois, ou il ne subsistait que colère et animosité.

Et puis un soir, sept mois après la rentrée, il eut la dispute de trop, les mots étaient allés très loin, aveuglés tous deux par notre jalousie maladive, ou aucun de nous ne semblait écouter l'autre.

Après ces paroles acides, je m'étais précipité dans la chambre pour enfourner rageusement quelques affaires dans mon sac de sport, avant de quitter l'appartement sans un regard, alors que lui n'avait pas bougé, ni ne m'avait retenu.

Une fois à l'extérieur, j'avais marché avec détermination jusqu'au métro, puis trouvait refuge chez un pote, marquant ce soir-là la fin de notre histoire, car c'était la dernière fois que je l'avais vu avant aujourd'hui...

.......................

**N'hésites pas à laisser un petit commentaire si c'est une relecture ^^

Et voilà, premier chapitre pour planter le décor, qu'en avez-vous pensé ?

En tout cas, j'espère qu'il vous a plu et que vous suivrez cette nouvelle fanfiction avec moi. Je vous souhaite une nouvelle fois une bonne Saint Valentin et vous dis à très vitre. Bisous.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top