Chapitre 5-Le secret
J'ai ouvert le dossier avec lenteur d'un geste hésitant, j'y ai trouvé la photo que Kokichi souhaitait garder hors de ma portée, dans la pénombre les sourires des deux adultes m'apparaissèrent comme diabolique. La main tremblante, je déposa la photo sur le matelas pour lire la feuille se trouvant en dessous, c'était une fiche qui présentait son nom et prénom ainsi que sa date de naissance. Sous ces quelques informations je trouva deux notes, l'une de ses parents, l'autre d'une enseignante.
<< Note du responsable légal : Notre enfant Kokichi est un enfant très sensible, insouciant et innocent, il a une certaine tendance à accorder sa confiance à n'importe qui.
Note de l'enseignant : Kokichi se montre toujours souriant, malgré des tremblements très présents il paraît toujours heureux de venir en classe.>>
Alors que je m'apprêtais à regarder le reste du contenu du dossier, je remarqua une note de Kokichi, une note en grosse lettre qui ne contenait qu'un mot : <<MENTEUR>>. Je déposa alors cette feuille par dessus la photo et m'empara de la seconde, celle ci était grande et ne comportait que des notes avec des jours numérotés, je tourna et retourna la feuille en espérant trouver l'auteur de ses mots en vain, j'entama alors ma lecture :
<<Jour 1 : C'est son premier jour à l'école, tout semble se passer pour le mieux...J'espère que sa taille et sa fragilité ne va pas l'affaiblir...
Jour 5 : Il se comporte bizarrement, je me demande ce qu'il lui arrive...enfin...l'heure est venue de m'occuper de lui personnellement !
Jour 20 : Sa maîtresse me dit qu'il rit...tant mieux...personne ne doit savoir ce qu'il se passe ici...
Jour 30 : Il devient plus méfiant que d'habitude...c'est une bonne chose...je commence à avoir des doutes sur Maria notre servante...Je lui ai bien fait comprendre qu'elle devait cesser de parler avec Kokichi...
Jour 766 : Il est temps...je me suis bien amusé mais sa faiblesse est trop honteuse...le manipuler devient trop facile...je dois m'en débarrasser...
L'écriture laissa place à des lettres enfantines.
Jour 766 : Je les ai entendu ! Je les déteste...Je les déteste...JE LES DÉTESTE !
Je les adore...Mes parents adorés...J'ai confiance en eux...>>. De nouveau je trouva la note de Kokichi "MENTEUR".
Je déposa la feuille au côté de toutes les autres, toujours déconcertée par ma lecture, j'attrapa la feuille suivante en jetant quelques coups d'œil en direction de la porte pour m'assurer qu'il n'y avait personne à proximité. Cette fois la feuille était un rapport de police auquel étaient attachés avec un trombone plusieurs photos.
<< Plusieurs parents sont venus se plaindre. Des enfants agressifs s'attaquent au plus petits et faibles. Nous ne savons que faire sans preuves...>>. En bas de la page il y avait à nouveau une petite note de Kokichi, un peu plus longue cette fois ci.
<< Elles sont là tes putains de preuves ! MENTEUR >>
J'ai jeté un coup d'œil rapide aux photos et ai constaté avec horreur qu'elles montraient de jeunes enfants subissant des violences de la part d'autres, j'ai remarqué un petit Kokichi parmi les victimes. La main tremblante j'attrapa la feuille suivante, c'était la même écriture d'enfant que tout à l'heure.
<< Je devrais faire quelques choses...je le sais...tout s'arrêterait...mais...je ne veux pas croire qu'ils ne m'aiment pas...je suis sûr que j'ai une place dans leur cœur...! J'aimerais tellement que ça soit vrai...Maria...elle est la seule qui me soutient ici...je ne peux pas la remercier assez...pourquoi ils font ça ? J'ai peur...J'ai froid...Je souffre... Que quelqu'un m'aide...>>. Le texte est suivie d'une note de Kokichi.
<< Si seulement j'avais eu le cran...si seulement j'avais eu le courage...rien de tout ça ne serait arrivé ! >>.
La feuille suivante était une note signée Maria...la servante des parents de Kokichi...peut-être pouvait-elle m'en apprendre sur ce qu'ils lui faisaient ...
<< J'aimerais pouvoir faire quelque chose...pouvoir le protéger...mes les ordres sont clairs...je dois uniquement le nourrir...Je ne peux pas rester là les bras croisés ! Je crois que je devrais appeler la police...mais si ils l'apprennent je serais renvoyée et ils continuerons...Kokichi a plus confiance en moi qu'en sa propre mère...que dois-je faire ?>>.
Plus bas dans la feuille se trouvait une note des parents...d'abord le père...puis la mère.
<< - Maria...Comment a-t-elle osé ? Elle partira demain sans fautes !
- Je commence à m'impatienter...Il est une gêne partout, une honte...>>.
J'étais horrifiée par la façon dont les parents décrivaient leur fils, poussée par la curiosité cependant, j'ai lu la feuille suivante, il y avait sur celle ci un lien vidéo, sans plus tarder je le copia sur l'ordinateur de Kokichi et ouvris le lien qui donnait accès à des enregistrements de caméras de surveillances.
<< Ça ne peut plus durer ! s'écria la mère, Il est une honte pour la famille Ôma !
- Je sais...je sais..., répondit le père d'un air déçu.
- Je suis navrée, je sais que tu tiens à ton "jouet" mais c'est trop...
- Bien...Je sais quoi faire...soupira le père en se levant, Laisse moi juste m'amuser une dernière fois !
La caméra changea de pièce montrant un petit Kokichi qui dessinait tranquillement sur son lit en chantonnant, son père entra dans la pièce un sourire malicieux ornant son visage.
- Kokichi ! Mon fils chéri ! J'ai une superbe nouvelle ! s'exclama le père d'un ton enjôleur.
- V-vraiment ? répondit Kokichi en forçant un sourire.
- Pour Noël on va aller chez mamie !
- Oh oui ! répondit l'enfant en souriant innocemment.
- Je savais que ça te plairait, dit alors le père en marquant une longue pause, Moi aussi j'ai hâte d'y être ! Mais avant...
Le père se leva soudain et regarda Kokichi avec un sourire malsain, malgré l'expression horrifié que présenta son fils l'homme ne céda pas, il s'approcha lentement le regard sombre et tira l'enfant contre lui.
- N-non pas ça papa...s'il te plait...,murmura le petit Kokichi la voix tremblante et craquelé par les sanglots.
- Tu oses désobéir ? répondit l'homme d'un ton sec et effrayant, tout en approchant sa bouche de la joue du petit garçon terrorisé.>>.
La vidéo s'arrêta sur cette horrible scène, j'ai rapidement reculé, sentant mes propres larmes dévaler mes joues, je ferma la page rapidement sans prendre le temps d'effacer l'historique, je constata qu'il restait deux feuilles dans le dossier, deux feuilles qui pouvaient certainement me permettre de connaître le fin mot de cette triste histoire...des doutes ont fait surfaces dans ma tête, avais-je bien fait de regarder ces feuilles ? Allais-je le regarder de la même façon après ça ? Je me suis soudain posé tant de question, cela n'empêcha cependant pas ma main de plonger pour chercher les dernières feuilles.
<< Pauvre enfant...En plein hiver, c'est si affreux ! Heureusement que j'étais là ! Je l'ai emmené à l'orphelinat ! J'espère que tout ira bien pour lui !
Un nouvel enfant, j'ai appris ce qui s'était passé...Je dois veiller sur lui, il est encore faible...Mais il s'est déjà fait pleins d'amis ! C'est déjà ça ! >>.
La dernière feuille était un nouveau rapport de police plutôt récent, une photo y était jointe.
<< Une organisation passive a montré le bout de son nez ! DICE ! Ils commettent toutes sortes de méfaits sans blessés ni morts, juste une dégradation des biens et du vol. Celui à la tête du groupe est un vrai cerveau ! Toutes les fois où nous avons tentés de l'attraper ils nous ont échappés ! Nous sommes face à des adversaires de hauts niveaux ! >>.
J'ai attrapé la photo, les mains tremblantes et l'ai fixé, il s'agissait de Kokichi vêtu d'un habit blanc et d'un foulard en damier, dans sa main droite il tenait un masque de clown qu'il semblait fier de pouvoir montrer, autour de lui je comptais neuf personnes vêtues comme lui, chacune portant le masque sur leur visages, les rendant méconnaissable. Je tourna la photo et y trouva alors de nouvelles notes de Kokichi.
<< JE. SUIS. UN. MENTEUR. >>
Je regarda les feuilles sur le lit, me demandant si les lire était la bonne décision, je continua de pleurer, le récit de Kokichi m'ayant toute retournée. Tout devint petit à petit plus claire dans ma tête, je compris mieux sa façon d'agir, et son obsession pour le mensonge. D'un geste lent je commença à ranger les feuilles une par une en essayant de cacher ma venue. Je me figea soudain en sentant une présence derrière moi, je dissimula les feuilles comme je pus mais il était trop tard,je me retourna et trouva Kokichi, la tête baissée, le regard sombre.
<< T'étais pas censée savoir tout ça...>>.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top