11.
𝙘𝙝𝙖𝙥𝙩𝙚𝙧11 : «la fortune»
Jungkook se penchait sur les barres du balcon, ses pieds décollaient du sol. Le néant noir était sublime si on plissait un peu les yeux. Oui, si on plissait les yeux on pouvait voir la silhouette des arbres frutiers, le galbe de la piscine, les fleurs qui jaillissent du sol et sont légèrement éclairées par des lampes de jardin à faible clarté. Jungkook sourit. C'était beau, ailleurs.
«Tu penses que si je saute, je meurs ?» Il plissait les yeux et Inyoung le regardait.
«Je sais pas, tu veux essayer ?»
«Essaie avant moi. Ta vie a l'air misérable, de toute façon.»
«Mieux que la tienne, paysan.»
Une courbe s'étira sur les lèvres des Jungkook. Il se mit à claquer des dents, il faisait froid. Et il zieuta aussi sur Inyoung. Elle regardait le lointain avec un regard vague. Elle ne clignait même pas des yeux. Jungkook pencha la tête sur le côté, la regardant d'un regard suave. Il aurait aimé qu'elle se sauve.
«Tu penses réellement à mourir, Oméga Kim ?»
Jungkook pouffa à l'entente du surnom que lui avait donné la bourgeoise.
«Bien sûr que non. Je ne peux pas mourir maintenant.»
Inyoung sourit. «Tant mieux...»
«Tant mieux, j'ai plein d'événements palpitants de ma vie de jeune noble à te raconter. À te raconter seulement dans le but de te faire saliver et de te faire dire "Oh, j'aimerais être toi."» Poursuivit la belle de nuit après une minute de répit. Jungkook roula des yeux, regrettant amèrement ce court instant de silence où elle n'avait fait que lorgner mélancoliquement l'horizon.
«Iny-...» Une voix fit saillie de celle de Jungkook.
«Inyoung.» Une silhouette s'était dessinée derrière la jouvencelle, c'était un corps allongé dont les épaules étaient carrées par un costume superbement taillé. Puis c'était un costume coûteux, ça sautait aux yeux. Et comme par cynisme, le gandin l'avait paradoxalement mis en paire avec un col roulé côtelé.
Hoseok réinventait la noblesse. Il était si influent qu'il pouvait se permettre d'altérer les codes à sa guise.
Hoseok.
Jungkook ne l'avait d'abord pas reconnu. Il avait pourtant scruté son profil parfait, avec son nez d'incurvation olympienne, sa mâchoire à vous en trancher le bout des doigts, son menton pointu et ses pommettes hautes, avec une impression de déjà-vu qu'il ne parvenait pas à concrétiser... Puis Hoseok l'avait regardé... Et Jungkook avait ouvert grand les yeux...
Après un instant passé à se regarder en silence, Hoseok avait incliné la tête pour le saluer. Jungkook n'avait pas fait de même. En boucle dans sa tête, la voix de Taehyung. "Hoseok te voulait". Il se surprit même à le chercher du regard.
«Tu te souviens de moi ?» Palabra Hoseok, tirant Jungkook de ses pensées. Hoseok avait les mains clouées au fond de ses poches. Jungkook leur accorda un coup d'œil, à ces poches.
Lorsque les yeux de Jungkook revinrent au visage de Hoseok, il s'aperçut qu'il levait un sourcil, avec un air un peu appréhensif.
«Oui.» Jungkook mordit dans le vide, ne sachant si il devait lui sourire. «Hoseok.»
Puis Hoseok sourit. Alors Jungkook lui rendit son sourire.
Il perdit son sourire lorsque Hoseok renifla bruyamment. Est-ce qu'il humait son odeur ? Non, sûrement pas. Il devait être enrhumé.
«Je suppose que ce n'est pas la peine de te présenter Inyoung ?» Il sourit en enveloppant les épaules de son épouse d'un bras. «L'amour de ma vie...»
L'amour de sa vie.
Jungkook les observa un moment. Qu'est-ce qu'il était bête. Il s'était noyé sous les spéculations mirobolantes, comme le plus grand des désillusionnés.
Jungkook les observa un moment. Ils étaient comme deux pièces de puzzle. Ils étaient beaux, et jeunes, et riches... Et heureux, et libres, et amoureux... Et peut-être que Jungkook avait cherché à se rassurer en se convaincant que Inyoung, comme lui, cherchait à s'émanciper, à se délivrer d'un destin tragique de soumission, d'emprisonnement.
Et peut-être que Jungkook avait cherché à se rassurer sur la nature de Taehyung en se convaincant que Hoseok était un prédateur sournois qui l'avait dans sa ligne de mire.
«Oui. On a parlé.» Sa bouche s'ouvrit en un sourire. Puis elle s'ouvrit d'avantage lorsqu'il se mit à rire, amusé par sa propre bêtise. «On a parlé...»
Le nanti ne le lâchait pas des yeux. Jungkook passa une main dans ses cheveux longs, ses franges onyx maintenues à la racine de son front laiteux. Et le nanti ne le lâchait toujours pas des yeux.
«Tu vis avec Taehyung ?»
Jungkook serra les mâchoires.
Il ne répondit pas.
«Je suis jaloux. J'aurais aimé qu'on vive tous les trois. Notre trio me manque.»
«Tu te méprends.»
Hoseok pencha la tête sur le côté, une expression taciturne plaquée sur ses traits fins.
«Je me méprends ?»
La bouche de Jungkook se crispa, il regarda ailleurs.
«Tu te méprends. Ne dis plus que t'es jaloux. T'es pas jaloux. Il n'y a rien à envier.»
Pourtant, aux yeux du jeune héritier, il y avait tant à envier. Tant, tant, tant à envier. Ses prunelles ruisselèrent le long du corps de Jungkook et il pouvait entendre le métronome de son cœur résonner dans sa tête. Le sang dans ses veines affluait partout et n'importe où. Les hanches de Jungkook étaient un régal et sa taille fine le graal. Les yeux de Jungkook paraissaient flous, très grands sous ses mèches de cheveux démesurées qui déferlaient sur l'arrête de son adorable nez. Et ses poignets... Ses petits poignets... Et les manches de cette chemise qui les couvrent...
«Je suis jaloux.» Rechigna Hoseok. Puis il pouffa, cynique. «Qu'est-ce qu'il y a de mal à être jaloux ?»
Jungkook força un sourire avant de tourner les talons.
Il lui faisait peur. Il lui faisait vraiment peur. Il devait partir.
Quel choc... Quel choc lorsqu'il aperçut Taehyung à l'encadrement d'une des portes du balcon.
Étrangement, c'était réconfortant de le voir.
Jungkook marcha vers lui mais ce n'était pas lui que Taehyung attendait ainsi. Alors Taehyung dépassa à pas de velours Jungkook, une flûte de champagne à la main, le regard fixe, lourd, crénelé de cils qui le noircissaient. C'était Hoseok que Taehyung attendait. Et il s'arrêta devant Hoseok, l'œil noir.
«Bonsoir.» Prononça Taehyung de sa voix sépulcrale. Il prit une gorgée de champagne.
«Oh, Kim.» Hoseok était effronté.
Néanmoins Taehyung l'était aussi.
«Taehyung. Kim Taehyung.» Le corrigea immédiatement Taehyung, accompagnant chaque mot d'un haussement de sourcil provocateur. En prononçant la syllabe finale de son prénom, Taehyung garda la bouche ouverte, puis il souffla un rire.
Hoseok lui rendit son sourire. Alors Taehyung approfondit le sien, et après un intervalle il enchaîna.
«Et mon fiancé, Jungkook.»
Jungkook se paralysa. Il tourna la tête vers Taehyung. Métra son regard noir. Métra sa peau havane. Métra sa mâchoire puissante. Puis il se tourna vers Hoseok.
Et il se rappela du discours incohérent de Hoseok. Il se rappela que Hoseok avait dit qu'il voulait vivre chez Taehyung avec lui. Chez Taehyung ?
Chez Taehyung, quelle blague. Il détestait Taehyung.
Et Jungkook se tourna vers Inyoung, qui avait l'air aussi inerte qu'une poupée...
Et Jungkook eût un doute...
Il se questionna sur les intentions de Hoseok.
Alors il ne dit rien. Il joua le jeu. Il accepta d'être, devant Hoseok, le fiancé de Taehyung.
«Ton fiancé ?» L'aristocrate colla son regard au regard de Jungkook. Il le questionnait, lui demandait son avis, tout ça en silence. Quant il constata que Jungkook évitait la question, il sentit son menton trembler sous l'effet de l'irritation. Ses orbes gorgées de vices s'appuyèrent sur Taehyung. «Tu as eu la bénédiction des sénateurs ?» L'interrogea-t-il d'un ton sirupeux.
«Pas encore.» Taehyung arrêta un serveur pour lui prendre une coupe, puis il la tendit à Hoseok. «Mais pourquoi s'y opposer ? Tu sais comment sont les instincts. J'ai mordu Jungkook par inadvertance lors d'un de nos ébats. Maintenant, il est mien... Et je suis sien.»
Hoseok souffla un rire.
«Ah, vos ébats ?»
Levant les sourcils, Taehyung l'incita à trinquer.
«À nos amours.» Souffla Taehyung, très expressif. Il reluqua tour à tour Inyoung et Jungkook. «Excusez-moi, je vais être contraint à prendre congé de vous. En fait, je dois encore discuter avec quelques vieux gens.» Il sourit. «Est-ce que tu me suis, Jungkook ?»
Sans une once d'hésitation, Jungkook acquiesça. Taehyung le prit par la main, prenant le temps d'entrelacer ses fuselés à ses doigts gelés, le même sourire tendre aux lèvres. Il accorda un geste de tête à Hoseok avant de tourner les talons.
«...» Malgré les apparences, l'alpha avait l'air tourmenté. Jungkook sentait qu'il serrait sa main très fort et lui écrasait les phalanges. Il ne répliqua cependant pas. Taehyung avait déjà l'air bien trop inquiet. «Qu'est-ce que vous vous êtes dit ?» Psalmodia-t-il enfin.
«Il a dit des choses bizarres. Et des choses moins bizarres.»
«Est-ce qu'il a dit quelque chose d'illégal ?»
Jungkook fronça les sourcils. C'était quoi, quelque chose d'illégal ? Qu'est-ce qui était légal ou non dans cette société ? Jungkook peinait à le distinguer. Par exemple, il aurait juré que le kidnapping n'était pas légal.
«Non.»
Et ils franchirent la porte du balcon, pénétrant de nouveau dans la vaste salle de bal albâtre.
«Est-ce qu'il t'a fait peur ?» Ils s'approchèrent d'une table de buffet et Taehyung piocha un canapé au saumon dans un large plat en argent, le regard cacheté au beau visage de Jungkook. Il n'avait pas besoin de regarder où il mettait les doigts, il savait déjà où tout était placé. Il avait l'habitude des bals. Il avait dû aller à celui là une bonne trentaine de fois.
«Prends-moi en. Trois.» Ordonna Jungkook, salivant devant tant de mets exquis. Il n'osait cependant pas se servir lui-même. Il n'était pas de ce milieu après tout, il avait peur que les gens le jugent, qu'ils le traitent comme un mendiant, un plébéien infiltré qui n'avait jamais eu le droit à un tel luxe et qui comme un chien affamé, se goinfrait tout affolé. Si seulement Jungkook savait que la nature d'oméga était intrinsèquement un titre de noblesse.
Taehyung attrapa les canapés un par un, les logeants tous au creux de sa grande main. Puis il les tendit à Jungkook, qui, les lèvres déjà séparées, les cueillait soigneusement pour les porter à sa bouche. Il penchait la tête en arrière pour les y fourrer entier, c'était trop mignon. Ses cheveux d'ailleurs, fluides et longs, tombaient tout en arrière quand il l'inclinait.
Taehyung sourit.
«Il est sournois, pas vrai ?» Dans un élan d'excès de confiance, Taehyung tendit sa main libre vers la nuque de Jungkook et se mit à lui flatter l'arrière de la tête comme on caresserait un chien. Jungkook se laissa faire un moment, ne réalisant pas que Taehyung le touchait comme ça. Puis, soudain choc. Il s'étouffa avec un gâteau.
«Kff... kfff...» Il béait ses grandes orbes, choqué par la témérité de ce gros rat de Taehyung. Rapide comme l'éclair, il lui frappa la main et Taehyung manqua de couiner.
Un œil fermé, Taehyung porta sa main à sa poitrine, tirant une grimace jumelée à un sourire, joueur.
«Tu as les cheveux doux.» Le provoqua Taehyung avant de mordre à son tour dans un gâteau.
Jungkook sortit les canines, les gencives grouillantes d'inconfort. Grommelant, il fusillait Taehyung du regard. Il ne pouvait pas croire que malgré sa position de gros méchant séquestrant, il osait oser le défier.
Narquois, Taehyung lui fourra un canapé dans la bouche.
«Ne sors pas les dents.» Le gronda-t-il comme on gronderait un enfant.
Étant donné qu'il mastiquait Jungkook ne se donna pas la peine de répondre.
***
nda
dsl c chiant
IMPRESSIONS ?
QUEL EST VOTRE PLAT PRÉFÉRÉ ?
MEILLEUR SOUVENIR D'ENFANCE ?
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