Thunderbird (Ugo/Namadia)
C'était une commande sur Ao3 alors je la poste aussi ici :)
Thunderbird
Namadia a l'habitude des grands cadeaux depuis qu'il est enfant, être né prince de sang était forcément un avantage pour avoir accès aux plus beaux trésors du Nigéria (et des fois des quatre coins du monde), devenir roi par succession lui a prouvé être un meilleur moyen d'acquérir encore plus de trouvailles. Ce n'est pas qu'il raffole vraiment des présents, mais que ce soit par alliance diplomatique ou comme offrandes de ses sujets, il est obligé de les accepter en tant que roi. Et puis, il aime toujours autant découvrir et en apprendre davantage sur ce qui l'entoure, même s'il y a des fois où il ne comprend pas tout.
Le problème avec les offrandes, c'est qu'il se retrouve aussi souvent avec des animaux, et c'est très compliqué de s'en occuper. C'est facile de garder les éléphants et les chevaux dans des écuries pour les longs trajets, ou de caser les fauves dans les geôles pour terrifier les prisonniers (et prévenir le peuple de ce qui peut les attendre s'ils n'agissent pas consciencieusement). Mais les oiseaux, qu'est-ce que c'est emmerdant... Namadia n'est pas un amoureux des rapaces, alors il fait toujours du mieux possible pour les relâcher ou en garder quelques-uns comme messagers, pas plus. Il a senti assez de ces volatiles lui picorer les doigts pour continuer de s'approcher...
Mais aujourd'hui, l'oiseau qu'il reçoit comme cadeau est différent. Rouge et noir, robuste et étrangement beau. Namadia n'a jamais été attiré par les rapaces, mais celui-là est différent, il ne vient clairement pas du Nigéria ou même des contrées alentours. Peut-être d'Europe, s'il se fie à son instinct. Tout ce qu'il sait, en tout cas, c'est qu'il ne compte pas le laisser filer, celui-ci.
Ce n'est pas qu'il a peur de garder les oiseaux sur son bras, c'est juste que leurs serres finissent toujours dans sa peau au lieu de rester dans le cuir prévu pour les accueillir. Cette fois, Namadia peut dire que c'est différent, parce que l'oiseau ne bouge pas, il tient sur son poignet sans chercher à s'envoler. Il ne sait pas ce qu'on lui a ramené, mais il veut l'étudier.
Namadia passe plus de temps près de cet oiseau à essayer de comprendre ce qui ne va pas avec qu'auprès de ses sujets, mais c'est plus fort que lui, il veut vraiment savoir quelle est la race de ce rapace, et pourquoi il est si stoïque, même s'il ne se laisse pas toucher. La nature est fascinante, même s'il n'en est pas un spécialiste accompli. S'il pouvait réussir à le faire voler aussi...
Le nuage de poussière n'était pas prévu quand Namadia a essayé de l'aider à déployer ses ailes... Vraiment pas prévu...
Il lui a fallu plusieurs secondes pour recracher la fumée de ses poumons et pouvoir voir autre chose qu'un brouillard devant lui, ses mains s'activant pour épousseter son bazin de tout ce marasme. D'accord, un autre oiseau qui ne veut pas de lui alors... Ou peut-être que c'est plus spécial que ça...
Ce n'est même plus un rapace, si seulement ça l'a un jour été...
Son glaive est vite rétracté de sa ceinture, pour venir appuyer contre la gorge de l'homme se trouvant devant lui. Ce n'est plus l'oiseau qu'il tenait il y a à peine une minute, Namadia doit rapidement trouver tout ce qui ne va pas avec toute cette situation pour éviter le pire. Homme blanc, âge moyen, lui-aussi couvert de la poussière noire. Et évidemment, il est très, très nu, même s'il essaie de se cacher avec ses bras, recroquevillé sur lui-même. C'est vraiment loin d'être un rapace rouge.
''Qui es-tu ? Ou plutôt, qu'est-ce que tu es, étranger ?''
''Un phénix...''
''Où est mon oiseau ?''
Namadia a la désagréable sensation qu'il n'aura pas de réponse, ou en tout cas, pas avant des lustres, en voyant l'étranger s'écrouler devant lui. Il n'y a pas beaucoup d'hommes comme lui dans son pays, alors il sait très bien qu'il va devoir surveiller ses arrières, et faire en sorte qu'aucun de ses gardes ne le blesse en attendant qu'il l'ait étudié avec attention. Ce n'est pas facile d'expliquer comment un homme blanc complètement nu s'est retrouvé allongé, évanoui, devant le roi, mais Namadia se démène comme il le peut devant ses servantes.
Il regarde son corps avec trop d'idées fusant dans son esprit. Le phénix, comme il s'est appelé avant de déchanter, a un corps comme tous les autres comme lui. Pas de plume sortant de lui, pas de griffe, pas de bec. Il n'y a rien de distinctif sur lui, à part toutes les marques et les cicatrices couvrant sa peau si pâle. Namadia ne cherche pas du tout à le regarder sous tous les angles alors que les servantes s'occupent de le nettoyer, théorisant tout autant que lui entre elles, mais il essaie de comprendre ce qui a pu lui arriver et pourquoi, au grand pourquoi, il était un fichu oiseau à peine quelques heures plus tôt.
L'étranger se réveille enfin, quand la nuit est tombée sur toutes les plaines autour de sa forteresse. Namadia est près de lui, près à prendre note de tous les éléments particuliers entourant son cas. Il a les yeux verts, d'un vert profond comme l'émeraude, même si ses iris sont noirs comme la Kaaba. Que ses ancêtres le guident pendant qu'il reste autour de lui. L'étranger est évidemment surpris de se réveiller ici, vu ses quelques instants avant de s'évanouir, Namadia aurait sûrement eu la même réaction.
Ou peut-être qu'il est surpris de se retrouver affublé d'un Atiku, ce n'est pas exactement ce que les européens portent, mais c'est mieux que de rester nu dans son palais. Namadia est à son chevet pour le surveiller, même si ça ne sert pas à grand-chose, les liens à ses poignets retenant le phénix au lit sans qu'il ne puisse aller nulle part.
''Ne panique pas, étranger. Bois si tu ne veux pas te rendormir.'' C'est plus difficile que ça en a l'air de l'aider à boire, tout en observant chacun de ses gestes pour empêcher toute tentative d'évasion
''Où est-ce que je suis ?''
''Dans ma chambre.''
''Je voulais dire... Quel pays ?''
''Le mien, étranger. Le tout puissant Nigéria.Dis-moi ton nom maintenant.'' L'étranger n'a pas l'air impressionné, seulement angoissé par rapport à autre chose, il l'ignorerait sûrement s'il ne cherchait pas à en apprendre tout autant que lui
''Ugo. Sans H, votre altesse-''
''Namadia. Roi Namadia de la dynastie Thai Thai.''
Ils se fixent trop dans les yeux pendant des secondes entières, aucun n'osant dire un mot supplémentaire, trop occupés à se jauger du regard au lieu de continuer leur interrogatoire. Sa main glisse d'elle-même sous son Atiku, pour vérifier que les blessures ne se sont pas rouvertes, sous le regard surpris et effrayé d'Ugo, si tel est bien son nom. Il ne sait pas quel genre d'animal peut faire ce genre de traces, mais il n'y a rien de pareil dans son pays.
''Qui a fait ça ?''
''Un chasseur. En Italie.''
''Pourquoi te chasser, Ugo ? Parce que tu es un oiseau sous cette peau ?''
''Parce que je suis un phénix, Namadia. C'est pour ça que j'ai été ton cadeau, ton oiseau de compagnie pendant des jours entiers. Tu m'as libéré par chance, maintenant je vais devoir me cacher une nouvelle fois.''
Namadia se perd dans l'océan de jade qu'est son regard une nouvelle fois, ses mains glissant toujours sur son oiseau pour le libérer lentement de son haut de tenue, retirant peu à peu les bandages. Ce n'est pas un homme normal, et il ne comprend toujours pas. Il est intrigué et diablement enthousiasmé par tout ce nouvel univers qui se dévoile devant lui...
''Explique-moi tout ça, si tu veux que je te libère de ces liens.'' Namadia ne manque pas le roulement des yeux d'Ugo, mais son marché est louable
''Comme je l'ai dit, je suis un phénix, j'ai plusieurs vies. Quand je meurs sous mon apparence humaine, je renais en oiseau, et toi, tu m'as libéré en m'aidant à voler.''
''Parle-moi des chasseurs.''
''Les chasseurs... Rien que dans leurs noms tu peux comprendre qu'ils me traquent, pour me tuer, pour me prendre mes pouvoirs, peu importe... Je ne veux pas rester près d'eux et j'imagine que tu comprends très bien pourquoi.''
''Qu'est-ce qu'ils t'ont fait, pour laisser de pareilles marques alors que tu es immortel ?''
''Pas immortel, je finirai bien par m'éteindre un jour, dans des centaines d'années si tout va pour le mieux. Ecoute, je n'ai pas envie de me souvenir de ce qu'il m'a fait, tout ce qui est clair dans mon esprit, c'est qu'il s'est foutu de moi.'' Le souvenir a l'air douloureux, Namadia peut lire ça sur son visage fermé
Comme il l'a promis, il coupe les liens, il a des informations, qu'il ne comprend pas forcément mais il les a. Namadia compte bien garder cet homme, quoiqu'il soit vraiment, dans son palais le temps de déceler tous les avantages de cette cohabitation. Pour l'instant, il a besoin de dormir.
Il n'est pas surpris en se réveillant de retrouver son oiseau tenu fermement par ses gardes, après avoir essayé de fuir sous une cape empruntée quelque part. Namadia est obligé de sourire en ramenant lui-même Ugo dans sa chambre, la cohabitation risque d'être mouvementée pendant les premiers jours... Son regard est entièrement noir, ses ongles enfoncés dans ses paumes. Sa détermination est attachante, il peut vraiment dire qu'il a vécu plusieurs autres vies de fuite et de capture. Un homme qu'il ne compte pas laisser partir tout de suite, c'est sûr.
Il verse le thé à la menthe dans les verres posés sur sa table basse, Ugo se débarrassant de son vêtement emprunté. Comptait-il vraiment traverser tout le pays avec ça sur le dos ? Il n'y a pas énormément de blancs ici, alors il ne serait pas allé loin s'il avait réussi à passer les portes du palais. Et puis, il n'a rien mangé depuis longtemps, Namadia l'aurait peut-être lui-même retrouvé à moitié mort dans une ruelle.
Ils s'affrontent du regard en mangeant leurs massas, Namadia ne va pas le laisser partir, et Ugo compte bien filer en douce à la première occasion venue. Leur duel s'annonce palpitant, même s'il est déjà sûr de gagner. Le Nigéria est le seul pays qui pourrait le protéger, par rapport à tous les pays d'Europe prêts à le récupérer pour lui faire du mal. Où compte-t-il aller de toutes façons ? L'Amérique est en guerre perpétuelle et l'Asie le mettrait dans une soupe pour n'importe lequel de ses empereurs. Ici, il a un pays entier à son service.
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Il a constamment chaud, même quand ils sont au lit. Namadia ne pensait pas qu'il se retrouverait un jour avec son oiseau comme concubine, mais le voilà, dévorant intensément sa peau pour y laisser des marques qui partiront plus rapidement que toutes les cicatrices qui jalonnent sa poitrine et son dos. Et il est profondément enfoncé entre ses deux cuisses serrées, en train de lui voler des gémissements, et des cris quand il arrive à toucher les endroits les plus sensibles de son corps humain...
C'est vraiment un phénix, même si Ugo ne veut pas l'évoquer. Ses baisers s'abattent sur ses lèvres comme un bec, et ses bras enserrés autour de lui sont comme des ailes. Quel cadeau royal, Namadia n'a aucun regret d'avoir dû le garder à l'œil pendant des jours entiers, d'avoir dû le garder près de lui pendant des mois entiers.
Ils sont couverts de sueur et de fluide quand il arrive enfin à sortir de lui, sans vouloir le faire pour la quatrième fois d'affilée. Cet homme a une endurance incroyable, malgré les larmes qu'il laisse couler sur ses joues à chaque fois que son corps est rempli. Maintenant ils peuvent passer une journée complète au lit, sans plus se soucier de rien, si ce n'est de remettre un peu de poids dans ce corps fragile.
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Un dernier baiser, c'est tout ce que Namadia aurait voulu avant de partir en guerre contre les chasseurs. S'il peut vraiment appeler ça une guerre. On lui a pris son oiseau, et il ne comptait pas vivre sans le retrouver. Ugo est à lui et à personne d'autre, il ne laissera jamais personne poser un seul doigt sur lui volontairement. Il ne comptait pas non plus aller en Europe une fois dans sa vie, le voilà maintenant accompagné d'une troupe de soldats en plein Rome. Il ne repartira pas sans son phénix.
L'odeur du sang est épouvantable dans ses narines quand il réussit à trouver le bâtiment indiqué par celui qu'il vient de tuer, sur la trace de son Ugo. Il peut dire que des choses horribles se sont passées dans cet endroit, la mort y réside. Il y a un peu plus de traces rouges sur son glaive quand il ouvre la porte de la dernière cellule, tout un tas de cadavres derrière lui. Tout ça ne l'intéresse pas, tout ce qui compte, c'est de revoir ce regard vert si singulier.
Et Ugo est vraiment là, recroquevillé sur lui-même dans un coin de la pièce, très nu. Ce ne serait pas différent de leur première rencontre, s'il n'y avait pas des plumes et de la poussière partout sur le sol, s'il n'y avait pas du sang et des fluides, s'il n'y avait pas de nouvelles cicatrices sur le corps de son phénix... Namadia les tuera tous une deuxième fois s'il le faut pour réussir à venger son étranger.
Il détache les chaînes autour de ses poignets, avant de le prendre dans ses bras, Namadia ne sait pas quoi faire maintenant qu'il l'a retrouvé, il veut juste retourner chez lui et ne plus jamais le quitter... Il n'a pas besoin de demander ce qu'ils lui ont fait, il a déjà tout compris sans le vouloir. Il y a des larmes contre son cou, et il peut sentir le pâteux d'un sang encore frais contre lui.
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Le soleil se lève lentement, les stries oranges recouvrent passivement les plaines autour de son palais, et Namadia est déjà levé pour assister à ça. C'est rare, qu'il daigne écourter son sommeil pour quelque chose d'aussi basique. Tout a changé depuis l'Europe. C'est regrettable d'avoir dû assister à une autre renaissance. L'immortalité d'Ugo a encore une fois diminué, et il est obligé de s'en sentir responsable. Il tourne sa tête des contrées pour observer son phénix, en train de dormir profondément, une nouvelle marque sur son nez.
Dans une autre vie, il fera subir aux chasseurs les mêmes supplices que ceux qu'Ugo a vécu. C'est une promesse.
Fin
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