Les Milles et Une Nuit (Claude/Teheiura, Sam/Loïc, etc...)

La millième histoire que je poste selon AO3, pas mal hein, je pensais pas que ce serait sur ça, quel chemin depuis 2014


Les Mille et une nuit

Son estomac gargouille. Claude essaie de faire le moins de bruit possible en attendant que le feu passe au vert. Être chauffeur de maître n'est pas facile tous les jours, encore moins quand il n'a pas pris de petit-déjeuner, et surtout pas quand les clients sont en retard, sans avoir un déjeuner avec eux pour l'aider. Pas qu'ils partageraient de toutes façons. Il laisse traîner ses yeux le long de la route en faisant son créneau, il tuerait pour manger quelque chose...

La vie lui envoie un message. Son foodtruck préféré est de retour en ville, et lui est libre pour le moment. Claude ne perd pas de temps pour agripper son portable et son manteau, il a faim et rien ne pourra l'empêcher de manger chez son polynésien préféré. Même si c'est le seul qu'il connaît, et qu'il a à peine discuté avec lui alors que Tehe passe un mois par an à Paris depuis presque une décennie. Il n'est pas vraiment doué pour les discussions quand ce n'est pas sa sœur ou dans sa voiture. Et la plupart du temps, il se force.

Manger à presque quatorze heures est peut-être anormal, mais Claude ne tiendra pas jusqu'au soir sans manger, et très clairement, il a commandé suffisamment de barquettes à emporter pour savoir que Tehe ne lui en voudra pas d'être en retard. Les moments de l'année où il est en ville sont ses moments préférés de l'année, tout simplement. Il n'y a rien de mieux dans son estomac que les barquettes qu'il s'enfile, rien de mieux à ses oreilles que l'accent de Tehe, rien de mieux dans son cœur que de le revoir chaque année après onze mois.

Claude continue pourtant de se voiler la face, de se dire que tout est parfaitement normal et que rien ne doit changer à leur habitude, pas même les sentiments qui rendent ses joues plus pourpres qu'à l'accoutumée. Son cœur bat plus vite, mais c'est juste parce qu'il a faim, pas parce qu'il aimerait pouvoir être suffisamment courageux pour pouvoir discuter un peu plus avec le polynésien, et pouvoir lui avouer tout un tas de choses...

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Changer de son bon vieux sud-ouest pour se retrouver au nord, s'il peut appeler Paris le nord, n'est pas exactement ce qu'il avait prévu en devenant fauconnier. Ugo ne sait pas vraiment ce qui est le pire, entre être constamment perdu, et ne pas savoir quoi faire en dehors du travail. Enfin, il y a tellement de choses à faire à Paris qu'il devrait pouvoir se retrouver quelque part sans déranger, si seulement il ne se sentait pas aussi seul.

Dans les faits, Ugo n'est pas seul, pas vraiment. Être en colocation avec Freddy est particulier, s'il devait trouver un mot. Freddy est sympa et pas trop dérangeant, c'est juste qu'il est souvent dans son monde, et qu'il oublie parfois qu'il peut l'entendre même si la porte de sa chambre est fermée. Ugo ne sait pas bien qui est cette Christina, mais il a de la peine pour elle s'ils font bien ce à quoi il pense quand il essaie de dormir...

Freddy est mystérieux, quand ils arrivent à se croiser. Ugo ne sait jamais vraiment ce qu'il va faire de ses journées, il a quand même quelques idées en voyant ses muscles aussi développés et ses t-shirts devenant de plus en plus serrés. Freddy lui a bien dit qu'il était ingénieur, mais il ne sait pas à quel point il l'est, il a plus l'impression qu'il retape des maisons pour le plaisir, quand il se retrouve à faire la lessive pour eux-deux.

Ils ont dû partager un repas ensemble, avant de pouvoir enfin se retrouver assis l'un à côté de l'autre sur le canapé, en attendant que quelque chose de bien passe à la télé. Freddy ne tient pas longtemps, avant de s'endormir d'ennui, peut-être qu'il a eu une journée éprouvante, ou que Christina est passée avant son retour du travail, Ugo préfère ne pas savoir...

Son cœur rate un battement quand la tête de Freddy échoue sur son épaule, c'est le premier moment -presque- intime qu'ils passent ensemble, et Ugo ne sait pas quoi faire ! Il ne bouge pas, malgré ses joues se réchauffant dangereusement... C'est compliqué de ne pas craquer, de ne pas déposer ses lèvres sur le front de Freddy alors qu'il le désire plus que n'importe quoi en le regardant... Paris est en train de le changer, et Ugo ne sait pas si c'est pour le meilleur...

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Après des années à travailler avec Martin, Laurent ne pensait pas que son corps lui suffirait toujours autant. En fait, il ne choisit pas vraiment en tant que mannequin qui va le prendre en photo et pour quel magazine, il s'en fiche un peu s'il est parfaitement honnête avec lui-même. Martin est son photographe et ça l'a toujours été dans le fond de son ventre, d'aussi loin qu'il s'en souvienne, Laurent ne peut penser qu'à lui, et sa barbe cachant son visage juvénile.

Qu'est-ce qu'il ferait avec un autre photographe alors que Martin connaît son corps et sait parfaitement comment le mettre en valeur ? Ils se connaissent l'un l'autre personnellement, et Laurent ne se voit pas travailler avec quelqu'un d'autre. Pas tant que son corps attire encore les foules et les demoiselles, et les gentlemen. Il peut jouer avec n'importe qui, ça l'amuse, tout simplement. S'il pouvait aussi avoir Martin sur son tableau de chasse, il ne dirait pas non, même si ça voudrait sûrement dire arrêter de travailler ensemble, et ça, c'est non pour le moment !

Laurent traîne Martin jusqu'au bar le plus proche, comme après chaque shooting, pour se détendre, évacuer la pression, pouvoir voir son ours photographe prendre des couleurs avec les bières. Peut-être qu'il en fait exprès, ou peut-être pas. Laurent n'a jamais eu les pieds sur terre quand Martin est près de lui, son ami est plus efficace que n'importe quel alcool. Même s'il en faut peu pour que Martin devienne une toute autre personne.

Il réussit à le traîner hors du bar avant que Martin ne devienne incontrôlable, en bien comme en mal... Laurent le garde près de lui, un bras autour de ses épaules pour le ramener à leur studio photo, et laisser d'autres personnes se charger de lui avec plus d'attention. Il n'avait juste pas prévu que Martin, une fois trop alcoolisé, serait du genre à se jeter sur lui une fois la porte fermée, pour poser ses lèvres sur les siennes et lui offrir le baiser le plus sauvage qu'il n'ait jamais vécu...

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Loïc est son meilleur ami, Sam n'a aucun doute là-dessus. Ils se connaissent depuis des années, le bac à sable et les premières punitions à l'école. Ils ont toujours été là l'un pour l'autre, et c'est sûrement un problème, parce que leurs mères connaissent leur amitié mieux que quiconque sur cette planète. Sam ne veut même pas avoir à expliquer pourquoi il y a deux creux sur son matelas, des endroits où Loïc et lui s'assoient pour jouer aux jeux-vidéos pendant des journées entières sans bouger, à juste échanger quelques mots et quelques blagues.

Loïc est vraiment son meilleur ami, et Sam ne sait pas comment faire face au fait que la puberté lui a caché des choses...

Ce n'est pas normal qu'il commence à passer ses nuits à faire des rêves (des cauchemars s'il s'écoutait) à avoir la voix de Loïc dans ses oreilles, quand ce n'est pas directement sa tête et son corps si grand et bâti, par rapport au sien si petit et fin... Ce n'est pas normal qu'il se réveille couvert de sueur, près à s'enfermer dans la salle de bain pendant des heures, une bosse dans son boxer...

Sam ne sait pas ce qu'il doit, s'il doit mettre des distances entre Loïc et lui, ou s'il doit tout stopper net, ou bien même tout lui avouer même si ce serait suicidaire... Il est perdu et il n'arrive pas à trouver une option qui préserverait sa belle amitié avec son meilleur ami...

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Teheiura se souvient des visages avec les années, il y a vraiment très peu de gens récurrents à son restaurant mobile dont il ne se souvient pas ou à peine, il a toujours en mémoire certains visages, certains regards, certaines commandes spécifiques et habituelles. Comme servir des ananas et de la papaye dans un steak frites. Ouais, Teheiura aime la cuisine, et pourtant son client le plus fidèle ne l'aide pas à la respecter comme elle le mérite. Il a pris sur lui ce jour-là, quelques années en arrière, pour ce regard noir intense, pour ce visage aux joues creusées et aux cernes déjà bien présentes.

Teheiura s'est conforté ce jour-là en se disant qu'au moins, à défaut de préparer quelque chose d'approprié, il a résolu la faim et le désir d'un homme dans le besoin. Il ne pensait pas que le steak frites en barquettes accompagné de salade de fruits deviendrait ce dont il aurait le plus besoin de se réalimenter en passant sur Paris. Il a appris son nom, après trois années à se croiser, à échanger sans trop savoir quoi se dire. Claude, toujours accompagné du même regard noir intense, de ses joues un peu moins creusées avec le temps, de sa moustache à peu près soignée. Et ce sourire...

Claude est son meilleur client, ou en tout cas, celui qui passe le plus souvent le voir, au moins une fois par jour, quand il est sur Paris. C'est pour ses repas du midi, même quand ils sont en décalé, et des fois ils se croisent aussi le soir, Teheiura n'est pas loin de créer une formule spéciale à son nom si ça continue. En fait, Claude n'a pas l'air de pouvoir être rassasié, s'il pouvait manger sans pouvoir s'arrêter, il le ferait sûrement. Il ne prend pas de poids de toutes façons, Tehe n'est vraiment pas loin de lui mettre des portions plus conséquentes.

Il dépose son tablier sur le rebord du comptoir, ses yeux fixés sur la silhouette assise sur un banc, à dévorer un steak frites sans chercher à faire autre chose que ça. Il fallait bien que l'un d'eux se décide à aller se parler, et apparemment il est celui qui a eu le plus de courage. Teheiura ne sait pas vraiment pourquoi il fait ça, mais il doit bien le remercier d'être son meilleur client après toutes ces années.

Tehe s'asseoit à côté de lui, le regardant tremper la salade de fruits dans la sauce blanche. D'accord, son meilleur client n'a vraiment aucun sens du goût et ça commence à l'écœurer de le regarder faire...

C'est un mélange de panique et d'excitation qu'il peut voir dans ces yeux noirs et profonds quand Teheiura lui propose de venir passer quelques jours de vacances avec lui en Polynésie, pour le remercier pour tous les repas commandés toutes ces années. Claude n'a pas attendu longtemps avant d'acquiescer, mais l'inquiétude dans son regard et ses joues plus rouges qu'avant l'ont perturbé...

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Le truc avec Christina, c'est qu'elle se démoralise pour pas grand chose. Freddy a fait de son mieux pour faire durer leur relation le plus longtemps possible, garder la tête haute et essayer de lui faire prendre courage en elle, mais sa petite marseillaise a préféré retourner chez sa mère plutôt que de croire en eux. Il a pris un coup sur le moment, et puis il a compris que ça ne servait à rien de regretter, parce qu'il n'aurait rien pu faire de toute manière. Christina ne voulait sûrement plus de lui, et Freddy n'est plus bien sûr de ce qu'il veut lui-même, à part continuer de retaper des maisons en solitaire.

Freddy part à l'aube, et il revient au crépuscule, quand il le peut, quand la météo est clémente avec lui. Ce n'est pas qu'il cherche à éviter Ugo, il s'en fiche d'être en colocation s'il est honnête avec lui-même. Il veut juste être seul dans sa tête pour le moment, le temps que Christina quitte son cœur, et qu'il puisse laisser tout ce qui le hante loin derrière lui. L'accident est toujours dans son esprit, et il ne sait plus quoi faire pour penser à autre chose, à part le sport et le bricolage.

C'est rare, mais il fait les courses cette fois, et si Freddy a le courage, il fera peut-être aussi la lessive. C'est juste parce qu'il pleut et qu'il ne peut pas travailler avec des risques météorologiques, selon l'inspection du travail, il s'en ficherait en temps normal, mais il ne veut pas être forcé à abandonner son chantier si l'un de leurs gars passe. Mais tout ça ne l'a pas empêché d'aller se les geler sous la pluie, à la recherche d'un commerce tranquille pour acheter de quoi manger. Il a passé une bonne heure devant les surgelés avant qu'une caissière ne se décide à venir l'aider.

Il est trempé, et il pue sûrement le chien mouillé doublé du plâtre, quand il rentre dans l'appartement, mais Freddy a l'impression d'un devoir accompli, et ce n'est pas tous les jours qu'il ressent ça, alors il va en profiter. Il n'y a pas de bruit dans l'appartement, mais ce n'est pas vraiment surprenant, il sait qu'Ugo a quelqu'un, ou en tout cas, qu'il passe du temps avec une militaire.

Freddy n'est pas jaloux du tout. Ou alors il doit s'en convaincre.

Il prend la douche la plus chaude de sa vie pour se débarrasser des courbatures et du froid de la pluie, ses vêtements trempés balancés dans le panier à linge sans trop réfléchir. Il aurait peut-être dû penser à quelque chose pour s'habiller, au lieu de passer une serviette autour de sa taille.

Au lieu de se retrouver face aux joues rouges d'un Ugo lui aussi trempé...

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Martin se sent stupide, honteusement stupide. Il n'aurait jamais dû accompagner Laurent, il n'aurait jamais dû aller boire avec lui. Il sait très bien qu'il ne se contrôle plus quand il a de l'alcool dans le sang, alors pourquoi est-ce qu'il s'acharne pour rester près de lui, même quand les shootings sont terminés ? Il sait pertinemment que Laurent lui a fait du rentre-dedans plus d'une fois, mais il n'a jamais réagi et c'était fait exprès, pour ne pas que leur relation change et qu'ils doivent tous les deux se trouver un nouveau collègue ! Mais évidemment, il a fallu qu'il boive ce verre de trop, et qu'il cède à ses pulsions en embrassant Laurent !

Et Laurent ne l'a même pas repoussé, il n'a même pas cherché à faire autre chose que de pousser lui-aussi sa langue dans sa bouche. Cet idiot avait l'opportunité de sauver leur duo, maintenant tout doit changer de leur vie, ils ne peuvent plus travailler ensemble avec ce genre de lien, ce n'est plus du tout professionnel... Martin n'est pas énervé contre Laurent, mais il est obligé de l'être contre lui-même, de ne pas avoir su empêcher tout ça. Ce n'est pas parce qu'il a des sentiments pour Laurent qu'il devait lui tomber dans les bras de cette façon, comme toutes celles qui croisent son chemin et finissent dans son lit.

Et évidemment, Laurent ne peut pas comprendre ça, il ne fait aucun effort et pense que tout va rester pareil entre eux. Martin a passé une gueule de bois entière à penser à toutes les choses que ça change entre eux, avant de se resservir un verre de lui-même pour oublier qu'il a merdé. Les souvenirs sont là, comme la trace des dents de Laurent sur sa lèvre inférieure. Putain d'idiot.

Ce n'est pas de gaieté de cœur qu'il se résout à ne plus parler à Laurent, mais ils ne peuvent plus continuer comme avant, et tout est de sa faute, alors c'est à lui d'en assumer les conséquences. Martin prend sur lui-même, après des années avec Laurent tout ça est en train de lui briser le cœur, mais il n'y a pas d'autres choix que de tout arrêter entre eux et de passer à autre chose, tourner la page et se diriger vers quelqu'un d'autre...

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Loïc peut sentir que Sam est différent depuis quelques temps, il répond moins à ses messages et il lui parle moins en général. Il a du mal à comprendre pourquoi son meilleur ami agit comme ça, pourquoi il est distant avec lui et pourquoi tout a l'air d'avoir changé du tout au tout en peu de temps. Loïc ne sait pas s'il a dit quelque chose qu'il ne fallait pas ou si quelque chose est arrivé dans la famille de Sam, mais il est pourtant sûr de lui avoir dit qu'il serait toujours là pour lui, pour le soutenir, dans les bons comme dans les mauvais moments.

Il sent bien que Sam ne va pas bien, qu'il veut faire croire que tout est normal quand ils jouent ensemble. Des années qu'ils font les mêmes choses, Loïc n'a aucune raison de croire que tout va bien alors que Sam se tourne à peine vers lui, parle très peu. Quelque chose ne va pas et il n'a aucune réponse à ses questions, aucune aide à apporter à son meilleur ami. Comment faire pour ne pas s'inquiéter pour lui alors qu'il ne l'aide pas du tout ?

Loïc ne sait pas si c'est un début de réponse quand il s'absente pour aller chercher de quoi manger. Il sait que ce n'est pas bien d'écouter aux portes, mais il avait besoin de comprendre, de savoir pourquoi Sam est si différent d'avant... Peut-être qu'il aurait préféré ne pas savoir finalement. Peut-être qu'il comprend pourquoi Sam a autant pris ses distances. Peut-être qu'il va en faire de même parce qu'il subit le même harcèlement de la part de son corps...

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Claude a toujours cru que son avantage était aussi son plus gros défaut : Son franc-parler. Apparemment, il l'a perdu en posant le pied en Polynésie, parce qu'il n'ose pas affronter le fait que ce n'est pas normal qu'il se retrouve ici juste parce qu'il aime manger chez un foodtruck en particulier. Se retrouver si proche de Tehe est quelque chose qu'il n'aurait jamais imaginé, et il n'a aucune idée de quoi dire ou faire pour échapper à la terrible réalité : il a des sentiments pour lui et il ne sait pas comment y faire face.

Il ne connaît évidemment pas la Polynésie, et se retrouver sur ces petits îlots, entourés de la famille de Teheiura est quelque chose qui le terrifie plus qu'il ne le pensait en entendant la proposition du cuistot pour la première fois. Claude sait qu'il aurait dû réfléchir un peu plus longtemps avant d'hocher la tête comme un idiot, mais ce n'est pas de sa faute s'il était plus qu'emballé à l'idée de se retrouver avec le gars sur qui il a un crush depuis des années ! Au moins, les paysages sont très différents de ceux de la région parisienne, et c'est très bien comme ça.

C'est une atmosphère particulière, de toujours plus ou moins suivre Tehe où il va, de découvrir peu à peu là où il a grandi et sa famille, et de pourquoi il est comme ça à l'heure d'aujourd'hui. Peu à peu, Claude apprend à laisser couler et profiter de l'instant présent, et ça, pour la première fois depuis des années, depuis le décès de sa mère et le moment où il a dû encaisser tous les coups de la vie, ça lui fait du bien.

C'est un endroit où il ne peut que laisser ses sentiments prendre le dessus sur lui et apprécier sa nouvelle proximité avec Teheiura. Claude ne sait pas s'il est en train de faire une intoxication à la coco ou si mélanger salé et sucré est une mauvaise idée depuis le début, mais il se sent suffisamment courageux pour tout avouer à Tehe, même si tout ne va pas si bien dans le fond de ses tripes...

Il prend l'occasion d'une découverte des danses polynésiennes comme le moment où il doit tout mettre en forme pour que Tehe comprenne l'amplitude de ses sentiments pour lui... Ses lèvres se baladent peut-être trop vite jusqu'à celles qu'il attend désespérément, mais Claude ne peut plus attendre, il rentrera seul à Paris s'il le faut mais il devait le faire...

La langue qui rejoint la sienne est inespérée.

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Il a fait le tour du carnet d'adresse de Freddy pour le retrouver, c'était plus par chance qu'autre chose, mais Ugo l'a retrouvé. Il ne sait pas vraiment à quel moment leur relation déjà bien calme s'est tu, mais il sait que se retrouver en face à face avec Freddy sortant tout juste de la douche n'était pas une bonne chose, même s'il ne l'avait absolument pas fait exprès. C'est probablement stupide d'avoir fait presque tout le tour de Paris pour livrer son déjeuner à Freddy, mais il sait à quel point il aime manger, et surtout à quel point il passe des journées complètes à travailler. L'imaginer ne pas se nourrir alors qu'il retape une maison du matin au soir ne l'enchantait pas le moins du monde, et c'était hors de question de ne rien faire.

Ugo se sent vraiment stupide avec son sac plastique à la main, il ne doit pas vraiment être un bon livreur en plus de ça, mais il se retrouve devant la maison en reconstruction, et il peut directement voir Freddy en train de poser des charpentes (ou en tout cas il assume que c'est ça, ses notions de bricolage s'arrêtent aux meubles Ikea...)

Freddy le remarque avant qu'il n'ait eu le temps de prononcer le moindre mot, plutôt passionné par ce qu'il voyait au lieu de s'imposer. Ugo se sent stupide mais ça ne change pas de d'habitude, il ne sait pas vraiment comment se comporter quand il est près de son nordiste, à part involontairement faire rougir ses joues. Il devrait partir et il le sait très bien, mais il est suffisamment présomptueux pour s'asseoir à côté de lui et le regarder manger quand il ose détourner le regard des verts pâturages devant lui.

Ugo ne pensait pas que Freddy serait du genre jaloux.

''Alors, qui est la fille qui a volé ton coeur ?''

''Tu parles de Karima ?''

''Grande, sportive, du genre à t'arracher la tête avec les dents.''

''Ouais, Karima. Ma coach sportive, une militaire, aucune chance que ça fonctionne entre nous si ça peut te rassurer. Et cette Christina ?''

''On a rompu le mois dernier, elle est repartie à Marseille et je ne pense pas qu'elle veuille me revoir.''

''Qu'est-ce qui a échoué entre vous ?''

''Oh tu sais, ça n'aurait jamais pu durer. J'aime les gars plus que les filles.''

Oh, s'il y avait moyen de déposer une bombe plus facilement, ce serait difficile de faire plus smooth... Ugo ne sait pas bien quoi répondre, surtout vu ce qu'il ressent lui-même pour l'ingénieur... Sa main glisse d'elle-même vers l'épaule de Freddy pour la tapoter, bien qu'il sache pertinemment que ça ne va pas changer grand-chose. Il croise le regard de Freddy, et ses yeux bleus sont tellement, tellement beaux et profonds qu'Ugo pourrait s'y noyer s'il ne s'était pas repris à temps... Quel homme...

''Tu sais, je ne me suis pas senti aussi bien avec quelqu'un depuis des années.''

''Qu'est-ce qu'il s'est passé ?'' Ugo ne sait pas bien quoi répondre, alors il préfère dévier la discussion sur quelque chose qui le concerne un peu moins, pendant que Freddy dévore son repas

''Accident de voiture, ma mère et ma sœur sont mortes sur le coup. Je crois que je n'en ai parlé à personne depuis que c'est arrivé dans mon enfance.''

Difficile de trouver les mots justes, alors Ugo préfère utiliser la solution de facilité s'il peut la désigner ainsi, ses doigts remontant de son épaule vers ses cheveux pour les frotter doucement et y retirer la poussière et la sueur. Il ne pensait pas que Freddy avait autant souffert, et même s'il a l'air d'être passé à autre chose, il peut sentir que la douleur est toujours là, enfouie sous plusieurs couches épaisses de bonne humeur et d'arrogance.

Ses yeux verts se noient une nouvelle fois dans ceux bleus de Freddy, et plus rien ne va à partir de ce moment-là, les lèvres de l'ingénieur rejoignant les siennes avant qu'il n'ait le temps de lui présenter ses condoléances... Le baiser est long et désordonné, mais aucun d'eux ne veut se retirer, parce qu'ils en ont terriblement besoin, pour se sentir moins seuls, parce qu'ils ont l'impression d'être compris...

''Parle-moi de ton divorce maintenant.'' Le sourire de Freddy revient vite, avant qu'il ne puisse se remettre du baiser

''Comment tu as deviné ?''

''Tu as encore la trace de ton alliance au doigt, bébé.''

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Laurent est énervé, énervé de ne pas comprendre ce qui ne va pas dans la tête de Martin. Il a tout fait pour le mettre en confiance avec lui, pour qu'ils puissent travailler sans devoir changer de compère, et maintenant Martin veut tout arrêter pour un baiser dont il est responsable ?! C'est du foutage de gueule, s'il voulait le quitter avant, il n'avait qu'à lui en parler au lieu de lui donner de l'espoir en vain ! Il s'est toujours contenu pour ne rien forcer à Martin, et maintenant pour une seule cuite et un seul baiser, il le rejette ? C'est hors de question qu'il accepte ça.

Ce n'est pas pour leur contrat qu'il se rend chez Martin, mais pour lui parler droit dans les yeux de son attitude, de son écart avec lui. Ils peuvent continuer de travailler ensemble, il n'en a aucun doute là-dessus. Ils ont toujours su comment mettre leurs sentiments de côté, et il n'y a aucune raison pour que ça change aujourd'hui. Martin va devoir avouer qu'il ressent des choses pour lui et que ce n'est pas un problème, Laurent ne compte pas sortir de chez lui sans l'avoir entendu dire tout ça.

Et évidemment, Martin n'a pas envie d'ouvrir. Laurent n'est pas loin de défoncer la porte ou d'appeler les pompiers pour l'aider, jusqu'au moment où son barbu préféré décide d'entrouvrir sa porte et de le laisser lui parler, même si rien qu'à son regard, il peut voir que ça ne lui fait pas plaisir de faire cet effort. Laurent s'impose pour entrer chez lui, ils sont amis et ce n'est pas ce stupide baiser qui va tout changer, peu importe ce que son photographe croit.

Martin est têtu comme une mule, Laurent le savait déjà, mais il ne pensait pas qu'il serait incapable d'avouer que rien de mal ne s'est passé, aucun d'eux n'est blessé et ils peuvent toujours pratiquer leur métier sans que personne n'en ait quelque chose à foutre de leur orientation sexuelle ! S'il doit claquer les joues de Martin pour qu'il se remette les idées en place, il le fera !

''Tu ressens des choses pour moi, pas de problème, c'est tout pareil pour moi ! Pas besoin de tout arrêter entre nous parce que tu ne tiens pas l'alcool, tout fonctionnait très bien et tu sais tout aussi bien que moi que nos sentiments ne sont pas nés avec ce stupide baiser !''

''Laurent, arrête de faire comme si c'était correct de notre part de continuer de travailler ensemble après ce que j'ai fait ! Notre bordel ne va que ruiner notre travail et c'est hors de question de tout ruiner à cause de ça.''

''Putain tu fais chier Marty !''

Laurent savait à l'avance que Martin ne céderait pas, il ne pensait pas qu'il devrait utiliser la manière forte pour le convaincre... Ce n'est pas entièrement de gaieté de coeur qu'il pose ses lèvres sur celles de son collègue, mais il en serait arrivé à ce point d'une façon ou d'une autre, et ce n'est pas comme si Martin ne voulait pas ça au fond de lui, il le connaît par coeur.

Pas surprenant que son joli corps le surplombe pour s'empaler sur lui à peine leurs vêtements tombés au sol... Alors ils peuvent toujours travailler ensemble, seulement quand ça l'arrange, sacré Martin...

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C'est totalement cliché mais Sam n'a pas trouvé mieux, même s'il en a honte. C'est pathétique, misérable et tout ce qui va avec, mais il ne savait vraiment pas quoi faire pour annoncer à Loïc qu'il l'aime et qu'il hante ses pensées, que c'est à cause de ça qu'il n'arrive plus à le regarder droit dans les yeux... C'est vraiment humiliant d'être réduit aux pulsions de son corps sans pouvoir s'en défaire et protéger ce qu'il reste de son âme. Il n'a jamais été fort pour parler avec d'autres personnes que Loïc, alors s'il le perd... Il ne sait pas ce qui adviendra de sa vie sociale.

Bouquet de fleurs, boîte de chocolats. Sam a l'impression d'être dans une mauvaise comédie romantique, sauf qu'il n'en a ni la carrure, ni les lignes pour savoir quoi dire quand il se retrouvera devant Loïc. Et il n'est pas fort en improvisation pour couronner le tout...

Et ça ne s'arrange pas quand il y a Loïc en face de lui, une tentative de costume sur lui, lui-aussi un bouquet de fleurs et une boîte de chocolats en main. D'accord, là c'est bizarre, et imprévu surtout. Est-ce que Loïc prend ça comme une blague ? Est-ce qu'il pense que c'est juste un cadeau ou une tentative pour tester plus tard avec une fille ?

Sam n'a pas vraiment de réponse, et il n'est pas sûr qu'il pourrait comprendre de toutes façons. Loïc et lui sont en train de reproduire le putain de meme de Spider-Man et il n'y a rien de plus humiliant que de se retrouver à rougir comme un idiot. Ils se prennent maladroitement dans les bras, et Sam se sent bien contre lui, il n'a plus une once de pression, l'eau de Cologne de son ami imprégnant ses narines. C'est une situation qu'il apprécie, il ne veut pas se déloger de ses bras avant le coucher du soleil.

C'est fascinant, la manière dont tout s'est orchestré pour qu'ils puissent être heureux malgré leurs peurs et leurs différences...

FIN

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