Chapitre XXX

Enthousiasme, Alexei quitta le magasin où il venait de commander la tenue que Hugo porterait à son mariage. Il était très fier de la brillante idée qu'il avait eu et il ferait tout pour que Jean pousse Aaron à choisir une tenue assortie. Il s'accrocha au bras de l'étudiant avec un immense sourire et lui expliqua joyeusement le reste de la journée.

— Maintenant, on va aller dans un joli petit café parisien et on va attendre Clémence pour lui choisir sa tenue à elle aussi ! Ta témoin doit être parfaite !

— Toi aussi, il faudra qu'on te trouve quelque chose. Et à Aiden.

— Oui, oui, il va nous rejoindre au café aussi. Je m'occuperai de tout aller chercher quand les retouches seront faîtes, ça évitera que ton beau prince charmant ne le voit avant l'heure.

Il regarda son jeune ami rire et hocher de la tête pour valider le programme. Il serra son bras un peu plus fort, soulagé de le voir rire. Aaron l'avait prévenu qu'il se sentait un peu mal à cause des résultats de ses examens, mais leur petite sortie semblait lui changer les idées. Il jeta un œil sur son portable pour vérifier l'heure et fit une petite moue en voyant qu'ils risquaient d'être en retard. Il bifurqua dans une ruelle pour rejoindre le café plus rapidement. Il avait l'habitude de l'emprunter avec Aiden, adolescent, quand il se rendait dans le même établissement après leurs cours au lycée, alors il connaissait le chemin. Ils passèrent devant un petit groupe de garçons qui discutaient devant un magasin en fumant. Ils leur lancèrent un regard mauvais mais il fit de son mieux pour les ignorer, d'autant plus que Hugo ne semblait même pas les avoir remarqués. Il accéléra quand même un peu le pas, pour ne pas traîner devant eux. Ce n'était pas bien compliqué de comprendre qu'ils étaient homophobes et il ne voulait pas d'ennuis aujourd'hui.

Il tourna au coin de la rue, grimaçant en voyant que le chemin était toujours désert. Il aurait bien aimé qu'il y ait quelqu'un, au cas où. Il jeta un œil derrière lui et paniqua légèrement en voyant que le groupe les avait suivis. Il tira le bras de son ami pour le faire accélérer et ce dernier se tourna vers lui en haussant un sourcil. Il ouvrit la bouche pour lui expliquer mais deux adolescents qu'il n'avait pas vus arrivèrent devant eux pour leur bloquer la route. Le blond se retourna et déglutit en voyant que trois autres étaient déjà derrière eux, les encerclant petit à petit. Ils étaient coincés. Le bras de Hugo, qu'il tenait toujours, se tendit, et sa respiration s'accélèra. Il allait faire une crise de panique. Il tenta de le rassurer du regard et demanda le plus neutralement possible :

— Je peux savoir ce que vous nous voulez ?

— On aime pas les PD comme vous, exposa l'un des garçons en s'avançant.

— Qu'est-ce qui te fait dire que l'on est gay, au juste ?

— La manière dont tu tiens le bras à l'autre, là, ça fait tapette, continua-t-il en crachant à leurs pieds.

Alexei eut une grimace de dégoût. Il regarda rapidement Hugo et constata que cette fois il était bel et bien en pleine crise d'angoisse. C'était mauvais. Déjà qu'à deux contre cinq, ils risquaient de ne pas gagner, à un contre cinq c'était mission impossible. Il devait la jouer finement s'il ne voulait pas qu'ils finissent par se faire tabasser.

— C'est mon petit frère, on ne sort pas ensemble. On peut y aller, maintenant ?

— Je crois pas à son histoire, s'écria un autre adolescent.

— Ouais, moi non plus. Homo et menteur, t'as toutes les qualités toi, hein ?

Alexei ferma les yeux et serra le bras de Hugo. Il n'arriverait à rien en discutant avec ces adolescents. Il allait devoir compter sur son jeune ami et lui insuffler l'adrénaline suffisante pour qu'il cesse de paniquer. Il espérait simplement que ses entraînements de self-défense avec Christian porteraient leurs fruits et qu'il s'en sortirait en attendant les secours. Il lâcha le bras de Hugo, attrapa ses épaules et le secoua un peu pour le forcer à le regarder. Son yeux noisettes étaient paniqués, mais il semblait quand même prêter un peu attention à ce qui se passait. Il lui chuchota avec fermeté malgré la peur qui l'habitait en entendant les jeunes s'approcher en faisant craquer leurs doigts :

— Il va falloir que tu cours, mon petit ange, que tu cours le plus vite possible et que tu préviennes quelqu'un. Je te fais confiance.

Il le poussa ensuite de toutes ses forces pour le faire sortir du cercle. Surpris, les adolescents s'écartèrent. Il ne leur laissa pas le temps de réagir et hurla :

— Cours ! Cours, Hugo !

Hugo lui lança un regard un peu perdu. Ses yeux vairons le supplièrent de partir vite, avant que l'effet de surprise ne se dissipe et qu'il ne soit ramené de force entre leurs agresseurs. Il fut soulagé de le voir s'éloigner en courant vers une rue adjacente. Il n'avait plus qu'à croiser les doigts pour qu'il trouve rapidement quelqu'un.

Il reporta son attention sur les cinq adolescents. Ces derniers n'essayèrent même pas de poursuivre Hugo, mais ils semblaient énervés d'avoir perdu une de leurs victimes. Il déglutit un peu en se positionnant comme son mari le lui avait appris. Il réussit à contrer les premiers coups de poing, mais comme il s'en doutait, il ne faisait pas le poids contre cinq personnes. Très vite, un de ses agresseurs parvint à le déséquilibrer et un autre faucha sa jambe pour le faire chuter. Sa tête heurta durement le pavé et il grogna de douleur, sonné. Il ne tenta pas de se relever, car il prenait le risque de s'exposer, cependant il ne pouvait pas non plus les laisser le frapper au sol sans rien faire. Il se roula donc en boule, pour protéger au mieux ses organes vitaux, et bloqua un des pieds qui fonçait vers lui pour lui donner un coup. Il tira dessus et fit chuter un des jeunes hommes.

Au même moment, il entendit des personnes arriver en courant, criant aux adolescents d'arrêter. Ces derniers prirent la fuite sans demander leur reste, ne voulant surtout pas avoir d'ennui, et il put se redresser pour regarder ses sauveurs. Une jeune femme au tablier couvert de farine se pencha vers lui avec un sourire rassurant et lui demanda s'il allait bien. Il hocha doucement la tête et les deux hommes l'aidèrent à se relever. Une autre jeune femme revint vers eux quelques secondes plus tard, haletante. Elle avait essayé de prendre le groupe d'adolescent en chasse mais ils avaient été plus rapides qu'elle.

— Merci, chuchota-t-il, c'est mon ami qui vous a prévenu ?

— Oui, répondit un des hommes, il est arrivé totalement paniqué à la boulangerie. On l'a laissé avec une de nos clientes. Vous pouvez marcher ?

— Mm... ça devrait aller, mais je ne suis pas contre un peu de soutien.

— Bien sûr, on va vous aider. On est pas très loin de toute façon, ça devrait aller.

Alexei s'appuya sur les épaules du boulanger en le remerciant de nouveau. Ils arrivèrent au niveau de la boulangerie au moment où Christian en sortait précipitamment, affolé de ne pas le trouver avec Hugo. Il lui sourit et secoua doucement la main pour le saluer.

— Alex' ! Tu vas bien ?!

— Je vais bien, mes sauveurs sont arrivés à temps et j'ai réussi à me défendre au mieux.

— Tu saignes, pourtant, grogna Christian en posant sa main dans ses cheveux blonds.

— Je me suis cogné la tête. Mais ça va, promis.

— J'ai eu peur... Merci beaucoup d'être allé l'aider.

Les boulangers sourirent à Christian, lui disant que c'était normal. Une sirène se fit entendre et un camion de pompier ainsi qu'une voiture de police arrivèrent devant la boulangerie, sûrement appelés par la cliente. Il laissa les secouristes le prendre en charge, rassurant Hugo, Aaron et Jean sur son état quand ils les rejoignirent. Il n'avait rien de grave, mais les pompiers insistèrent pour l'emmener à l'hôpital et lui faire passer des examens pour être sûr qu'il n'avait aucune blessure interne.

~~~

Christian entra dans la maison après être passé à son appartement pour vérifier que Hugo et Aaron allaient bien. Son mari était allongé sur le canapé, une poche de froid sur le visage. Il avait pu assez sortir assez rapidement de l'hôpital après avoir passé toute une batterie d'examens. Il s'en sortait bien. Une plaie superficielle sur la tempe, des hématomes, mais rien de cassé.

— Tu vas bien, demanda-t-il en s'asseyant à ses côtés et en posant sa tête sur ses genoux.

— Mm... j'ai un peu mal, mais ça va.

— J'ai bien fait de t'apprendre à te défendre. J'ai eu tellement peur quand Aaron nous a dit que vous vous étiez fait agresser.

— Je me doute. C'est juste... c'est rageant, de se faire agresser parce que je tiens le bras de mon ami. J'espère que Hugo va bien.

— Aaron m'a assuré que oui... Vous allez juste devoir reporter la fin de votre shopping.

Alexei hocha la tête en souriant. Oui, il n'allait pas s'arrêter de vivre pour ça. Il ne laisserait pas la peur des autres l'empêcher d'être lui-même.

Il était gay et il était un soumis. Mais plus que tout... Il était "Kitty".  

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