Chapitre XXVI
Alexei noua la cravate bleue de son meilleur ami en soupirant légèrement. Maintenant que Hugo venait de partir, il laissait un peu plus passer ses émotions. Ce qu'il avait découvert la veille ne faisait que tourner en boucle dans son esprit. Sa famille allait-elle vraiment tout essayer pour le faire quitter Christian ? Il était furieux, triste, paniqué. Il était surtout à bout. Son mari avait dû l'empêcher de débarquer chez ses grands-parents pour leur exploser les dents tellement il avait été envahi par la rage.
Il sortit de ses pensées en sentant Aiden caresser sa joue avec douceur. Il leva le visage vers lui et se mordit la lèvre en voyant qu'il l'interrogeait du regard, prêt à écouter ce qui se passait dans sa tête. Il essaya de sourire pour le rassurer sur son état mais n'y parvint pas. Au lieu de ça, ses jolis yeux se remplirent de larmes et il se laissa aller contre lui. Le brun le serra tendrement et passa sa main dans son dos pour le rassurer. Christian les avait mis au courant de ce qui se passait et il était vraiment inquiet pour son ami.
— Je les déteste tellement, Aiden, tellement. Je voudrais qu'ils disparaissent.
— Je sais.
— À quoi ça leur sert ? Pourquoi veulent-ils à ce point me gâcher la vie ?
— J'en sais rien. J'aurais aimé que tu n'es jamais eu à vivre tout ça. Tu commençais seulement à vivre heureux, tu avais trouvé ton équilibre, et ils ont encore tout détruit.
— Pas tout. J'ai au moins pu construire quelque chose...
Aiden essuya les larmes sur les joues de son ami, mais ces dernières continuèrent de couler. Il soupira légèrement et embrassa son front avant de le reprendre contre lui. Il se sentait tellement impuissant. Comme quand il était adolescent, qu'il voyait qu'il souffrait mais qu'il ne voulait rien lui dire. C'était d'ailleurs en couchant avec lui qu'il évitait la plupart de ses questions, quand il y pensait. Il le serra avec un peu plus de force.
— Il... Il faut que je me reprenne, sanglota Alexei contre lui, Hugo va revenir.
— Tu devrais lui dire ce qui ne va pas, il n'est pas aveugle.
— Je ne veux pas l'inquiéter, il a déjà eu assez de problèmes cette année.
Aiden fit la moue mais n'ajouta rien. Il savait que son meilleur ami considérait leur cadet comme un jeune frère, et il en allait de même pour lui. Mais quand même, il aimerait que Alexei puisse avoir tout le soutien dont il avait besoin. Il posa son menton sur les cheveux du blond, continuant à caresser son dos pour qu'il se calme. Il remarqua dans le miroir que la porte s'ouvrait et Hugo apparut, le carton contenant les fleurs pour leurs costumes entre les bras. Il grimaça légèrement. Qu'avait-il fait pour avoir le droit à ce timing pourri ? Il caressa doucement les cheveux du blond, tentant de le calmer.
Ce dernier redressa légèrement la tête et croisa le regard désolé de Hugo dans le reflet de la fenêtre. Le plus jeune tentait tant bien que mal de masquer son inquiétude et de se faire discret. Il renifla et essaya de le rassurer en sanglotant :
— Dé-désolé, Hugo, ça... ça va passer. Tu as trouvé les fleurs ?
— Oui... Dîtes... je sais que... je suis le plus jeune et que je ne suis pas ami avec vous depuis aussi longtemps que vous ne l'êtes mais... J'aimerais bien savoir ce qui se passe depuis quelque temps. Pourquoi vous ne voulez pas me le dire ?
— Ce n'est pas à moi de t'en parler.
Alexei lança un regard affolé à Aiden quand il le relâcha avant de grimacer. Il ne voulait vraiment pas inquiéter l'étudiant avec ses problèmes. Il savait qu'il fonctionnait comme lui, aspirant les sentiments des autres jusqu'à ne plus pouvoir le supporter, alors il ne voulait pas en rajouter une couche avec ses problèmes. Mais apparemment, il était plus inquiet qu'il ne le pensait. Et ce traître de Aiden qui ne l'aidait absolument pas ! Il inspira profondément pour se donner un peu de courage et empêcher sa voix de trembler puis expliqua :
— Ma famille me mène la vie dure. Mais tout va s'arranger, ne t'inquiètes pas. D'accord ?
— D'accord, souffla Hugo.
— Petit ange, je t'assure que tout va bien. J'avais juste besoin de craquer un peu. Maintenant que c'est fait, ça va mieux. Mais j'ai ruiné mon maquillage, tu veux bien me le refaire ?
Le blond ne voulait pas entrer dans les détails, alors il préférait détourner l'attention du jeune homme sur autre chose en s'efforçant de paraître enjoué. Hugo sembla le comprendre et hocha la tête en montant sur le lit et en attrapant les pinceaux pour aider son aîné. Alexei s'assit en tailleur en face de lui pour qu'il puisse corriger les petits défauts apparus à cause de ses larmes et Aiden les rejoignit en glissant les compositions florales dans les poches de leurs vestes de costard.
— Tout va bien se passer, Alexei va traverser cette épreuve avec brio comme toutes les autres et on sera là pour l'aider.
— Oui, tu as raison, Aidichou, avec vous tous à mes côtés je n'ai pas à avoir peur, confirma-t-il avec un sourire.
L'étudiant termina son trait de liner en hochant la tête. Alexei rouvrit les yeux sans se défaire de son sourire. Maintenant qu'il avait un peu évacué la pression, il se sentait mieux. Et puis, c'était le mariage de son meilleur ami ! Il n'allait pas se permettre de le gâcher ! Il pencha légèrement la tête en voyant Hugo se mordiller la lèvre, hésitant à dire quelque chose. Au final, il se décida et demanda :
— Tu voudrais bien m'aider à choisir ma tenue pour mon mariage, Alexei ?
— Bien évidemment, petit ange, s'exclama-t-il aussitôt avec enthousiasme, je vais réserver tout un week-end rien que pour toi, tu seras le plus beau !
— Et moi, alors, s'exclama Aiden, faussement jaloux.
— Toi, j'aimerais que tu sois mon chauffeur.
— Avec plaisir, Hugo. Je suis touché que tu me le demandes.
— Et le témoin, ce sera qui, demanda Alexei dont les yeux brillaient de curiosité.
— Clémence, mais je ne lui ai pas encore demandé alors gardez le secret.
Le mannequin hocha la tête, imité par Aiden. Voilà un autre événement joyeux qui se préparait et qui le rendait heureux. Oui, vraiment, si sa famille pouvait disparaître et arrêter de lui gâcher la vie, il serait vraiment en train de nager en plein bonheur.
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Alexei était fier. Aiden était vraiment magnifique dans son costume bordeau au col en cuir noir totalement assorti à celui que portait Jean. La seule différence était la couleur de leur chemise, blanche pour le manager et noir pour son fiancé. Il s'amusa de la réaction qu'eut son meilleur ami quand le maire demanda aux futurs époux de se lever. C'était comme si on l'avait sorti d'un rêve, mais il savait que c'était seulement parce qu'il était plongé dans la contemplation de son dominant. Il regarda leurs mains se nouer et jeta un coup d'œil vers Christian, installé de l'autre côté de la pièce près de Aaron.
Il fut happé par les iris émeraudes de son mari qui ne le quittait pas des yeux depuis qu'il était entré dans la pièce. Il put y lire toute son inquiétude et son amour pour lui, sa colère envers sa famille qui ne les laissait pas tranquilles et sa joie pour son cousin qui se mariait enfin avec celui qu'il aimait depuis si longtemps. Tant de choses dans un seul regard, pour quelqu'un que beaucoup qualifiaient d'inexpressif. Il lui répondit par son sourire le plus éclatant. Il était heureux d'être là. Il ne voulait pas penser à sa famille, juste profiter de l'instant. Il vit son mari sourire légèrement en tournant la tête. Apparemment, le message avait bien été reçu. Il tenta de reprendre le fil de la cérémonie, afin de ne pas manquer le moment où il devait apporter les alliances au couple de futurs mariés.
— Monsieur Aiden Carlier, consentez-vous à prendre pour époux Monsieur Jean Tessier ici présent, demanda le maire en se tournant vers Aiden.
— Oui, je le veux, répondit ce dernier avec un léger tremblement dans la voix, ces yeux noirs plongés dans ceux de Jean.
— Monsieur Jean Tessier, consentez-vous à prendre pour époux Monsieur Aiden Carlier ici présent ?
— Oui, je le veux, répondit le châtain en souriant à son soumis.
— Au nom de la loi, je déclare Monsieur Jean Tessier et Monsieur Aiden Carlier unis par le mariage. Vous pouvez vous embrasser.
Alexei applaudit avec le reste de la foule avant de profiter du baiser passionné qu'échangèrent Jean et Aiden pour s'éclipser et récupérer l'écrin contenant les alliances. Il s'approcha quand l'officier d'état civil le lui demanda et tendit la boîte vers le cousin de son mari puis vers son meilleur ami une fois que Jean lui eût passé la bague au doigt. Il soupira intérieurement de bonheur. Ils étaient vraiment magnifiques.
Il reposa la boîte des alliances et s'avança vers le bureau du maire quand ce dernier appela les témoins pour signer les registres d'état civil. Il rejoignit Christian pour sortir de la mairie, s'accrochant à son bras avec un immense sourire. Son dominant embrassa son front avec tendresse avant de chuchoter à son oreille :
— Tu es vraiment magnifique, aujourd'hui. Je te vois rarement en costume trois pièces.
— Je ne savais pas que ça te plaisait...
— Maintenant tu le sais. En plus, le bleu te va divinement bien.
Le compliment le fit rougir. Il avait certes conscience qu'il était séduisant, mais ça lui faisait toujours plus d'effet quand c'était Christian qui le lui disait. D'ailleurs, son costume bleu roi se mariait à la perfection avec le costume noir et bordeau de son mari. Il se mordit la lèvre. Lui aussi, il pouvait bien lui faire des compliments, non ? Aucune règle ne l'en empêchait. Avec un sourire taquin, il se hissa sur la pointe des pieds pour atteindre l'oreille de son dominant. Ce dernier se pencha un peu vers lui, prêt à écouter ce qu'il voulait lui dire.
— Toi aussi, tu es vraiment magnifique. Je t'aime.
Il mordit son lobe d'oreille et pouffa légèrement en le voyant rougir. C'était vraiment adorable. Il posa la tête sur son épaule sans se défaire de son sourire. Sa famille pourrait bien tout essayer, il ne quitterait jamais cet homme. Il ne l'avait pas fait alors qu'il était menacé de mort, alors ce n'était pas leurs petites photos qui le ferait changer d'avis. Il aimait Christian. Et il était prêt à tout pour protéger son couple.
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