Chapitre IV
Alexei rangeait les affaires qu'il avait emmené dans le placard quand il entendit la porte de la maison s'ouvrir. Enfin, pensa-t-il en sortant de la chambre. Il descendit les escaliers et rejoignit son dominant qui venait de passer l'entrée de la maison. Avec plusieurs heures de retard. Et il était bien décidé à le bouder ! Franchement, il avait promis de le soutenir et il abandonnait le poste dès le premier jour. Heureusement pour le mannequin, sa grand-mère l'avait aidé à faire dîner Nicolas et à le coucher. Alors quand Christian s'approcha de lui, il recula d'un pas et croisa les bras sur son torse.
— Alexei... tu es au courant que je n'y peux rien ?
— Tu avais promis d'être là. Au moins aujourd'hui.
— Et je devais aussi être là-bas. Je ne pensais pas que ça durerait aussi longtemps, je suis désolé.
Alexei soupira. Il était furieux et il avait envie de crier. Mais ce n'était pas vraiment de la faute de son dominant. C'était juste parce qu'il se sentait mal dans cette maison, qu'il tremblait de peur au moindre bruit, et que son frère le fuyait depuis leur discussion de l'après-midi. Il sentit deux bras musclés l'enlacer et il laissa sa tête se poser contre le torse de Christian. Il se détendit instantanément quand le plus vieux commença à masser sa nuque. Il se sentait à sa place, enfin.
— J'avais besoin de vous, moi, souffla-t-il.
— Je sais. Je suis là maintenant, Kitty. Qu'est-ce qu'il te reste à faire ?
— Ranger nos affaires dans ma chambre...
— Il y a assez de place pour tout ton dressing ?
Le blond rigola. Christian savait très bien qu'il n'y aurait jamais assez de place pour tout leur dressing, mais il posait la question quand même, juste pour le faire rire. Et sa résolution fondit comme neige au soleil, il ne bouderait pas son dominant ce soir. Il en était incapable, parce qu'il se sentait divinement bien entre ses bras.
— Je vais t'aider à finir de ranger. Tu me feras visiter demain.
Avec un hochement de tête, Alexei se décolla du torse ferme contre lequel il était blotti. Il prit la main du châtain et l'entraîna dans sa chambre, seule pièce où il n'avait pas que des mauvais souvenirs. Ils rangèrent ensemble leurs affaires, papotant des dernières idées de Christian pour le magazine et pour redécorer le club. Passer ce moment de vie quotidienne avec son dominant dans cette maison apaisa le blond. Il arriverait à oublier ce qui c'était passé ici si Christian était avec lui.
— Comment ça c'est passé avec ton frère ?
— À merveille jusqu'à ce que je lui dise que j'aime les garçons, soupira le plus jeune en rangeant un des costumes de Christian, même morts ils arrivent à me gâcher la vie.
Le châtain retint un grognement. Comme il détestait voir Alexei souffrir autant et comme il détestait sa famille de lui infliger tout ça. Il voulait chasser cette tristesse qu'il voyait dans ses yeux, il voulait qu'il oublie ses parents, son frère et cette maison qui lui donnait froid dans le dos. Il savait ce que son soumis y avait vécu et il voulait remplacer ces tristes souvenirs.
Il jeta un œil vers le dernier bagage sur le lit. Il savait parfaitement qu'il contenait des accessoires et des cordes qu'il avait demandé au mannequin d'emmener. Il sourit légèrement.
— Qu'est-ce que tu dirais de ne plus y penser pendant quelques heures, Kitty ?
Alexei sourit à son tour en tournant la tête vers le châtain. Son cœur se mit à battre plus rapidement. Ne plus penser pendant quelques heures, oui, c'était ce dont il avait besoin. Alors sans un mot, il se déshabilla et s'agenouilla, sous le regard satisfait de Christian.
— Tu es magnifique, Kitty.
— Merci, Maître.
Ses joues rosirent quand il entendit le compliment. Ils étaient rares dans la bouche de Christian, tout comme les déclarations enflammées. Alors quand ils étaient dits, il les savourait. Et celui-ci avait un goût tout particulier, parce que seulement une seule personne lui avait déjà soufflé ses mots dans cette maison. Son meilleur ami, alors qu'ils étaient nus dans son lit. Un sourire fleurit sur ses lèvres à ce souvenir. Mais ce n'était pas le moment pour repenser à ce que Aiden et lui avait pu partager. Il devait rester concentré sur son dominant, qui, après l'avoir complimenté, sortait des cordes d'une valise.
Le blondinet se mordit la lèvre. Christian ne rigolait pas quand il lui avait dit qu'il ne penserait plus pendant quelques heures, il avait apparemment prévu une longue séance de shibari. Et cette idée l'excita terriblement. Il ferma les yeux et inspira profondément pour se détendre, relâchant ses muscles, se concentrant sur ses sensations... Quand il sentit la première corde frotter contre son torse, il ne put retenir un frisson. Ça faisait plusieurs jours que Christian ne l'avait pas touché, et il n'en était que plus sensible...
Il ne sut pas trop combien de temps il resta agenouillé sur le sol. Il sentait les cordes l'enserrer petit à petit. Il se sentait de plus en plus léger, comme s'il flottait au-dessus de son corps. Il n'y avait aucun mot, aucun ordre. Juste la caresse de la chanvre sur sa peau et les mains de son dominant qui le manipulaient à leur guise. Parfois, elles passaient près de son sexe, lui arrachant des gémissements de plaisir.
— J'ai fini, Kitty...
La phrase, murmurée à son oreille, lui fit ouvrir les yeux. Il croisa les iris émeraude de Christian qui le dévoraient. Il se sentait beau, à travers ce regard. Dans cette maison où il avait toujours été traité comme un monstre, il se sentait beau. Grâce à son mari.
— Tout va bien ?
C'était une simple question de vérification, si ça n'allait vraiment pas il aurait déjà utilisé son safeword depuis longtemps. Alexei tenta de bouger légèrement. Les cordes étaient serrées, assez pour qu'il demeure immobile mais pas au point de lui couper la circulation. Il miaula donc, signe que tout allait pour le mieux. Le châtain sourit et caressa ses cheveux avant d'aller chercher son appareil photo. Le mannequin rougit légèrement. Christian ne le prenait pas toujours en photo quand ils faisaient du shibari, il ne le photographiait que quand il était vraiment fier de son œuvre. C'est pourquoi le plus jeune rougissait de bonheur et de fierté.
Quand son dominant eut fini de faire ses clichés, il vint le détacher. De nouveau, ce furent des mouvements lents, doux, et Alexei se laissait totalement aller entre ses mains. Il avait confiance en lui. Et Christian ne lui avait pas menti, pendant quelques heures, il avait arrêté de penser. Une fois toutes les cordes enlevées, lui laissant de légères marques sur la peau qui partiraient d'ici le lendemain ou le surlendemain, le blond se fit soulever. Un rire lui échappa quand son mari le posa sur le lit avec un sourire en coin. La soirée était loin d'être finie, et ce n'était pas pour lui déplaire...
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