62. Etre le dindon de la farce
SOREN
Brackston me tira vers lui quand il vit quelqu'un s'approcher de trop près à son goût. Je continuai de sourire et d'agiter ma main aux personnes qui soutenaient ma campagne, avec parfois peut être un peu trop d'empressement. Mon chauffeur, et garde du corps à ses heures perdues, se glissa à côté de moi de façon détournée, épaulant Brackston pour me faire traverser la foule qui avait assisté à mon discours.
J'agitai ma main encore une fois avant que Brackston ne referme la porte des coulisses. Il y avait une autre agitation ici et bientôt, on m'embarqua encore une fois sans que je n'aie mon mot à dire. Je sentais Brackston tendu et je ne comprenais pas forcément. Nous n'avions pas eu de menaces depuis le dernier discours qui avait porté essentiellement sur les droits des minorités et tout ce qui me tenait à cœur concernant les droits des enfants à l'école.
_ Par là, grogna Brackston en me tirant vers la droite.
_ Tu sais que tu peux baiser de temps en temps hein, marmonnai-je dans son oreille tellement il me tenait proche de lui.
Il ricana et jeta un regard à Galen qui s'éclipsa rapidement en marmonnant quelque chose.
_ N'énerve pas mon garde du corps, grognai-je.
_ C'est moi qui le paye aux dernières nouvelles.
_ Ce sont mes fonds qui le payent, rétorquai-je, moqueur. Et qui te paye aussi. Balance ce qui te reste coincé dans le cul. Tout le monde était content de mon discours sauf toi apparemment.
Brackston leva les yeux au ciel.
_ Je te signale que nous préparons ces discours ensemble si mes souvenirs sont bons, rétorqua mon bras droit. Comment voudrais-tu donc que je ne les aime pas ?
Nous passâmes dans un nouveau couloir bien plus vite avec ma petite suite derrière moi. La maquilleuse, mon assistante, ma chargée des relations publiques qui traînait la patte aujourd'hui. Je n'osai pas demander à Brackston si c'était avec elle qu'il couchait en ce moment, mais j'en avais l'impression. Et vu leur humeur à tous les deux. Il y avait deux autres personnes pour ma sécurité qui faisait office de barrage pour mes autres membres de l'équipe. Et ils surveillaient de près les deux dernières personnes de notre convoi qui se trouvaient être Benson et Talia en grande discussion.
_ Il y a un problème avec Violet ? le taquinai-je.
Le regard qu'il me jeta me fit éclater de rire. Effectivement, c'était bien avec elle qu'il avait couché. Son regard coupable le criait.
_ Tais-toi, grogna-t-il. Et détrompe-toi, c'est elle qui m'a jeté. D'accord ?
_ Trop demandeur petit gourmand, ricanai-je. Qu'elle ne me quitte pas à cause de toi ou je te ferais recruter quelqu'un à sa place et tu sais qu'elle est diablement intelligente.
_ Il faut croire vu qu'elle est partie avant d'avoir mal, remarqua Brackston en serrant les dents.
Je tapotai son épaule quand soudain la voix de Talia m'appela. Je pivotai brusquement et la vis me tendre la main, repoussant Benson d'une autre main tremblante. Elle était toute pâle soudain. CE fut Meryl, mon assistante qui la rattrapa avant qu'elle ne tombe. Je me jetai sur les deux pour qu'elles ne vacillent pas ensemble et soulevai Talia dans mes bras.
_ C'est quoi le problème ? m'écriai-je, le cœur battant.
_ Rien... A la maison. Je veux juste rentrer, haleta Talia en serrant son bras sur son ventre.
Brackston était un peu pâle à présent lui aussi.
_ J'appelle un médecin, siffla Benson à côté de nous.
_ Non, rétorquai-je. Brackston, aux urgences.
_ Non ! s'écria Talia en posant une main sur sa bouche.
_ Elle va vomir, me prévint Violet en me faisant signe de la poser.
Meryl tira un petit sachet de son sac et en vida le contenu par terre à côté de son sac à main avant que je ne dépose Talia qui se plia en deux et visa juste à temps dans le petit sac pour vomir. Je lui tins les hanches pour qu'elle ne vacille pas. Elle finit par se laisser glisser contre mes jambes et s'assit sur mes pieds, acceptant l'eau de mon assistante et le mouchoir de Violet.
_ Où est Galen ? Il nous faut cette voiture.
Je crus apercevoir quelqu'un de l'équipe d'une chaîne connue qui arrivait et soupirai. Ma main sur les cheveux de Talia je regardai Brackston et lui fis signe que quelqu'un arrivait. Les fesses de Talia toujours sur mes chaussures, j'observai Benson qui semblait lui aussi inquiet. Benson inquiet ? C'était une première. Cet homme savait tout sur tout et il était payé pour ça. Bon, je me demandais encore comment il n'avait pas su pour Athena, mais au moins, ça m'arrangeait. Seulement, si même en passant du temps avec mon épouse et en la baisant, il ne voyait pas qu'il y avait un putain de problème... Je déglutis soudain et croisai le regard de Violet. Elle hocha doucement la tête. Violet savait très bien que Talia et moi n'avions aucun rapport sexuel et que notre mariage reposait sur un pur arrangement politique. Elle devait le savoir, elle gérait nos images à tous les deux. Elle était plutôt contente de l'image que nous renvoyons pour l'instant parce que ça fonctionnait, mais elle nous tomberait dessus si Talia était enceinte de la mauvaise personne. Néanmoins, je savais que Talia m'avait vaguement dit qu'elle n'aurait sûrement jamais d'enfants à cause d'un vieux problème de santé.
Benson disparut pour aller voir si Galen n'était pas loin de la sortie pour que les photographes ne voient pas l'état inquiétant de Talia.
_ Tiens, souffla Violet en lui tendant un chewing-gum que mon épouse accepta.
Je posai ma main sur le front de Talia et sentis qu'elle avait de la fièvre. Je soupirai et me frottai la nuque.
_ Désolée, souffla-t-elle en levant son regard sur moi.
Je posai un doigt sur mes lèvres, lui intimant le silence.
_ On va aller aux urgences.
_ Je t'assure que je n'en ai pas besoin, Ren, insista-t-elle. S'il te plaît, ramène-moi à la maison.
_ Non, rétorquai-je.
_ Tu es brûlante, remarqua Meryl en posant sa main sur le front transpirant de Talia.
_ S'il te plaît, Ren, insista mon épouse d'une petite voix.
Nous échangeâmes un long regard et j'étais à deux de l'écouter pour pouvoir la cuisiner à la maison, mais Benson revint à ce moment-là.
_ Galen est là, nous prévint-il.
_ Appelle les urgences de Saint Paul, ordonnai-je à Benson. Qu'ils nous préparent une consultation privée. Pas de fuite.
_ Je m'en occupe, me coupa Violet en tirant son portable avant Benson.
Ce dernier hocha la tête quand ils échangèrent un argument silencieux et Violet s'éclipsa en direction de la voiture, discutant déjà avec les médecins de là-bas. Talia soupira, mais accepta que je l'aide à se lever et à la reprendre dans mes bras.
_ Je peux marcher, se plaignit-elle en nouant ses bras autour de ma nuque.
_ On file, marmonna Brackston en jetant un coup d'œil à nos deux malabars supplémentaires qui faisaient barrage de leurs corps. Ça commence déjà à poser des questions.
On se retrouva tous dans la limousine, Talia sur mes jambes, le visage encore suant et pâle. Brackston envoyait des messages à je ne sais qui, évitant le regard de Violet qui elle continuait de parler avec le médecin qui prendrait en charge Talia. Notre médecin de famille fut prévenu, mais Talia tenta encore une fois de refuser sa venue. Meryl la força à avaler encore un peu d'eau et bientôt, nous fûmes devant l'entrée privée des urgences de l'hôpital universitaire Saint Paul. Meryl noua un foulard sur la tête de Talia et Benson enfonça une casquette sur ma tête. Nous eûmes droit à des lunettes de soleil et Galen nous fit sortir juste devant les portes. Je m'extirpai rapidement de la limousine et ce fut Brackston qui me tendit le corps mince de Talia. Je la récupérai et me faufilai dans les urgences. Deux infirmières et un médecin nous attendaient et l'une des deux femmes m'indiqua une chambre en retrait. Le box était bien plus spacieux que ceux qu'on voyait dans les urgences pour le grand public. Je déposai Talia sur le lit et elle tenta de me retenir, mais je lui lançai un regard que j'espérais autoritaire et pas trop méchant. Elle ferma la bouche et secoua la tête.
Le médecin entra à son tour et l'aida à se redresser pour commencer son examen. Je m'éclipsai à l'extérieur de la pièce, trouvant Meryl avec Gracie et Violet. Gracie était notre maquilleuse à tous, Meryl mon assistante et Violet ma chargée de relations publiques. Je m'approchai des trois femmes et elles pivotèrent vers moi, prêtes sûrement à me dérouler un plan d'action.
_ Les deux infirmières n'étaient pas prévues, grogna Violet. Le médecin pense que c'est assez grave pour avoir besoin d'aide, je pense qu'il est idiot. J'ai appelé un autre médecin en qui j'ai confiance pour le traitement, le diagnostic et aussi la discrétion.
_ Parfait, grognai-je. Gracie, je pense que tu peux rentrer. Meryl, je vais avoir besoin de toi pour quelques coups de fil. Violet, tu es déjà sur le front et je ne peux rien faire de plus hormis espérer que ce problème n'arrive pas aux oreilles de tout le monde. Je vous demande de garder vos portables sur vous si j'ai besoin de vous joindre.
_ Bien sûr, répondirent-elles ensemble.
_ Je vais aller vous chercher des affaires, se proposa Gracie.
_ Je vais m'occuper de tes rendez-vous pour demain, ajouta Meryl. Dites-moi si vous avez besoin d'autres choses.
_ Je ne sais pas si on va rester cette nuit ici, en tout cas, prévoyez-vous de quoi manger si besoin. Gracie, si tu passes à la villa, prend ce qu'il faut pour Talia. Elle, c'est sûr qu'elle va rester ici cette nuit en observation. Et elle détesterait le faire dans une de ses blouses d'hôpital horribles.
_ Considère que c'est fait, dit-elle en s'éclipsant.
_ Pardon, s'excusa Violet en s'écartant pour répondre au téléphone.
_ Soren, remarqua Meryl en jetant un coup d'œil à sa montre. J'annule et je déplace tes rendez-vous pour demain. Que fait-on pour Landon ? Il voulait absolument te voir demain pour le projet Horizon.
Je me frottai la nuque et pivotai pour regarder l'heure à mon tour. Je retins un soupir. Il était déjà sept heures. J'aurais déjà dû être en route pour le loft. Comment était-ce possible que le temps passe aussi vite ?
_ Nous avons pris du retard à la conférence ? murmurai-je.
_ Oui, un peu. Et ton bain de foule a pris une heure de plus sur le programme.
Elle tira son agenda électronique et grimaça.
_ Excuse-moi, je n'avais pas vu que ton créneau de ce soir était maintenu.
Je me frottai les cheveux et sortis mon portable, prêt à envoyer un message, mais le médecin m'appela. Je pivotai vers Meryl.
_ Appelle Landon et dis-lui que je le contacte demain pour une visio. Je m'en arrangerais.
_ Parfait.
_ Je me charge de ce soir, grommelai-je.
J'étais déjà en retard de toute façon. J'allais taper mon message quand Benson se racla la gorge, juste à côté de la chambre de Talia.
_ Ils peuvent attendre non ? siffla-t-il.
Je m'approchai de Benson, mais déjà Talia m'appelait doucement. Mon nez frôla celui de Benson avant que je ne me détourne de lui, rangeant mon portable dans ma poche.
_ Soren ! cria Brackston.
Je m'arrêtai sur le seuil de la chambre et me penchai pour le voir arrivé en courant, Violet sur ses traces, le regard furieux.
_ Quelqu'un a pris une photo à la conférence, cracha-t-il, en colère.
_ Les vautours sont déjà là, grogna Violet.
_ Vous vous chargez de la communication, répondis-je le plus calmement possible. Rien ne sort d'ici. On parle de la santé de Talia, pas d'un vulgaire rhume. D'accord ? Vie privée et intimité. Ok ?
Mes deux aigles hochèrent la tête et filèrent comme un seul homme vers la sortie, échangeant déjà sur un plan d'attaque. Ces deux-là ne s'entendraient peut-être jamais au lit, mais ils faisaient une bonne paire au boulot.
Je rentrai dans la chambre et fermai la porte sur le nez de Benson qui cracha un juron. Talia haussa un sourcil, mais le médecin prenait sa température et son expression ne m'enchanta guère.
_ Un autre médecin va prendre le relais, lui annonçai-je. Ce n'est pas contre vous, mais nous avons quelques engagements et nous allons devoir vous faire signer des papiers.
_ Le secret professionnel de mon métier vous couvre bien assez, Monsieur Moore. Votre épouse présente des signes d'infections que j'aimerais traiter au plus vite. Quand est-ce que mon confrère arrivera ?
La porte s'ouvrit sur Benson et Ludwig qui remercia le premier avant de lui indiquer la sortie. Le docteur Ludwig O'connell était un grand roux avec un visage très carré. Il aurait pu faire peur, s'il n'avait eu que ce regard sévère, ses lèvres minces et son éternel air d'ours mal léché. Néanmoins, pour être un ami d'enfance, il était quelqu'un que j'appréciais et qui m'avait aidé à traverser mon choc post-traumatique que j'avais traîné après la guerre. Il me suivait depuis mon retour et avait commencé à suivre Talia depuis que nous étions mariés.
Son sourire illumina son visage quand il posa son regard sur Talia qui le lui rendit tendrement. Il pressa mon épaule et alla se présenter à l'autre docteur. Je fus soulagé que Ludwig ait pu venir aussi vite. C'était un des seuls membres du corps médical à qui je faisais confiance.
_ Docteur O'connell. Merci d'avoir pris en charge Madame Moore, je vais me charger du reste si cela ne vous dérange pas.
_ Docteur Martin. Pas de souci. Madame Moore, je vous laisse aux bons soins de votre médecin.
_ Merci, souffla tendrement Talia.
La porte se referma, me donnant un aperçu de la mine énervée de Benson. Je reposai mon regard sur Ludwig qui s'agitait déjà autour de Talia après lui avoir donné une brève caresse sur la joue. Il prit ses constantes, nota quelques données sur son journal, puis observa Talia en silence.
Cette dernière se mit à rougir et soupira.
_ C'est le moment, souffla-t-il à mon épouse. On en a déjà parlé et Soren doit être mis au courant. C'est ton époux. Il a une campagne électorale à venir, que tu vas suivre de près. Ton corps a besoin qu'il soit au courant, Talia.
Je sentis mes épaules se tendre. Qu'est-ce que c'était que cette connerie ?
_ De quoi parles-tu ? chuchotai-je, tentant de garder mon calme.
_ Ludwig, soupira Talia.
_ Tu lui dis ou je lui dis, rétorqua fermement mon ami.
Mon ami et mon docteur qui savaient visiblement quelque chose sur ma femme que je ne savais pas. Et que Benson ne savait pas non plus, sinon, il n'aurait pas tiré cette tronche plus tôt.
_ Talia, soufflai-je en m'approchant. Que se passe-t-il ?
Comme elle continuait à garder ses lèvres closes en regardant Ludwig, ce dernier se racla la gorge et prit la parole.
_ Soren, ton épouse ici présente est malade. Elle a eu un cancer des ovaires il y a maintenant douze ans de ça. Elle a fait une brève rechute juste avant votre rencontre, qui n'était en fait qu'une très mauvaise infection. Néanmoins, cette infection a fragilisé son organisme déjà immunodéficient. Heureusement pour elle, elle a rencontré le grand Soren Moore, cette force de la nature qui l'a poussé à faire un peu de sport, à sortir, à manger sainement, à perdre certaines mauvaises habitudes qui ont réglé un organisme fragile.
Je clignai des yeux et regardai Talia comme si c'était une étrangère que j'avais sous les yeux. Un cancer ? C'était beaucoup non ? C'était énorme comme information non ? J'aurais dû le savoir. Pire, Benson aurait dû le savoir.
_ Il semblerait que cette infection revienne et c'est assez grave pour qu'elle soit obligée de rester au lit pendant le prochain mois.
_ Quoi ?
Talia et moi nous étions exprimés en même temps, mais sûrement pas pour les mêmes raisons.
_ A ce stade, je ne sais même pas si c'est l'infection en elle-même ou une vraie rechute du cancer. Il faut que je fasse des analyses de sang te concernant Talia et surtout que nous fassions des radios.
_ De... attends quoi ? murmurai-je. Talia pourrait avoir de nouveau son cancer ?
Je pivotai vers Talia, voyant le visage de marbre de Ludwig me faire comprendre que l'information ne devait pas venir de lui.
_ Pourquoi tu ne m'as rien dit bon sang ? Nous aurions pu être prudents et...
_ Je le suis, rétorqua Talia. Ça ne te concernait pas.
_ Bien sûr que ça me concerne putain ! m'écriai-je.
_ Soren.
La voix de Ludwig, ferme et froide, me poussa à me tourner vers lui.
_ Digère l'information. C'était le droit de Talia de garder cette information sur sa santé, néanmoins, je souhaitais que tu le saches, car tu vas devenir un maillon très important pour ton épouse et sa guérison si jamais les analyses n'étaient pas bonnes.
_ Elles le seront, siffla Talia, mauvaise à présent.
_ Assez, l'interrompis-je.
Ludwig et moi échangeâmes un long regard et il hocha la tête.
_ Va prendre l'air. Je vais pratiquer quelques examens et faire des prises de sang à Talia.
_ Soren ! s'écria mon épouse au moment où je bondis hors de la chambre, trop conscient de ce qui venait de se passer.
On venait de me prendre prodigieusement pour un con.
J'étais le putain de dindon de la farce.
Benson voulut me retenir, mais je le repoussai brutalement et il alla rebondir contre le mur. Je longeai le couloir jusqu'à une distance raisonnable et tirai mon portable en rageant.
Ma soirée n'aurait pas du tout dû ressembler à ça.
Pas du tout.
J'aurais dû être en train de savourer un plat fait par Athena.
J'aurais dû être en train de profiter de ma soirée bien méritée.
Au lieu de ça, j'étais ici, à découvrir des secrets aussi énormes que moi.
Mais au final, Talia n'avait-elle pas eu raison de garder tout ça pour elle ? De la même façon que je le faisais avec Athena et Brackston ? Avec Ezra et Levi ?
Je tapai un rapide message à mes amoureux et priai pour qu'Athena ne subisse pas mon premier lapin comme un coup de marteau sur le peu de confiance qu'elle m'accordait.
Karma 1. Soren 0.
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Et voilà la nouvelle est tombée 😎
Mais qu'est-ce que cela va donner pour la suiiiite ? 🤣🤣🤣
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