52. Le retour de bâton


SOREN

Sept ans plus tôt.

L'odeur de la chambre reflétait nos ébats. Il me donnait envie d'attirer de nouveau Athena dans le lit et de nourrir mon besoin. Je récupérai mon pantalon et l'enfilait. Je trouvai un t-shirt dans mes affaires que je passais.

Son regard sur mes épaules. Je le sentais.

_ Tu as faim ? m'enquis-je en refermant la braguette de mon pantalon.

Assise sur le bureau, les cheveux ébouriffés, les joues rouges et le regard affamé, elle était magnifique. Magnifique et à moi pour le reste de la journée si nous le voulions. À la façon dont elle hocha la tête, je ne pus retenir mon sourire. Elle avait faim et j'étais sûr que ce n'était pas que de nourriture. Je revins vers elle et j'agrippai son menton entre mes doigts. Son regard se voila doucement et cette sensation me retourna les entrailles. Je voulais tellement plus d'elle et je voulais tout savoir. Je voulais qu'elle ait envie de recommencer autant que j'en avais envie. C'était drôle, cette sensation, comme une addiction à la première dose.

_ Ne disparais pas, d'accord ma guerrière ?

Je lui donnais un long baiser, agrippée à sa nuque pour lui montrer qu'elle ne devait pas m'abandonner maintenant et que j'avais d'autres surprises pour elle. Je caressai doucement sa joue de mon doigt et me reculai. J'attrapai ma veste et me faufilai pour en dehors de la chambre pour aller nous chercher des victuailles. Je mourrais de faim et en même temps, je voulais rester enfermé dans cette chambre pendant encore plusieurs heures. Tant qu'elle ne partait pas, je la garderai pour moi. C'était égoïste et j'étais en train de satisfaire des désirs vraiment personnels, mais elle réveillait une partie de moi que j'avais bien cru morte avec la guerre.

Et je ferais tout pour rester en vie à ce stade.

Je réussis à trouver un fast food ouvert qui proposait toutes sortes de choses. Je savais qu'il leur faudrait un peu de temps et me mis à attendre, impatient de retourner vers Athena. Le vide dans ma poitrine recommençait déjà à s'agrandir et je détestais cette sensation.

Les bras garnis de victuailles, d'un sac de bonbons et d'un sac de pharmacie pour d'autres préservatifs et un peu de lubrifiant, je retournai à l'hôtel presque cinquante minutes plus tard. J'espérais qu'elle avait pris sa douche et que nous pourrions jouer de nouveau. C'était un but fixe dans ma tête. La laisser me remplir de nouveau de chaleur, de rire et de lumière. J'en avais besoin.

J'ouvris la porte difficilement avec la carte et la claquai de ma hanche.

_ J'espère que tu as faim ! m'écriai-je. J'ai ramené une armée de nourriture !

Je me figeai au milieu de la pièce, pivotant lentement vers l'homme assis sur le canapé. Benson était assis dessus, les bras étendus sur le dossier, sa tête rejetée en arrière.

Je regardai le lit, les draps défaits, un préservatif usagé non loin de la poubelle ayant raté mon tir sûrement.

Je cherchai les dernières traces d'Athena, mais hormis le drap sale dans le coin de la pièce, il n'y avait plus rien d'elle ici. Je me fis la réflexion qu'elle n'avait pas de chaussures et qu'elle n'avait donc pas pu aller bien loin.

Je pouvais peut-être la rattraper ?

Qui sait ce que Benson lui avait raconté ? Comment l'avait-il traité ? Que faisait-il seulement ici ?

Comment pouvait-il être là, à attendre d'avoir la main mise sur des évènements que je voulais avoir rien qu'à moi ?

Je tendis mes oreilles vers la salle de bain, espérant d'une certaine façon qu'Athena allait sortir de là et me tirer avec elle loin de mes futures obligations qui jaillissaient au fur et à mesure que les battements de mon cœur m'éloignaient de cette nuit avec elle.

_ De toutes les choses les plus imprudentes que tu aurais pu faire, tu as choisi celle-là, soupira Benson en se redressant.

Je tentai de ne pas le regarder dans les yeux, de ne pas voir tout le jugement qui suintait de lui.

Je ne voulais pas voir de nouveau toute cette déception que je lui apportais alors même qu'il faisait tout pour me faire devenir quelqu'un.

Quelqu'un dont j'avais envie de devenir ?

Benson arrivait toujours à me rappeler mes devoirs envers ma patrie, mes devoirs envers les gens que j'avais protégés.

Les gens que je devais encore protéger, non plus avec des armes, mais avec la politique.

J'avais un avenir.

J'avais des responsabilités.

J'avais des gens qui attendaient de moi une réussite sans faille.

_ Sais-tu quel âge à cette gamine ? cria soudain Benson en me jetant une de mes chaussures au visage.

Je n'eus pas l'esprit de l'esquiver et reçus la chaussure sur l'épaule.

_ Sais-tu que tu risques la prison pour avoir seulement posé tes mains sur elle ? Elle n'a que dix-sept ans BORDEL !

Je rentrai ma tête dans mes épaules, ne voulant pas écouter ce qu'il avait encore à dire.

Athena était mineure.

Une partie de moi l'avait toujours su.

Je vis Benson se diriger vers le coin où le drap qui était marqué de la perte de la virginité d'Athena reposait. Il le prit et le balança sur le lit, pointant le sang sec et froid maintenant.

_ Ne me dis pas que tu l'as mise enceinte en plus de l'avoir baisé pour la première fois ? cracha Benson.

Je frémis, sentant mon souffle s'accélérer dans ma poitrine.

La colère commençait à gonfler en moi.

Comment pouvait-il cracher sur ce souvenir qui nous appartenait à partir de maintenant ?

_ Que lui as-tu dit ? soufflai-je.

Benson cligna des yeux et s'approcha de moi, collant son nez au mien.

_ Est-ce là, la seule question que tu veux me poser, Soren ? murmura Benson. Où voudrais-tu savoir si je l'ai assez payé pour qu'elle ferme sa gueule et n'aille pas voir les flics pour te dénoncer ?

Il me repoussa de ses deux contre mon torse et je fis un pas en arrière.

_ Tu as été choisi pour faire bien plus que baiser une petite pute dans un hôtel ! Te rends-tu compte de ce que tu as fait ?

Je serrai mes poings, refusant de lui donner mes souvenirs.

Refusant de lui donner une nouvelle partie de moi.

Il jouait bien trop sur mes points faibles.

Il jouait bien trop sur mes envies de sauver le monde.

De faire mieux. De faire plus.

D'aider les autres.

Mais j'étais perdu et faible. Et je voulais simplement retrouver un but dans la vie.

Athena était...

Bon sang, je ne pouvais pas penser à elle maintenant.

Je ne devais plus penser à elle.

Qu'avait fait Benson ?

_ Te rends-tu compte que cette gamine tient ton avenir entre ses mains ? Que je vais devoir la surveiller pour qu'elle n'aille pas révéler tes petits secrets ? Que je devrais la détruire si jamais elle tentait quoi que ce soit contre toi ?

Benson fit quelques pas pour revenir vers moi.

_ Tu as condamné cette gamine, Soren.

_ Tu ne l'approches pas, sifflai-je en faisant un pas à mon tour.

_ Crois-tu que j'ai le choix à présent ? rétorqua Benson. Crois-tu que je peux simplement reculer et faire comme si je n'avais pas vu tout ça ? Comme si je n'avais pas la preuve que tu as baisé une mineure dans un hôtel où il y a des caméras qui vous ont filmé ?

Il pivota et hurla de rage, tirant sur ses cheveux.

_ Tu n'as pas idée de ce que nous attendons de toi, souffla-t-il. Tu n'as pas idée de ce que voulons pour ton avenir. Tu m'as toi-même dit que tu voulais être quelqu'un, que tu voulais aider les autres. Où sont passées ses belles paroles, Soren ?

_ Ferme-la, haletai-je en tirant sur mes cheveux à mon tour. FERME-LA !

_ Tu as pris des engagements envers nous ! Envers moi ! Envers ton pays !

_ Je n'ai rien fait du tout ! hurlai-je en retour.

_ Au moment où tu as accepté notre accord, souffla Benson, tu as accepté que ta vie ne t'appartienne plus.

_ Tu ne me prendras jamais plus que la guerre, murmurai-je en lâchant enfin les sacs que je tenais encore. Tu ne me prendras jamais plus et je te donnerais ce dont j'ai envie.

_ Tu suivras mes ordres à la lettre à partir de maintenant, gronda Benson.

_ Ne l'approche pas, répétai-je.

Il secoua la tête et passa à côté de moi en m'insultant. Je le plaquai contre le mur de mes deux mains et il me regarda avec des yeux vides d'émotions.

_ Il n'y a pas que ta vie en jeu, souffla-t-il. Souviens-t'en.

Il me repoussa et sortit de la chambre en claquant la porte.

Je tentai de respirer, mais l'air ne parvenait plus à mes poumons.

Elle était partie... et j'étais foutu.

Je titubai vers le lit et me laissai tomber sur le matelas, le tas de draps non loin de moi. Quelque chose se froissa sous mon oreiller et je me redressai. Je tirai le papier qui se trouvait là et y découvris un numéro de téléphone, ainsi qu'un mail.

Je pris une longue inspiration et pressai ce papier contre ma poitrine.

Le souffle court, je m'enfermai dans la salle de bain.

J'allumai mon portable et regardai le numéro, prêt à envoyer un message.

Non.

Pas avec celui-là.

Pas si Benson me surveillait déjà.

Il ne devait pas savoir.

Il ne devait pas savoir que j'allais lui parler.

En espérant qu'il ne l'ait pas blessé.

Que lui avait-il dit ?

Voudrait-elle seulement me parler ?

Ce petit bout de papier était pire que le retour de bâton de Benson.

L'avait-elle mis là avant ou après sa rencontre avec l'homme de l'ombre ?

De mon ombre ?

Devais-je attendre qu'elle soit majeure ?

Devais-je ne jamais la rappeler ?

Devais-je l'oublier ?

Qu'avais-je fait ? 

**

Vous l'aimez encore plus Benson hein ? J'en suis sûre 😎

Bwahahahahaha 🤭🤭🤭

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