36. De chair et de sang 🔥


EZRA


Athena jouait avec sa paille, son Beetlejuice descendu pour moitié, sa bouche ayant l'odeur et la saveur de la pastèque. J'avais envie de l'embrasser, mais me retenais depuis le début de la soirée pour je ne sais quelle raison encore.

Le bruit ambiant n'était pas particulièrement dérangeant ; trop concentré que j'étais sur mon environnement direct, c'est-à-dire Levi et Athena, juste à côté de moi.

Nous étions tous les trois aux cocktails sans alcool, chacun ayant pris les trois possibles sur la carte.

Le Beetlejuice avec son jus de pastèque.

L'Islands In The Stream et son ananas frais.

Et l'indétrônable Mama's Cosmic Lemonade, subtil mélange de citron et de lavande.

Ce dernier avait un goût particulier, bizarre sans être dérangeant. Je le savourai du bout de la langue, écoutant le babillage de notre Levi, d'une excellente humeur après un week-end sous le signe de la détente et une sortie à trois. Athena n'avait encore rien relevé, mais ça ne voulait rien dire. Que pensait-elle de tout ça ? Un rendez-vous à trois ou une simple sortie entre amis ? Nous n'avions pas reparlé de mon baiser, de mon envie d'avoir une chance, moi aussi. Pour autant, c'était dans l'air. Dans le crépitement même de nos effleurements et des regards qu'elle coulait dans ma direction, quand elle n'était pas harponnée par le magnétisme brut de Levi.

Je fis la moue. Il m'agaçait à être aussi parfait. Il arrivait à avoir toute son attention rien qu'en ouvrant la bouche. Petit coquin.

Elle ne voyait plus que lui, me rendant esclave du peu d'attention qu'elle voulait bien me donner. Un comble pour moi, vraiment ! Peu habitué à être relégué au second plan, je devais faire avec pour le moment. Pas chose aisée. Mais je me débrouillai comme un chef, me contentant de la taquiner de mes doigts, de mon souffle. De la faire sourire, glousser.

De la détourner de la tentation exquise.

Maudit Levi.

Athena ne cessait de jouer avec ses nombreux piercings, happée de toute part par l'énergie qui circulait sur ce toit.

Les gens parlaient et riaient fort. Parfois, certains venaient vous adresser la parole avant de s'éloigner d'une démarche quelque peu bancale ; l'alcool faisant son petit effet. Nous n'aurions pas ce problème, trop habitués à faire sans. J'aimais avoir les idées claires lorsque je sortais, que ce soit entre nous ou avec des personnes plus lambdas.

Je sirotai tranquillement, sourire aux lèvres, écoutant Levi raconter quelques anecdotes joyeuses de sa jeunesse. Toutes ne l'étaient pas, indépendamment du fait d'être homosexuel. Enfin, bisexuel pardon. Il y avait une différence, sinon nous n'aurions pas été à ce point attiré par notre amie aux attributs purement féminin. Athena n'attirait pas tous les regards, son attraction se cantonnait à nous deux, pauvres pécheurs ayant envie de tomber dans la gueule du diable juste pour elle.

Elle nous abreuva d'informations sur sa jeunesse, lorsqu'elle se trimballait pieds nus dans le manoir familial et qu'elle jouait au jeu du chat et de la souris avec la gouvernante. Mieux valait éviter d'inviter ce petit démon à un repas important, au grand damne de son frère, semblait-il. Pour autant, elle savait se tenir et faire ce qu'on attendait d'elle. Mais à quoi bon la forcer ? Je trouvais ça dommage, surtout sous prétexte d'attentes familiales un peu trop démesurées. Un peu comme si elle était née dans la mauvaise famille, mais qu'elle aimait profondément les siens quand même.

Un serveur passa pour emporter l'assiette vide et Levi commanda à nouveau. Il voulait nous faire tester un large choix de la carte, oubliant qu'Athena n'avait pas le même appétit vorace que nous. Surtout qu'elle semblait avoir bien mangé ce midi avec l'équipe de production.

— Je trouve ça très intéressant, nous dit-elle, émerveillée.

Je n'étais pas à ce point ébaubi devant le travail effectué par les ingénieurs sons et autres, mais ma foi, la candeur dans ses yeux me donnait mille et une envie. Très peu avouable dans un tel lieu.

Je me connaissais suffisamment pour savoir que j'avais déjà envie d'elle. Dans le terme purement physique. C'est ainsi que je fonctionnais depuis que j'avais appris à aimer le sexe. Ce qui remontait à loin. Pas besoin de créer un quelconque lien avec mon ou ma partenaire pour ressentir une attirance sexuelle. Bien souvent, mes sentiments naissaient de l'alchimie au lit. Levi, c'était tout l'inverse. Il n'arrivait pas franchement à coucher pour coucher. Il avait besoin d'un attachement profond, de connaître la personne, d'avoir confiance. Pas mon cas. Un mal comme un bien surtout que j'ignorais sur quel flux tendait Athena. Nous avions beaucoup parlé de ses précédentes relations, sur différentes approches à chaque fois, mais je n'avais pas réussi à me faire une idée de ses penchants.

Le sexe avant les sentiments ?

Ça me taraudait sous bien des aspects. Pas que ça pose un problème si elle s'avérait être plus comme Levi.

La travailler au corps ne devrait pas être trop compliqué. Mais dès lors, j'aurais besoin d'évacuer toute ma tension à son égard sur d'autres personnes. Comme mes deux compagnons. Je pouvais m'avérer être insatiable, trouvant dans l'acte charnel une sorte de délivrance, de liberté née d'un besoin humain.

— Finalement ce travail n'est pas si terrible, hein, dis-je, amusé, me souvenant d'elle les premiers jours, les premières semaines.

Elle restait tendue lorsqu'il s'agissait d'étreintes sauvages, mais sinon, elle était tellement à l'aise avec nous que ça me rassurait. Les semaines passaient tellement vite et l'année s'écoulerait plus vite que prévu. Que se passerait-il après ?

Une fois Soren élut en tant que Gouverneur ? Une fois qu'Athena pourrait retourner à ses jobs sans intérêt ? Étais-je donc le seul à y penser ou Levi le faisait-il aussi ? Lui qui adorait trop réfléchir !

— On va dire que ça pourrait être pire, je vous l'accorde.

J'éclatai de rire et passai un bras nonchalant autour de ses épaules, voulant la sentir. Nous nous étions rassasiés de Soren durant le week-end, nous voulions profiter de notre petite perle maintenant et au vu de la lueur dans les yeux de Levi, je savais qu'il éprouvait la même chose, qu'il pensait comme moi, peut-être à un degré moins... dérangeant cela dit.

Le plat suivant arriva rapidement et Levi se leva pour venir s'asseoir de l'autre côté d'Athena, ayant en tête de la nourrir comme il adorait le faire. Je le regardai faire, rencogné contre les coussins moelleux. Il murmura un truc à la jeune fille qui rougit avant de faire la moue.

— Tu n'as pas faim ? me demanda-t-elle, penchant la tête sur le côté.

— Je me dois d'entretenir ce corps de rêve, chérie.

— Dis que je suis une baleine !

Elle me donna un coup dans le pectoral, faisant mine d'être outrée. Pas aussi bonne actrice que je pouvais l'être, mais j'aimais voir tous les aspects de sa personnalité qui ressortaient avec nous.

Seulement avec nous.

Levi nous laissa nous chamailler, dévorant l'assiette avec un appétit évident. Parfois, c'était un véritable gouffre sans fond. Je me demandais même où il arrivait à mettre tout ça tant sa ligne était bien mieux que la mienne. Tout ce sport lui allait plutôt bien, qu'on se le dise et que nous soyons honnêtes là-dessus. Son image comptait à ses yeux et il n'avait aucun côté narcissique.

— Tu apprécies la soirée ? m'enquis-je alors, mes doigts repoussant son pull de son épaule pour y toucher un peu de peau.

Elle frissonna.

— Beaucoup, oui, souffla-t-elle, les joues rouges, les yeux brillants.

Notre présence et le fait que nous ne cessions de la toucher. Aucun vrai sous-entendu sexuel dans notre façon d'agir à son encontre, juste l'envie. Et le fait qu'elle ne repousse aucun de nous deux montrait bien qu'elle appréciait. Que toute cette attention ne lui échappait pas. Tant mieux.

Elle allait se tourner de nouveau vers Levi, mais je retins son visage entre mes pouces, n'ayant aucun désir de la voir m'échapper si facilement. Et puis quoi encore ? Au tour de Levi d'attendre un peu.

Je me penchai sur son visage et donnait un petit coup de langue sur sa lèvre inférieure. Quel effet cela lui faisait-il ? Tétons durcis ? Cuisses serrées ? Hummm.

Elle me laissa l'embrasser, m'emparer de sa bouche comme je le ferais bientôt de son sexe. Je n'aimais pas la demi-mesure, ne chercherait à aucun moment à contrôler mes pulsions ; autant qu'elle en ait conscience dès à présent.

Avide et impatient.

Je voulais me frayer un passage entre ses cuisses pour y apposer ma marque, mon odeur. Pas forcément qu'elle crie mon nom, juste qu'elle scande son désir à tue-tête.

Je me faisais presque l'effet d'un pervers. Petite dévergondée que j'étais.

Les doigts de Levi s'enroulèrent autour de la nuque d'Athena et lorsque je relâchai mon emprise, il attira son visage contre son torse. Il me jeta un coup d'œil interrogatif, question silencieuse entre nous.

Saurais-je me tenir ?

Eh bien... là était toute la question. Trop de sexe durant le week-end avait fait valser tous mes inhibiteurs, me rendant insatiable et en manque.

Nous commandâmes une autre tournée de cocktails, faisant l'échange cette fois et ce fut à mon tour d'avoir le gout de la pastèque en bouche. La saison ne s'y prêtait peut-être pas des masses, mais quelque part dans le monde, ça l'était. Athena réclama un autre plat et son épaule vint reposer contre mon flanc, preuve qu'elle n'était pas particulièrement gênée de ma démonstration en force.

C'était le rendez-vous à trois le plus incroyable de toute ma vie. En même temps, c'était le premier. Enfin, Soren ne comptait pas. Nous n'avions jamais été dans un endroit public avec lui dans le but de passer du temps ensemble. Je ne lui en voulais pas. Mais avec Athena, nous avions la possibilité d'agir autrement. De faire les choses comme nous le voulions. Et c'était une première. Je voulais qu'elle en profite autant que nous, même si ça sortait de l'ordinaire.

Avoir cette chance d'être avec elle.

Elle disparut aux toilettes, nous laissant Levi et moi.

— Tu es sûr que–

— Je ne vais pas lui sauter dessus, grommelai-je. Même si j'en meurs d'envie, je te l'accorde.

Il me tira par ma chemise outrageusement déboutonnée pour me donner un baiser humide et rempli de désir. Pour moi ou pour elle, quelle importance à ce stade ? Je posai ma main sur son entrejambe, quelque peu à l'abri des regards indiscrets et gloussai en sentant tout ce désir à portée de doigts.

— Je ne suis pas le seul à être échauffé, dites-moi, chef Webster, minaudai-je en battant des cils.

— Tu sais attiser le feu, toi...

Il souffla fort et ferma les yeux. Nous étions dans un bel état et juste le temps d'une soirée sans danger.

Vraiment ?

Je me fis violence pour me reculer et reprendre un tant soit peu la maitrise des événements. Essayer en tout cas.

Athena mit un temps fou à revenir ; tout le monde avait eu envie d'utiliser les toilettes au même moment. Levi avait commandé une petite douceur pour terminer la soirée. Il était pas loin de minuit et comme à chaque fois, je n'avais rien vu passé, trop concentré sur ma perle pour ça. Elle plongea son doigt dans la crème chantilly pour l'aspirer, roulant des yeux. Nous devions tous nous lever demain, mais aucun de nous trois ne semblait presser. Je bus mon expresso pendant qu'il se partageait leur coupe, jambes croisées, très détendues. Bien que l'endroit ferme dans un peu plus d'une heure, il y avait encore pas mal de monde, profitant de la nuit douce de L.A sur le toit d'un immeuble qui offrait une très belle vue.

Levi nous indiqua qu'il préférait aller payer maintenant, avant que la caisse ne soit trop engorgée une fois que tout le monde aurait décidé de partir. Je tendis sa veste à Athena et elle la déposa simplement sur son bras, ayant sûrement trop chaud pour la passer. Elle pencha la tête en avant pour regarder je ne sais quoi et j'en profitai pour attraper la peau tendue entre son cou et son épaule avant de me pencher pour apposer mes lèvres contre sa nuque.

L'espace d'un instant, elle se figea, trop surprise. Et puis je sentis le moment où elle apprécia. Ou elle se laissa faire parce qu'elle aimait.

Sa nuque se courba pour me laisser plus d'espace et je me retins de mordre, d'aspirer sa peau, de gouter sa chair. Mon air s'essouffla. J'enroulai mon bras autour de son ventre pour la presser contre moi.

Pour qu'elle sente ce qui se passait en moi. C'était tendu, dur.

À fleur de peau. La mienne, la sienne. Un tout. Sa poitrine se souleva et se bloqua. Je traçai la ligne de sa nuque avec mon nez et son souffle s'entrecoupa.

Mon envie d'elle me surprenait.

C'était un besoin irascible et tenace.

J'étais un être de chair et de sang. Gorgé, engorgé.

Mais je la relâchai lentement, saisissant sa main pour nous mener à Levi. Il me sourit avec naturel et ramena Athena contre lui, là aussi avec un naturel désarmant, déstabilisant. Pour elle, pour nous.

Nous la ramenâmes chez elle ; plus sûr pour chacun d'entre nous, aucun doute.

Une fois à la maison, je laissai à peine le temps à Levi de retirer ses chaussures. Je le mis à poils en un temps record et me glissai dans son dos, agrippant son sexe à pleines mains, frottant ma queue contre son cul.

Il me laissa le contrôle, se soumettant à une envie vorace, si tangible qu'elle me faisait vibrer.

J'avais besoin de le sentir. De me sentir en lui.

Centimètre par centimètre.

De le baiser contre le mur, d'entendre ses gémissements.

Sa peau brûlante. Ma douce jouissance.

Je me gorgeai de tout ça. De lui. De tout ce désir comprimé dans ma poitrine. Des sons qui s'échappaient de ses lèvres quand mon désir le remplit.

Je voulais le maintenir ainsi, entre mes bras, sous une domination contrôlée, exacerbée par une jeune femme qui n'était pas encore prête à voir l'étendue de mes pulsions.

Je la voulais elle aussi contre un mur.

Je la voulais sous Levi.

Je la voulais sur moi.

Je voulais, voulais, voulais.

Je nous voulais tous les quatre dans un lit. 

**

Ça se rechaaaaauffe 🤭🤭🤭🤭🤭

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top