30. Vanessa
EZRA
Levi roula sur le ventre, son bras glissant sous son oreiller.
La lumière du jour perçait sans mal à travers les rideaux d'un blanc immaculé et bien que nous soyons très hauts, j'entendais sans mal la clameur de la rue en contrebas. Joue contre mon poing, j'observai le visage paisible de mon amant, l'expression sereine dans un sommeil profond, conséquence d'un petit jeu sexuel très, très intéressant. J'adorai faire ça, passer quelques minutes à m'imprégner de sa présence avant de plonger dans la journée. Juste de quoi m'apaiser, me donner de la force.
Mon bel amant ouvrit un œil, conscient de mon attention toute portée sur lui et il grommela, tronche contre son oreiller. Je souris et me penchai pour déposer un chaste baiser sur sa mâchoire.
— J'ai bavé, c'est ça ?
Mon rire.
— Tu es trop mignon pour ça, Levi chéri.
Il se retrouva sur le dos et s'étira un instant avant de passer une main dans sa chevelure récalcitrante de bon matin.
— Tu n'es qu'un pervers.
— Oui, mais diablement sexy, répliquai-je, amusé.
— Ça reste à prouver.
J'avais bien envie de me rouler dans les draps avec lui pour quelques galipettes de plus, mais me contins. Difficilement. Il était à croquer.
À dévorer sans sommation.
Levi constituait une tentation sexuelle de tous les instants. Dans son sourire, dans ses yeux, dans sa façon même de bouger. J'étais accro et n'avais aucune raison de m'en cacher. Nous étions ensemble depuis un bout de temps et cacher nos envies ou nos désirs ne servait aucun but en particulier. Je voulais que Levi soit heureux avec moi, qu'il se sente à l'aise, aimer et protéger. Plus qu'avec n'importe qui d'autre. C'était un chouïa égoïste, mais nous avions passés tellement de temps à deux...
— Je crois qu'il faut qu'on parle un peu, toi et moi, finis-je par dire.
Il ne grimaça pas, ne roula pas des yeux et ne chercha pas à s'enfuir. Il se redressa, dévoilant son torse pour s'appuyer contre la tête de lit.
— Tu aurais pu attendre mon café, grinça-t-il.
J'exhalai un soupir exagéré et me contorsionnai pour attendre la tasse qui attendait sur ma table de nuit. Il l'a pris et en bu une longue gorgée.
— Je suis prêt.
— C'est quoi le projet avec notre petite perle ?
Ça me taraudait, suffisamment pour que j'y pense trop. Surtout après l'annonce de Soren concernant sa relation avec Athena alors même qu'elle était mineure. Je ne portais absolument aucun jugement sur cet état de fait, j'aurais juste aimé l'apprendre de sa bouche à elle.
— Je ne sais pas, avoua Levi. Elle me plaît. Ce n'est même pas forcément physique. C'est bien plus. Et tu me connais, quand un truc me parle à ce point, je suis obligé de foncer tête baissée.
Truc ici signifiait Athena. Levi et son art de la parole...
— Elle sait pour nous deux, enchaîna-t-il, et elle m'a quand même traîné dans un bar pour me rouler une pelle sur une piste de danse. Il y a toujours eu cette histoire de... non-exclusivité entre nous, surtout en attendant que Soren soit entièrement avec nous. Mais en fait, avec Athena, je ne vois pas ça comme ça. Je ne la vois pas juste comme une partenaire d'un moment.
Levi savait se montrer très franc dans sa manière de parler et de penser. Il avait parfois du mal à dire les choses, mais on ne pouvait pas lui reprocher d'être un menteur, loin de là. J'aimais ça chez lui. J'aimais cette mise à nue, cette non-peur.
— J'ai envie d'être avec elle. Et avec toi. Et avec Soren. Aucun conflit d'intérêts. Tu comprends ?
Je hochai la tête, parce qu'en effet, je comprenais tout ce qu'il me disait, tout ce qu'il semblait expérimenter.
— Elle n'est donc pas chasse gardée, laissai-je entendre.
Une lueur brilla dans ses yeux et il se pencha pour que ses lèvres effleurassent les miennes.
— Pas pour toi, non.
C'était tout ce dont j'avais besoin de savoir. Le reste ne serait qu'une formalité et une bonne dose d'opportunité.
Moi aussi je pouvais faire mon beau gosse.
Moi aussi je pouvais faire craquer notre petite perle. Mais d'une manière différente de Levi.
J'avais hâte de commencer.
Le truc avec notre petite perle, c'est qu'elle était imprévisible.
Impossible de savoir à l'avance ce qui se passerait, impossible de saisir au vol ses pensées ou ses envies. Elle me faisait à un bulldozer défonçant tout sur son passage et ne laissant aucune chance de s'en sortir. Sa façon d'être heurtait parfois, vous prenait de cours, mais ça ne faisait pas de mal. Pas à moi en tout cas. J'adorai son côté ronchon qu'elle arborait parfois sans raison, comme un SIMS lunatique, tantôt triste, colérique ou trop heureux. Je me gorgeai de tout ça comme je le faisais avec Levi. Les deux ayant plus en commun qu'ils ne devaient le penser, d'où cette alchimie entre eux. Plus qu'une attirance, plus qu'un coup de cœur.
Un coup d'amour alchimique.
**
— C'est bon tu en as assez ? marmonna Athena pour la millième fois en l'espace de moins d'une heure.
— Je suis un homme qui dépense beaucoup d'énergie à tenir sur ses talons, donc j'ai le droit de prendre des heures pour manger.
Elle leva les yeux au ciel et se resservit une rasade de thé, les lèvres pincées.
— Je suis vraiment payée à ne rien faire.
J'éclatai de rire, croisant mes jambes en un geste un peu poussé, très féminin.
— Si tu veux je peux te payer pour des services plus...
Sa main s'écrasa contre ma bouche, étouffant la fin de ma phrase.
— Tu es aussi dévergondé que Levi !
Elle ne croyait pas si bien dire. Nous n'étions pas ensemble pour rien. Au-delà du fait de se comprendre et de s'aimer bien sûr.
Je gloussai.
— Tu as envie de me parler de Levi, ma petite perle ?
Trop facile. La rougeur éclata sur ses joues et elle aurait presque pu cacher son nez dans sa tasse tant elle s'y jeta avec ferveur.
— Pasvraimentnon, baragouina-t-elle à toute vitesse.
Son visage portait encore la trace du coup reçu vendredi dans la nuit. Marque prenant différentes teintes au fil des jours. Rien de très glorieux. Je n'aimais pas voir ça. Pas sur une si belle personne. Levi avait raison ; ce n'était même pas physique en fait.
— Est-ce que... ça te dérange ? demanda-t-elle alors.
— Quoi donc, petite perle ?
Oh, j'avais compris. Je voulais juste qu'elle le dise. Nous étions au calme dans un petit restaurant que j'adorai au cœur de L.A. Pas un endroit qui aurait pu faire fuir ma compagnie, oh non. Où aurait été le plaisir alors ?
— Eh bien, vous êtes censé être en couple et je... enfin...
Elle s'enlisait et la regarder se débattre me fit sourire. Quel sale petit enfoiré !
Il était intéressant de voir que le fait que Levi soit avec moi ne la dérangeait pas. Elle ne voyait pas ça comme tromper. Pourquoi ? Il fallait avoir une sacrée ouverture d'esprit pour en arriver à ça, non ? Athena me surprenait de jour en jour, me rendant presque... fier. Ou fou. Mais d'elle.
— Je peux te retourner la question. Ça te pose un problème à toi ?
La réponse fusa, si spontanée, si... elle.
— On peut aimer plus d'une personne à la fois. L'être humain n'est pas monogame de nature, mais par choix.
— Tu dis donc que tu pourrais aimer plus d'une personne en même temps ?
— Je... crois.
J'engloutis ce qu'il restait sur mon assiette, vidait mon verre d'une traite et me levai.
— On y va ?
Je payai et nous nous retrouvâmes dans la ruelle animée. J'offris mon bras à Athena après avoir posé mon chapeau sur le sommet de mon crâne et l'écho de mes talons frappant l'asphalte fit se retourner quelques têtes.
Si je voulus héler un taxi pour nous faire gagner du temps, Athena secoua la tête et me força à accélérer l'allure. Elle argua que nous glisser dans la circulation nous prendrait deux fois plus de temps que si nous marchions. C'était elle la pro après tout, troquant son vélo pour ses pieds lorsqu'elle était accompagnée. Je la dépassai largement, surtout avec mes talons, mais elle marchait fièrement à mes côtés, toujours surprise lorsqu'on me faisait de grands signes ou qu'on venait réclamer une photo. Elle s'effaçait alors, laissant toute l'attitude aux fans. Elle attendait alors patiemment, sans rechigner. Athena avait presque cette faculté naturelle à se fondre dans la masse, tant et si bien qu'il m'arrivait de paniquer de ne plus la trouver d'un premier coup d'œil.
Les semaines passaient et elle faisait partie intégrante de notre groupe, sans l'extravagance qui nous caractérisait. Elle travaillait avec chacun d'entre nous, distribuant son temps de manière efficace, de manière à faire ce qu'on attendait d'elle, même lorsqu'il s'agissait d'une virée shopping. J'avais réussi à vendre la chose plutôt haut la main. Mais c'était sans compter sur ma petite perle qui ne l'entendait pas de cette oreille et qui souhaitait me sortir de ma zone de confort. Comme je le faisais avec elle en somme. Les compteurs remis à zéro à chaque fois. Rien que par sa volonté et sa ténacité à ne rien lâcher. Un véritable chien prêt à tout pour ne pas lâcher son os. Analogie à propos.
Nous débarquâmes donc dans une rue enchaînant les friperies en tout genre, dévoilant une clientèle très... disparate. Politiquement correct.
— Ne fais pas cette tête, ricana Athena. Tu vas survire, je t'assure.
— Je ne suis pas un peu trop... parfait pour... euh, ce genre d'endroit, petite perle ? Je vais faire de l'ombre...
Elle éclata de rire, se pliant en deux et se tapant les cuisses à l'aide de ses mains. La meilleure barre de toute sa vie à n'en pas douter. Je fis la moue, pas vexé, mais faisant semblant.
— Madame a fini ?
— Allez vient !
Elle m'attrapa la main et me tira dans la première boutique. Il y en avait sur tous les portants et pour tous les goûts. Des horreurs en tout genre, des vêtements un peu plus passe-partout, bref, tout ce que je ne porterais jamais. Pas même ce magnifique chapeau me faisant de l'œil sur le haut d'une étagère.
— Vois ça comme un jeu, balança Athena, attrapant un cintre pour plaquer un pull contre elle, se regardant dans un miroir.
— Et j'y gagne quoi au juste ?
J'attrapai la manche d'une robe et me penchai pour en humer l'étoffe. Je reçus un coup de coude en plein dans les côtes.
— Fais un effort.
Je lui tirai la langue et me redressai.
— Tu vas me faire croire que tu vas te prendre au jeu toi aussi ?
— Qu'est-ce que tu penses de cette robe ? contra-t-elle en faisant mine de tournoyer dans son chiffon de bohémienne.
Le pire, c'est que je grognai, mais que même Kai aurait trouvé que c'était un bon choix pour une friperie.
Athena me traîna plus loin dans la petite boutique et me tendit un pull à paillettes. Une horreur sans nom qu'elle me fit enfiler. Je m'observai dans le miroir et ne put retenir un éclat de rire.
Le reste de la journée fut dans le même ton. Nous passions de friperie en friperie, attrapant les pires vêtements possibles et poussant même jusqu'à les essayer. Athena mélangeait les couleurs et les matières. Elle tournoyait en riant et je lui fis la joie de défiler sous les yeux amusés des autres clients. Elle tenta d'essayer mes talons, mais glissa dedans, ses pieds bien plus petits que les miens. Je lui trouvais des bottes jambières avec des talons de douze centimètres et je crus qu'elle allait se rompre le cou. Mini-jupe en cuir et collant d'un orange halloween, elle ajouta un poncho et mima le fait de secouer des maracas. J'avais mal aux abdos tant je riais et mon maquillage avait dû couler plus d'une fois.
— Ici ! m'exclamai-je.
Une boutique colorée qui donnait le ton et une idée précise de ce qui se trouvait à l'intérieur. Athena gloussa et cette fois je me fis l'effet d'entrer dans l'univers de l'emblématique série RuPaul's Drag Queen.
Tout ici était pensé pour les Drag Queens ; grandes tailles, extravagance, féminité, bref un cocktail que j'adorais, moi-même troquant mes tenues habituelles certains soirs pour devenir Vanessa.
Athena tourna sur elle-même et attrapa un morceau d'étoffe entre ses doigts.
— Montre-moi, dit-elle.
— Avec plaisir ma petite perle.
Je déposai mes affaires sur une banquette où elle s'installa et attrapai quelques vêtements repérés dès mon entrée.
Je disparus dans l'immense cabine et m'habillai en un temps record, habitué. J'appelai Athena pour qu'elle me trouve une paire de talons et qu'elle me ramène ma pochette de maquillage glissée dans mon sac. Cette partie prit le plus de temps ; je m'appliquai, voulant en mettre plein la vue, l'époustouflée jusqu'à ce qu'elle soit complètement ébaubie.
La robe collait mon corps comme une seconde peau et j'avais utilisé le maquillage pour donner à mon visage une impression plus féminine. Pas de perruque pour cette fois. Quand je repoussai les rideaux, je pris la pose, jouant à faire bouger ma tête et à faire la moue.
Une moue aguicheuse.
Athena en resta comme deux ronds de flanc, trop surprise pour parler. Je m'avançai vers elle, tout sourire, dans un déhanché parfait, presque vulgaire. J'adorais ça. J'adorais cette partie de moi. Je lui tendis ma main.
— Vanessa, enchantée.
Je portai la sienne à mes lèvres et y déposai un baiser.
— Tu es... magnifique ! s'exclama Athena, sautant sur ses pieds. Ouah.
J'aurais pu en rougir, savais l'effet que je faisais, surtout dans cette tenue. Surtout en tant que Vanessa.
— Tu aimes ? soufflai-je.
— Bien-sûr ! Tu es aussi beau que belle !
Je l'attirai à moi, fourrant mon visage contre ses cheveux. Très peu de personnes étaient capables de dire une telle chose et de le penser. Il y avait un jugement qui couvait en général, qui vous épiait sans cesse. Pas chez Athena. Elle regardait et c'est tout.
Pas de faux-semblants, pas de tromperies.
Elle acceptait tout, mais était incapable de s'accepter elle. Et bizarrement, ça me rendait très triste.
**
Après un pdv gratuit de Levi et Athena. C'est au tour d'Ezra et d'Athena ❤️❤️❤️❤️
Tout doucement Ezra avance ses pions et Levi n'est pas contre du tout 😎
Vous allez rencontrer bientôt Vanessa ❤️
Une grosse pensée pour toute la communauté LGBTQI+ ! 🌈🌈🌈🌈
Désolée de ne pas répondre de suite à vos messages. On a eu une grosse semaine avec Taki. On fait au mieux promis ❤️❤️❤️
Plein de bisous 😝
Ps : nouveau compte insta en bio (Lisa Barthelet). Allez vite vous y inscrire pour des news ❤️
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