23. Voler l'or du Leprechaun 🔥
SOREN
Sept ans plus tôt.
Je regardai la foule qui s'amassait dans la pièce. Il y avait toujours cette extravagance à ces soirées, une extravagance que j'avais dû mal à apprécier. Tout simplement parce que j'avais vu certaines horreurs que je ne pourrais jamais oublier. En comparaison, cette soirée était toute autre chose et je ne savais plus où me placer. Benson m'avait pourtant dit que je devrais jouer la carte du bavardage ce soir et que je devais le faire rapidement pour me faire connaître. Dans l'idée, j'aurais préféré aller discuter avec des vétérans, je me serais senti bien plus utile. Benson voulait que je me décrasse, mais ça faisait deux mois que je m'y échinais sans grand résultat. Peut-être que je n'étais pas fait pour ça après tout, non ? Ce n'était pas tant de la mauvaise foi qu'un doute profond sur ma propre valeur.
Je fis rouler mon verre entre mes doigts, à la recherche d'une distraction, d'une personne à observer. J'aurais aimé avoir autre chose en tête que cette putain de date qui trônait là depuis que Benson avait émis ma candidature pour devenir maire. Cet interlude était à la fois une malédiction et une joie.
Nous étions invités par un couple qui soutenait le président actuel des États-Unis. Je n'aurais même pas été surpris de le croiser en personne. Néanmoins, je ne voulais pas jouer avec ma chance et effectivement tomber sur lui.
Je continuai de longer le mur, apercevant des visages que j'avais déjà vus. J'offris quelques sourires et j'avais droit à des réponses assez directes. Les hommes venaient me serrer la main et les femmes pressaient mon bras lentement, comme pour me faire passer un message que je ne comprenais pas toujours.
Comme j'aurais aimé rentrer.
Comme j'aurais aimé trouver Ezra. Levi.
Je déglutis et sentis ma crise d'angoisse grimper dans ma poitrine, comme si j'étais sous l'eau et que la pression m'empêchait de prendre une grande inspiration.
Je ne croisai pas Benson, heureusement pour moi et m'esquivai aussi vite que possible.
J'aperçus un bout de jardin en passant par la cuisine et m'y engouffrai à la recherche d'un peu d'air. Je fus récompensé pendant une brève seconde, car à la suite je sentis surtout l'humidité pesante qui s'était abattue sur Los Angeles depuis quelques jours.
Je tirai mon portable de ma poche et ne découvris aucun message d'Ezra. Il avait simplement disparu, me faisant comprendre qu'il devait retrouver Levi avant que ce dernier ne fasse une vraie connerie. Je me sentais ô combien responsable de tout ça. Je n'avais pas été là pour eux. Je n'avais aidé personne en partant à la guerre et moi encore moins.
Je longeai la terrasse pour aller me terrer dans un coin sombre et m'écarter du bruit.
_ La place est déjà prise, marmonna une voix féminine sur ma droite, plus loin dans le jardin.
Je fronçai les sourcils, peu sûr que mon cerveau m'envoie la bonne information. Ce n'était pas possible que ce soit elle franchement, hein ? Je devais halluciner. Je contournai l'énorme buisson qui séparait visiblement la maison d'un petit coin tranquille où il y avait quelques bancs autour d'une fontaine. Le jardin était immense pourtant, mais cet endroit semblait en être le cœur.
Une fois que j'eus contourné le buisson, plus impatient que je ne l'aurais cru, je découvris ma déesse grecque, allongée sur le banc, un bras sur ses yeux. Elle portait une autre robe que la dernière fois, plus courte. Ses mollets étaient dévoilés et je découvris une musculature fine et entretenue. Elle devait faire du sport de course ou du vélo. Ses doigts de pieds s'agitèrent doucement quand elle s'étira un instant, faisant remonter sa robe au-dessus de ses genoux. Je déglutis, sentant la même sensation entourer ma poitrine.
J'avais toujours pensé qu'être attiré par les hommes vous catégorisait d'une certaine façon, puisque vous ne vous tourniez que vers le sexe qui vous attirait. Hormis avec les idées ouvertes d'Ezra, je n'avais jamais pensé regarder une femme et en éprouver une quelconque attirance. J'aimais le sexe, mais j'en avais été tellement déconnecté avec la guerre que j'avais l'impression d'être redevenu un adolescent qui cherchait le frisson du désir, de l'attirance d'une autre personne.
Cette jeune femme m'attirait et titillait une partie de moi que j'appréciais redécouvrir, car je croyais sincèrement ne plus être capable de ressentir du désir.
Je ne pensais plus avoir envie de faire l'amour avec quelqu'un et encore moins de baiser simplement pour me vider. Ça n'avait jamais été mon style. J'avais toujours été du genre : contrôle tes impulsions, car mon père n'aurait jamais apprécié apprendre que j'aimais les hommes. Mon père était lui aussi un militaire, il était donc difficile pour lui de penser qu'un militaire pouvait aussi être un homosexuel.
Était-ce parce que je revenais de la guerre et que je ne savais plus où j'en étais ? Mon attirance pour elle me surprenait et m'excitait tout à la fois.
Je ne devais pas oublier qu'elle était jeune cependant et que malgré son caractère amusant et innocent d'une certaine façon, j'aurais bientôt trente ans.
Je croisai mes bras sur mon torse, attendant qu'elle regarde qui venait d'arriver.
_ Ce n'est pas très poli d'observer les gens. Si vous êtes un pervers, vous pouvez partir. Je crie fort et je cours vite.
Je m'approchai lentement et m'accroupis à son niveau. Elle se redressa brusquement et se figea en me voyant.
_ Athena, murmurai-je.
_ Soren.
Quelque chose s'agita à nouveau dans ma poitrine. Elle se souvenait de mon prénom. Elle se souvenait de moi. Je fus rassuré qu'elle ne rougisse pas et qu'elle ne me réclame pas sa culotte que j'avais gardée et planquée dans un endroit où personne n'irait la chercher. C'était atrocement malsain, mais j'avais mes côtés sombres que les gens n'avaient pas besoin de connaître. Juste mes amants à la limite.
Son doigt heurta ma joue et je restai un instant surpris, ne comprenant pas pourquoi j'avais droit à ce geste. Elle tâta ma joue et se mit à glousser.
_ Pardon, je devais vérifier, dit-elle en reculant sa main.
_ Quoi donc ?
_ Que tu n'étais pas une hallucination, murmura-t-elle en se rallongeant.
Elle roula sur le côté et m'observa. Son air attendri brisa un peu plus la barrière que j'avais tenté de monter pour ne pas laisser mes désirs prendre le dessus. C'était plus compliqué que prévu et je n'avais surtout aucune envie de m'arrêter. Là était sûrement le plus gros problème.
_ Je ne pensais pas te revoir, admit-elle après un petit silence.
Je laissai mon regard courir sur elle, aperçus la courbe de sa poitrine avec sa robe qui bâillait un peu, puis ses hanches étroites et ses pieds qu'elle frottait l'un contre l'autre comme pour se retenir.
_ C'est une surprise alors ? m'enquis-je, heureux de la savoir ici, avec moi.
_ Oui. Très bonne.
Je souris et me laissai aller à caresser sa joue. Elle me regarda avec de grands yeux avant de soupirer doucement quand mon pouce appuya sur ses lèvres.
_ Dis-moi ton âge, demandai-je en penchant ma tête sur le côté.
Elle fit la moue et se recula en secouant la tête.
_ Pourquoi tu as besoin de savoir cette information ?
_ Parce que j'ai envie de te demander quelque chose et je ne suis pas sûr de devoir le faire en fonction de ta réponse.
Nous échangeâmes un très long regard qui ne fit que remuer mes émotions dans un drôle de mélange. Comme si une partie de moi se foutait bien de savoir quel âge elle avait, car au fond, n'était-ce pas juste l'alchimie que nous cherchions ? Et la partie de moi qui était encore consciente que nos actions auraient des répercussions.
Athena sembla blessée que je veuille ce détail au-delà de la vouloir elle et posa ses pieds par terre, entre mes cuisses. Elle était encore pieds nus, comme la dernière fois et je ne voyais même pas ses chaussures. Elle avait dû les abandonner à l'entrée du jardin.
_ Si tu avais vraiment envie de la demander, cette chose, tu le ferais sans te poser de questions, rétorqua-t-elle en se levant.
Sa robe frôla mon menton, puis mon visage. Elle me contourna pour partir, mais elle fut stoppée par ma main sur son poignet.
_Est-ce que tu veux partir d'ici ? soufflai-je.
Les joues d'Athena prirent une nouvelle teinte rosée tandis que son souffle s'accélérait.
_ Il y a un chemin au fond du jardin qui mène à la rue parallèle, dit-elle. Si tu veux qu'on s'échappe, il faut le faire bien.
Mon sourire remonta un côté de ma bouche et elle sembla absorbée par ce détail. Ma main glissa de son poignet à sa main et je la pressai doucement.
_ Allons-y alors !
Athena se mit à marcher dans la bonne direction, pieds nus. J'avais l'impression qu'elle avait complètement oublié ce détail. Elle se mit à courir et je la suivis à travers l'immense jardin. Son rire éclata quand je dus la rattraper avant qu'elle ne s'étale par terre. Ce fut sûrement ainsi qu'elle atterrit sur mon dos pour que j'escalade la clôture. Elle pesait à peine plus lourd que mon paquetage. Je descendis prudemment de l'autre côté, sentant ses cuisses se presser contre mes côtes.
_ J'ai oublié mes chaussures, couina-t-elle en regardant le sol.
_ Accroche-toi bien alors, minaudai-je en la pressant un peu plus contre moi.
Je glissai mes mains derrière moi pour bien tenir ses fesses et que sa robe ne dévoile pas tout au reste de la population de Los Angeles.
Je ne sus comment, mais Athena réussit à me convaincre d'acheter un burger dans un fast-food et je n'eus qu'un seul endroit en tête pour que nous puissions savourer notre soirée sans des regards malvenus, ou qu'on me reconnaisse malgré moi. Athena dénoua ses jambes de mes côtes pour poser ses pieds nus sur le carrelage du hall de l'hôtel. Nous ne croisâmes personne à cette heure-là, la secrétaire devait être cachée à l'arrière avec l'équipe de nuit. Athena piqua une frite et la mangea en attendant que l'ascenseur arrive. L'hôtel était chic et presque luxueux. Benson ne descendait jamais dans un hôtel qui ne lui proposait pas le room-service et tout un tas d'autres choses.
_ Tu n'as pas froid ça va ? m'enquis-je quand les portes de l'ascenseur s'ouvrirent.
Athena secoua la tête, une autre frite dans la bouche. J'appuyai sur le bouton de mon étage et elle observa le luxe autour d'elle, visible comme le nez au milieu de la figure.
_ Est-ce que tu es riche ? s'enquit-elle en faisant la moue.
_ Pourquoi cette question ? Tu n'aimes pas les gens riches ?
_ Disons qu'ils n'ont pas la même vision de la vie que des gens pauvres.
_ Tes parents sont plutôt aisés si je ne m'abuse, jeune dame, remarquai-je, amusé.
Elle hocha la tête et sortit de l'ascenseur. Elle attendit que je lui indique la direction. Non sans jeter un coup d'œil au reste du couloir, elle longea les chambres et je récupérais la carte dans la poche de mon costard. Elle la prit et ouvrit la porte elle-même pour que je ne renverse pas nos boissons.
Athena s'arrêta un instant en voyant la chambre dénouée de tout effet personnel. Ma valise était rangée dans l'armoire, mes vêtements pliés, mon côté militaire me forçant à ranger correctement mes affaires à chaque fois que j'arrivais dans un endroit.
_ Tu voyages beaucoup ?
Je déposai notre repas sur la petite table qui était face à une immense télévision accrochée au mur. Derrière le petit salon, il y avait la chambre, avec un immense lit en plein milieu et une salle de bain digne de ce nom à gauche. Même le lit n'était pas défait. C'était rare que je dorme profondément de toute façon. J'aurais aimé pouvoir rentrer « à la maison », mais il y avait longtemps que je n'en avais plus. Le décès de mon père il y avait un an et demi n'avait pas changé ça. Ma mère s'étant installée dans un autre État, loin de tous les souvenirs que suscitait mon père chez elle.
_ Pas depuis que j'ai arrêté mes déploiements, admis-je en m'asseyant par terre.
La moquette était plutôt du genre confortable ici. J'avais fini par dormir dessus la première nuit pour tenter de récupérer un peu de sommeil, mais ça n'avait pas franchement fonctionné. J'étais dans cet hôtel depuis quelques mois déjà. Benson voulait que j'achète une maison avec l'argent que mon héritage m'avait procuré, mais je n'y arrivais pas. J'avais demandé à Ezra si je pouvais venir chez lui, mais il avait refusé pour une très bonne raison. Levi n'était pas encore stable et je ne l'étais pas franchement non plus.
Depuis, je n'avais pas retenté de dormir chez quelqu'un.
Surtout pas avec quelqu'un.
Athena s'installa en tailleur sur le canapé, veillant à bien positionner sa robe. Elle me jeta un coup d'œil et sourit.
_ J'ai faim.
Je ris et ouvris le sachet pour lui tendre les deux petits hamburgers qu'elle avait fini par choisir. Je pris l'énorme qui me concernait et observait la Junk food d'un drôle d'air. C'était rare que j'en mange. J'avais le room-service depuis des semaines déjà et la nourriture était bonne ici.
_ Depuis quand tu n'as pas mangé de fast-food ? me demanda Athena en poussant ses affaires de mon côté de la table.
Je la regardai se lever et s'installer à côté de moi. Son genou effleura ma cuisse et je fus extrêmement conscient du fait qu'elle était seule ici avec moi, qu'elle ne me connaissait pas et pourtant, elle voulait en savoir plus sur moi.
_ Plus de huit ans, admis-je en ricanant. Ce n'est pas ma nourriture de base. Et puis, quand tu manges des repas lyophilisés, tu cesses de te poser des questions.
_ Tu es depuis longtemps à l'armée ?
_ Depuis mes vingt et un ans, répondis-je en mordant dans mon sandwich.
Le gras eut un effet apaisant sur la crise d'angoisse que j'avais commencé plus tôt et j'en fus le premier surpris. À moins que ce soit Athena qui me fasse cet effet-là.
Je poussai un grognement de satisfaction à la seconde bouchée ce qui fit rire Athena. Elle se mit à manger elle aussi, me jetant des coups d'œil amusé tandis que je léchai mes doigts pleins de sauce. Quand elle eut fini son premier sandwich, elle rangea le second dans le sac et se mit à manger ses frites. J'y vis une petite habitude et je me retins de faire un commentaire.
Je lui posai des questions sur ses passe-temps, mais elle semblait plus à même de m'en poser à moi. Je lui parlai un peu de la guerre, je lui parlai beaucoup des rencontres inoubliables que j'avais faites là-bas. À un moment elle se leva pour faire le tour de la chambre d'hôtel. Ou plutôt de la suite.
Débarrassant un peu notre repas, je revins vers elle au moment où elle ressortait de la salle de bain. Elle regarda le lit, en fit le tour avant de grimper dessus. Elle haussa un sourcil.
Je ris en la voyant se mettre à sauter dessus en agitant ses bras. Soudain, elle sauta un peu plus haut et se laissa tomber sur le dos, en plein milieu.
Je m'approchai du bout du lit et penchai doucement la tête.
_ Tu penses quoi du coup de foudre, toi ? s'enquit-elle en regardant ma main recouvrir son pied.
Je relevai mon regard sur elle, plongeant dans ses pupilles brillantes d'émotion. Mon cœur se serra. J'enroulai mes doigts autour de ses chevilles et tirai d'un coup sec. Elle poussa un petit cri avant de s'accrocher à mes épaules, mes bras autour d'elle, mes mains de chaque côté de ses seins.
_ L'amour est trop compliqué pour être vécu en une seule seconde, murmurai-je. Alors, je ne crois pas vraiment au coup de foudre.
Elle hocha la tête, comme si elle était fondamentalement d'accord avec moi mais que quelque chose la chiffonnait. J'espérais vraiment qu'elle n'avait pas eu un coup de foudre me concernant, car j'allais très vite la décevoir malheureusement.
_ Est-ce que la guerre t'a fait mal ? chuchota-t-elle en glissant sa main le long de mon cou.
Je me figeai un instant avant de l'observer, cherchant dans son regard ce qu'elle pouvait bien avoir en tête. Nous étions deux inconnus dans une chambre d'hôtel. Ma vie était encore une fois en train d'être tracée à ma place, sans mon accord.
Ce soir, je pouvais choisir ce que je voulais faire avec Athena.
Ce soir, c'était moi qui voulais être ici, avec elle.
Pas mon père.
Pas Benson.
Moi.
Je voulais m'immiscer dans sa poitrine et voir si je pouvais lui faire ressentir l'émotion que je ressentais aussi.
Je voulais encore sentir que j'étais vivant, que je pouvais désirer quelqu'un, peu m'importait à ce stade si c'était un homme ou une femme, car je voulais que ça résonne dans mon corps.
Je voulais qu'Athena me fasse ressentir tout ça.
J'avais toujours été un dirigeant dur et droit quand j'étais à l'armée. Je voulais toujours l'être et si je voulais quelque chose, je devais le revendiquer comme mien.
Sinon, on me l'enlevait.
Je ne l'avais jamais fait avec Ezra.
Je ne l'avais jamais fait avec Levi.
Deux hommes dont j'étais tombé amoureux il y avait longtemps.
Deux hommes qui avaient eux-mêmes leur propre destinée dont je ne faisais plus partie.
Je les avais abandonnés.
Et j'allais encore abandonner une autre personne.
Athena gigota doucement entre mes genoux et je me penchai pour embrasser son cou. Elle gémit doucement et s'offrit un peu plus à moi.
_ Est-ce que tu le ressens aussi, Athena ? soufflai-je contre sa peau brûlante. Est-ce que tu l'as déjà ressenti ?
Elle se mordit la lèvre et m'observa me redresser. Elle se leva à son tour et se mit sur ses genoux au bout du lit, ses deux mains sur mon torse. Elle repoussa ma veste qui glissa le long de mes bras. Elle défit lentement les boutons de mon gilet sans manches qui se pressait contre mon torse, soulignant mes épaules larges. Les trois boutons furent défaits. Elle me débarrassa du second vêtement, puis de la chemise, se débattant un peu avec la cravate.
Ce simple détail tenta de faire écho dans ma conscience, mais je n'y étais plus connecté.
J'étais simplement connecté à Athena, à ses mains qui s'agitaient sur moi, à cette frénésie qui prenait mon corps en otage, à ses regards aussi chaleureux que désirables.
_ Si tu veux arrêter à n'importe quel moment, dis-le-moi, grognai-je en me penchant vers elle.
Elle n'eut pas besoin de réponse, car ses lèvres répondirent à mon baiser et elle se cambra pour plonger sa langue dans ma bouche. J'enroulai mes bras autour de son dos et la dévorai. Ma chemise resta coincée sur mes poignets et je ne pus retenir un rire contre les lèvres d'Athena qui se mit à soupirer d'effort.
_ Boutons de manchette, marmonnai-je.
Je relevai mes mains, cachées par mes manches. Athena se débattit pendant quelques secondes et les boutons tombèrent enfin au sol. La chemise glissa par terre et le regard d'Athena découvrit mon torse et les marques dessus avec une réelle curiosité teintée de peine. Je ne faisais pas dans la pitié et étonnamment, je n'en lus aucune dans ses yeux. Elle semblait simplement réellement peinée que j'aie eu à supporter ça dans ma vie.
Ses doigts frôlèrent un amas de cicatrices sur mon épaule gauche, là où j'avais reçu un éclat d'obus assez vicieux. C'était moche, car mon frère d'armes avait dû retirer l'éclat avec de vieux équipements trouvés sur place, dans le désert et la peur que je me vide de mon sang sans ne pouvoir rien y faire.
_ Oui, la guerre fait mal, répondis-je dans un souffle.
_ Tu es vivant et tu te bats pour continuer à vivre, chuchota Athena.
Elle se pencha et embrassa ma cicatrice.
Jamais personne n'avait fait ça et encore moins les hommes avec qui j'avais pu coucher durant les dernières années. Les cicatrices s'étaient moches, rugueux et ça n'avait rien d'artistique en général.
_ Tout ira bien, souffla-t-elle, tendrement.
Je glissai mes mains dans son dos, cherchant la fermeture éclair de sa robe. Je la trouvai et elle hocha la tête quand je m'arrêtai, le petit clip entre mes doigts. Elle trembla quand je terminai de la descendre et me laissa la lui retirer entièrement. Dessous, je découvris des sous-vêtements dépareillés, comme la dernière fois. J'y vis une façon de continuer à lutter contre les engagements pris par ses parents à son encontre. Comme si ne pas être parfaite sur tous les plans lui permettait de survivre dans cette jungle qu'était la société.
Son soutien-gorge était rose et blanc et arborait des pattes de chats. Ce que je trouvais adorable et en même temps très enfantin. La piqûre dans ma nuque ne m'arrêta pas cependant, car elle ne portait pas une culotte, mais bien un string. Un string simple, noir et en dentelle, mais le mélange des deux était détonnant.
_ Je n'ai pas été avec une femme depuis longtemps, je risque d'être un peu rude, chuchotai-je contre sa lèvre qu'elle mordait d'impatience.
Elle hocha simplement la tête, ne faisant pas de commentaires là-dessus. Je n'allais pas non plus lui dire que je savais mieux faire les fellations que les cunnilingus. Ce n'était pas franchement le sujet.
Mes doigts se refermèrent sur sa cage thoracique, sous ses seins rebondis. Je me penchai en avant et les embrassai avec délicatesse, comme pour les remercier d'être là. C'était différent du torse d'un homme et j'avais l'impression de redécouvrir le corps humain.
_ Tu es magnifique, grognai-je.
Elle glissa ses mains sur mon crâne et me tendit ses lèvres que j'embrassai de nouveau. Durant plusieurs secondes, il n'y eut que nos lèvres et nos mains en mouvement et cela m'excita au plus haut point.
Mon sexe dur pressé entre nos deux bassins était à l'agonie, mais je ne voulais pas faire ça n'importe comment. Bien qu'à ce stade, j'aurais dû me douter que quelque chose n'allait pas.
Quand Athena heurta le matelas, me laissant la surplomber, son souffle s'accéléra et elle écarta ses cuisses pour que je puisse me rapprocher d'elle. Ses mains sur mes bras, son souffle contre mon visage, je ne collai pas mes hanches aux siennes, conscient de mon pantalon entre sur moi et de son dernier sous-vêtement.
_ Tu as déjà été avec un homme, Athena ?
_ Encore ce débat sur les vierges ? grogna-t-elle en pressant ses mains contre ses yeux.
Je refermai mes doigts sur ses poignets et les écartai pour qu'elle puisse me regarder.
_ J'ai été honnête avec toi, grondai-je. Tu peux l'être aussi.
_ Si je suis honnête, tu vas arrêter et je n'ai pas du tout envie que tu t'arrêtes, me confia-t-elle en baissant son regard vers mon torse.
Je laissai échapper un grognement avant de presser mon front contre le sien, puis de laisser mon corps peser contre le sien. Elle haleta en sentant mon sexe dur presser contre sa hanche et son ventre. Elle rougit avant de se mordre la lèvre pour ne pas bouger.
_ J'en ai envie aussi, soufflai-je. Si ta première fois doit être avec moi, je ne veux pas te traumatiser.
_ Tu ne me traumatiseras pas, rétorqua-t-elle. S'il te plaît, Soren.
Elle rougit soudain et ferma ses paupières. Je me redressai sur mes coudes, tentant de ne pas l'étouffer avec mon poids. Je savais qu'elle cachait quelque chose.
_ S'il te plaît, gémit-elle de nouveau.
Je frissonnai face à sa voix tremblante et implorante. Bon sang, j'allais craquer plus vite que prévu. Encore une fois, il y eut un pique dans ma nuque, mais je secouai la tête, échappant à ma conscience une nouvelle fois.
Je. La. Voulais.
Peu importe qui nous étions.
Peu importe ce qu'il se passerait demain.
_ Tu y as pensé, hein ?
Athena se figea complètement, prise sur le fait. J'écartai mes hanches des siennes et elle grimaça. Ma bouche glissa sur son sternum. Elle frémit doucement, ses doigts s'enfonçant dans mes bras. J'écartai les pattes de chat pour découvrir ses seins. Son mamelon était plus sombre que je m'y attendais et je ne pus me retenir de lécher son téton qui dardait vers moi. Athena se cambra, s'accrochant aux draps en jurant entre ses lèvres. Je ris doucement et y frottai mon nez.
_ Soren, glapit-elle.
_ Tu as pensé à ma bouche sur tes seins, n'est-ce pas ? Tu te demandais ce que ça te ferait ?
Une nouvelle fois, je m'amusais à la torturer, m'occupant de son second sein avec autant de précision que l'autre. Visiblement, elle aimait ça car quand mon genou frôla son entrejambe, je sentis l'humidité qui se trouvait là.
Cela éteignit la dernière partie de moi qui respectait encore un tant soit peu un minutage honorable pour une première fois si c'était le cas pour elle. En glissant vers le bout du matelas, je tirai sur son string qui longea ses jambes, s'accrochant brièvement à son pied mais qui ne résista pas à ma prise. Elle resta étalée là, sur le lit, à ma merci et pendant un instant, je repris le contrôle de ma personne.
Je contrôlai ce moment et cela me fit un bien fou. Je contournai le lit pour ouvrir la table de chevet et en sortis un préservatif. Athena termina de retirer son soutien-gorge au moment où je baissai mon pantalon. Elle me le jeta et je le respirai avant de le balancer avec le reste de nos fringues. Athena me regarda dérouler le préservatif sur ma queue et sembla soudain consciente que ça allait se retrouver en elle bien assez tôt.
_ Tu es prête ? grondai-je en grimpant entre ses jambes.
Elle déglutit plusieurs fois avant de hocher la tête. Je m'abaissai sur elle et naturellement, elle ouvrir un peu plus ses cuisses. Sa bouche se posa contre mon oreille.
_ Je veux avoir mal avec toi, chuchota-t-elle d'une voix rauque.
Il ne m'en fallut pas plus. Je pressai mon gland contre son entrée humide et chaude. Ma première poussée fut lente et tira quelques cris à Athena tandis que je m'installai en elle. Quelque chose coula entre nous et je sus que je venais de prendre sa virginité.
Athena était très crispée et semblait vouloir s'échapper de ma prise, mais elle se contenta d'enfoncer sa tête un peu plus dans la couette épaisse.
_ C'est ta première fois, haletai-je contre son oreille. Est-ce que tu as mal ?
Elle ne put que hocher la tête, ses mains contre mon crâne, s'accrochant, cherchant la prise pour ne pas sombrer si loin dans l'obscurité qu'il aurait fallu un soleil entier pour lui montrer le chemin du retour.
Mais moi j'étais là.
Et j'allais lui montrer que l'obscurité n'était pas si mal aussi.
_ Tu vas avoir mal avec moi, murmurai-je.
Je me retirai d'elle, avant de plonger de nouveau, et aspirai son cri entre mes lèvres.
Je perdis le fil de mes pensées, noyé dans les sensations qui me venaient de notre étreinte.
Les bras d'Athena tremblaient autour de mon crâne, mais son souffle était encore haché et rauque. Elle murmurait mon prénom, m'appelait comme si j'étais son seul phare dans la tempête.
Et même si nous étions des inconnus, cette sensation était grisante.
Je la voulais encore.
Je voulais encore ressentir ça.
Je voulais m'y plonger et me noyer dedans.
Vaincu par mon orgasme qui m'arracha un long grognement, je ne fis pas attention à Athena qui sembla frémir de jouissance aussi. Ce n'était jamais une vraie partir de plaisir pour la première fois d'une femme, mais pour ce que j'en savais. J'espérais au moins qu'elle avait pu apprécier un minimum.
Lentement, nos mouvements s'atténuèrent et nos regards se croisèrent.
Avec délicatesse, je me retirai d'elle et nous observâmes tous les deux le sang sur mes cuisses et sur les siennes.
Sans un mot de plus, je la sortis du lit et l'embarquai dans la salle de bain. Je nous fourrai sous l'eau brûlante et elle n'eut pas le temps de m'arrêter que j'étais déjà entre ses jambes, m'occupant de son clitoris, souhaitant qu'elle ait un orgasme aussi bon que le mien.
Il y avait encore un léger gout de sang, malgré l'eau qui coulait sur nos corps. Athena réussit à jouir sur ma langue avec de longs gémissements qui sortaient de sa gorge magnifiquement déployée sous le jet d'eau.
Je clignai des yeux et attendis qu'elle se soit calmée pour me relever, la maintenant contre mon corps. Elle cligna des yeux, la tête à moitié en arrière, la bouche ouverte sur un dernier cri avorté.
_ Merci, haleta-t-elle.
Je gloussai avant de secouer la tête.
_ Tout le plaisir était pour moi.
Elle sourit, de ce sourire à moitié assommé, comme si elle avait été droguée. Les endorphines allaient très vite refluer. Elle aurait mal très vite.
Je veux avoir mal avec toi.
Sa phrase ne cessait de résonner en moi.
J'avais envie qu'elle ait mal de nouveau avec moi.
C'était tellement malsain et tellement bon à la fois que mon cerveau se déconnecta encore.
Athena me rendait fou.
Elle me rendait une liberté que je n'avais jamais eu conscience de perdre.
Je ne sus comment, mais nous nous retrouvâmes sur la moquette de la chambre, nos corps emmêlés et nos souffles étranglés entre nous.
Elle me chevaucha, trouvant son rythme, me rendant un peu plus fou.
Ce que je ne compris que bien trop tard, c'est qu'elle me rendait ma liberté pour mieux m'emprisonner.
Ce ne fut qu'à la vision de son orgasme partout sur son visage, me tirant ma propre jouissance, que je compris qu'elle m'avait attaché à elle.
J'étais prisonnier.
C'était la punition quand on volait l'or d'un leprechaun.
**
Encore un souvenir et celui ci c'est LE souvenir.... 🔥❤️
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