12. Les carottes sont cuites !

SOREN

Quelques heures plus tôt,

Talia portait une robe magnifique ce soir. Je la dévisageai un peu trop longtemps à son goût, car elle me tira la langue, serrant sa petite pochette contre son flanc.

Je n'étais pas assez gay pour ne pas profiter du spectacle, je l'avouais facilement. Les belles femmes avaient toujours quelque chose d'attirant.

Ezra avait tenté de m'expliquer que l'attirance ne passait pas par une orientation sexuelle particulière, que si vous trouviez une personne qui vous faisait résonner, vous deviez la regarder.

Vous deviez veiller à lui montrer que vous résonniez aussi. C'était une idée très intéressante, mais très philanthropique. Une idée à laquelle j'avais malgré moi dû adhérer il y avait plusieurs années. Malheureusement, j'en avais oublié certains détails, comme si cette nuit n'avait pas changé ma vie d'une certaine façon.

Je clignai des yeux quand Talia posa sa main sur mon bras. La limousine était en train de s'arrêter à côté de nous. J'étais fébrile à l'idée de voir Levi et Ezra dans leur élément. Dans un élément où je devais jouer mon rôle, sous peine de ne plus jamais les revoir. C'était ce genre de moment qui me rendait un peu fou, voire beaucoup. Talia démontrait des trésors d'imaginations pour occuper mon esprit torturé et elle me rappelait les enjeux que nous devions respecter. Ce n'était pas qu'une question de mandat, c'était aussi une question de bien faire, de bien présenter, de bien montrer au reste de nos électeurs qu'ils pouvaient compter sur nous.

Je déposai un baiser sur la joue de mon épouse et elle pressa une nouvelle fois mon bras pour me rassurer. Son portable vibra dans sa pochette, mais elle attendit d'être confortablement installée pour regarder son message. Un message qui visiblement lui tira un sourire et elle me le montra une fois que je fus glissé sur la banquette arrière de la limousine.

Je tombai nez à nez avec une photo d'Ezra, préparé et magnifique pour ce soir. Elle avait été postée sur son compte Instagram, mais il l'avait quand même envoyé à Talia. Le coquin.

_ Je vais être déconcentré si tu continues à me montrer ce genre de photos, marmonnai-je.

Je fis un léger signe au chauffeur et il démarra, remontant la vitre entre lui et nous. Je me détendis un peu et reposai ma tête contre le cuir de la banquette. Talia verrouilla son portable et le rangea.

_ Tu as eu des nouvelles de Levi ?

_ Pas depuis quelques jours, admis-je en grimaçant.

_ Je suis sûre qu'il était bien trop occupé. Il a préféré gérer son inauguration que tes gémissements inopportuns.

Je ris. Je pressai sa nuque de ma main et elle m'offrit un sourire tendre.

_ Benson ne vient donc pas ce soir ? dit-elle en sentant la limousine se mettre en mouvement.

_ Benson est puni, marmonnai-je. Je ne veux pas le voir ni entendre parler de lui d'ailleurs.

_ Qui sera donc notre chaperon ? minauda mon épouse.

_ Brackston, annonçai-je.

C'était un vieil ami, nous étions un peu près du même âge. Il restait mon cadet de quelques années cependant. Brackston Claythorne était un jeune homme ambitieux et il visait haut. Il m'avait toujours dit qu'il avait misé sur le bon cheval avec moi. Plus tard, il serait sûrement mon chef de cabinet, si j'atteignais ce que tout le monde attendait de moi.

Pour les quelques années à venir en revanche, il resterait un homme de main très important pour moi. Il gérait une bonne partie de ma campagne. Je lui faisais entièrement confiance et pour différentes raisons, je le voulais de mon côté.

_ Il adore ce genre d'évènement, acquiesça Talia. La soirée n'en sera que plus amusante.

Je hochai la tête. Talia tenta de me distraire, mais la pression était grimpée dans mon corps et j'avais hâte d'arriver.

Quand la limousine s'approcha du restaurant, j'aperçus le monde qui était agglutiné devant. Je souris.

Cela me faisait plaisir de voir les accomplissements de l'homme que j'aimais prendre forme sous mes yeux et savoir que j'avais été là, dans l'ombre, mais là pour le soutenir autant que je l'avais pu avec les moyens que j'avais. Talia tapota mon genou et je serrai sa main. L'impatience me gagnait.

Le chauffeur gara la limousine le long de la longue ligne d'invités qui attendait de pouvoir rentrer et participer à la fête. Quand la portière fut ouverte par l'un de nos gardes du corps déjà sur place, je fus le premier à sortir. Un pied, puis le reste de ma jambe et enfin j'extrayais mon corps avec la grâce que Kai avait essayé de m'apprendre il y avait longtemps. L'aide de Caleb n'avait pas été de trop, mais il avait perdu patience en voyant que je ne faisais pas d'effort. C'était Talia qui m'avait poussé à le faire correctement. Une sortie de voiture était toujours étudiée et remarquée.

Je tendis immédiatement ma main à mon épouse et elle s'y agrippa, déployant son corps avec une grâce qui me coupait le souffle à chaque fois. Quelques flashs retentirent tandis que certaines personnes de l'assemblée m'appelaient et me demandaient un autographe. Parfois, je n'avais pas l'impression d'être un politicien, mais bien un acteur en attente de son prochain film.

Talia eut un mouvement d'arrêt quand elle voulut marcher et je pivotai vers elle pour voir qu'elle se mordait la lèvre.

_ Mon attache, souffla-t-elle en s'appuyant sur mon avant-bras.

Je baissai les yeux sur ses magnifiques chevilles et aperçus l'attache de sa chaussure détachée. Les talons qu'elle portait affinaient magnifiquement ses jambes. Je m'accroupis à ses côtés, pliant mon grand corps sous les rires de l'assemblée. Encore plus de flashs quand mes doigts trouvèrent l'élément et que je le remis en place, dévoilant mon bracelet en cuir et métal à mon poignet gauche et ma montre qui me venait de mon grand-père sur le poignet droit.

La main de Talia serra mon épaule le temps que je me redresse et elle émit un rire qui fut immortalisé par les photographes. Elle lissa ma cravate et me remercia d'un baiser sur la joue, très chaste, une main sur mon torse. J'enroulai mon bras autour de sa taille et levai une main pour saluer les personnes présentes.

La sécurité nous ouvrit immédiatement le chemin et nous dûmes patienter quelques secondes à l'entrée pour pouvoir pénétrer dans le restaurant. Le mouvement de foule que cela créa me parut insensé, après tout nous étions plus qu'à l'heure pour éviter un bain de foule trop impressionnant.

C'était sûrement rater après tout.

Quand nous fûmes à l'intérieur, je me mis immédiatement à scanner la salle à la recherche de mes deux amoureux. Ezra portait si souvent des talons que j'avais appris à le repérer immédiatement. Levi n'était pas aussi grand, pourtant, je l'aperçus.

À côté de lui, une jeune femme.

Son visage me frappa, mais elle s'était déjà détournée et pendant un instant, je crus avoir rêvé.

Elle ne pouvait pas être là.

_ Soren ? m'appela Talia, inquiète que je me sois crispé.

Je voulais m'approcher. Je voulais voir la jeune femme qui parlait à Levi. Il semblait très attentif et concentré sur ce qu'elle lui disait.

Je cherchai rapidement Brackston pour lui poser une question qui répondrait forcément à mon interrogation, mais déjà Talia était tirée par un des membres du personnel du Maire de Los Angeles pour nous amener à Levi.

Nous le connaissions déjà et nous aurions pu très bien le faire nous-mêmes, mais le choix ne nous fut pas donné et on se fit embarquer.

En quelques brassées de gens, nous nous retrouvâmes non loin de Levi, qui semblait de plus en plus déterminé. Je reconnaissais cette expression et c'était celle de la bravoure chez lui. Quand il prenait une décision ferme et qu'il s'y tenait.

_ Ah ! ! Et voilà notre très attendu chef Webster.

Au même moment, Levi agrippait la main de la jeune femme qui était avec lui et posa son regard sur moi par-dessus son épaule.

_ Veuillez m'excuser, dit-il d'un ton très clair.

Cela coupa la chique à notre ambassadrice qui ne sut comment le retenir. Talia me jeta un coup d'œil avant de voir Ezra s'éclipser dans la masse. Levi disparut dans les cuisines en quelques secondes à peine.

Voulant lui donner le change et ne pas l'accabler dans son impulsivité visiblement animée par cette jeune femme avec qui il était, je poussai Talia à pivoter vers un groupe d'hommes que j'avais reconnu. Ils me virent et me saluèrent tour à tour. Je passai entre les mains de tout le monde, Talia reprenant le dessus très rapidement. Elle était surtout inquiète pour Levi, mais je ne voyais pas ce que je pouvais faire. Si on me voyait sur mon portable, j'aurais droit à tous les ragots possibles.

Du regard, je cherchai Ezra. Il parlait avec Kai et Caleb plus loin, visiblement inquiet. Brackston apparut à ce moment-là sous mes yeux avec un grand sourire.

_ Soren ! s'exclama-t-il. Je vais te présenter ma sœur. Viens. Tant qu'elle est ici, je suis sûr que je peux l'avoir sous la main et ça fait quelques années que j'essaye de la traîner à ce genre d'évènement.

Je posai mon regard sur Brackston, un homme en qui j'avais confiance et que j'adorais, sincèrement. Ce n'était pas juste de la politique même si certains le pensaient.

Sa sœur était ici.

Je déglutis avant de lui sourire.

Il me pressa l'épaule, m'offrant une accolade masculine et amicale à la fois. Talia me fit signe d'y aller, en pleine conversation avec une épouse d'homme politique.

J'étais en train de me demander pourquoi je faisais ça.

Dans quel but.

Pour quelles raisons.

J'allais avoir des problèmes, j'en étais sûr.

De gros problèmes.

Je voulus retenir Brackston, lui expliquer que sa sœur n'avait pas à être forcée de me rencontrer, que ça la mettrait forcément mal à l'aise, mais il s'arrêta de lui-même en désespérant de la trouver.

Nous croisâmes le groupe des garçons à ce moment-là et je les saluai aussi naturellement que possible. Ezra fut exemplaire même si son câlin fit rire le reste de la salle. Il restait lui-même, ce que j'appréciais. Son rire était légèrement trop aigu cependant.

Il se figea en voyant Wren Wheeler bondir hors de la cuisine, aussi fraîche que possible considérant la soirée qu'elle aurait dû passer derrière les fourneaux à nous préparer notre repas.

Elle se fit alpaguer par beaucoup de monde, serrant les mains de toutes les personnes qu'elle croisait pour arriver jusqu'à nous.

_ Chef Wheeler, vous êtes sur le podium ce soir, je le crains, remarquai-je en serrant sa main avec un sourire.

_ Chef Webster est bien trop altruiste pour dire que c'est fait exprès, dit-elle en souriant un peu nerveusement.

Elle pivota légèrement vers Ezra et marmonna quelque chose comme « je vais le tuer ». Je me raclai la gorge et Wren, une magnifique femme, pivota de nouveau vers moi pour m'offrir un verre et surtout m'indiquer la table où nous allions nous restaurer ce soir.

Assis à côté de Talia, je fis en sorte de ne pas toucher mon portable et d'attendre des nouvelles de Levi par l'intermédiaire d'Ezra ou un des autres du groupe. J'étais nerveux et agité quand le discours arriva.

Si tout le monde attendait le chef Webster, sa sous-cheffe Wheeler eut la vedette.

Et tout le monde eut l'impression que Levi l'avait fait exprès. Qu'il l'avait fait pour que sa sous-cheffe brille autant que lui ce soir, car elle le méritait aussi. Elle le méritait vraiment et elle eut droit à son ovation. La soirée se lança sur une ambiance plus légère et chaleureuse. Je ne quittai pas des yeux Ezra et Kai qui étaient eux vissés sur leur portable. Ezra parut soulagé à un moment, mais je ne relevai pas. Je tentai de me concentrer sur le reste de la conversation.

Quand la soirée se termina, Wren Wheeler était une image positive et chaleureuse aux yeux des actionnaires et des personnes présentes. Avoir une femme comme elle, avec ce statut, c'était tellement de bénéfice que je ne savais même plus qui féliciter.

Levi qui n'était jamais revenu ? Ou Wren pour avoir brillé autant qu'elle le pouvait ce soir ?

Une fois de retour dans la limousine, je réussis enfin à passer un coup de téléphone à Ezra qui répondit tout de suite, la voix légèrement essoufflée et presque hystérique.

_ Soren ? cria-t-il. Je suis tellement désolé, je ne sais vraiment pas ce qu'il s'est passé. Je te jure qu'il ne l'a pas fait pour te faire du tort !

_ Ezra, arrête de courir ! m'exclamai-je en l'entendant souffler comme un buffle. Je ne comprends rien !

_ Je suis en train de rejoindre Levi. Il y a eu un souci avec notre assistante et je crois qu'il lui a sauvé la mise. Je t'assure que ce n'était pas pour snober qui que ce soit. Je vais tirer tout ça au clair. Pitié ne le dit pas à Benson.

Je sentis mon cœur se serrer et Talia grimaça à côté de moi en entendant Ezra dire ça. Je pressai le téléphone contre mon front pendant quelques secondes, puis finis par répondre à Ezra qui soufflait mon prénom.

_ Pardon, murmurai-je.

_ Non, Soren ! rétorqua Ezra. Je te jure qu'il y a forcément une explication. Je vais la trouver et je te rappelle, d'accord ?

_ Dis-moi simplement s'il va bien.

_ Promis. Je t'aime.

Je pressai mon front contre la vitre de la voiture.

_ Je t'aime, soufflai-je en retour.

Je raccrochai.

La limousine nous déposa devant chez nous et je me traînai à l'intérieur, pas sûr de savoir quoi faire en attendant des nouvelles de Levi. Talia s'éclipsa rapidement et je me retrouvai à errer sur la terrasse de notre villa, un verre de whisky à la main.

Je savais très bien que certaines de mes erreurs s'abattraient sur moi aussi facilement que ça. Néanmoins, dans ces moments-là, j'aurais aimé être plus que Soren Moore.

J'aurais aimé être la personne qui leur fallait. J'aurais aimé être la personne dont ils avaient besoin à n'importe quel moment.

J'aurais voulu être comme Ezra, disponible et dans la capacité de leur courir après quand je devais le faire.

Mais j'étais coincé ici, dans cette maison que je considérais difficilement comme la mienne.

J'étais coincé ici, dans une vie que je n'avais pas complètement choisie et qui pourtant me convenait assez pour que j'y reste et pour que j'y investisse de ma personne.

Que je sacrifie toutes ces choses que j'aurais aimé avoir avec eux.

Ezra avait besoin de moi.

Levi aussi d'une certaine façon, même si j'avais toujours peur qu'il en ait un jour marre et qu'il me remplace, ou pire qu'il ne veuille plus jamais me voir, ni me parler.

Comme j'aurais aimé savoir ce qu'il se passait avec lui.

Comme j'aurais aimé savoir qui était cette jeune femme.

Comme j'aurais aimé savoir si celle que j'avais vue était bien celle que je voulais encore voir.

C'était idiot. Répréhensible.

Des pas me poussèrent à me redresser. Benson nous avait donc attendus. Tout ça pour quoi ? Pour dire quoi ? Qu'est-ce que je voulais entendre de lui ce soir ?

Rien du tout.

Surtout pas la peur qu'il inspirait aux personnes que j'aimais profondément.

Je posai mon verre sur le bord de l'immense table en bois.

Benson tira la chaise en face de moi et y installa son propre verre. Il le tournait doucement entre ses doigts, attendant avant de me regarder.

Attendant avant de me faire la morale sur ce qui devait être fait et non pas sur ce que je voulais.

_ Tu sais déjà tout, n'est-ce pas ? grognai-je en attaquant en premier.

_ Qu'est-ce qu'il y a à savoir, Soren ? Je t'ai répété à quel point cet homme était instable et tu t'échines à croire qu'il pourrait changer un jour.

Je le fusillai du regard.

_ Tu n'étais pas là quand je suis revenu d'Irak, crachai-je. Tu n'étais pas là quand j'ai dû utiliser mon arme contre des enfants. Tu n'étais pas là quand j'ai failli étrangler mon propre... ami à cause d'un choc post-traumatique.

Benson grogna et tapa du plat de sa main sur la table.

_ Je me fous de savoir pourquoi j'étais là ou non. Ce n'est pas une bataille dont j'ai besoin, mais d'une victoire de ta part. Ils mettent en danger ta carrière et je dois te le répéter pour que tu le comprennes. Pire je dois assister à ce genre de choses pour te voir te vautrer. Que penseront les gens en apprenant que le chef Webster quitte sa propre inauguration ?

_ Qu'il est assez intelligent pour laisser le mérite à sa Seconde, crachai-je.

Un long silence s'étira entre nous.

_ Lui as-tu parlé ? me demanda-t-il, plus nerveux à présent.

_ À Levi ? Je n'en ai pas eu le temps.

_ Non, la raison pour laquelle il est parti, Soren, rétorqua Benson, véhément à présent.

Il glissa son portable vers moi et je vis une photo s'afficher. Deux personnes qui quittaient le restaurant, dont l'une qui était Levi. L'autre était largement reconnaissable.

Le visage de la jeune femme était visible.

Je le reconnus dans ses moindres détails.

Je n'avais donc pas rêvé.

Elle avait été à cette soirée.

Elle était l'assistante de Levi et d'Ezra.

_ Alors ? insista Benson.

Je déglutis et lui retournai son portable.

Je serrai les dents, prêt à l'envoyer chier ou à lui mentir pour l'emmerder.

_ Non ! sifflai-je, mauvais.

Il poussa un léger soupir avant de se lever.

_ Elle travaille avec eux. Sous aucun prétexte je ne veux te voir avec eux quand elle est là. C'est compris ?

_ Limpide.

Benson se leva et s'approcha de moi.

_ Si jamais on apprenait ça, ta carrière serait finie, Soren.

Il me contourna en me bousculant et je restai accroché au dossier de la chaise.

La colère se disputant à l'envie. L'envie de savoir.

De tout savoir.

Athena. 

**

Une grosse dédicace à @Cripbev   pour ce chapitre car il porte son nom grâce à elle. #titreparrapportàlabouffe 🤣🤣❤️

J'espère que vous êtes contentes de retrouver KOT, surtout Soren (ouais non c'est pas mon préféré mais un peu quand même quoi )😍😍

Va-t-on en savoir un peu plus vite sur le passé d'Athena et Soren ? 🤔🤔

Vous le trouvez comme notre homme politique ? 😎😎

Ça souffle pas chez vous ? NOUS CA SOUFFLE CARREMENT TROP DEHORS 😭😭😭

Da bisous. 🌹❤️

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