Chapitre quatre.

Mercredi.


  Je ne parle pas de cet évènement à mes amis, comme je l'avais promis la veille à Payne, et quand bien même je l'aurais fait, en quoi auraient-ils pu me venir en aide ? Ils sont aussi impuissants que moi dans cette histoire. Je me suis méticuleusement lavé et soigné le corps hier, et d'avantage le visage. Heureusement pour moi, ma mère n'était pas encore rentrée du travail à l'heure où je me suis fait tirailler de coups, et mes sœurs étaient restées cloitrés dans leur chambre. J'ai donc pu traverser le couloir, monter à l'étage et m'enfermer dans la salle de bain sans aucun encombre. J'y ai passé une bonne partie de la soirée. Ce matin, en me réveillant, j'avais des bleus. Mais, je ne sais par quel miracle, mon visage n'en a pas été victime. Juste une petite entaille sur les lèvres. Je remercie mes mains de m'avoir protégé cette partie du corps durant le déchainement de Liam. Sans ça je serais surement défiguré. D'ailleurs, il n'était non plus présent en cours de la matinée. Ce qui ne m'étonne même pas. Bien que des tas de questions à son sujet me brûlaient les lèvres. Comme, par exemple, pourquoi m'avoir embrassé à nouveau alors qu'il prétend être totalement hétéro ? Dans le but de se prouver quelque chose, de se justifier ? Ou... Simplement de me faire souffrir parce que je ne sais pas cacher et réprimer mon attirance pour lui ? Oui bien encore, troisième solution, s'en prendrait-il à moi parce qu'il pense être gay et qu'il ne l'assume pas ? Il y a tellement d'hypothèses pour si peu de réponses. J'en suis fatigué.


  En voyant Harry et Louis se tenir les mains et s'embrasser, ce matin en arrivant devant les grilles du lycée, j'ai fait un bond de quelques heures en arrière au moment exact où Satan et moi étions, presque parce qu'on ne se touchait pas, à leur place. J'avais juste envie de leur crier d'arrêter, de laisser leurs lèvres se reposer un petit moment, mais je n'en fais rien. Sinon, ils me poseraient des milliers de questions, me regarderaient bizarrement. Et, je ne veux pas. Je ne veux pas qu'on prenne la tête aujourd'hui. Je ne suis pas d'humeur à sourire, à plaisanter ou même à discuter. Je souhaite juste qu'on me laisse seul avec mes pensées. Même si ça finira par me détruire. La soirée d'hier m'a épuisé. Comme si cette confrontation et ce baiser avec Liam m'avait ôté toute ma force. Je me sens faible et courbaturé. Surement à cause de mes bleus et aussi parce que j'ai eu du mal à trouver le sommeil. J'ai pratiquement passé une nuit blanche. Ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps. J'ai longtemps hésité à envoyer un message au protagoniste même de mon cauchemar, mais je me suis résigné à ne pas le faire, me rendant compte que ça ne ferait qu'aggraver ma situation actuelle. Et sincèrement, je n'en ai pas besoin.


  Je le déteste. Il me répugne. A un point tellement puissant que je n'en savais pas un humain capable de ressentir autant d'abomination envers quelqu'un. N'aurait-il put simplement ne pas m'adresser la parole ? Ne pas me voir comme un ennemi ? Ne pas envenimer les tensions entre nous en m'embrassant à cette soirée? Parce que oui, j'étais totalement sobre, et je sais pertinemment que c'est lui qui a fait le premier pas. On s'insultait dans le jardin, il était à la limite de m'étrangler, mais cette fois-là le baiser a été beaucoup plus doux que celui d'hier. Il avait saisi mes hanches pour me rapprocher de son corps chaud, et c'était comme si nos lèvres étaient destinés à être reliées. Il ne m'avait pas tapé par la suite, il s'était simplement contenté de me toiser avant de prendre la fuite. Comme le lâche qu'il était, et qu'il est toujours d'ailleurs. J'avais mis des heures à m'en remettre, à me rendre compte de la réalité. Et, parfois, quand j'y pense je peux encore sentir ses mains enserrer ma taille, presque pincer ma peau, mais pas dans le but de me faire du mal. Parce que, je crois que ce soir-là, c'était lui qui avait souffert. D'un côté, ça ne peut pas lui nuire, c'est donnant donnant.

  Agacé depuis mon réveil, je n'ai pas dit un seul mot de toute la matinée. Le cours de sciences m'a permis de rattraper mes heures de sommeil, bien que j'en aie besoin d'encore quelques-unes. Je suis presque content quand midi sonne, je sors rapidement de la salle de littérature, suivit de mon meilleur ami qui a compris, depuis ma mine grise de ce matin, que je n'étais pas apte à avoir une conversation digne de ce nom. Louis nous attendait devant le lycée, à peine dehors, le brun va se réfugier dans ses bras alors que je suis certain qu'il l'a également conduit ce matin. Il me dit joyeusement bonjour, je lui répond tant bien que mal, il fronce les sourcils mais ne s'étend pas sur ma mauvaise humeur. Je le remercie pour ça. Il saisit la main gauche d'Harry et nous commençons à marcher. Nous faisons un bon bout de chemin ensemble, ils parlent tous les deux, se rendant compte que j'opte pour le silence. D'habitude j'arrive à m'intéresser à ce qu'ils racontent, mais là, je suis incapable de me concentrer. Tout, absolument tout, me ramène à Liam et à ce baiser qui s'est déroulé hier soir. J'ai encore du mal à savoir si cet évènement est le fruit de mon imagination ou non. Je ne parviens pas à accepter la réalité. Et pourtant, je devrais. Pour mon bien. Le temps de me séparer de mes amis arrivent, ils me font un signe de la main avec un grand sourire ornant leurs lèvres chacun, je me contente de hocher la tête dans leur direction. Ils ne sont pas dupes. Ils savent bien que quelque chose cloche chez moi. Que je leur cache un secret, mais je ne suis prêt à tout leur dire. Je pense même que je ne le serais jamais. C'est bien assez difficile à gérer comme ça. Je finis ma cigarette sur la route, et rentre chez moi. Je pose mon portable et mon sac sur mon bureau et décide de directement rattraper ma nuit. Même si je sais que la tâche sera difficile parce qu'il est impossible de m'ôter le châtain de mes pensées. Rongé par une envie de me venger, ou peut-être d'encore une fois me traîner vers ce qui peut potentiellement me faire souffrir, je me relève et prend mon portable que j'emmène dans mon lit. Ma conversation avec Liam est toujours là, je n'ai pas encore eu l'envie de l'effacer. Je veux garder une trace de lui, même si ce n'est pas la meilleure. Je soupire, fatigué pour réfléchir indéfiniment, et me lance encore une fois, dans la gueule du loup.


☒ 12h45. A Liam : Merci pour les bleus Payne, je pourrais presque tourner dans cette série débile pour les enfants, tu sais, les schtroumpfs... ? Tu dois connaître, tout attardé de base l'a regardé un jour. Bref. Si je deviens célèbre ce sera uniquement de ta faute. Oh, et j'allais oublier, tant que j'y pense... Tu embrasses comme un débutant.

  C'est ma façon de le provoquer parce qu'au fond, tout ce que je souhaite, c'est qu'il recommence. Encore et encore. Jusqu'à ce l'air me manque, que mes lèvres s'assèchent, que ma bouche n'en puisse plus. Même si je pense que c'est humainement impossible de ne plus vouloir de ses baisers. J'y suis totalement accro, et il ne m'a embrassé que deux fois. Je suis prêt à m'endormir, un sourire satisfait sur les lèvres, mais il disparait très vite quand je reçois une réponse de sa part quelques instants plus tard. Mon cœur en prend un coup. Le temps s'arrête. Parce que je ne pensais pas qu'il rentrerait dans mon jeu aussi facilement...

☒ 12h50. De Liam :Je t'attends pour me donner des cours, alors.



*   *   *



Mercredi après-midi, chez les Styles, point de vue de Harry.


«  Tu ne le trouves pas bizarre Zayn en ce moment ? »

  Cette question me brûle les lèvres depuis quelques jours, mais son comportement d'aujourd'hui confirme pratiquement mes doutes quant à une forte baisse de son moral. Pourtant, je ne préfère pas en parler directement avec lui, parce que je le connais comme si je l'avais fait et je sais pertinemment qu'il ne voudra rien me dire s'il se sent mal. Il se laissera ronger par son secret. Mais je ne lui force pas la main, même si je tiens à lui, sachant que dans tous les cas je m'attirerai ses foudres.

«  Je t'ai toujours dit qu'il l'était un peu, bébé. »

 Je ne peux m'empêcher de sourire. Louis, et ce depuis notre première approche, a toujours su me remonter le moral. Même si parfois il ne le fait pas en finesse. C'est une des qualités que j'ai toujours admiré chez lui. Il me répond à la rigolade, mais je sais qu'il prend mes propos très au sérieux et que ses pensées suivent les miennes.

«  T'es con. »

 Pour accompagner mes paroles, j'attrape un cousin sur le rebord de mon lit que lui jette à la figure, il l'évite de justesse et prend un air faussement offensé, je lève les yeux au ciel, amusé. Bien que ma cible ait été ratée.

«  Viens là. »

  Incapable de résister à sa requête, et à son regard qui ne demande que moi, je pose mon crayon sur le bureau auquel j'étais attable dans le but de faire mes devoirs. Autant dire que la présence de mon copain ne m'a en rien aidé. Et me lève pour, finalement, venir le rejoindre dans le lit. Je m'allonge au-dessus des couvertures, comme lui, et soupire. Il se redresse sur son coude et maintient sa tête sur sa main, je le sens m'observer pendant un long moment, ses yeux me brûlent la peau. J'en frissonne encore, même au bout de presque deux ans de relation.

 

«  Dis-moi ce qui te tracasses... »

  Je relève enfin le regard vers le sien, j'en ai presque le souffle coupé, le bleu qui s'en dégage est sublime. Je pourrais rester des jours, allongé dans ce lit, à l'admirer. Ses doigts viennent chercher les miens et s'y nouer avec une douceur sans pareille. J'ai toujours adoré son côté protecteur, quand il prend le temps de m'écouter, quand il s'intéresse à moi. Et c'est bizarre, parce que Louis est le premier homme, la première personne que dis-je, à m'accorder autant d'importance. Rien que dans ses yeux, je peux lire tout l'amour qu'il me porte, et également le fait que nos vies sont si infiniment liées entre elles. Indissociables.

«  Il me cache des choses. »

«  Quel genre ? »

«  Le genre qui peut lui attirer des problèmes. »

«  Tu ne penses pas qu'en tant que meilleur ami, s'il était dans une situation vraiment grave, il t'en aurait parlé depuis longtemps ? »

«  Peut-être... Je ne sais pas. Je ne sais plus. J'ai l'impression qu'il change, qu'il se referme sur lui-même. »

«  Je ne le connais pas aussi bien que toi mais suffisamment pour te dire que c'est un garçon assez solitaire. »

«  Mais le problème n'est pas vraiment là, le truc c'est que...Je soupire en secouant la tête.Avant il se confiait pratiquement toujours à moi, il n'hésitait pas à me dire ce qui n'allait pas, la moindre chose qui le tracassait. Et depuis un certain temps, j'ai l'impression... J'ai l'impression de le perdre. »

«  Tu sais Hazza, il y a des secrets que les gens ont envie de garder pour eux, des partie de leur vie qu'ils ne souhaitent pas divulguer. Je pense que tu devrais respecter son choix. Fais lui confiance, je suis certain que si quelque chose se déroulait mal il viendrait t'en parler en priorité. »

«  Il n'y a pas que ça. Ça fait plusieurs jours qu'il semble tourmenté, ou préoccupé. Je ne sais pas trop comment qualifier son comportement. Il a souvent la tête dans les nuages, il n'écoute pas ce que je lui dis, il est comme dans son propre monde et tout ce qui se trouve autour de lui n'a plus d'importance. »

«  Peut-être qu'il a un garçon en vue, qui sait. »

«  Et c'est ça qui le mettrait sur les nerfs ? Je ne pense pas. Il est constamment tendu et piqué à vif. »

«  Attends un peu. Du moins jusqu'à ce qu'il retrouve sa bonne humeur, et là tu pourras essayer de lui en parler. Mais attention... Sans trop insister ou le brusquer. »

  Je hausse les épaules, peu convaincu, je n'ai qu'une seule c'est de lui envoyer un message pour essayer de comprendre son comportement ces derniers jours. Mais comme Louis me l'a si bien dit, je ferais mieux d'attendre. Attendre le moment où il sera prêt à se confier. Ce sera surement long. Parce que je ne supporte pas qu'on me cache des choses, encore moins quand il s'agit de mon meilleur ami. Pour me rassurer, je me dis que justement c'est lui, qu'il sait ce dans quoi il s'embarque, et que donc je n'ai pas de soucis à me faire. Du moins, c'est ce que j'espère...

«  Je te conseille vraiment de laisser le temps faire les choses. Comprend le un peu en même temps, il est célibataire et il voit pratiquement tous les jours sont meilleur pote collé à un autre de ses amis. A sa place, je me sentirais un peu mis à l'écart aussi. »

«  Oh.Je ne peux m'empêcher de sentir le rouge me monter aux joues légèrement tandis que le châtain sourit face à ma réaction.Il nous l'aurait déjà fait remarquer tu ne penses pas ?... Je veux dire, c'est un gars très direct dans ses propos, tu as pu le constater un nombre incalculable de fois, il n'aurait pas hésité à nous demander d'arrêter de s'embrasser devant lui. Et depuis longtemps si vraiment c'était ça qui le gênait. Je le connais. »

«  Alors... Je ne sais pas quoi te dire. Il a peut-être simplement besoin de s'isoler un peu, parfois ça m'arrive, et je suis sûr qu'à toi aussi. La solitude fait du bien de temps à autre. Ça nous fait réfléchir. »

«  Oui mais je ne veux pas qu'il croit que je l'abandonne parce que je suis avec toi, il reste toujours l'ami qui m'a aidé à traverser des tas d'obstacle, d'ailleurs tu as surement été un des pires. Je ne me savais même pas gay avant de te rencontrer. Sans lui, je ne serais surement pas dans ce lit avec toi, mais encore à essayer de te draguer pitoyablement. »

«  J'avoue que j'aimerai voir ça. Ça doit être un sacré spectacle. »

  Il rit, et le son qui sort de sa gorge face à cette action me fait littéralement fondre. Des plis se forment au coin de chacun de ses yeux, ses lèvres s'étendent dans un magnifique sourire qui en ferait tomber plus d'un, et je ne peux qu'aimer ce que m'offre cette magnifique vue. Instantanément, je porte ma main libre à sa joue que je caresse tendrement. Ces petits contacts entre nous que j'aspire tant. Louis me donne tout ce que j'ai toujours voulu, de l'affection, de l'attention, du bonheur, des surprises et surtout... De l'amour. Il m'accorde une place immense dans son cœur, plus encore que celle qu'il possède dans le mien. Et dieu seul sait combien il le comble. Sa seule présence me suffit amplement. Je ne sais pas quoi penser de ces personnes qu'on appelle « âmes sœurs » mais je pense que, si j'y croyais, Louis serait la mienne.

«  Ou alors, t'es peut-être juste un très mauvais amis. »

 Je lui donne un léger coup dans les côtés, son rire envahit à nouveau la pièce. Je sais pertinemment qu'il ne pensait pas un mot de ce qu'il vient de dire, parce qu'avant d'être officiellement en couple, lui et moi, nous étions de simples amis. Nous avons partagés cette relation quelques mois, et autant dire qu'il ne fait pas parti de ce genre de personne qui vous abandonne au bout d'un certain temps. Loin de là. Il était fidèle, aujourd'hui encore, toujours présent pour m'écouter, pour m'aider en cas de problème, et disponible. Ce qui devient des qualités rares chez les gens. Et le lien que nous partagions, depuis le début de nos années lycée, s'est renforcé à partir de la fois où il m'a embrassé. Comme jamais personne ne l'avait fait. Je ne vais pas mentir en disant que j'ai ressentis ces papillons dans le ventre, ou ce retournement d'estomac, parce que l'échange n'a pas duré bien longtemps, mais assez pour savoir que c'était lui et personne d'autre. Il ne m'avait pas brusqué, au contraire, le baiser s'était avéré doux et timide également. Par contre, ceux qui sont survenus après ce premier contact m'ont littéralement fait pousser des ailes. J'en frissonnais. A chaque nouvelle fois que nos lèvres se rencontraient, les choses devenaient plus intenses, plus sûres, en conséquent... Plus amoureuses. Malgré que je n'aie pas eu assez de courage pour diriger notre premier baiser, j'en ai puisé au plus profond de moi pour lui avouer mes sentiments à son égard. Les mots, à ce moment, étaient sortis d'une façon si fluide et véritable de ma bouche, que j'en fus moi-même surpris.

«  Mais sache que tu remplis parfaitement ton rôle de petit ami. Pas de doutes là-dessus.»

 C'est à mon tour de sourire face à sa dernière réplique. Je ne sais pas si c'est juste mais je m'en laisse convaincre lorsqu'il vient sceller nos lèvres avec une tendresse sans égale. Il me transporte déjà au bonheur rien qu'avec ce contact. Mes doigts se referment sur quelques-unes de ses mèches de cheveux en désordre, tandis que mon autre main est toujours liée fermement à la sienne. Je le sens même en caresser la peau. J'en frissonne. Mon ventre se tord agréablement. Le temps de quelques secondes, je me laisse porter au paradis dans les bras d'un ange qui n'est autre que Louis.

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