Chapitre huit.

Dimanche.

   La bouche pâteuse, je me réveille. Mon mal de tête n'est pas si horrible que cela. Juste une petite douleur. Je tends les bras pour m'étirer et me relève sur mes coudes pour essayer de me repérer. Le filet de lumière qui passe à travers les volets presque clos me permet de remarquer un matelas posé à côté du mien, puis une forme. Ou plutôt des formes. Je reconnais les boucles folles de mon meilleur ami. En effet, Louis et Harry dorment encore paisiblement, enlacés. Je souris et repose ma tête sur mon oreiller. Je ne sais pas quelle heure il est, mais ce dont je suis certain c'est que j'aurai besoin d'une bonne et longue nuit de sommeil pour rattraper tout ça. Nous sommes montés nous coucher qu'à cinq heures du matin, les invités avaient du mal à s'en aller, et certain s'étaient même écroulés dans les canapés, d'autres étaient tombés malades à cause d'une trop forte ingurgitation d'alcool. Niall en a un peu baver, mais au bout d'un long temps de labeur il a réussi à les mettre tous dehors. Épuisé, j'étais monté me coucher. Seul. Liam était parti comme les autres, d'ailleurs après m'avoir embrassé il s'est défilé, une fois encore, sans rien me dire. Je n'ai pas besoin de vous dire que je le déteste. Vous avez fini par le comprendre, je crois. J'ai passé la soirée avec le gars qui m'avait donné une cigarette et offert un verre, plutôt sympathique, mais... Il a une copine. Je pouvais bien essayer de venir ami avec, mais, je n'ai même pas pris son numéro. Tant pis. Généralement, je ne reste pas très longtemps en contact avec des gens que je rencontre en soirée. A part si c'est un garçon qui me plait vraiment, et qui n'a personne pour partager sa vie. Comme moi.


 Finalement, je me décide à me lever. J'essaye d'être discret pour ne pas réveiller mes amis qui dorment à poings fermés, et ouvre la porte pour me faufiler dans le couloir. Je sors mon portable, il affiche quinze heures. Je porte les même vêtements qu'hier, je sens l'alcool, mais peu importe. Je descends à l'étage, le spectacle que m'offre la pièce principale de la maison me surprend. Il y a des détritus partout, les verres vides, les bouteilles, les gobelets, les cigarettes jaugent le sol. J'entends du bruit dans la cuisine et m'y rends. Quand je pousse la porte, j'y trouve Niall en train de nettoyer la vaisselle. Le pauvre.

«  Bonjour. »

«  Salut.Je marque une pause avant de reprendre.Tu veux de l'aide ? »

«  Ce ne serait pas de refus. »

  Je souris et m'attaque à une pile d'assiette afin de lui enlever des tâches en plus. On commence à parler de tout et de rien. Il me demande comme s'est passé sa soirée, moi-même je ne sais pas quoi en penser. Si finalement elle était agréable ou pas, si elle m'a permis d'avancer ou non. Tout ce que j'ai retenu, c'est qu'une fois encore Liam a fait le premier pas pour m'embrasser. Et, qui plus est, il semblait jaloux. Jaloux que je m'intéresse à un autre homme que lui. Peut-être est-ce seulement son égocentrisme qui parlait mais cela revenait au même à mes yeux. Ce baiser était différent. Pas parce qu'il menait la danse, pas parce qu'il n'était pas ivre, mais parce que pour une fois il ne s'était pas montré brusque mais étrangement doux. Je sais pertinemment qu'il n'assumera pas ce qui s'est passé à la rentrée, comme toujours. Parce que oui, nous venons de débuter les vacances de Noël par une fête qui s'avérait plus être une orgie qu'autre chose. Mais, je dois avouer, que je me suis quand même amusé.


«  Harry m'a parlé du fait qu'il voulait organiser un feu d'artifice pour l'anniversaire de Lou, et figure toi que mon frère travail dans un magasin qui s'occupe d'évènements festifs, je lui ai demandé s'il pouvait m'en avoir et apparemment il peut m'en donner un caisson entier. Je les aurais d'ici deux ou trois jours. Ça ne te dérange pas si je les laisse chez toi jusqu'à la fête d'anniversaire ?... Je ne veux pas qu'il le sache pour le moment, histoire de leur faire une surprise à tous les deux. »

«  Du tout, je te donnerai mon adresse par sms et tu pourras venir les apporter quand tu veux. »

«  Merci Zayn, t'es vraiment un gars super. »

  Niall est le genre d'ami que tout le monde rêve d'avoir. Serviable, disponible, à l'écoute, attentionné, et drôle. Il est tellement innocent et dans son monde. Il n'hésite pas à croquer la vie à pleine dent. Comme son meilleur ami. Louis a vraiment une chance incroyable de l'avoir. J'ai presque envie de lui demander comment il s'y prend pour entretenir une si belle amitié mais j'opte pour le silence. Ma question serait bizarre et il me prendrait surement pour un fou. Je continue d'essuyer les assiettes et jette celle en carton dans un grand sac poubelle, tandis que lui remet certains aliments au frigo et nettoie les meubles. La porte s'ouvre sur Louis, il a les cheveux en bataille et les paupières à moitié closes mais il a toujours cet air rayonnant sur son visage. Sa marque de fabrique en quelque sorte.

«  Bonjour Lou. Ou plutôt bientôt bonsoir. »

«  Il n'est que seize heures. »

«  Ça n'empêche que tu vas aussi m'aider à nettoyer ce bazar. »

«  Avant, j'ai besoin d'une bonne tasse de thé. »

 Ils rient tous les deux, je me contente de sourire. Ils partagent une amitié idéale, et je me demande même si un jour ils ont eu une dispute. C'est fort probable, comme toute relation amicale ou amoureuse. Mais, ils ont l'air d'en être ressortit que plus forts. Le châtain passe un bras autour des épaules de son ami et lui claque un baiser sur ses joues rougies avant de me saluer, puis de partir à la recherche d'une tasse propre et d'un sachet de thé.

«  L'autre marmotte dort toujours ? Je demande tandis que je range des assiettes propres dans un placard. »

«  Je pense qu'il a du se rendormir oui, je l'ai réveillé quand j'ai essayé de me lever tellement il était collé à moi. Il a une méchante gueule de bois. »

«  Ce n'est pas faute de l'avoir prévenu hier, il s'est enfilé au moins dix verres. »

«  Plus que ça même, quand tu étais parti dehors il en a repris deux ou trois. Je te raconte pas au moment d'aller dormir, il ne tenait presque plus debout et racontait que des conneries. »

«  Rien qui ne sort de l'ordinaire alors. Mais je te préviens Louis, quand il est bourré t'as intérêt de garder les yeux rivés que sur lui, il drague tout et n'importe quoi. »

«  Je sais, on est allé en boîte plusieurs fois. Et ne t'en fais pas Malik, je ne lâche pas mon homme du regard dans ce cas-là. Hier, il ne m'a pas quitté d'une semelle. »

  Nous rions tous les trois bien que le blond ne soit pas intervenu dans la conversation puis nous continuons notre ménage, et Louis boit tranquillement son thé. Faisant exprès de traîner pour ne pas avoir à s'y mettre lui aussi, d'ailleurs Niall lui en fait plusieurs fois la remarquer, pour plaisanter évidement, et il se contente de dire que l'eau est trop chaude pour qu'il la boive tout de suite. On ne peut décidément pas faire plus gamin que Louis, mais je crois que c'est pour ça qu'autant de monde l'apprécie. Il ne prend pas les choses au sérieux, bien qu'il sait être raisonnable quand il le faut, en fait, il trouve toujours le juste milieu. J'aimerai être comme lui, pouvoir me dire que quoi qu'il arrive j'aurai toujours quelqu'un pour me rattraper. Harry est là, bien sûr, toujours. Et je lui en suis totalement reconnaissant. Pour tout. Même si je ne lui porte pas autant d'attention, et je voudrai, vraiment, mais je n'y arrive pas. Il doit m'en vouloir parfois. Mais disons qu'il a son copain pour compenser, pour rattraper mes erreurs. Et je dois admettre qu'en ce moment j'en fais énormément. Liam étant la plus grosse de toutes. Pourtant, je n'ai pas tellement le temps de penser à lui parce que je rigole, comme ça ne m'arrive pas souvent, avec les deux autres garçons de la pièce. Ils sortent des blagues totalement stupides, se taquinent, mais ça nous fait rire. Parfois, ça fait du bien de retrouver son esprit d'enfant. L'époque innocente me manque.

 

«  Les gars vous pouvez éviter de hurler ? J'ai un mal de crâne horrible. »

  Harry vient d'entrer dans la pièce, les boucles en bataille, les yeux qui ont du mal à s'habituer à la lumière et la voix rauque. Niall rit et lui proposa une tasse de café, il déclina l'offre et alla directement se blottir dans les bras de Louis, qui l'accueillit avec le plus grand plaisir. Pour faire passer son mal, ce dernier déposait des baisers tendres sur son front mais ça n'avait pas l'air d'arranger l'état de mon meilleur ami puisqu'il était toujours aussi grognon. Mais à mon avis, ce sera ça jusqu'à la fin de la soirée, jusqu'à que tout l'alcool qu'il a ingurgité hier s'évacue de son corps.

«  Qu'est-ce qui se passe mon ange ?Demande Louis en caressant lajoue du bouclé.»

«  J'ai des nausées. Putain, je n'aurais pas dû boire autant. »

«  Ah non, ça c'est le bébé qui arrive bientôt. Tu devrais aller faire un test de grossesse. »

  L'intervention du blond nous fait tous rire, sauf Harry qui lui offre poliment son majeur avant de reposer sa tête dans le creux du cou de son copain qui lui caresse doucement le dos. Je souris puis finis de ranger mes assiettes et nettoyer la cuisine avec l'aide de l'hôte de cette maison avant de saluer mes amis, rassembler mes affaires et prendre la route pour rentrer chez moi. Il est déjà bientôt dix-huit heures et je vois au moins dix messages de ma mère qui doit être morte de panique. J'ai oublié de la prévenir que je dormais chez Niall. Elle va surement me passer un savon. Je franchis la porte d'entrée, elle arrive comme une furie vers moi mais au lieu de me crier dessus, de me faire une leçon de morale, elle me prend dans ses bras. Elle murmure qu'elle s'est fait un sang d'encre pour moi, qu'elle avait peur qu'il me soit arrivé quelque chose grave, je lui réponds que je suis en vie et que je ferais plus attention la prochaine fois et monte dans ma chambre. Pour faire passer le temps, je m'occupe par une de mes activités favorites, le dessin. Je fais des croquis, je peins, je dessine tout ce qui me passe par la tête. Mes écouteurs dans les oreilles, un son de Nirvana. Et je me retrouve dans mon élément. Mon paradis artificiel. Il est plus de vingt et une heures que je finis, je n'ai même pas pris la peine de manger. Je n'en ressens pas le besoin. Épuisé, je m'étends dans mon lit et saisit mon portable. J'efface la conversation avec ma mère et lis les nouveaux. Un de Niall qui me remercie encore pour le coup de main, j'en profite pour lui fournir mon adresse afin qu'il m'apporte le caisson de feu d'artifice. Puis, je lis l'autre message de Liam. Je suis assez surpris qu'il veuille encore me parler, bien que je pense que ce soit plus pour des reproches ou des menaces qu'autre chose.


☒ 19h17. De Liam : Faut qu'on se voit. On doit mettre les choses au clair nous deux, rapidement.

☒ 21h08. De Liam : T'as décidé de ne pas répondre Malik ? Joue pas au con. C'est important. Je déconne pas sur ce coup-là.

  Je soupire. Qu'est-ce qui peut être aussi important ? D'ailleurs, ça ne l'est pas forcément pour moi et j'ai autre chose à faire que me soucier de lui. Il a pris plaisir à m'abandonner lâchement après plusieurs baisers alors pourquoi voudrait-il soudainement qu'on parle ? Je n'ai rien à lui dire en plus. J'ai juste envie de lui envoyer mon poing entre les deux yeux. Le faire autant souffrir qu'il l'a fait avec moi, lui faire du mal aussi. Qu'il sache ce que c'est que de se sentir brisé.

☒  21h20. A Liam : Je n'ai pas envie de te parler.

  Deux minutes plus tard je reçois déjà une réponse, à croire qu'il n'attendait que ma réponse. Pourquoi je lui réponds déjà ? Je devrai plutôt essayer de l'oublier, de tirer un trait sur nous deux, mais... C'est trop dur. Malgré tout le mal qu'il m'inflige, toute la peine qu'il me cause, je le désire encore, d'avantage même. Je suis encore attiré par son corps. Je l'aime encore. Je suis un idiot, encore.

☒  21h22.De Liam : Ce n'était pas une question putain !

☒  21h23. A Liam : Je m'en fous. Toi et moi, on n'a plus rien à se dire.

☒  21h26.De Liam : Arrête de faire le mec qui en a rien à faire de moi alors que le désir que tu ressens à mon égard te tue.

  Comment il sait ça lui ? Je manque de briser mon portable entre mes mains. Mon cœur fait un bond. Je fais les cents pas dans ma chambre avant de me décider quoi lui répondre. Je déteste quand il prend le contrôle de cette manière, j'en perds tous mes moyens.

☒ 21h29. A Liam : Ton égo est encore plus surdimensionné que je ne le pensais, bravo.

☒ 21h31. De Liam : Change pas sujet. Faut qu'on se voie.

☒ 21h32. A Liam : Je te propose d'attendre Lundi dans deux semaines, à la rentrée.

☒ 21h33. De Liam : Ne te fous pas de ma gueule Malik. Je rigole pas avec toi. C'est très sérieux putain.

☒ 21h34. A Liam : Quoi, ça y est tu t'es enfin rendu compte que tu es gay ?

☒ 21h35. De Liam : Je suis en bas de chez toi.

  Instantanément je panique. Je ne sais pas si je suis sensé le croire ou si c'est encore une manipulation de sa part. Afin d'être sûr, je vais discrètement à ma fenêtre, sans avoir l'air affolé si jamais il s'avère qu'il est vraiment là, et pour une fois il n'a pas menti. Il est à l'entrée de mon jardin, juste derrière le portail. Il lève la tête vers moi, m'adresse un sourire en coin, malsain bien évidement. Je lève les yeux au ciel et retourne m'assoir sur mon lit. Je suis incapable de réfléchir. Que suis-je sensé faire dans une telle situation ? Mon esprit surchauffe et passe en revue toutes les possibilités.

☒ 21h45. De Liam : Si tu ne descends pas dans deux minutes, je sonne et me présente comme un ami pour te rejoindre là-haut.

  Hors de question que Payne mette un pied dans ma chambre, ou même chez moi, et surtout que mes parents le voient. Je lui réponds presque machinalement. Encore une fois, il a eu le dessus, il a su faire pression pour que j'obéisse.

☒ 21h45. A Liam : Toi rentrer chez moi ? Tu peux toujours rêver Je suis là dans deux minutes, fais toi discret et ne te montre pas à la fenêtre du salon. Merci.

  Je me dépêche d'enfiler ma veste en jean, ma paire de doc marten, prends mon portable et descends au salon. Je prétexte à ma mère que je vais rejoindre Harry et Louis au par et file dehors. Liam m'attend, appuyé contre le tronc d'un arbre, une cigarette entre les lèvres. J'avance vers lui, le pas déterminé, les traits durs.

«  T'es vraiment un connard. »

«  Mais t'es quand même venu. »

«  Plutôt crever que de te laisser entrer chez moi.Je jette un regard à mes arrières puis me retourne vers lui. Bon alors, c'est quoi ton problème ? Un de tes potes nous a grillé en train de nous embrasser et t'as peur pour tes fesses ? Tes parents t'ont viré de chez toi parce qu'ils ont découvert que tu es attiré par les hommes ? Ou... »

 Et là il ne me laisse pas le temps de finir, de réaliser qu'il me saisit par la nuque pour venir faire s'échouer contre les miennes. J'ai l'impression qu'il en crevait d'envie, qu'il se retenait depuis des jours. Ma poitrine explose. C'est intense, électrique. Je le déteste de me faire ça, mais je l'aime aussi. Je suis un paradoxe à moi seul. Et, un détail me laisse perplexe, encore une fois, je retrouve dans ce baiser la même douceur que dans l'ancien. Comme s'il essayait de faire passer un message qu'il n'arrivait à dire de vive voix.

«  Non, c'est beaucoup plus compliqué que ça, Zayn. »

  Tout s'arrête. Le décor s'écroule. La Terre cesse de tourner. Pour la première fois depuis qu'on se connait, qu'on se hait plutôt, il m'a appelé par mon prénom.

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