Chapitre cinq.
Jeudi.
Après avoir reçu ce message de la part de Liam, je n'ai pas essayé de répondre bien que l'envie m'en démangeait les doigts. Je ne savais pas trop quoi dire. Il faut dire qu'il a su me surprendre en beauté. Bien que je pense qu'il a pris cette phrase à la rigolade. Mais moi, je ne le vois du tout comme ça... Je voulais un peu le laisser patauger dans la sauce. Après tout, ça ne peut pas lui faire de mal d'attendre une réponse. J'ai pratiquement rattrapé les heures de sommeil qui me manquait, je me sens vivant et prêt à affronter les cours. Je ne sais pas pourquoi, mon instinct me dit que mon châtain sera là aujourd'hui. J'y crois du moins. Trois jours sans lui est un temps qui s'est révélé être beaucoup trop long à mon goût. C'est avec un demi-sourire que je passe sous la douche et m'habille. Lorsque enfin je me décide à sortir de la salle de bain, je vois l'ainée de mes sœurs qui tape du pied sur le sol parce que cela doit faire dix minutes qu'elle attend, je lui embrasse le front et lui ébouriffe les cheveux gentiment. Elle râle et s'enferme dans la pièce d'où je viens juste de sortir. Je me rends dans la cuisine pour y prendre un muffin que ma mère a surement préparée la veille, je le mets dans un sac que je range soigneusement dans mon sac et me munit également d'une petite bouteille de soda. Même si mon humeur est bonne ce n'est pas une raison pour commencer à apprécier le repas du réfectoire. Ma génitrice doit encore dormir, et je lui laisse un mot la remerciant pour la viennoiserie et file au lycée d'un pas remplit d'entrain. Je suis émerveillé comme une gosse quand je me rends compte que de minuscules flocons tombent, comme un miracle, du ciel. A croire que la vie est de mon côté aujourd'hui.
Quand j'arrive devant le lycée, Harry et Louis sont déjà là, ils se tiennent la main comme n'importe quel couple le ferait, ils rient et cette vue me fait sourire. Je suis en avance pour une fois étant donné qu'ils ont l'air surprit de me voir arriver aussi tôt. Le bouclé me donne une accolade, et son copain fait de même. Je sors une cigarette, qui finalement va retrouver sa place dans le fond de sa boîte. Je ne ressens pas l'envie de fumer ce matin. Un miracle, je dois dire, venant de la part d'un accro dans mon genre. J'enfonce mes mains dans les poches de mon manteau, le froid est quand même assez dur, mais je suis ravi de voir cette neige recouvrir lentement le sol. Je pris pour qu'elle tienne jusqu'à la période de Noël et même qu'il en tombe plus encore.
« Tu vas bien Zayner ? Intervient la voix de mon meilleur ami.»
« On ne peut mieux. Je me sens... Je ne sais pas... Revivre ? »
« Grâce à la neige ? »
« Elle joue un rôle mais, dès mon réveil je me sentais en forme. »
Je vois Louis lui lancer un regard qui veut, je suppose, dire « j'avais raison, fallait pas t'en faire » mais je ne m'attarde pas dessus. Je suis bien trop dans ma bulle pour ça. Harry sourit et vient lui embrasser rapidement la joue. Je souris une fois encore. On ne patiente pas bien longtemps avant de se décider à rentrer dans l'enceinte du lycée, le vent d'hiver devient trop dur à supporter, je jette un dernier regard derrière moi afin de savoir si mon bourreau serait déjà en bas de la rue, mais rien. De toute manière, il arrive toujours deux ou trois minutes avant la sonnerie et il faut dire que ce matin je suis plutôt en avance par rapport à mon temps habituel. Les amoureux me l'ont bien fait remarquer, étant donné qu'ils arrivent ici un peu avant que les grilles ne soient ouvertes. Histoire de profiter l'un de l'autre même s'ils passent trois nuits par semaine dans les bras l'un de l'autre et qu'ils viennent et repartent ensemble du lycée. Le Vendredi après-midi, Louis finit une heure avant nous et bien il attend dehors que l'on finisse les cours. Enfin, il patiente surtout pour Harry. Je dois dire que je le comprends, je ferais exactement la même chose si j'avais un copain. Du moins, je le pense. Je ne sais pas si j'en serais réellement capable puisque je n'ai encore jamais été en couple. Selon ma vision des choses, une relation qui ne dure pas plus de deux semaines n'est pas sérieuse, donc... Je ne considère pas en avoir eu une. J'attends juste la bonne personne. Et peut-être que, finalement, elle n'est pas si loin que ça. On s'installe devant la salle, tous les trois collés contre le chauffage qui d'ailleurs ne semble pas être monté au maximum de sa capacité. D'autres personnes de la classe ne tarde pas à arriver, Louis embrasse une dernière fois mon meilleur ami, me fait un signe de la main puis s'en va rejoindre la sienne.
Le temps que la sonnerie retentisse, Harry et moi entamons une conversation autour de l'anniversaire du mécheux, ses yeux brillent comme jamais auparavant. J'y lis de l'amour, de la tendresse et du bonheur. Je suis content pour lui. Il le mérite. J'entends des rires résonner du fond du couloir, je tourne la tête étant certain de reconnaître l'un d'eux. Et je ne me trompe pas. Mon cœur tambourine. Liam est là. Avec ses chiens d'amis qui poussent les autres sur leur passage, mais il est là. Je le trouve plus beau que jamais, malgré son teint blafard et les légers cernes sous ses yeux. Le professeur ne tarde pas à arriver, lorsqu'il ouvre la porte après quelques recherches pour trouver ses clés, je rentre derrière une dizaine d'élèves et je sens le regard brûlant du châtain sur moi. Nous prenons place, le bouclé et moi-même, l'un à côté de l'autre. Le cours commence. Je suis presque content, et mon état s'améliore quand –trois tables plus loin sur ma gauche- je peux sentir Payne me regarder discrètement. J'en souris presque mais fait comme si je ne l'avais pas vu. S'il veut vraiment me parler, il viendra de lui-même.
Il est midi et mon ventre commence à faire des siennes. Harry et moi quittons le cours rapidement, on a prévu de manger dans un petit snack pas loin du lycée ce midi, je profite du fait qu'il va chercher Louis devant sa salle pour ranger quelques affaires dans mon casier. En premier lieu, les livres dont je n'aurais plus besoin cette après-midi. Une fois chose faite, je le referme et à peine ai-je le temps de souffler qu'on me tire brutalement pas le bras. Je manque de tomber à deux reprises, mais le bras fort qui me tient m'en empêche. Je suis attiré dans une salle de cours non éclairé, et je n'ai même pas l'opportunité de voir qui est cette personne, qu'une paire de lèvres vient dévorer avidement les miennes. Et là, mes yeux ne me servent à rien puisque je reconnaitrais cette bouche entre milles. Liam. Son odeur embaume mes narines, je suis plaqué contre le mur, son corps pressé contre le mien. J'ai du mal à respirer mais ce détail passe outre. Je me laisse emporter dans un tout autre monde par ce baiser ô combien surprenant. Je sens ses mains glisser sur mes hanches pour les agripper fermement, afin de me coller plus encore à lui, les miennes accrochent ses cheveux dans le but d'approfondir notre échange. Le risque de se faire surprend me fait frissonner, et je crois que lui aussi. Cela rend les choses encore plus... Excitantes. Je savoure ce que cette surprise fait monter en moi. Je me fiche, à l'instant, de savoir que mon meilleur ami me cherche peut-être, je me fiche de mes sentiments qui s'amplifient, je me fiche de tout. Sauf de lui. L'espace de deux minutes, le paradis nous entoure. Lorsque enfin nous nous détachons, je n'ose pas lever le regard vers lui, par peur d'y trouver du dégout. Sa respiration est erratique, bruyante, autant que l'est la mienne. Voir même plus. Je le sais, alors, dans un état plus critique encore que le mien. Son souffle chaud vient caresser mon visage, je peux sentir ses yeux me transpercer la peau. Mais tout ça n'a aucune importance face aux mots qu'il prononce juste avant de s'en aller, de me laisser seul, pantelant, en plein rêve.
« Un débutant, hein ?... Je compte bien te prouver le contraire Malik. »
* * *
J'ai passé la plus grande partie de mon après-midi à me répéter cette scène du baiser dans la tête. Un putain de cercle vicieux. Mais je ne m'en plains pas parce que j'ai adoré l'embrasser, pourtant je ne peux m'empêcher de craindre le pire. Je sens que quelque chose de mal va bientôt survenir, quelque chose qui pourrait bien me faire tomber plus bas que terre. Au moment où je m'y attendrais le moins. Liam est très fort à ce jeu, il n'a pas arrêté de me jeter des regards insistants durant toute l'après-midi. J'essayais de ne pas y prêter attention, même si au fond ça me plaisait. Parce qu'il m'attire toujours, plus encore après ce baiser ardent que nous avons échangé. Et je me demande s'il se rend compte que ce n'est pas très hétéro de faire tout ça, ou si simplement il se cherche et fait, donc, de moi son vulgaire pantin le temps de trouver une réponse. Je dois avouer que cette idée me blesse. Mais j'essaye de voir le bon côté des choses, le problème... C'est que je ne le trouve pas. Qu'il y va-t-il de bien au fait que l'homme que je désire, et que je hais à la fois, joue avec mes sentiments en m'embrassant dès qu'il en a l'occasion ? Si ce n'est mon plaisir personnel ? Que cela lui apporte-t-il ? La jubilation de me voir flancher d'un jour à l'autre ? N'attendrait-il donc que ça ? Me voir me détruire pour ses beaux yeux ? Je suis peut-être fou de lui, de son corps mais pas au point de vouloir tirer un trait sur mon bonheur. Je veux juste connaître ses intentions, le but de ces diverses provocations.
Quand la sonnerie de fin journée retentit, je prends directement la route pour rentrer chez moi. Je sais, par habitude, que Harry va attendre Louis et qu'ils vont faire la route ensemble. La neige a dû tomber des heures durant puisque lorsque je marche mes pieds font légèrement craquer cette couche blanche. Elle recouvre tous les trottoirs, les arbres, et les bâtiments. C'est d'une beauté folle. Je pourrais passer des jours à admirer ce spectacle, mais je suis tellement piqué par la curiosité de savoir où va me mener ce jeu avec Liam que, ce décor de Noël que j'affectionne, ne devient plus que superficiel. Une fois dans la chaleur de mon foyer, je pose négligemment ma veste sur le porte manteau, me déchausse et monte à l'étage sans même savoir si quelqu'un d'autre que moi est présent. Je ferme la porte de ma chambre derrière moi, laisse mon sac tomber au sol, et sort mon portable de ma poche de jean. Je prends place sur mon lit défait, et engage la conversation avec le châtain, depuis le temps que cette envie me démangeait.
☒ 17h48.A Liam : Je commençais à croire que tu me fuyais, mais je pense que tu m'as montré que j'avais tort aujourd'hui.
Je ne suis capable que de lui écrire cela, mais je pense que c'est déjà bien assez. Pourtant, il y a des tas de choses à son sujet que j'aimerai savoir. Pourquoi a-t-il était absent trois longs jours ? Pourquoi revient-il avec la détermination de me faire craquer en m'embrassant ? Paraitrai-je si faible que ça ? Alors que je m'apprête à aller prendre une douche pour me remettre de cette journée riche en émotion, mon portable vibre lourdement sur mon lit. Je suis surpris qu'il me réponde si activement.
☒ 17h50. De Liam : Te fuir ? J'espère que tu rigoles Malik, si j'étais absent ces derniers jours c'était pour une toute autre raison. Alors... Je suis toujours un débutant ?
☒ 17h52. A Liam : Si je te demande tu me dirais quelles sont ces raisons ? Je n'ai pas encore décidé...
☒ 17h55. De Liam : Non, ça ne regarde que moi. Prends vite ta décision alors, une nuit est plus courte que l'on ne le croire.
Même si je savais qu'il ne me dirait rien sur les raisons de son absence, je suis déçu qu'il me réponde négativement. Et la fin de son message me laisse totalement perplexe. Je ne sais pas ce qui m'attend, mais je comprends qu'il n'est pas près d'en avoir fini avec moi. Je soupire, malgré la part de moi-même qui me dit que c'était tout ce que je voulais, qu'il me porte un peu d'attention, qu'il me remarque, mais pas de cette manière. Je ne veux pas devenir un vulgaire jouet qui finira dans les flammes quand il se rendra compte que je ne lui sers à rien. Je suis peut-être important à ses yeux maintenant, parce qu'il se cherche surement, mais que deviendrai-je une fois que son esprit le rappellera à l'ordre ? J'ai envie de savoir s'il a tiré un trait sur nos récentes altercations, sur toutes les insultes qu'on a pu échanger, sur toute la haine qu'on ressent l'un envers l'autre, parce que sincèrement, ces messages semblent signifier un nouveau départ.
☒ 17h58. A Liam : Tu n'es vraiment pas fairplay comme mec. Je suis censé prendre ça comme un avertissement ?
☒ 18h00. De Liam : Pourquoi je devrais l'être ? Oui Malik, tu ne sais pas de quoi je suis capable. Ce baiser, ce midi, n'était qu'un avant-goût. Tu n'aurais jamais dû me sous-estimer.
Je déglutis. Un avant-gout ? Mes mains tremblent et les battements de mon cœur s'affolent. Dans quoi me suis-je encore lancé ? Je ne peux pas jouer avec lui, je ne serais pas capable de tenir le coup, parce qu'il est définitivement beaucoup plus fort mentalement, physiquement et psychologiquement que moi. Ma défaite est prévue d'avance. Il a raison, je n'aurais jamais dû le sous-estimer. Je me mords la lèvre inférieure. L'envie de continuer ce jeu me ronge mais d'un autre côté je risque la noyade. Et là, aucune main ne sera là pour m'empêcher de couler. Parce que je me suis aventuré dans ces méandres de mon propre chef. Je suis le maître de mes décisions, et vu ce que je lui réponds, je suis également le maître imminent de ma propre destruction.
☒ 18h05. A Liam : Tu me tabasses dans la rue en bas de chez moi après m'avoir embrassé comme quelqu'un qui en mourrait d'envie, tu me fais jurer de ne rien dire à personne, ce que j'ai fait par ailleurs, et tu n'es pas capable de me dire ce qui t'as retenu chez toi pendant trois jours ? Je ne te comprends pas. Un avant-gout ? Tu aurais dû commencer par me dire ça tout de suite, je ne t'aurais pas pris pour un mec qui n'a jamais embrassé personne de sa vie.
☒ 18h07. De Liam : Quand je te dis que ça ne regarde que moi, c'est que c'est le cas. Donc, tu ne sauras rien. Sérieusement ? Je peux coucher avec toutes les filles de notre lycée si je veux, la plupart sont à mes pieds, les autres ne savent encore ce qu'elles ratent.
☒ 18h08. A Liam : En plus de ça, tu es borné. Je suis vraiment tombé sur le pire des cons. Mais... Tu ne sembles pas intéresser par ces demoiselles, quel dommage !
☒ 18h10.De Liam : Va te faire foutre, ça doit être ta spécialité ça non ? Et je peux savoir Malik ce que tu insinues par-là ?! Ce n'est pas parce que je t'ai embrassé plus d'une fois que je suis une putain de pédale.
☒ 18h11. A Liam : Tu peux vraiment un vrai connard quand tu le veux. Ça, c'est toi qui le dit Payne, mais tes lèvres semblaient d'un tout autre avis ce midi.
Moi aussi, quand je le veux, je peux jouer au parfait petit con. Et je ne fais jamais les choses à moitié. Je sens que je l'énerve, et j'en suis presque heureux. Il peut feindre le fait que sa sexualité n'est pas celle qu'il attend, mais par celui que ce baiser lui a autant plus qu'à moi. J'ai sentis son souffle désordonné s'écraser sur mon visage, ses mains s'accrocher à moi comme s'il avait peur de tomber trop bas pour pouvoir se relever, et ses lèvres apprécier le contact des miennes. Je n'ai pas rêvé tout ça. Parce que ces détails étaient beaucoup trop importants à mes yeux pour que je loupe l'opportunité de les apercevoir.
☒ 18h13.De Liam : J'ai l'impression que t'aimes te faire frapper, je me trompe ? Parce que là, tu me tentes de t'en coller plusieurs demain.
☒ 18h14.A Liam : Fais ce qui te chantes, au moins moi j'assume parfaitement le fait d'être la personne que je suis. Je ne joue pas à un jeu pour me cacher de la vérité.
Et, dès le moment où j'appuie sur « envoyer » une part de moi le regrette, parce que –inconsciemment- je viens de déclencher la bombe Liam Payne.
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