Chapitre 45
Gabriel regarde pensivement ses deux « invités ». Ces derniers n'ont fait que répéter ce qu'ils nous avaient déjà dit lorsque nous les avons trouvés : « On cherche la louve blanche. ». Ils n'ont pas voulu dire autre chose même devant l'Alpha.
Je me tiens au fond de la salle située sous la maison de Gabriel à côté de Ty. Les adultes de la meute entourent les deux Kitsune qui ne se laisse pas démonter. Ils soutiennent le regard de Gabriel puis la fille répète une nouvelle fois :
– On cherche la louve blanche.
Gabriel finit par lancer un regard à James qui se tourne alors dans ma direction.
– Approche Kira, me chuchote-t-il à plusieurs mètres de moi.
Je me décolle du mur où je m'étais adossée et me fraye un chemin jusqu'à James. Gabriel se décale alors pour me laisser me mettre à côté de lui.
– Elle est là, leur annonce-t-il alors, parlez maintenant.
Les deux Kitsune me détaillent du regard et semble se souvenir que je fais partie du duo qui les a amené jusqu'ici.
– Alors c'est toi ? Lâche le garçon avant de souffler. Tu ne pouvais pas nous le dire dans la forêt, ça aurait évité cette manifestation canine.
J'entends Gabriel grogner discrètement face à cette insulte mais ne relève pas.
– Nos lois font que nous devions vous ramener à notre Alpha, j'explique posément.
– Bien entendu, balaie le garçon avant de continuer. Nous devons nous entretenir seulement avec toi.
Mon regard passe de Gabriel à lui plusieurs fois.
– C'est hors de question, déclare Gabriel. Kira est un membre de Ma meute, je me dois d'assister à cette discussion.
Les deux Kitsune se regardent puis la fille finit par répondre :
– Soit, l'Alpha peut rester. Le reste de la meute doit partir.
Gabriel lance un regard à sa meute qui quitte docilement la pièce.
– C'est bien les toutous. On obéit au Maitre et on n'espionne pas à la porte, raille-t-elle.
– Je vous conseille de vous taire, la coupe Gabriel avec autorité. Je peux très bien rapporter votre comportement à votre Sensei.
La jeune fille se tait en croisant les bras et les deux renards attendent bien quelques minutes avant de commencer leur explication de leur présence ici.
– On a voyagé pendant plusieurs jours pour arriver dans la forêt de votre meute, raconte le garçon. Un grand malheur va s'abattre et pas seulement pour notre Clan. Et nous avons besoin de la Louve Blanche pour l'empêcher.
– Qu'est-ce qu'il va se passer ? Je demande.
– On ne sait pas, seul notre Sensei est au courant et il n'a rien voulu nous dire.
– Il faut que j'appelle Yoshiro, prévient Gabriel en sortant son téléphone et prenant le chemin de la sortie. Kira tu me les surveilles.
Il claque la porte derrière lui sans me laisser le temps de répondre. Mon regard rencontre les deux paires d'yeux sombres.
– Alors c'est une fille de notre âge la louve blanche, débute le garçon.
J'ai comme une légère impression d'avoir déjà entendu ça de sa bouche Monsieur Carnet.
– Je m'appelle Kira, dis-je dans l'espoir d'entamer une présentation.
– Misaki, répond la fille en recoiffant son carré bien lisse.
– Ryota, renchérit le garçon.
Les présentations sont faites maintenant Monsieur Carnet. De quoi allons-nous parler maintenant ?
– Vous venez du Japon ? Je questionne.
La fille éclate de rire avant de dire :
– C'est pas parce que l'on est bridé que l'on vient forcément du Japon. Notre Clan est plus à l'Est. À deux jours de voitures.
– Oui pardon, c'est vrai, je m'empresse de m'excuser.
Le garçon se met alors à me tourner autour avant de reprendre :
– Et sinon on peut voir ta forme de Louve Blanche ?
Je sens une pointe de curiosité dans sa voix mais je crois que je vais vite le décevoir.
– Je ne maîtrise pas ma forme globale, je leur explique, seule la forme hybride que vous avez vu dans la forêt.
Les deux se regardent avant que la fille ne s'exclame plus virulement :
– Alors comment tu peux être sûre que tu es la louve blanche ?! Si ça se trouve tu n'es qu'une louve ordinaire avec quelques visions !
Une porte s'ouvre et je reconnais l'odeur de mon père.
– Lors de sa première transformation, un jeune loup arbore sa forme globale. J'étais là lorsqu'elle a vécu sa première Lune. Elle était une louve d'un blanc étincelant, révèle James en venant à côté de moi.
– Oui mais si elle n'est pas encore capable de retrouver cette forme, rétorque Misaki, elle ne pourra pas nous aider.
– Gabriel vous appelle à l'étage. Votre Sensei souhaite vous parler, change de conversation James.
Les deux grognes de ne pas avoir reçu de réponse puis quitte la pièce. James reste avec moi.
– Ils sont vraiment comme je le pensais, confesse-t-il. Arrogant, sans gène ni honte. Arf les Kitsune.
Je ris en le voyant s'énerver sur deux adolescents puis nous quittons également la pièce.
Nous passons par le salon où sont réunis Gabriel et les deux Kistune en pleine conversation téléphonique. Ils discutent en japonais car je ne comprends rien à ce qu'ils disent.
Les deux me fixent lorsque nous passons à côté et nous quittons la maison de Gabriel pour retourner chez nous.
– Attends ! Appelle la fille avant de me rejoindre dehors.
Je m'arrête en me demandant ce qu'ils me veulent encore et elle déboule de la porte avant de m'attraper le bras.
Aussitôt mes yeux se révulse et je sens mon corps tomber tandis que tout devient blanc...
Je n'ai aucune idée de l'endroit où je me trouve. Tout est blanc autour de moi. Aucun décor. Aucun bruit. Aucune odeur.
Rien.
Soudain un vent violent me pousse en arrière et je me laisse emporter en sachant que ça ne servirait à rien de résister. Je n'ai aucune prise sur la vision. C'est elle qui décide ce qu'elle a à montrer et comment elle le fait.
Le vent m'amène alors à une sorte de pièce en bois. Comme si le blanc avait laissé la place à un chalet. Le vent s'arrête et je me retrouve devant un feu de cheminé. La pièce est décorée avec des naperons sur le rebord de la cheminée et sur une petite table en bois posée tout près. De par la seule fenêtre de la pièce, j'aperçois des arbres dénués de feuilles et un tapis de feuilles au sol.
– Tu en as mis du temps, lance une voix féminine.
Je me tourne vivement et tombe sur une femme assise dans un fauteuil pourpre en train de tricoter. La femme paraît plutôt âgée de par les rides qui perlent son visage. Ses cheveux grisonants tombent par dessus de ses oreilles.
– Qu'est-ce que je fais là, je réussis à demander.
La femme arrête de tricoter et pose son matériel sur l'accoudoir du fauteuil. Elle lève par la suite sa tête vers moi avant de dire dans un chuchotement :
– Ils arrivent.
Cette phrase fait écho dans mon esprit à celle qu'avait prononcé la fille dans mon autre vision.
– Qui arrivent ? Je m'empresse de l'interroger dans la crainte que la vision s'arrête.
La femme prend un air surpris avant de me questionner :
– Tu ne le sais pas ?
– Non ! Je dis du tac au tac pour avoir ma réponse.
Elle passe une main sur son visage dans un geste dramatique avant de lâcher dans un souffle.
– Alors nous sommes tous perdus...
Un cri strident me fait alors tomber au sol en me bouchant les oreilles et la seconde d'après, la pièce a disparu.
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