Je termine, enfin, mon récit sous le regard neutre de Lily. Elle m'a écouté du début à la fin sans m'interrompre ni changer d'expression du visage. Pendant ce temps là Carole et Sarah nous ont laissé tranquilles en allant faire une balade.

– Et c'est tout ? Demande finalement Lily après que j'ai eu terminé.

Je hoche la tête.

Lily se lève de sa chaise pour reprendre :

– Donc si je comprends bien, c'est ton voisin, le fils du meilleur ami de ton père qui n'est d'autre que l'Alpha de ta meute.

Je hoche une nouvelle fois la tête tandis qu'elle continue :

– Depuis ton arrivée à Belden, il traîne autour de toi. En cours de maths vous êtes à côté, vous vous êtes vus plusieurs fois en dehors de l'école...

– Sans faire exprès, je reprécise en la coupant.

– Oui oui j'ai bien compris, poursuit-elle, mais n'empêche il t'a suivi quand même plusieurs fois notamment lors de l'épisode Killian...

– Jullian, je la reprends.

– C'est pas important. Il était là pour te sauver. Il cherche tout le temps à te protéger je dirais même.

– Je n'irais pas jusque là, j'interviens de nouveau, il cherche à m'aider.

Elle me lance un regard pas du tout convaincue.

– Kira, tu as déjà entendu parler des âmes sœurs ?

Je hausse d'un coup les sourcils en me demandant qu'elle est le lien avec mon histoire. Mais à en croire l'expression du visage de Lily, celle-ci est très sérieuse.

– Dans des romans à l'eau de rose oui...

Elle balaie ma réponse d'un geste de la main tout en se rasseyant d'un coup en face de moi.

– Non je te parle de notre version des âmes sœurs. Chez les loups.

– On a notre propre version des âmes sœurs ? Je questionne interloquée.

– C'est quand deux personnes ressentent le besoin insoutenable d'être auprès de l'autre, commence-t-elle à expliquer, chez les loups mâles, cela se donne exactement ce que tu viens de me raconter sur Shawn. Un gars assez autoritaires car il veut protéger sa moitié, toujours à l'aguet de ce qu'elle fait, ressentant une tension sexuelle...

– Whoa, je l'interromps. Une tension sexuelle ?!

– Tu m'as bien dit qu'il t'avait embrassé ?

– Oui une seule fois, et apparemment ce n'était rien pour lui, j'affirme, enfin de là à dire qu'il ressent une tension sexuelle...

– Kira, me coupe-t-elle posément, ce gars est fou de toi.

Oui j'ai mes joues qui sont rouges, oui je ressens de la chaleur monter en moi. Mais une pointe d'agacement également Monsieur Carnet.

Je me lève pour ne plus être face à elle et lâche dans un murmure.

– Alors pourquoi il ne fait rien pour être avec moi ?

– Facile, répond Lily en faisant bouger sa chaise pour me regarder. Il sort officiellement avec quelqu'un d'autre et il connaît ton père. Tu peux pas imaginer comment un père loup peut être protecteur avec ses filles pour les histoires de coeur...

L'image de James passe dans mon esprit mais je n'arrive pas à le voir comme elle me décrit. Jusque là je n'ai pas vraiment eu l'impression d'avoir un père protecteur.

Enfin je crois Monsieur Carnet...

Lily se lève à son tour pour me rejoindre contre le mur.

– Je te parie ce que tu veux que j'ai raison, persiste-t-elle en soutenant mon regard.

– Si tu le dis...

Je me dirige vers la porte dans l'optique d'aller prendre l'air et Lily ne me retient pas. Je sors de la maisonnette en poussant un long soupir puis entreprends d'aller faire un tour.

Ma promenade n'est pas aussi longue que je l'aurais souhaité. En même temps, le camp a beau être grand, on en a vite fait le tour quand même.

Je passe devant le bâtiment principal pour voir quelle veillée est programmée pour le soir : feu de camp avec marshmallows et musique.

L'idée me tente bien. Je raffole des marshmallows grillés au feu de bois.

Je retourne à la maisonnette par la suite.

Bon Monsieur Carnet, je t'épargne ma douche et le repas du soir en compagnie des filles pour te reprendre juste au moment du départ pour la soirée.

– Kira, me dis pas que tu y vas comme ça, m'interpelle Lily juste avant notre départ.

Je me tourne vers elle avec lassitude puis regarde ma tenue : jean, basket, t-shirt. Une tenue normale non Monsieur Carnet, je ne vois pas où est le problème.

Lily laisse échapper un soupir avant de venir me prendre la main pour m'attirer dans la chambre. Elle me lâche ensuite pour ouvrir la penderie où sont rangés mes vêtements.

– Tu as deux loups dingues de toi et toi tu y vas à la Bella Swan... j'y crois pas.

Je mets quelques instants pour comprendre ce qu'elle vient de dire. Mes références à Twilight sont assez anciennes sachant que je n'ai pas été une grande fan des films. Mais je me souviens des tenus assez simples, voir trop, de Bella. C'est sûrement ce que me reproche Lily à ce moment.

Elle fouille sans aucune gène parmi mes affaires puis finit par rouspéter :

– Tu n'as pas pris de robe ?!

– Je pensais pas en avoir besoin à vrai dire.

Mi-mensonge Monsieur Carnet tu vas me dire. La vérité est que je ne porte pas beaucoup de robes, c'est vraiment exceptionnel que je le fasse. Mais je pensais vraiment pas en avoir besoin ici aussi.

Lily se tourne alors vers Sarah.

– Tu n'aurais pas quelque chose à lui prêter Sarah, lui demande-t-elle. Les miennes ne lui iraient pas je pense...

Sarah hoche la tête puis va à son armoire.

– Je dois bien avoir quelque chose...

Elle cherche quelques instants avant de finalement sortir une petite robe à bretelles de couleur rouge. La robe possède une dentelle noire également au niveau du bustier.

– Parfait ! S'exclame Lily.

Sarah me tend la robe et les filles finissent par me pousser dans la salle de bain pour que je me change. Je m'exécute par défaut et ressors un peu timidement.

– Il lui faut un peu de maquillage, remarque Carole en me détaillant. Et une nouvelle coiffure.

Quelques secondes plus tard et malgré mes objections, je me retrouve assise sur une chaise devant le miroir de la salle de bain avec Carole derrière moi en train de me peigner.

– C'est juste une veillée au coin du feu, je leur rappelle avec sarcasme.

Les filles ne font même pas attention à ma remarque et continuent de discuter entre elles sur la meilleure façon de me coiffer.

Je te jure Monsieur Carnet, mais là je me sentais comme les poupées que l'on habillait et coiffait enfant. Du coup, j'éprouve un peu de culpabilité à leur encontre maintenant. Les pauvres, elles ont tellement dû souffrir.

Je me retrouve avec un chignon et quelques mèches bouclées autour de mon visage. Elles m'ont également mis du gloss rouge et du fard à paupière ainsi qu'un peu d'eye-liner.

Je me regarde dans le miroir en essayant de me persuader que c'est mon reflet. J'ai tellement pas l'habitude de me pomponner comme ça.

– Alors ça te plait ? Demande Lily surexitée.

Je laisse échapper un petit sourire avant de me reprendre et de répondre :

– C'est bon ? On peut y aller ?

– Oh genre tu crois que l'on ne t'a pas vu ?! S'indigne Carole avant de rire.

Nous finissons enfin à quitter la maisonnette pour nous rendre au feu de camp.

L'air est assez doux ce soir-là. Il n'y a pas de vent mais simplement une petite brise agréable. Le ciel est illuminé par la lune qui est presque à son appogée. Les étoiles le parsèment également, dessinant gracieusement les constellations.

Nous contournons le bâtiment principal et la musique commence à se faire entendre. Quelqu'un est en train de faire une version acoustique d'une chanson du moment à la guitare. Ne me demande pas laquelle Monsieur Carnet car j'ai toujours été nulle en blind test. Je sais juste que je l'ai écouté peu de temps avant de venir au camp.

Nous arrivons au feu et retrouvons des personnes avec qui nous avons sympathisé durant des cours. Nous nous installons avec eux sur l'un des tronc d'arbre entourant la flamme. Lily et Carole se mettent à fredonner les paroles de la chanson jouée.

Nous discutons et mangeons quelques marshmallows quand Ty arrive vers nous. Il porte une jolie chemise bleu gris ainsi qu'un short noir. Il sourit tout en me regardant et je prie pour que le blush masque mon rougissement.

– Salut les filles, lance Ty.

Ces dernières lui rendent son salut puis nous discutons et mangeons tous ensemble.

La soirée avance tout doucement et nous nous amusons tous ensemble. Nous dansons, nous essayons de chanter pas trop faux, nous improvisons des jeux autour du feu.

Bref, j'en oublie presque que je n'ai pas vu Shawn de la soirée. Les filles doivent être dépitées à l'idée d'avoir fait tout cela pour rien...

Mais bon tant pis Monsieur Carnet.

Nous allions pour rentrer finalement lorsque je m'arrête d'un coup.

– « Réfectoire, dans cinq minutes. »

Je papillonne des yeux tout en regardant autour de moi. Je jurais avoir entendu Shawn me parler par télépathie. Mais pour qu'il puisse y arriver, il ne doit pas être trop loin. Sauf que je ne le vois pas.

– Tu viens Kira ? S'enquiert Sarah en remarquant mon arrêt.

– Allez y, je passe aux toilettes avant.

– Tu veux que je t'accompagne, me propose Ty.

– Non non c'est bon, à demain.

Je m'approche de Ty pour lui faire une bise sur la joue et fais un signe aux filles. Je prends alors le chemin des toilettes tandis qu'ils partent en direction des maisonnettes.

J'entre dans le bâtiment principal par la porte de derrière et contourne les escaliers avant de monter au réfectoire.

J'entre puis cherche Shawn dans l'obscurité. Je scrute la grande pièce en long et en large sans le trouver.

Est-ce que c'est possible que j'ai eu une hallucination Monsieur Carnet ? En tout cas si c'est le cas, elle m'a paru bien réelle.

Dix minutes passent sans que personne ne vienne et je finis par conclure que j'ai bien halluciné.

Je pousse la porte du réfectoire et m'arrête dans mon geste. Shawn est là.

– Tu avais dis cinq minutes, je réussis à dire dans un reproche.