Chapitre 4
Une semaine a passé sans que je n'ai pu écrire Monsieur Carnet. Je ne pensais pas qu'intégrer un nouveau bahut me prendrait autant de temps pour être honnête. Je n'ai pas eu un instant de répis. Il a fallu faire des courses, m'acheter de nouveaux vêtements, de nouvelles chaussures, me trouver une auto école pour commencer la conduite, faire des devoirs, passer du temps avec de nouveaux amis, etc.
Oui tu as bien lu. Kira Vivès, la plus grande timide qui existe a réussi à se faire des amis en moins d'une semaine après son arrivée à Belden. Tout cela grâce à une pâte à choux.
Je t'explique.
J'allais au club de pâtisserie pour la deuxième fois depuis mon arrivée. Le prof, Monsieur Trudeau, nous a mis en binôme après avoir expliqué le travail de la journée : des choux à la crème. Ne connaissant personne, je me suis retrouvée avec une fille qui était seule également. Au moment de réaliser la pâte, celle-ci a eu peur de la louper, alors j'ai pris la main. Je l'ai déjà fait un milliard de fois avec ma mère.
– Chouette ! On va avoir une bonne note alors ! Avait-elle répondu en frappant dans ses mains.
Je n'avais rien répondu, trop concentrée.
Une fois les choux au four, c'est là que nous avions discuté le plus :
– Je suis Pauline, mais tout le monde m'appelle Cal.
– Pourquoi Cal ?
Elle avait fait un clin d'oeil, son eye-liner dessinant bien ses yeux en amande.
– Je trouve ça plus cool que Pauline.
Et j'avais ri. Enfin pouffé pour être plus précise. Je trouvais cela drôle qu'une fille comme Pauline prenne un autre diminutif. Pauline était assez grande, plus grande que moi. Elle avait des cheveux noirs comme la nuit qui était coupés en dégradé autour de ses épaules. Ses yeux étaient également sombres et son eye-liner appliqué à la perfection. Elle avait un caractère jovial, voir mutin. Elle m'avait tout de suite adopté.
– Viens petit chat, avait-elle dit à la fin de l'heure. Je vais te présenter à mes amis.
Et je l'avais suivi. J'avais rencontré contre un arbre, ses deux amis. Iris, une fille coquette dans le style Lolita, aux cheveux roux coiffés en couettes. Elle avait des tâches de rousseur sur le nez et de petits yeux orangés. Iris avait tous les jours une robe différentes qui était généralement accompagnée d'un chapeau assorti. Et Victor, un grand gars filiforme aux allures d'un personnage gothique. Il avait les cheveux noirs plaqués sur le visage en une mèche à l'avant et dressés par ailleurs sur sa tête. Ses yeux étaient gris clairs et entourés, comme pour Pauline, d'eye-liner. Il portait également du verni à ongle dans la même teinte et était habillé de vêtements noirs ou blancs.
Le trio était assez atypique mais m'accueilla avec un grand sourire. Je passais de bons moments avec eux.
*
La sonnerie retentit et je ramasse mes affaires d'histoire pour me rendre à mon prochain cours. Un mal de tête me tenait depuis mon réveil et je n'arrivais pas à le faire passer.
Je finis le cours d'anglais tant bien que mal puis prends la direction du réfectoire pour le repas du midi. Cal, Iris et Victor se trouvent devant l'entrée à m'attendre. Iris me fait de grands gestes afin que je l'aperçoive et je me dirige vers eux en essayant de masquer mon malaise. Nous mangeons ensemble, Iris et Cal discutant de tout et de rien à leur habitude. Je suis en train de manger ma pomme en dessert lorsque j'ai l'impression que quelqu'un me fixe. Je tourne la tête sur ma droite et surprends le regard de Shawn braqué dans ma direction. Il est en train de manger avec ses amis et sa copine trois tables plus loin.
J'ai tellement l'impression que ses yeux me percent que je détourne la tête en essayant de me concentrer sur Iris discutant à propos de nouveaux films au cinéma. Je reste concentrée deux minutes avant que la curiosité ne me pousse à retourner ma tête dans sa direction. Shawn et sa clique ne sont plus là.
Nous terminons notre repas et je retourne en cours malgré la tête en feu. Ce n'est qu'en arrivant dans la salle que je me rends compte que c'est les mathématiques que j'ai. Je m'installe à côté de Shawn et sors mes affaires. Mon voisin n'amène plus du tout son livre de maths depuis que j'ai le mien. Il n'a que sa feuille devant lui et sa trousse, comme à son habitude.
J'ai envie de l'interroger par rapport à ce midi mais c'est lui qui commence à parler :
– Tu ne te sens pas bien ?
– Ça se voit tant que ça ?
C'est en parlant que je me rends compte que ma voix est faible. Mon état doit donc être assez visible sur mon visage.
– Migraine ?
Je hoche la tête avant d'ajouter :
– Depuis ce matin, ça passe pas.
– Pourquoi tu vas pas à l'infirmerie ?
Très bonne question Monsieur Carnet ? Pourquoi je n'y vais pas.
N'ayant pas de réponse à lui donner, je me tais et commence à faire les exercices que le prof de maths nous donne. Mais tu te doutes bien, Monsieur Carnet, que je n'arrive à rien aujourd'hui.
– Va à l'infirmerie.
– Non c'est bon...
Je tente deux trois calculs qui ne mènent à rien et Shawn arrache mon stylo de ma main ce qui me pousse à le regarder dans les yeux.
– Va à l'infirmerie.
Son ton employé me fait complètement penser qu'il vient de me donner un ordre.
– C'est bon je te dis.
Son visage se ferme et j'ai l'impression que sa mâchoir se serre. Ses yeux prennent la couleur d'un bleu électrique.
– Fais chier, jure-t-il avant de lever le bras.
Le prof se tourne vers lui en se demandant ce qu'il veut.
– Je peux l'amener à l'infirmerie ? Elle se sent pas bien.
Avant que le prof n'approuve, je me retrouve déjà sur mes pieds avant Shawn qui me tient par le bras. Le prof finit par nous laisser partir et Shawn me tire avec lui.
Une fois dans le couloir, il marche devant moi en me tirant le bras.
– Sérieusement tu peux pas t'occuper de toi toute seule ?
Je prends sa question comme un reproche. De quoi il se mèle Monsieur Carnet ? Je lui ai rien demandé.
Je ne lui réponds pas et me laisse tirer jusqu'à l'infirmerie. Nous entrons par la suite mais l'infirmière n'est pas là.
– Tant pis, je repasserai plus tard, dis-je en voulant sortir.
Une main puissante m'attrape le bras à nouveau et me tire jusqu'à un lit. Shawn me pousse alors dessus avant de dire :
– Tu restes là jusqu'à ce qu'elle revienne.
Ses yeux ont toujours cette teinte bleu électrique. Ils sont à la fois magnifiques et effrayants comme ça.
– Puisque je te dis que ça va !
Il me plaque sur le lit en se penchant au dessus de moi.
– T'es aussi blanche que les draps, ça va pas.
Si j'étais blanche, alors sa proximité me rend rosée sur les joues.
Shawn se redresse puis prend le chemin de la sortie. Avant de partir, il se tourne vers moi pour dire une dernière chose :
– Tu dois apprendre à prendre soin de toi, je suis pas ton pote, je serai pas toujours là.
Et il me laisse en plan comme ça.
Je m'énerve intérieurement en me disant qu'il ne m'a même pas laissé le temps de lui répondre. Il a parlé puis est parti pour avoir le dernier mot et je déteste ça.
Je bous intérieurement et faisant cela, je me donne encore plus mal à la tête. Je m'allonge alors complètement sur mon lit et sans que je ne m'en rende compte, je m'endors.
Je me réveille doucement une heure plus tard et sens une présence à côté de moi. Je tourne la tête et sursaute en voyant Jullian sur une chaise à côté de moi. Ses yeux bleu vert me saluent en brillant.
– Salut Kira, ça va pas ?
Je me redresse et m'aperçois que mon mal de tête est toujours là.
– Mal de tête, dis-je dans un souffle.
Jullian me détaille de haut en bas avant de dire :
– Tu as souvent mal à la tête ?
Je secoue doucement la tête.
– Je fais jamais de migraines d'habitude.
– C'est possible que tu réagisses à la pleine lune de ce soir ?
Sa question me paraît un peu bête. Je ne crois pas en ces superstition de pleine lune qui donnerait mal à la tête ou qui empêcherait de dormir.
– Les pleines lunes ne me font rien, dis-je en me tournant pour me lever.
Jullian se lève en même temps que moi. Nous quittons l'infirmerie et prenons la direction de notre dernier cour de la journée.
L'heure passe finalement bien que j'ai eu l'impression qu'elle avait duré trop longtemps. Je rentre à la maison en bus et m'affale dans le canapé. Ma mère n'est toujours pas rentrée de son travail à la pâtisserie.
Deux heures plus tard, nous mangeons ensemble et je vais me coucher tôt. Avant de dormir, ma mère me donne un comprimé pour la tête. En passant devant ma fenêtre, je me rends compte qu'un homme est planté en bas de notre immeuble. Il est typé amérindien et a deux longues tresses qui lui tombent sur la poitrine. Il porte un chapeau en cuir et a les mains dans son jean.
En le voyant à cet instant, une sorte de flash me fait penser que je l'ai déjà aperçu plusieurs fois dans la journée : la première fois en passant devant le garage où il travaille en allant prendre mon bus. Il m'avait suivi du regard tout le long de mon trajet. La deuxième fois en déjeunant avec mes amis. Il était posté derrière les vitres du self, devant une Camarro noire. La troisième fois en repassant devant son garage pour rentrer à la maison et là maintenant.
Pourquoi ce type me surveille Monsieur Carnet ? C'est assez flippant en vrai...
Je décide de l'ignorer et me couche dans mon lit. J'éteins la lumière sans savoir que cette nuit allait se passer quelque chose qui allait changer ma vie.
Stay tuned.
K.
*************
Dernier chapitre de l'année !!!!!!! ahahaha je suis fière de ma blague nulle...
En ce 31 décembre je vous souhaite une bonne année 2023 en espérant que cette nouvelle année apporte tout ce don vous rêvez.
Pour l'histoire, dès le prochain chapitre nous allons rentrer dans le vif du sujet. Donc tout va devenir encore plus intéressant (enfin je l'espère). N'hésitez pas à dire ce que vous en pensez !
à l'année prochaine (encore une blague nulle Julie).
Bises !
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