Chapitre 35
Jullian a un mouvement de recul tout en portant sa main à sa joue endolorie. Il lâche par la suite un rire sarcastique avant de murmurer :
– On va dire que je ne l'ai pas volé celle-là.
– Non c'est clair.
Je vais pour lui mettre la petite sœur quand il attrape fermement mon poing. Je lutte alors pour le libérer mais il réussit à me le faire baisser.
– Vous n'êtes pas les seuls à avoir plus de force, avoue-t-il d'une voix froide.
Je suis tellement concentrée sur mon poing que je ne vois pas son autre poing venir me frapper au niveau des côtes. Pile à l'endroit où j'ai mal tant qu'à faire.
Je lâche un soupir de surprise et me plie en tombant à genoux. Je relève par la suite la tête pour voir Jullian me fixer avec un regard noir.
– Tes petits amis vont faire beaucoup de dégâts, me confie-t-il alors en venant chuchotter à mon oreille.
J'entends en effet des gens crier, appeurés. Je rage intérieurement en ne sachant pas quoi faire pour les aider. Je ne suis même pas en état de prendre ma forme hybride à cause de mes blessures. Je me sens faible et je n'aime pas ça. J'ai même horreur de ça. Ma meute est en danger. Notre secret est en péril. Tout ça à cause d'une version fasciste d'un triton.
Et le pire dans tout ça c'est qu'il y a eu un moment où je pensais être amoureuse de ce truc.
Je ravale ma rage et attrape son pied.
– Libère les.
Jullian pose un regard amusé sur moi mais ne bouge pas.
– Tu crois quand même pas que je vais faire ce que tu me demandes...?
– Libère les, je répète avec plus de vigueur.
Il éclate de rire. Un rire mauvais. Un rire blessant.
– Franchement Kira qu'est-ce que tu peux être bête.
Il me repousse avec son autre pied si bien que je suis affalée contre le sol. Je redresse difficilement ma tête.
– Kira !! Appelle alors une voix qui me surprend.
Je tourne la tête derrière moi pour voir Cal arriver en courant. Le fait d'avoir été inconsciente l'a sûrement sortie de son envoûtement. La voir comme ça me réchauffe le coeur mais d'un coup la crainte qu'il lui arrive quelque chose me prend.
Je tends alors une main vers elle pour lui faire signe de rester où elle est.
– Ne t'approche pas ! Il est dangereux, je l'avertis.
Cal ne s'arrête pas pour autant et lève une main. La seconde d'après, Jullian est envoyé contre un mur. Je regarde l'action totalement éblouie. Je pensais que sa télékinésie venait du sort de Jullian.
Cal arrive auprès de moi et m'aide à me relever :
– Depuis quand tu sais faire ça, je lui demande avec une voix hâchée par la douleur.
– Aucune idée.
Je vérifie que Jullian soit assomé pour un bon moment et puis nous partons en direction de la meute. La logique veut qu'ils ne soient plus sous l'emprise de Jullian vu qu'il est inconscient. On avance dans la rue et je me rends alors compte des ravages qui ont été faits. Des voitures sont retournés, des vitrines cassées. Je ne sens pas de sang aussi j'espère qu'il n'y a pas de blessés. Mais les gens autour de nous sont surpris. Appeurés. Choqués.
– Gabriel ! Shawn ! Papa ! J'appelle sans m'arrêter.
– On est là, me répond lointainement la voix de mon père.
Je guide Cal dans la direction et nous les retouvons assis par terre contre un bus de la ville. Ils semblent se réveiller d'une mauvaise cuite tant ils ont une tête affreuse.
– Jullian a réussi à nous ensorceler, c'est ça, veut savoir Gabriel en levant la tête vers nous.
– Oui mais heureusement que Cal était là. C'est elle qui vous a libérés.
Gabriel porte alors son attention à mon amie et lui adresse un signe de tête reconnaissant.
– Cal fait de la télékinésie, je rajoute.
Les yeux de Gabriel s'aggrandissent alors. Il se relève douleureusement tout en fixant mon amie.
– On va avoir besoin de toi Cal.
– Oui, oui bien sûr.
Le reste de la meute nous rejoint et nous retrouvons Ty, sa sœur ainsi que les deux autres gars qui nous avaient aidé. Roxane nous informe que les ados zombifiés ont repris leurs esprits.
Un rugissement perçant se fait malgré tout entendre. Le loup gigantesque est en train de s'attaquer à des gens qui essaient de fuir.
– Il faut que l'on aille les aider ! Clame Gabriel.
Ils reprennent leur forme de loup et foncent sur la créature. Cal me soutient toujours tandis que nous les suivons de loin tout en disant aux civils que nous croisons de s'éloigner de là.
La meute reprend son attaque commencée avant son envoûtement mais cette fois-ci, Gabriel parvient à porter le coup final.
– Non ! Crie alors une voix derrière nous.
Jullian arrive en se maintenant au mur d'une main. Il est blessé à la tête et le sang contourne son œil droit tout en coulant.
– Vous êtes en train de tout gâcher ! S'injure-t-il.
– Jullian c'est fini, je réplique.
Il sort alors sa seconde main de derrière son dos et Cal pousse un cri de stupeur en voyant l'arme qu'il braque alors sur moi :
– Toi ta gueule... vocifère-t-il en proie à une haine monumentale. Tout cela c'est de ta faute. Tu pouvais pas t'empêcher de te mêler de ce qui ne te regarde pas.
– Jullian lâche cette arme, lui ordonne Gabriel tout en s'approchant doucement les mains devant lui.
Le reste de la meute le suit et je sens le regard inquiet de mon père par dessus mon épaule. Je m'éloigne difficilement de Cal malgré son désaccord et entreprends de m'approcher de lui.
– Je suis désolée Jullian. Je voudrais t'aider tu sais. Mais là c'est parti trop loin. Regarde autour de toi ce que tu as fait. Tes créatures ont tout saccagé.
– Reste où tu es, me hurle-t-il dessus. Sinon je tire.
– Jullian... je le supplie.
– Jullian ! S'écrie une autre voix.
Il tourne alors la tête par surprise et appuie en même temps sur la gachette.
– Non ! Crie alors Shawn.
Je ferme les yeux en m'attendant à sentir la balle me traverser mais rien ne se passe. J'ouvre des yeux incrédules pour voir la fameuse balle flotter à quelques centimètres de mon coeur. Je me tourne alors au ralentie et voit Cal les deux mains en l'air. Elle a réussi à arrêter la balle. Lorsqu'elle baisse les bras dans un souffle, la balle tombe au sol. Sa chutte la fait rebondir sur le goudron et résonne à mes oreilles.
Shawn me prend alors contre lui pour me mettre à une distance raisonnable tandis que les parents de Jullian arrivent en courant.
– Jullian Leepers, c'est fini, insiste son père.
Il se tourne en direction de son père et quelque chose semble se passer. Il grandit pour prendre sa véritable apparence j'ai l'impression. Une queue de poisson bleue-verte remplace alors ses jambes et sa peau prend une teinte plus pastel.
– J'en ai assez que nous nous fassions dominer par toi, s'injure Jullian à l'encontre de son père.
Sa voix est guturale à cause de sa taille aggrandie. Il est maintenant aussi grand qu'une maison et semble flotter au dessus du sol.
Sa mère tente de le faire revenir à la raison mais son père a une autre technique. Il se métamorphose également mais est deux fois plus grand que lui. Sa queue quant à elle est aussi noire que la nuit. Je comprends pourquoi dans les livres les sirènes se font appeler les « Seigneurs de la Mer ». J'ai l'impression de voir une incarnation du Dieu Poséidon.
– Oserais-tu contredire ton Roi ? Siffle son père dans une voix caverneuse.
Une tension électrique se ressent alors parmi nous tandis qu'un vent de tempête nous balaie alors. Mon regard est attiré par le bruit des vagues qui semblent gonfler sur le bord marin.
Est-ce le père de Jullian qui déclenche tout cela ?
Jullian tourne la tête en direction de la mer et je sens comme une odeur de peur émaner de lui. Il craint son père, il n'y a pas de doute. Il est sûrement capable de faire des choses que Jullian ne sait pas.
Alors Jullian reprend sa forme normale et par la suite, son père l'imite. Il lâche par la même occasion le petit révolver qu'il tenait et baisse la tête. Son père vient alors le prendre par l'oreille pour l'obliger à le suivre.
Nous regardons cette scène familiale jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans une autre rue.
– On fait comment maintenant ? Demande Ty.
Nous avons été découverts malgré nous. Et Jullian avait au moins raison sur un point. Les humains n'accepteront jamais d'avoir des gens comme nous parmi eux. Nous leur faisons peur. Il n'y a qu'à voir le regard qu'ils nous portent.
Une voiture de police arrive alors avec les gyrophares allumés. Deux agents de police en sortent alors et je suis étonnée de voir la Matriarche des vampires dans l'uniforme. Ses cheveux blonds sont remontés en chignon derrière sa tête. Elle s'approche de nous avant de murmurer :
– Je prends le relais.
Au début je ne comprends pas ce qu'elle veut dire jusqu'à sentir une odeur assez forte. Un mélange de fleurs fânées et de fruits sucrés. Une odeur qui prend au nez.
Autour de nous les humains ferment les yeux comme s'ils s'impregnaient de cette odeur et quelques secondes plus tard la Matriarche décrête assez fort :
– Il y a eu des accidents dans la rue, retournez chez vous. Tout est sous contrôle.
Et les gens l'écoutent sans broncher.
– Qu'est-ce qu'elle vient de faire ? Je demande à Shawn toujours à côté de moi.
– Les vampires peuvent s'écréter une glande qui libère une odeur qui fait oublier les dernières minutes aux non surnaturels.
– Ah ouais ?
Il hoche la tête pour marquer sa réponse.
La Matriarche s'approche alors de nous avant de dire :
– Ce soir, au grand chêne, réunion de crise.
Gabriel hoche la tête et elle repart aussi vite qu'elle était arrivée. Je me tourne alors vers Gabriel pour demander ce que c'est que cette réunion. Et d'abord avec qui.
– Tous les représentants de toutes les espèces de surnaturels du coin seront là. On va devoir débattre de ce qui s'est passé. Nous avons tous été mis en danger.
– Mais avant ça, l'interrompt Shawn en m'attrapant pour me porter, il va falloir te soigner.
C'est fou mais j'en avais presque oublié mes côtes cassées. Jusqu'à la douleur ne me reprennent et finisse par me faire tourner de l'oeil.
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