Chapitre 34
Je pousse un gémissement d'effort tout en enlevant la Bête de sur moi. Je finis par réussir à m'extirper et chercher Cal des yeux.
– Cal...?
Elle est debout face à moi. Seul le corps de la créature nous sépare. Son regard est toujours aussi vitreux. J'entreprends de faire le tour pour la rejoindre quand je la vois commencer à murmurer des choses incompréhensibles. Pas incompréhensibles dans le sens où je ne les entends pas. Incompréhensibles dans le sens où je ne comprends pas du tout ce qu'elle dit. Je suis même surprise de l'entendre parler dans une langue inconnue.
– Cal... ? Je la rappelle en n'étant plus qu'à quelques centimètres d'elle.
Elle lève alors une main puis crie un mot inconnu. Je me retrouve propulsée contre un arbre en ne comprenant pas ce qui vient de m'arriver. Je me relève en regardant autour de moi complètement abasourdie. Elle a levé un bras et j'ai ressenti une sorte de force qui m'a envoyé plus loin.
Cal lève à nouveau son bras et je m'envole pour passer au dessus d'elle et m'éclater contre le sol quelques mètres plus loin. Je gémis en me tenant le ventre. Je dois avoir une ou deux côtes cassées ou quelque chose comme ça.
– Cal ! C'est moi ! C'est Kira !
Crier me donne encore plus mal. Je me maintiens les côtes tout en grimassant de douleur et je m'appuie contre un arbre pour me relever. Mon regard est fixé sur Cal qui ne semble même pas me reconnaître. Elle se contente d'être face à moi, les bras balants, le visage inexpressif.
Il faut que je trouve un moyen de la réveiller. Mais je n'ai aucune idée de comment faire. Je ne veux pas la blesser.
Je m'approche d'elle tout en continuant à lui parler dans l'espoir qu'elle se réveille d'elle-même. Elle lève à nouveau son bras, signe d'une future attaque, et j'essaie d'esquiver tant bien que mal l'attraction. Il ne faut pas que je me retrouve dans son champ de vision pour que cela fonctionne. Du coup je m'efforce de bouger rapidement afin de ne pas me retrouver dans son champ de vision. Je serre les dents malgré la douleur et finis par arriver derrière elle. Je lui bloque les bras dans le dos et entreprends de l'appeler afin qu'elle se réveille.
Je n'ai pas d'autre plan pour l'instant. Mais je réfléchis à la suite tout en continuant mes appels.
– Kira ?
Je tourne ma tête pour voir Shawn sortir de la forêt. Il est couvert de poussière. Je suppose qu'il a dû se battre avant d'arriver là. Il nous détaille du regard, Cal et moi, avant de demander :
– Qu'est-ce qu'il se passe ?
– Cal est sous l'emprise de Jullian et je n'arrive pas à la réveiller.
Ce n'est qu'en entendant ma voix que je me rends compte à quel point je suis désespérée. Shawn s'approche de moi doucement.
– Et elle fait de la télékinésie, je rajoute.
– C'est pour ça que tu es dans cet état ?
Je hoche la tête avant d'avouer :
– Je ne sais pas quoi faire...
Shawn se positionne à côté de moi et attrape les mains de Cal tout en me faisant signe de la lâcher. Je m'exécute et il exerce alors une pression dans son dos et la seconde d'après, Cal est inconsciente dans ses bras. Il la dépose alors délicatement à terre.
– Suis moi, m'ordonne-t-il par la suite tout en prenant le chemin de la ville.
– Et Cal ? Je demande sans bouger.
Shawn fait volte-face tout en me répondant :
– Le seul moyen de réveillé tous les hypnotisés, c'est de mettre hors d'état de nuire celui qui les a envoûtés. Donc suis moi, ça devient chaud dans le centre ville.
Je jette un dernier regard à Cal avant de lui emboiter le pas. Shawn marche vite, aussi je m'efforce pour ne pas me laisser distancer. Mon intention d'accélérer réveille ma douleur aux côtes et je m'oblige à ne pas gémir.
Mais j'avais oublié que j'avais avec moi Shawn.
Nous débouchions à peine sur la grande rue qu'il se tourne vers moi en disant.
– Tu es blessée.
Ce n'est pas une question mais une affirmation. Cela ne sert donc à rien de nier l'évidence.
– Avant que je n'arrive à maîtriser Cal, elle m'a envoyée plusieurs fois dans le décor. Et il est assez dur.
Shawn s'approche de moi et relève mon t-shirt sans aucune gêne. Je pousse un cri afin de montrer que je ne suis pas conscentante à ce geste. Mon ventre dévoile alors un énorme bleu qui a tourné au violet au niveau de mes côtes gauches. Shawn approche une main mais je le repousse.
– J'ai mal ! Pas besoin de toucher.
Son regard rencontre alors le mien et bizarrement je sais ce qu'il va dire par la suite. Aussi je le contredis d'office :
– Je n'irai pas me faire soigner tout de suite. Je vais aller botter le cul à quelqu'un avant.
Mon assurance fait lâcher un rire à Shawn.
– Tu sais que tu es la fille la plus têtue que je connaisse ?
Je lui passe à côté en prenant soin de le regarder de haut.
– Rien à battre.
Je continue mon chemin en direction du centre tout en essayant de masquer le plus ma douleur.
Des cris se font alors entendre en même temps que d'autres grognements que je reconnais. Jullian a d'autres créatures comme celle qui était montée par Cal.
Bien sûr. Pourquoi je suis surprise.
Lorsque nous arrivons sur ce que l'on pourrait appeler le « champ de bataille », plusieurs membres de la meute sont déjà en train de se battre contre des créatures. Je reconnais le loup noir, James, et le loup gris noir, Gabriel. Tous deux sont en train de se battre contre la créature la plus grosse du lot. Aucune trace de Jullian par contre.
J'essaie de renifler son odeur dans l'air mais je ne parviens pas à le sentir.
Shawn se tourne vers moi et m'oblige à rester à l'écart. Il soutient mon regard un instant jusqu'à ce que je lui fasse un hochement de tête en soupirant puis prends sa forme hybride afin de se méler au combat.
De mon côté, je vais m'appuyer contre le mur d'une enseigne de coiffure et surveille la scène. Les créatures de Shawn sont rapides mais elles ne sont pas fortes d'un point de vue stratégique. Elles se font facilement battre par la meute.
Un bruit assourdissant nous fait alors tous sursauter. Oui je dis bien « tous » car même les créatures de Jullian ne semblent pas au courant de ce qui se trame. Les créatures commencent à pousser des couinements tout en rabaissant leur queue minuscule entre leurs pattes arrières. Elles montrent tous les signes d'une créature appeurée.
Je me décale du mur afin de mieux voir ce qui arrive et manque de tomber à la renverse. Un loup gigantesque. Enfin je devrais dire une chose qui veut ressembler à un loup car niveau ressemblance on n'y est pas tout à fait. Et gigantesque car cette Bête fait au moins trois fois la taille d'un loup de la meute.
Donc c'est ça que Jullian a en tête : il veut que son... «truc » mette la pagaille en ville pour que lui arrive tel un sauveur.
Le Loup pousse un hurlement qui glace le sang avant de montrer les crocs. La meute se tourne vers lui et j'entends Gabriel lancer ses directives par télépathie.
La meute va attaquer en encerclant la créature. Ils vont faire des attaques coordonnées à différents endroits afin de repérer ses points faibles. Puis une fois l'endroit propice trouvé, ils porteront alors le coup fatal.
C'est une vieille méthode d'attaque. Les loups l'utilisent depuis la nuit des temps. Elle est efficace et sans surprise.
La manœuvre commence alors et je reste en retrait pour les observer. Ils sont synchros et tellement efficace que ça en est bluffant. Viens alors le moment où Gabriel va porter le coup fatal...
Mais rien ne se passe.
Une minute.
Deux minutes.
Le Loup et la meute sont comme figés dans le temps. Enfin ils ne sont pas non plus paralysés, c'est comme s'ils avaient arrêté ce qu'ils étaient en train de faire. Je les entends pourtant grogner.
C'est comme s'ils étaient empêchés par une certaine force.
Soudain, Gabriel pousse un hurlement et la meute se disperce dans toutes les rues avoisinnantes.
– Qu'est-ce qu'ils font ? Je murmure au sommet de ma surprise.
– Ils obéissent à mes ordres, me répond une voix pas si lointaine.
Je cherche des yeux Jullian et le trouve en face de moi sur le trottoir. Il est adossé au mur avec un pied contre celui-ci et regarde dans ma direction avec un air mauvais.
– Je t'avais pourtant dit que les gens ne veulent pas des loups comme sauveur.
Je ne peux contenir la rage qui monte en moi et prends la direction de Jullian. Je m'efforce de ne pas lui montrer que je suis blessée car je ne voudrais pas qu'il en tire un quelconque avantage. Mes griffes me démangent effroyablement. Je rêve de lui refaire le portrait.
Jullian laisse son mur pour venir à ma rencontre et nous nous retrouvons au milieu de la route.
Je vois à la crispation de sa mâchoire qu'il va dire quelque chose mais je l'en empêche.
Avec mon poing dans sa figure.
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