Après avoir failli me tromper de salle, j'atterris finalement dans la salle de maths. Un prof, la cinquantaine, le crâne recouvert de cheveux grisonnants, des petits yeux dorés, est en train de commencer son cours tandis que je rentre dans la salle. En m'apercevant du coin de l'œil, il me lance finalement :

– Asseyez vous au deuxième rang, il y a une place de libre.

Puis il reprend son écriture au tableau sans m'accorder plus d'importance. Je m'exécute docilement puis ait un moment d'arrêt en voyant qui est assis à la place à côté de la mienne.

Shawn.

Ou devrais-je dire : Encore lui ?

Je crois, Monsieur Carnet, que je bats tous les statistiques en ce moment.

Je m'assois sans rien dire puis sors mon carnet de feuilles et ma trousse. Comme je viens d'arriver, je n'ai pas encore les manuels.

Le prof est en plein cours sur la trigonométrie et je commence à prendre des notes en fonction de ce qu'il note au tableau. Néanmoins mon attention n'est pas consacrée seulement à ce qu'il dit. Mon regard ne peut s'empêcher de yeuter discrètement (enfin j'espère!) mon voisin. Il est assis sans bouger, n'écris pas le cours, mais semble attentif à ce que dit le prof. Devant lui, une feuille à petits carreaux et une trousse assez dégarnie. Ses yeux bleus sont encore plus brillants vus d'ici.

Lorsque le prof ferme son livre d'un seul claquement, je sursaute en me rendant compte que j'étais bloquée sur mon voisin. Je me reconcentre sur le tableau puis note rapidement la partie qu'il me manque.

Le prof, Monsieur Jarris, d'après l'emploi du temps, note par la suite une liste d'exercices à faire pour s'entraîner.

Shawn se penche sur le côté pour sortir son manuel et le mettre entre nous. Il l'ouvre à la bonne page puis commence en silence à faire le premier exercice. Je me mets également au travail de mon côté. Je termine le premier exercice facilement puis attaque le second avant de me rendre compte que je ne sais pas du tout quoi faire...

Je ressors ma feuille avec le cours, relis rapidement puis tente des choses au crayon de papier. S'en suit un ballet interminable de gommage, griffonnage, énervement, relecture, gommage etc.

– Tu n'as pas suivi ? Demande alors Shawn en chuchottant.

Je tourne ma tête vers lui en me demandant de quoi il veut parler. En voyant mon air perdu, il attrape ma feuille de cours puis fait glisser son bic jusqu'à un certain point avant de dire :

– Là, c'est cette formule qu'il faut utiliser. Il l'a expliquée tout à l'heure.

Je m'intéresse à la formule en question puis me rends compte qu'elle provient de la partie où je n'ai pas écouté l'explication...

– Ah. Euh oui d'accord, merci, dis-je dans un souffle.

J'essaie tant bien que mal d'appliquer cette formule mais j'ai beau la travailler dans tous les sens, je n'arrive à rien.

Pourquoi je suis restée bloquée sur lui Monsieur Carnet ?

– Mais non pas comme ça ! S'exclame Shawn en se penchant vers moi. Tu fais n'importe quoi.

Ma tête laisse échapper une émotion de désespoir tandis qu'il se met à me réexpliquer ce que j'ai manqué. Etrangement, il explique très bien. Voir même super bien pour un gars qui ne prend pas de notes.

En même temps qu'il m'explique le cours, il griffonne sur ma feuille pour imager ce qu'il dit. Bizarrement tout devient plus claire.

Enfin je vais être honnête Monsieur Carnet, si j'avais écouté le prof en même temps je n'aurai pas eu de soucis.

– Donc du coup je dois faire ça puis ça, dis-je à la fin de son explication.

– C'est ça.

Je lui adresse un sourire reconnaissant en plus de mon remerciement puis me mets au travail. Au dessus de mon épaule, je sens le regard de Shawn qui inspecte tout ce que j'écris. Je dois dire que c'est assez stressant. Trop en fait.

Je termine mon exercice en priant pour ne pas me tromper puis me redresse pour le regarder.

– C'est bon ?

Il hoche la tête lentement en finissant de me lire.

– C'est bon.

Il termine alors son travail sans rien ajouter d'autre.

Le cours se termine et il se lève avant que je n'ai fini de ranger mes affaires.

– Att... Shawn ! Me surpris-je à l'appeler.

Il se tourne vers moi au même moment où je vois apparaître sa copine dans l'encadrement de la porte. Je la regarde avant de reporter mon attention sur lui.

Pourquoi je l'ai appelé Monsieur Carnent ? J'ai aucune idée de ce que je vais lui dire...

– Je... Merci... dis-je une nouvelle fois.

Il ne répond pas et quitte la pièce avant d'aller prendre sa copine par les épaules. Je finis de ranger mes affaires puis me rends à la bibliothèque afin de récupérer mes manuels.

Je descends l'escalier et bifurque afin d'aller dans le CDI à côté du réfectoire. Je me rends à l'accueil et me présente avant de dire la raison de ma présence. La documentaliste, une femme aux cheveux courts et colorés et aux lunettes grises, me donne mes manuels avant de me souhaiter la bienvenue au lycée. Je la remercie, puis m'en vais en direction de mon casier, les manuels à la main. J'arrive dans le hall lorsque je sens que je heurte quelqu'un. Mes manuels font un bruit monstre en s'étalant au sol et je m'accroupie rapidement tout en m'excusant une dizaine de fois.

Mes yeux perçoivent un mouvement similaire au mien en face de moi et je me retrouve face à un garçon me souriant.

– C'est moi, je ne t'ai pas vu arrivée malgré ta montagne de livres.

Je laisse échapper un petit rire gênée tout en continuant à ramasser mes manuels. Le garçon m'aide également et me tend le dernier tandis que nous nous relevons.

– Jullian, enchanté. Dit-il par la suite en souriant.

Il a un sourire assez contagieux et je me surprends à le lui rendre.

– Kira, dis-je, je viens d'arriver.

– Cool, c'est bon tu as pris tes repères ?

Tandis que nous discutons, je ne peux m'empêcher d'observer la brillance de ses yeux bleu vert.

– Oui merci.

Derrière lui, nous entendons un groupe l'appeler.

– Bon, à bientôt !

Il me fait un signe de main avant de s'éloigner vers ses amis. Je le regarde faire, mes manuels à la main. Il salue sa bande à coups de câlins ou de frappes dans la main.

Je finis par arriver finalement à mon casier. Je fais mon code puis range mes livres en ne gardant que ceux dont j'aurais besoin pour la journée.

La journée passe finalement et je finis dans la voiture de ma mère en soupirant. Celle-ci me regarde avec surprise avant de demander si ma journée a été bonne. Je lui réponds à la va-vite, pressée de retrouver ma chambre.

Une fois dans celle-ci, je m'étale de tout mon long sur mon lit avant de pousser un long soupire de soulagement. Aucune catastrophe à recenser pour cette première journée Monsieur Carnet. Pas de situation trop stressante ou super gênante à déplorer. Tout va bien.

J'attrape ta reliure en cuir afin de noter ce récit entre tes pages. Puis je te range bien à l'abris sous mon oreiller afin d'attaquer mes devoirs.

En faisant mes mathématiques, j'ai une pensée pour Shawn. La façon dont il m'a expliqué l'exercice sur lequel je butais. Ses yeux si bleus, ses cheveux qui bougeaient harmonieusement en suivant le mouvement de sa tête. Ses muscles saillants dépassant de son t-shit. Son odeur sucrée de son parfum...

WHOWHOWHO

On arrête tout de suite Monsieur Carnet ! C'est quoi ça ?

Je secoue la tête avant de reprendre mes esprits. Je viens de faire une description digne d'un roman girly. Je hais ces romans et leurs clichés redondants. Je n'ai rien de l'héroïne de ce type d'histoire.

Je reprends mon exercice afin de le terminer. Une fois cela fait, je range mes affaires dans mon sac.

Bon ok. J'ai peut être eu un crush sur lui.

Un petit alors.

Tout petit...

Ma mère m'appelle pour le dîner et je laisse ces pensées dans ma chambre.

Stay tuned.

K.