Chapitre 20
J'ai dormi jusqu'au soir suivant. Du coup j'ai loupé le lycée. Mon père a prévenu l'administration disant que j'étais malade et nous avons pu nous reposer.
Ce n'est qu'en me levant que j'ai découvert la dizaine de messages de Jullian. Il a semblé inquiet pour moi car pour le coup, il n'a pas été prévenu. Mes amis m'ont également envoyé des messages pour savoir ce qui m'arrivait.
Le lendemain, je suis retournée au lycée et mon excuse a fonctionné. J'ai pu reprendre les cours normalement.
Assise en littérature, Jullian semble plus occupée à me regarder qu'à écouter le prof faire son cours. Pourtant je trouve cela assez intéressant de lire autour de l'immortalité rêvée des hommes à travers la création de personnages vampiriques.
– Kira ?
– Hum ?
Je note une autre référence donnée par le prof en me disant que ce livre a l'air vraiment intéressant.
– Tu voudrais venir manger à la maison ce samedi midi ? Mes parents voudraient te rencontrer.
Mon dernier mot devient une sorte de trait appuyé continu et je relève la tête vers lui. Il a l'air sincère. En fait, il est sincère. Son ton de voix et son rythme cardiaque ne trompent pas.
– Ah oui ?
Je me rends compte que je n'ai même pas encore parlé à James et Irina de lui. De son côté il a dû parler de moi sinon il n'y aurait pas cette invitation.
Depuis combien de temps sommes-nous ensemble ? Même pas un mois.
Jullian hoche la tête pour me répondre, puis il pose une main sur ma cuisse avant de souffler doucement :
– Si tu ne veux pas, ce n'est pas grave. Ils comprendront.
Je ne sais pas quoi répondre aussi c'est lui qui continue :
– Ils savent que je suis amoureux de toi. Donc que c'est sérieux pour moi. Du coup, ils ont proposé de te rencontrer.
Mes joues se mettent à rosir. Trop d'informations d'un coup Monsieur Carnet. Comment répondre à cela ?
– D'a... d'accord.
Le visage de Jullia s'illumine avec un sourire.
– Super, midi c'est bon pour toi ? Je ne pourrais pas venir te chercher, j'ai envie de cuisiner quelque chose de spécial pour l'occasion.
Je hoche la tête. Je ne me vois pas demander à James de m'emmener. Il faudrait que je lui raconte tout et j'ai peur de sa réaction. Je ne vais pas demander à un de mes amis de le faire non plus.
Monsieur Carnet. Il ne me reste plus que l'option bus.
Fort heureusement pour moi, un bus a un arrêt à quelques maisons de celle de Jullian. Il passe à onze heures vingt chez moi pour arriver à onze heures quarante là bas. Vingt minutes de bus pour traverser la ville de haut en bas. C'est raisonnable avec la circulation je suppose. Oui je sais j'étais en cours de littérature et maintenant je te fais un paragraphe sur le bus. Le temps a passé et je suis dans ma chambre, le vendredi soir, en train de choisir ce que je vais mettre pour l'occasion.
Moi qui n'a jamais été une grande admiratrice de mode, me voilà en train de reluquer toutes mes tenues potentielles.
Trop simple.
Trop noire.
Trop ordinaire.
Je n'ai aucune idée de ce que je pourrais mettre.
Pour le coup, je regrette de ne pas accompagner Iris plus souvent lors de ses sorties shopping.
Bon Kira il faut te décider !
Je retourne ma penderie et trouve une petite robe noire à petites fleurs rouges. Je regarde la robe comme si je la voyais pour la première fois. Cela devait être un cadeau que je n'ai jamais mis pour le coup.
J'essaie la robe puis ajoute un collant noir avec.
Et finalement ce n'est pas si mal. Je n'ai pas l'habitude des décollettés dans ce genre : assez arrondis avec élastique et petit nœud.
Dans le miroir, je me trouve plutôt assez belle. Mes cheveux nécessiteraient d'être coiffés pour l'occasion mais la tenue me convient.
Le lendemain matin, je m'occupe des mes cheveux tout en prévenant Irina que j'ai rendez-vous avec une amie. James travaille ce matin et je n'ai pas à le voir. Heureusement, j'aurais eu peur qu'il ne perce mon mensonge.
Je coiffe mes cheveux en réalisant de petites tresses que je regroupe derrière ma tête. J'applique un léger maquillage pour relever mes lèvres et mon regard puis prends la route de l'arrêt de bus.
– Kira ?
Je me tourne au son de la voix de Shawn. Il est habillé en t-shirt et pantalon de garagiste. Ses mains sont noires de cambouis et le capot de sa voiture ouvert.
– Problème de voiture ? Je demande en assemblant toutes les pièces du puzzle.
– Un soucis d'alternateur.
Tu m'en diras tant.
– Tu vas où comme ça ?
– Je ne crois pas être obligée de te le dire, dis-je du tac au tac.
Son regard s'assombrit. Je sais très bien ce qu'il pense mais il n'a aucun ordre à me donner.
– N'y vas pas.
Sa voix est douce par rapport à ce que j'aurais pensé. Je m'attendais à un énième ordre injonctif de sa part mais là, sa douceur me surprend.
– Je vais juste voir Cal, je m'étonne de répondre.
Il hoche la tête puis tourne les talons.
– Amusez vous bien.
J'en profite pour vite m'éclipser et arrive à l'arrêt de bus en même temps que le bus.
Je m'assois contre une fenêtre en poussant un soupire de soulagement. J'ai clairement menti à Irina et à Shawn. Pourtant aucun ne m'a arrêté. Ils ont forcément dû sentir mes mensonges mais n'ont rien dit.
C'est assez étrange je trouve Monsieur Carnet non ?
Vingt minutes plus tard, je me trouve à l'arrêt de bus de la plage et bifurque en direction du lotissement qui lui fait face.
Je me dirige en direction du fleuriste du coin pour acheter un bouquet de fleurs pour sa mère. Je ne me voyais pas venir les mains vides et l'option bouquet de fleurs étaient la plus près de la maison de Jullian. J'opte pour un bouquet de fleurs variées, ne connaissant pas ses goûts, puis me dirige vers chez Jullian.
Il est midi moins cinq. Je suis pile à l'heure. Ni en avance, ni en retard, c'est parfait.
Je m'engage dans l'allée de leur maison d'architecte puis appuie sur la sonnette. Je réajuste rapidement ma robe et mes cheveux avant que Jullian ne vienne ouvrir. Il porte un délicieux parfum marin. Il a revêtu une jolie chemise bleue et un jean.
– Hey, dis-je avec une petite voix.
– Hey.
Il s'approche et m'amène à lui avant de m'embrasser tendrement. Je lui rends son baiser puis il se décale pour me laisser entrer.
Ses parents viennent alors me saluer.
– Voici donc la Kira dont tu nous as tellement parlé.
Son père me fait une sorte de câlin. Il a des cheveux poivre et sel et les mêmes yeux que Jullian. Une barbe bien entretenue entoure une petite bouche joviale.
Sa mère vient par la suite me saluer de la même façon et je lui tends alors le bouquet de fleurs. C'est une femme de petite taille, aux allures sportives et aux cheveux courts châtains. Elle n'a pas la nuance double dans ses yeux et les siens sont seulement bleus.
– Merci pour l'invitation.
– Nous sommes ravis, me précise sa mère en me guidant dans le couloir.
Nous nous dirigeons vers la salle à manger et Jullian me tire une chaise pour que je m'assois.
– Je suis Ella, la maman de Jullian, se présente sa mère puis montrant son mari à côté d'elle, elle continue. Et voici Gabriel, mon mari.
– Kira, enchantée.
Jullian s'assoit à côté de moi après avoir amené des boissons. Il me sert un verre de jus de fruits tandis que son père m'interroge.
– Tu es arrivée au lycée il y a environ deux mois, c'est ça ?
Je hoche la tête tout en remerciant Jullian :
– Oui, j'habitais avec ma mère plus au nord et on a déménagé pour revenir dans cette ville où je suis née.
– Kira vit chez son père maintenant, précise Jullian.
– Oui, c'est devenu assez compliqué avec ma mère...
– Ton père c'est James Woods ? Demande Gabriel.
Je hoche la tête :
– Oui il travaille dans un garage en ville. Il est passioné par tout ce qui est ancien, voitures de collection.
– Oui oui on le connaît, me sourit sa mère.
Jullian se lève alors :
– Je vais chercher les entrées.
Ella attend que Jullian soit dans la cuisine pour chuchoter :
– Il a tenu à tout cuisiner. Je n'ai même pas pu approcher de la cuisine.
Je laisse échapper un petit rire que j'espère adéquat à la situation et Jullian revient avec les entrées.
Le repas se passe plutôt bien malgré que je sois assez tendue. En même temps qui ne le serait pas en rencontrant les parents de son copain. Ses parents sont gentils. Et même drôles par moment je dirais. J'ai appris que son père était architecte (c'est lui qui a imaginé et fait construire sa maison) et sa mère est une coach sportive assez réputée.
Jullian est un vrai cordon bleu sinon. Il cuisine hyper bien en réalité. Je n'aurais jamais pensé cela de lui.
Cela le rend encore plus craquant Monsieur Carnet.
Je redemande du jus de fruits à Jullian tandis que nous parlons de métiers futurs. Apparemment Jullian se voit bien entrer en professionnel en natation. De mon côté, je n'ai pas vraiment réfléchi à ce que j'aimerais faire plus tard. Je n'ai pas vraiment d'idées.
– Tu es jeune encore, me rassure sa mère en souriant.
Je souris puis termine mon verre presque cul sec. Ils ont un jus de fruits super bon. Je crois n'en avoir jamais bu comme ça. Je me demande même si ce n'est pas du maison.
– Tu as fait le jus de fruits aussi ?
Jullian sourit avant de répondre :
– Non, c'est une recette secrète de mes parents ça.
Son père enchaîne avec un clin d'oeil à sa femme :
– Oui ça vient des anciens. Le secret c'est le dosage.
– C'est ça, continue sa mère, avec les loups, il ne faut pas se tromper.
Je manque de m'étrangler avec le verre que m'a resservi Jullian.
Qu'est-ce qu'elle vient de dire exactement ?
Je repose mon verre lentement sur la table tout en les regardant tous les trois les uns après les autres :
– Pardon ?
Mes yeux commencent alors à me piquer et une grande fatigue s'emparre alors de moi.
– Le secret de cette recette c'est le dosage, répète sa mère. Avec les loups il faut une bonne quantité d'aconit mais pas trop. Juste assez pour endormir un loup.
Je me lève et me mets à chanceler. Mon regard se pose sur Jullian qui ne bouge pas.
Je ne crois pas ce qui est en train d'arriver.
Depuis le début...
Mes yeux se ferment mais je veux résister et prends la direction de la porte.
Il faut que je sorte d'ici.
J'entends des chaises bouger et me dis qu'ils sont derrière moi.
Mes jambes finissent par me lâcher et je tombe à plat ventre.
Puis tout est noir.
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