Chapitre 68 (TW)
Trigger Warning : scène de maltraitance
« - A-arrêtez... »
Les coups pleuvaient malgré sa supplication. Ses yeux dénués d'étincelles étaient aussi secs que le désert malgré la souffrance endurée. Il avait bien trop pleuré ces derniers jours, il ne pouvait plus verser une larme de plus car ses réserves étaient vides : ses émotions avaient atteint leur paroxysme depuis quelque temps déjà.
« - S... Stop... »
Se recroquevillant davantage, ses cheveux vinrent camoufler son visage détruit. Sa peau, anciennement crème, avait viré sur une teinte jaunâtre, verdâtre ou bleuâtre en fonction des zones puisque les marques étaient plus ou moins importantes selon les endroits frappés. De plus, une de ses côtes avaient été brisé au cours des semaines de torture et la brisure de cette dernière était clairement visible sur son torse mit à nu, l'os faisait pression sur son épiderme à deux points précis.
« - Aïe... J-je... Pi... Pitié. »
Son épaule était dans un angle tout aussi anormal, pendouillant mollement sur le matelas sur lequel son corps reposait depuis une durée indéterminée. La douleur avait été lancinante lors des premiers jours, se ravivant à chaque fois qu'on le bousculait ou malmenait ne serait qu'un tout petit peu mais, à force, le garçon s'était habitué à cette affliction.
La séance journalière arrivait à son terme, le bourreau donna son ultime coup secouant le pauvre corps du garçon qui eut la respiration brusquement coupée tandis que les doigts de sa main droite furent violemment brisés. Détruit, humilié, l'assaillant abandonna sa victime sur son lit taché de sueur, sang, pue et autres liquides inidentifiables.
« - Au... Au secours... »
La fébrile voix de l'humilié s'était élevée pile à l'instant où la porte de sa chambre, dans laquelle il était prisonnier, fut entrouverte pour laisser sortir son agresseur. C'était avec espoir et courage que le garçon tentait désespérément d'héler quelqu'un qui pourrait lui tendre une main. Il était si mal, il avait l'impression que son corps allait l'abandonner dans peu de temps.
Hélas, le bourreau riait toujours jaune en lâchant son habituel « Personne ne t'aidera ici » avant de fermer la pièce à double tour tout en plongeant sa victime dans un noir opaque.
« - Geonhak... »
Couinant, Dongju tenta de remonter ses jambes à son torse mais chaque mouvement effectué était un supplice pour le garçon. Sa colonne vertébrale remonta des dizaines de messages de douleur intense au centre nerveux qui s'affola face à une telle décharge d'appel à l'aide. Depuis combien de temps le Tokësor vivait cet enfer ? Il ne le savait pas réellement, le fait de vivre dans l'obscurité totale avait coupé tous ses repères visuels tout en bouleversant son rythme nycthéméral. Pour Dongju, cela faisait une éternité qu'il était piégé entre ces quatre murs à refuser catégoriquement les offres du Tyran.
« - Geonhak... A-a... aide... M-moi. »
Pendant combien de semaine le prince pourra-t-il supporter ce supplice ? Peu de temps hélas. Dongju sentait déjà son organisme s'auto-détruire, sa santé mentale était dangereusement basse faisant qu'il commençait à avoir diverses hallucinations auditives, voire visuelles. Des voix lui murmuraient des choses au creux de son oreille, le poussaient au pire vice et le noble peinait de plus en plus à les obliger à se taire : ces démons devenaient de plus en plus convaincants. Parfois, le Son voyait son jumeau devant lui, il se mettait à pleurer en s'excusant de ne pas être aussi fort que lui et qu'il partirait bien trop tôt de ce monde sans lui avoir prouvé qu'il l'aimait.
« - Pardon... Dong-Dongmyeong... E-excuse. J-je... Je partirais d'a-abord. »
Dongju voudrait pleurer, cela lui ferait du bien de se lamenter sur son sort mais il n'y arrivait plus. Ces larmes avaient beaucoup trop coulé ces derniers temps et son corps était si faible. Cette simple action lui demandait une énergie qu'il n'avait plus.
« - Si je c-cède. Si j'accepte son... Son o-offre. »
Seul, le garçon parlait à voix haute bien qu'il n'avait aucun interlocuteur. Cela le rassurait d'entendre une voix, la sienne : il était moins seul ainsi, il était moins fou.
« - Il va dé... Détruire Ga- Gaïa. »
Dongju souffrait davantage en pensant à son Royaume à feu et à sang. Jamais il ne laisserait cela se passer, jamais il n'abandonnerait son peuple : il protégera les Tokësor coûte que coûte, quitte à donner sa vie pour la leur. Parfois, il faut faire des sacrifices pour protéger autrui, le prince de Gaïa était sur le point de l'accomplir.
« - Ja... Jamais. J-je n-ne coopérais pas...
- En es-tu certain, Son Dongju ? »
Entrant dans la pièce à pas de loup, la silhouette imposante du Roi était parfaitement visible dans l'encadrement de la porte. Ses ailes noires étaient repliées dans son dos, sa couronne trônait sur sa chevelure blonde tandis que ses mains étaient derrière lui renforçant son côté serein : sa garde était entièrement baissée face à Dongju.
« - Quel beau spectacle, se moqua le souverain. Mon homme t'a vraiment bien amoché, je peine à te reconnaître tant ton visage est couvert d'hématomes et boursouflés. Cela va faire un choc à ton entourage quand ils te découvriront ainsi.
- V-vous. »
L'ombre d'une flamme haineuse apparue dans les iris du prince mais cette dernière s'éteignit bien vite en sentant les filets d'air entourer ses membres et sa nuque afin de le maintenir sur le matelas : la colère fut bien vite remplacée par de la terreur pure.
« - Tu as encore la force de te rebeller ? Fascinant. Tu as vraiment un caractère bien trempé, gamin. »
Le serpent s'avança près de sa proie prise au piège, totalement à sa merci. La porte fut fermée par un simple geste de la main du Roi qui souriait bestialement, le bruit du verrou résonna dans le lieu ce qui pétrifia davantage Dongju qui appréhendait la suite des évènements.
« - Je vais te briser, Son Dongju. Soit en certain, tu finirais par obéir à mes ordres et répondre à toutes mes demandes. »
Le matelas s'affaissa sous le poids de l'homme qui monta au-dessus du corps, quasi nu, du prince qui se mettait à trembler à cause de l'effroi qui infiltrait chaque pore de sa peau.
Les mains rêches vinrent caresser les plaies fraîches du garçon qui couina à chaque fois que le Tyran appuyait sur l'une d'elle : il prenait tellement de plaisir à faire souffrir le plus petit. Parfois, l'homme enfonçait ses doigts dans la chair de la victime qui hurlait une supplique désespérée alors que l'autre riait de bon cœur.
« - Accepte.
- N-non... »
Dongju continuait à tenir tête à ce monstre bien que sa tête tournait, que la bile remontait le long de son œsophage en menaçant de s'échapper par ses lèvres. C'était horrible comme sentiment. C'était humiliant d'être maîtrisé de la sorte mais jamais le Tokësor collaborerait avec ce monstre, qu'importe le prix qu'il devait payer.
« - Pourquoi tiens-tu tant à protéger ton peuple ? »
Le Roi était à quatre pattes au-dessus du plus jeune grimaçant de dégoût, le souffle du Tyran s'échouait contre son oreille car il chuchotait prêt de cette dernière. Dongju avait honte. Honte d'être si faible, de ne pas réagir, de ne pas se débattre. Pourquoi son corps ne voulait-il pas répondre ? Pourquoi son organisme l'abandonnait de la sorte dans un tel instant de détresse ?
« - Pourquoi veux-tu aider des personnes qui t'ont envoyé tout droit en Enfer ? Ton père aurait pu refuser ce mariage. Tu aurais pu être au côté de ton jumeau, tu pourrais rire avec tes amis en parlant du bon vieux temps, tu serais dans la possibilité de pleurer la mort de ton premier amour. »
La mention de Giwook eut l'effet d'un électrochoc sur Dongju, ses forces l'abandonnèrent davantage alors que ses yeux brisés se plongèrent dans ceux vicieux du Roi qui léchait ses lèvres d'envie : un véritable monstre.
« - C-co... Comment ?
- Je connais tout Dongju. J'ai des hommes partout, tu l'as toi-même vu que j'étais infiltré dans vos rangs. »
Les bruits de draps se froissant s'ajoutèrent aux paroles des deux conversant. Le Roi continuait de malmener le corps du plus petit qui se dissociait de plus en plus de la réalité bien qu'il voulait savoir comment cette information avait fuité. Néanmoins, il avait une petite idée derrière la tête.
« - Ha... Harin ?
- Hm..., grogna le Tyran. Exact gamin. Il vous a entièrement trahi sous ma première menace. Il semble tenir à ce Yonghoon et ce Hyungu, il m'a fallu lui soumettre l'idée que leurs paisibles vies étaient menacées pour qu'il accepte de me servir.
- Co... Connard. AH ! »
À peine Dongju avait juré entre deux gémissements souffrant que le souverain l'avait vivement corrigé. Les liens autour de ses poignets et sa nuque s'intensifièrent, l'air se rarifia et le Tokësor se sentait partir lentement. Malheureusement, il ne s'en irait que temporairement.
« - Accepte mon offre. »
La respiration légèrement erratique du Tyran s'échouait sur la peau luisante de sueur froide de Dongju qui couinait d'affliction à chaque mouvement. Le pauvre garçon n'espérait qu'une chose : plonger dans le sommeil éternel pour que ce cauchemar puisse arriver à son terme.
« - Ne pense pas pouvoir fuir de la sorte, j'ai tous les pouvoirs sur toi. Ta mort sera aussi mienne, tu quitteras uniquement ce monde de ma main. »
Hélas, la réalité reprenait le dessus. Le Tokësor savait qu'on le maintiendrait en vie, qu'un seul fil de son existence serait conservé de force bien qu'il en avait assez de vivre. Les larmes, qui étaient absentes depuis quelques jours, recommencèrent à couler sur les joues du prince qui se mit à supplier le monstre d'arrêter, de stopper ces actes de le laisser partir.
Néanmoins, le Tyran n'avait pas d'empathie. Observer le désespoir du plus jeune peindre son visage empli de peur était une jouissance totale pour lui, cela le faisait frissonner de plaisir de voir un tel tableau.
Ce fut dans la honte et l'humiliation que Dongju continua de refuser l'offre tout en essayant de s'en sortir comme il pouvait. Hélas, son unique issue était de confesser tous les secrets enveloppant Gaïa : s'il voulait vivre, le prince du Lotus devrait trahir les siens.
Départagé entre son instinct de survie lui hurlant de tout balancer et sa loyauté qui voulait protéger son peuple, Dongju se mit à hurler de haine tandis que son corps se contractait vivement comme celui du Roi qui adorait ce spectacle.
Haletant, le Tokësor avait les yeux de plus en plus ternes et le gouffre ne cessait de grandir, de l'engloutir. Ses idées étaient troubles, emmêlées et son organisme était à bout. Son cerveau s'éteignit doucement, ses paupières s'alourdirent tandis que le corps du Roi continuait de faire douloureusement pression contre le sien. Ses mains poisseuses continuèrent leurs caresses sur son épiderme tandis que son souffle s'échoua dans sa nuque et qu'il souffla, pour une énième fois, ces paroles.
« - Accepte. »
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