Chapitre 4 : Le bras droit


Minho se leva le lendemain à la première heure pour aller se poster devant la porte de la chambre de Chan histoire de lui mettre la main dessus dès qu'il sortirait. Il n'eut pas longtemps à patienter car le blond ouvrit la porte à peine quinze minutes plus tard dans l'optique d'aller s'entraîner. Il sursauta violemment en voyant le plus jeune qu'il ne s'attendait pas à voir aussi tôt et souffla en se penchant pour poser ses mains sur ses genoux.

« Bordel, Minho. »

« On y va ?! »

« Non. Je lui en ai parlé hier et il ne veut pas. On lui a déjà donné suffisamment de faux espoirs comme ça. »

« Mais- »

« Pas de mais. Retourne te coucher ou viens t'entraîner avec moi pour t'occuper si tu veux mais on n'ira pas voir Changbin. »

Minho allait répliquer mais il ne le fit pas, préférant retenir le prénom de Changbin pour plus tard. Il accepta donc la proposition de Chan pour qu'ils aillent s'entraîner ensemble.

« D'abord tu vas me faire le plaisir d'aller enfiler quelque chose de plus confortable. »

Le brun acquiesça vivement et fila dans sa chambre pour revenir quelques secondes plus tard, vêtu de vêtements plus amples. Chan leva au ciel avant de lui faire signe de le suivre. Ils traversèrent le château encore endormi et se dirigèrent ensuite vers la plage que Minho n'avait pas encore eu le temps de visiter. Ils commencèrent par quelques échauffements avant de se mettre à courir. Au grand étonnement de Chan, son cadet savait suivre son rythme sans aucune difficulté depuis le début et pourtant, il n'y allait pas de main morte. Après une bonne demi-heure, le commandant proposa à Minho de travailler quelques bases de combat au corps à corps.

« Les bases, hein ? » ricana Minho en repensant à la clé de bras qu'il avait infligé au plus vieux à l'auberge.

« Je veux voir ce que tu sais faire d'abord. » justifia le blond en haussant les épaules.

Minho fit une moue approbatrice avant de se mettre en position tout comme Chan de son côté. Celui-ci commença par des coups et prises de base que le brun para ou évita plutôt facilement. Le commandant se permit alors d'augmenter la difficulté et enchaîna les coups, tout comme Minho jusqu'à ce qu'il lui touche l'épaule droite, le faisant geindre de douleur et donc baisser sa garde. Chan fronça les sourcils et s'approcha du brun en levant soudainement les mains en l'air en signe de paix lorsqu'il s'aperçut que son cadet se remettait en position de défense. Minho se détendit petit à petit et Chan se permit de poser sa main sur son épaule en exerçant une simple pression qui fit à nouveau grimacer le brun.

« Tu es blessé ? »

« Ouais. Une vieille. » marmonna Minho en se dégageant de l'emprise de Chan.

« Tu as une cicatrice ? » s'inquiéta le commandant.

« Non, pourquoi ? »

« Ailleurs non plus ? »

« Non... » répondit Minho, les sourcils froncés.

Chan acquiesça, soulagé. Il ramassa le haut que Minho avait retiré pour s'entraîner et lui tendit pour qu'il l'enfile. L'entraînement étant terminé.

« Pourquoi tu m'as demandé si j'avais des cicatrices ? »

« Parce que si ça avait été le cas, tu n'aurais pas pu épouser le Prince. »

« Ah. Eh bien non, je n'en ai pas. »

« Tant mieux. Et ton épaule ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

« Euh... c'est... c'est quand j'étais gosse... » marmonna Minho en regardant le sol.

« C'est à dire ? »

« Un jour, mon père est rentré complètement soûl de la taverne et il s'en est pris à moi quand il a appris que ma mère était partie. Il m'a poussé et je me suis blessé à l'épaule, ça ne s'est jamais vraiment remis. »

Chan adressa un regard désolé à Minho qui haussa les épaules pour dédramatiser la chose. Il détestait qu'on le prenne en pitié de la sorte. Il finit tout de même par demander à Chan de rentrer, ce qu'il accepta bien vite.

De retour au château, Minho laissa le commandant vaquer à ses occupations et partit à la recherche de Chaeyoung qu'il trouva en train de discuter avec Jeongin. Il la salua joyeusement avant de mettre son plan en route.

« Dis, Chaeyoung, tu voudrais bien me dire où se trouve la chambre de Changbin ? Chan Hyung m'a demandé d'aller lui dire quelque chose. »

La jeune femme haussa un sourcil, suspicieuse mais ayant peur de désobéir à un ordre du commandant, elle finit par accepter et le mena à travers les différents couloirs pour lui indiquer une lourde porte en bois. Elle s'éclipsa rapidement, préférant ne pas avoir à faire face au bras droit du commandant et laissant ainsi Minho seul. Le brun n'attendit pas pour frapper à la porte mais aucune réponse ne lui parvint. Le jeune homme fronça les sourcils et donna à nouveau quelques coups à la porte avant d'enfin entendre des pas claudicants de l'autre côté. La porte s'ouvrit à la volée, laissant apparaître un homme plus petit que lui mais largement plus musclé et qui semblait être à peu près du même âge.

« Qu'est-ce que tu veux ? » grogna-t-il.

« Je suis Minho, je- »

« J'ai dit à Chan que je ne voulais pas que tu viennes ! » tonna Changbin, en colère.

« Je sais, il me l'a dit. Et il n'est pas non plus au courant que je suis là. » répondit calmement Minho.

Étrangement, Changbin ne répondit pas, se contentant d'observer attentivement Minho qui en fit de même avec lui. Le petit noiraud était appuyé sur sa jambe gauche, indiquant que c'était la droite qui le faisait souffrir.

« Pourquoi tu veux regarder à ma jambe ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? » demanda soudainement Changbin.

« Apparemment, tu es dans cet état à cause de mon père. Je ne pourrai pas réparer le mal qu'il a fait, mais si je peux t'aider, j'aimerais le faire. »

« Et qui te dit que tu pourras m'aider ? »

« Rien. Mais je sais par expérience que vos médecins ne jurent que par des bêtises comme les infusions et autres crèmes inutiles dans beaucoup de cas. Alors que parfois, il suffit juste de quelques manipulations. »

« Tu penses sérieusement qu'en m'arrachant la jambe, ça ira mieux ? » demanda Changbin, amusé malgré lui.

« T'es bête. » soupira Minho, vexant le noiraud. « Je vais déjà regarder si ta jambe est bien à sa place. »

Changbin lui lança un regard surpris. Comme sa jambe pourrait ne pas être à la bonne place ? Minho était-il fou ? Et comme le brun l'espérait, la curiosité de Changbin prit le pas sur son animosité et il invita le plus vieux à entrer dans sa chambre. Le noiraud boita jusqu'à son lit et s'y assit jusqu'à ce que Minho lui demande de plutôt s'allonger après avoir enlevé son pantalon. Changbin ouvrit à nouveau de grands yeux mais finit par obéir après avoir lourdement soupiré. Lorsqu'il fut bien installé, Minho observa sa jambe en la manipulant précautionneusement jusqu'à ce que Changbin ne gémisse de douleur.

« Tu veux bien m'expliquer ce qu'il s'est passé ? Pour que je sois certain de ce que je pense. » expliqua Minho.

« Tu as conscience qu'en faisant ça, je vais insulter ton père ? »

« Fais-toi plaisir, je manque d'insultes à son égard ces derniers temps. »

Changbin afficha un rictus et expliqua au brun ce qui s'était passé. Il avait été forcé d'aller en mission de repérage avec Lee Chin-Hae et alors qu'ils étaient tombés dans une embuscade, le père de Minho avait délibérément blessé le cheval du bras droit de Chan, provoquant la chute de l'animal et de son cavalier avant de s'en aller tel le lâche qu'il était.

« Quelle enflure. » soupira Minho. « Je suis vraiment désolé, Changbin. »

« Tant que tu ne fais pas le même coup au Prince, je n'ai pas à t'en vouloir. Mais alors, tes soupçons se confirment ? » demanda curieusement le noiraud.

« On va voir ça tout de suite ! »

« Comment- »

Changbin n'eut pas le temps de terminer sa phrase que Minho tira brusquement sur sa chambre d'un geste précis, forçant un cri au noiraud qui fut surpris à cause de la soudaine douleur. Pourtant, après seulement quelques secondes, toute douleur qu'il ressentait depuis deux mois disparu.

« Ça va mieux ? »

« Je... attends. »

Minho s'écarta du lit pour laisser Changbin se lever. Celui-ci testa les eaux pour être certains que ses deux jambes tenaient le coup avant d'oser faire quelques pas. Lorsqu'il s'aperçut qu'il ne boitait plus ni ne ressentait plus aucune douleur, il se tourna vivement vers le brun avec les larmes aux yeux.

« Merci, Minho. Vraiment. »

« Tout le plaisir est pour moi. » répondit le concerné, tout sourire.

Le noiraud lui rendit son sourire, un sourire soulagé. Au même moment, Chan débarqua tel un fou dans la chambre et empoigna Minho par le col de son haut pour le plaquer contre le mur en pierre de la chambre, faisant grimacer le brun à cause de son épaule.

« Je t'avais dit non ! » s'écria le blond, en colère.

« Chan, arrête ! » intervint Changbin en posant sa main sur l'épaule de son compagnon.

« Non. Je lui avais interdit de venir de te voir ! »

« Peut-être mais il a eu raison de venir, regarde. » l'appela-t-il à nouveau.

Chan soupira mais finit tout de même par tourner la tête pour observer Changbin qui se tenait parfaitement bien sur ses deux jambes. En voyant le jeune homme dans cet état, le commandant lâcha petit à petit l'emprise qu'il avait sur Minho, le relâchant complètement avant de venir prendre Changbin dans ses bras pour le serrer contre lui. Le noiraud lui rendit son étreinte, cachant son visage dans le cou de son compagnon.

« Excuse-moi de t'avoir repoussé. » marmonna-t-il.

« Ce n'est pas de ta faute. » le rassura Chan en lui caressant les cheveux.

Minho en profita pour s'éclipser, un petit sourire aux lèvres pour laisser les deux amoureux seuls. Lorsqu'ils se séparèrent, Changbin jeta un regard accusateur à Chan qui leva les yeux au ciel.

« Je sais que tu es en colère parce que tu voulais respecter ma volonté, mais tu devrais quand même aller t'excuser. Tu lui as fait mal en plus. »

« Je sais... je lui ai déjà fait mal ce matin pendant l'entraînement. »

« Attends quoi ? T'as entraîné cette brindille ? » se moqua ouvertement Changbin.

« Eh, ne te fie pas à son physique, il est bien plus fort et surtout plus vicieux qu'il en à l'air. » râla le blond en repensant à l'épisode de l'auberge.

Un peu plus tard dans la journée, alors que Minho s'était isolé sur la plage, il fut rejoint par Chan qui s'assit silencieusement à côté de lui. A la grande surprise de celui-ci, le brun posa sa tête sur son épaule et soupira bruyamment.

« Je te demande pardon pour tout à l'heure. »

« Ce n'est rien. Je t'ai désobéi, je comprends que tu aies été en colère. »

« Peu importe, je n'avais pas à te traiter de la sorte. »

« Tu veux te faire pardonner ? » demanda Minho en relevant soudainement la tête.

« Je sens que je ne vais pas aimer ça mais vas-y, dis toujours. »

« Tu veux bien me parler du Prince ? »

« Pourquoi ? Sa Majesté ne l'a pas fait ? » s'étonna Chan.

« Si, mais il a tellement mal parlé de lui que je refuse de croire à ce qu'il a dit. »

« Je suppose qu'il te l'a décrit comme un moins que rien... » soupira tristement Chan.

« C'est ça. » confirma Minho avant de continuer. « Je n'ai même aucune idée de son prénom. »

Chan ne répondit pas tout de suite, réfléchissant à ce qu'il pouvait bien dire à propos du Prince sans risquer t'attiser trop la curiosité du brun.

« Le Prince est quelqu'un de très discret et d'anxieux. Il n'aime rien as attirer l'attention sur lui à cause de ce que son père dit et pense de lui. Je ne peux pas vraiment t'en dire plus car pour le peu que je te connais, je sais que tu vas avoir envie d'aller le rencontrer mais je pense que c'est plus judicieux de le laisser venir vers toi en premier, même si cela prendra du temps. » expliqua calmement le commandant.

A sa grande surprise, Minho acquiesça, totalement convaincu, promettant que cette fois, il n'irait pas importuner qui que ce soit.

« En revanche, je peux te dire que c'est quelqu'un de très gentil et je te demanderais donc de ne pas abuser de sa bonté. »

« Je n'y comptais pas. » promit le brun.

Chan le remercia avant de prendre congé, ayant à faire avec Changbin auprès du Roi. Minho resta là encore de longues minutes pour finalement se relever et retourner vers les jardins du palais. Il s'y promena pour essayer de retrouver l'étang qu'il avait vu l'autre jour pour s'y reposer tranquillement. Pourtant, lorsqu'il y arriva enfin, il vit que le petit brun aux joues d'écureuil se trouvait à nouveau là, seul cette fois-ci. Ne sachant où se trouvait Jeongin et n'ayant pas envie de rester seul, Minho s'approcha du jeune homme qui sursauta violemment en s'apercevant de la présence du brun.

« Désolé, je ne voulais pas te faire peur. » s'excusa Minho.

Le plus jeune fronça les sourcils en l'entendant le tutoyer de la sorte alors qu'il ne le connaissait pas.

« Minho ! » se présenta-t-il en lui tendant sa main.

Son vis-à-vis regarda sa main tendue avant de se détourner de lui et de ramener ses jambes contre son torse et de les entourer de ses bras.

« J'ai envie d'être seul. » dit-il simplement.

« D'accord mais... je peux au moins savoir ton prénom ? »

« C'est... Je m'appelle Jisung. » hésita-t-il.

Minho lui sourit pour essayer de le rassurer quant à ses intentions mais le petit brun ne sembla pas y être réceptif alors, le plus vieux s'excusa et rentra au palais. De toute façon, il était attendu pour le repas du soir en compagnie du Roi et de Chan. Lorsqu'il entra dans la grande salle, guidé par Chaeyoung, il salua les trois hommes présents avant de s'installer à la place qui lui avait été désignée. Il fut surpris de ne pas apercevoir le Prince et n'hésita pas à en faire part

« Il est inutile qu'il soit présent, tout comme son existence. Vous devriez plutôt vous sentir chanceux d'être en compagnie de mon commandant. Il est comme un fils pour moi. Le fils que je n'ai jamais eu. »

Minho allait répliquer mais Chan secoua la tête pour lui faire signe de garder le silence, que cela ne servirait à rien.

Le dîner se passa calmement, le Roi discutant avec Chan qui lui répondait poliment tandis que Minho gardait le silence, se contentant de déguster le délicieux repas qui leur avait été servi. Lorsqu'il eut terminé de manger, le vieil homme sortit de table et retourna à son travail.

« Ne réponds surtout pas lorsqu'il te parle du Prince comme ça. Tu risques ta vie en le faisant. » soupira Chan en posant ses couverts.

« Mais... ce n'est pas juste ! »

« Je sais, Minho. Mais c'est comme ça, et le Prince y est habitué. »

« C'est encore pire. » marmonna Minho.

« Je sais, crois-moi. Ça me brise le cœur car le Prince est mon ami. Mais parlons de toi. Qu'as-tu fait de la journée ? »

« Oh, j'ai rencontré quelqu'un dans le jardin. Un petit brun qui s'appelle Jisung, mais il n'avait pas très envie d'avoir de la compagnie. »

En entendant ça, Chan s'étouffa presque et mit un certain temps avant de se calmer. Il reprit contenance avant de continuer la conversation le plus naturellement possible.

« Et tu l'as laissé tranquille ? »

« Oui. Je suis pénible, mais je sais laisser de l'espace aux gens, contrairement à ce que tu penses. » railla Minho, faisant soupirer le blond qui leva les yeux au ciel.

Les deux garçons terminèrent leur repas en silence et tandis que le brun retournait dans sa chambre rejoindre Jeongin, Chan se dirigea vers une autre chambre. Après avoir vérifié que personne ne l'avait suivi, il frappa trois coups à la porte, suivi d'un quatrième après deux secondes. La porte s'ouvrit immédiatement, laissant apparaître un jeune homme qui semblait particulièrement angoissé. En voyant le commandant, le garçon se jeta dans ses bras et se mit à pleurer.

« Tout va bien, Jisung. Je suis là. »

Il lui caressa doucement les cheveux tout en le poussant vers l'intérieur de la chambre pour fermer la porte derrière lui. Il s'appliqua à rassurer Jisung le temps nécessaire jusqu'à ce que celui-ci ne s'écarte et essuie ses yeux.

« Tu veux en parler ? » proposa Chan d'une voix rassurante.

« Je... j'ai croisé... j'ai vu Minho tout à l'heure. » expliqua Jisung d'une voix tremblante.

« Je sais, il me l'a dit. »

« Et... est-ce que... est-ce qu'il sait ? »

« Non. Il ne sait pas que tu es le Prince. »

Jisung acquiesça, soulagé. A part le personnel du château, Jisung n'avait jamais rencontré personne d'autre. Il savait qu'il aurait à épouser Minho mais il avait peur de faire sa connaissance et que le jeune homme ne trouve, comme son père, qu'il était stupide et inutile.

« Jisung. Je sais à quoi tu penses, et je t'assure que Minho n'a rien à voir avec ton père. Il ne te jugera pas de cette façon. »

« Tu... comment peux-tu le savoir ? »

« Ce gars est pénible. » rit Chan. « Il est sans gêne, mal élevé, curieux et un rien imbu de lui-même, mais il n'est en rien méchant. »

« Je... je veux bien te faire confiance mais... je... laisse-moi le temps. »

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